Lancé en novembre 2022, le Fujifilm X-T5 est l’hybride APS-C expert attendu par les fans de Fujifilm. Il reprend le look vintage cher au constructeur. Toutefois, derrière ces lignes rétro se cachent la majorité des avancées technologiques de la gamme X-H2. Le X-T5 reprend ainsi le capteur très défini de 40,2 Mpx, le X-Processor 5 permettant suivi AF évolué, rafale à 15 i/s et, malgré tout, la vidéo jusqu’en 6,2K.
Sur le papier, le X-T5 est un appareil très bien doté et qui se veut être le modèle phare pour les photographes d’après Fujifilm. Est-ce vraiment le cas ? Après avoir pu utiliser le boîtier à plusieurs reprises durant l’année, voici notre test complet du Fujifilm X-T5.

Sommaire
- Présentation du Fujifilm X-T5
- Ergonomie et prise en main du Fujifilm X-T5
- Performances et qualité d’image du Fujifilm X-T5
- Autofocus du Fujifilm X-T5 : du très bon et du poussif
- Rafale et buffer du Fujifilm X-T5 : un potentiel insoupçonné
- Stabilisation : moins aboutie que chez la concurrence
- Vidéo
- Autonomie du Fujifilm X-T5
- Connectivité filaire et sans-fil
- À qui se destine le Fujifilm X-T5 ?
- Conclusion
Présentation du Fujifilm X-T5
Malgré sa popularité, l’histoire de Fujifilm avec la photographie hybride APS-C ne débute pas avec la série X-T, mais bien avec la gamme X-Pro en 2012. Il faudra attendre 2014 pour voir apparaître le premier X-T1. Depuis, le succès ne s’est pas démenti. Après un X-T4 de haute volée qui inaugurait la stabilisation mécanique du capteur sur la gamme, Fujifilm a dévoilé fin 2022 son X-T5, qui vient ici apporter une touche de raffinement à sa principale lignée, surtout après les X-H2 et X-H2s peu dotés en roues de réglages manuels.

Le Fujifilm X-T5, bien que reprenant grand nombre des caractéristiques des hybrides anguleux que sont les X-H2 et X-H2S, offre un encombrement plus limité que le X-T4. Il s’agit, selon la firme tokyoïte, d’un boîtier destiné avant tout aux photographes.

Un appareil pour les esthètes de l’image plus qu’un boîtier APS-C ultra-polyvalent ? Pas seulement. Jugez plutôt : un capteur X-Trans CMOS 5 HR de 40,2 Mpx, un suivi autofocus qui s’annonce comme rivalisant avec les meilleurs boîtiers plein format, une rafale à 15 i/s ou encore l’enregistrement en 6,2 K à 30 fps, il ne lui manque pas grand-chose finalement.

Fujifilm avait réalisé une grosse montée en gamme avec le X-H2 (2249 €) et surtout le X-H2S (2749 €). Lancé à 2000 € en novembre 2022 et affiché aujourd’hui un peu en dessous des 1900 €, le X-T5 complète malgré tout le podium des hybrides APS-C les plus chers du marché avec ses deux cousins.
Un produit haut de gamme qui veut surclasser des rivaux intéressants comme le Sony A6700 ou le Canon EOS R7. À ce tarif, il pourrait même entrer en concurrence avec certains boîtiers 24×36, on pense par exemple au Panasonic Lumix S5 II.
Voici les caractéristiques techniques du Fujifilm X-T5 par rapport au X-T4 :
Fujifilm X-T5 | Fujifilm X-T4 | |
---|---|---|
Capteur | X-Trans 40,2 Mpx | X-Trans 26,1 Mpx |
Filtre passe-bas | Non | Non |
Processeur | X-Processor 5 | X-Processor 4 |
Viseur électronique | OLED de 3,68 Mpts, 0,8x | OLED de 3,68 Mpts, 0,75x |
Ecran LCD | 1,84 Mpts, inclinable | 1,62 Mpts, sur rotule |
Autofocus | AF Hybride à détection de phase et contraste | AF Hybride à détection de phase et contraste |
Nombre de points AF | 425 points AF | 425 points AF |
Couverture AF | 100% | 100% |
Plage AF | -4 à 20 IL (jusqu’à -7 IL en corrélation de phase) | -3 à 20 IL (jusqu’à -7 IL en corrélation de phase) |
Sensibilité | 125 à 12800 ISO (extensible de 64 à 51200 ISO en photo) | 160 à 12800 ISO (extensible de 80 à 51200 ISO en photo) |
Rafale (obturateur mécanique) | 15 i/s | 15 i/s |
Rafale (obturateur électronique) | 13 i/s (20 i/s avec crop 1,29x) | 20 i/s (30 i/s avec crop 1,25x) |
Mode haute résolution | Multi-Shot 160 Mpx | Non |
Obturation | De 15 min à 1/8000 s (jusqu'à 1/180000s en obturateur électronique) | De 15 min à 1/8000 s (jusqu'à 1/32000s en obturateur électronique) |
Stabilisation, gain | Stabilisation jusqu'à 7 stops | Stabilisation jusqu'à 6,5 stops |
Vidéo | 6,2K 30 fps, 4K UHD/DCI HQ 30 fps, 4K UHD/DCI 60 fps, Full HD 240 fps | 4K UHD/DCI 60 fps, Full HD 240 fps |
Enregistrement sur SDD | Non | Non |
Stockage | Slot SD UHS-II x2 | Slot SD UHS-II x2 |
Connectivité sans-fil | Wi-Fi 5 Ghz, Bluetooth 4.2 | Wi-Fi 5 Ghz, Bluetooth 4.2 |
Connectivité filaire | USB-C (3.2 Gen 2), micro-HDMI, prise micro 3,5 mm, prise télécommande 2,5 mm, prise synchro-flash | USB-C (3.2 Gen 1), micro-HDMI, prise micro 3,5 mm, prise télécommande 2,5 mm, prise synchro-flash |
Batterie | NP-W235 | NP-W235 |
Rechargement par port USB | Recharge et alimentation directe USB-C | Recharge et alimentation directe USB-C |
Tropicalisation | Résistant à l’eau et à la poussière | Résistant à l’eau et à la poussière |
Dimensions (L x H x P) | 129,5 x 91 x 63,8 mm | 134,6 x 92,8 x 63,8 mm |
Poids (batterie + SD inclus) | 557 g | 607 g |
Monture | monture Fujifilm X | monture Fujifilm X |
Prix au lancement | 1999 € | 1799 € |

Ergonomie et prise en main du Fujifilm X-T5
Après plusieurs années avec des boîtiers aux lignes dures et modernes comme le X-S10 ou la série des X-H2, on commençait à se demander si Fujifilm reviendrait un jour à ses premiers amours en proposant un nouveau boîtier avec une ergonomie rétro.

La réponse vint donc avec le X-T5, un appareil avec moult molettes et rappelant un reflex argentiques des années 1970. Toutefois, avec le X-T5, Fujifilm opère un pas de côté par rapport au X-T4. En effet, le boîtier ressemble plus à un… X-T3 ! Avec ses 12,9 x 9,1 x 6,4 cm pour 557 g, il est un peu plus petit que le X-T4 et surtout plus léger de 50 g.

Les boîtiers demeurent assez similaires esthétiquement, et la principale différence vient de l’écran tactile (sauf dans les menus) de 3 pouces et 1,84 Mpts. Chez le X-T4, suivant la logique du marché, celui-ci était monté sur rotule et totalement orientable. Mais, pour le X-T5, Fujifilm revient en arrière et l’écran n’est plus qu’inclinable sur 2 axes : vers le haut et sur la droite.


Si cela permet au X-T5 degagner en compacité, c’est un choix très étonnant de la part de Fujifilm. Ceux qui apprécient un écran réversible pour les auto-portraits devront passer par le pilotage à distance sur l’application mobile XApp ou se faire une raison. Il en va de même pour les vidéastes, auxquels Fujifilm répondra que le X-T5 est avant tout un appareil pour les photographes.

Outre l’écran, ceux qui ont un jour eu entre les mains un boîtier X-T depuis le X-T1 verront que peu de choses ont évolué. En effet, sur le sommet de la bête on retrouve 3 molettes crantées : ISO, temps de pose et exposition. Les deux premières étant verrouillables. Pour rappel, les boîtiers comme le X-T5 ne proposent pas une ergonomie classique avec un mode PASM.

La molette de correction d’exposition s’avère plus plate que celle du X-T4 et sa rotation crantée est un peu moins marquée. Ainsi, il nous est arrivé de modifier l’exposition par inadvertance, peut-être un bouton de verrouillage aurait été opportun ici aussi.

La plupart des boutons sont personnalisables à l’envi et, pour ceux qui ne le sont pas, c’est tout à fait logique. On apprécie par exemple l’interrupteur pour changer le type d’autofocus installé sur la face avant et qui a disparu avec les X-H2 / X-S20.

Sous la roue des ISO on dispose de la molette de sélection de l’entrainement : HDR, single, rafale lente, rafale rapide, bracketing, mode créatif et panorama. À la base de la molette des vitesses est installé le sélecteur alternant entre mode photo et vidéo. Notez que contrairement à de plus en plus de concurrents (et à certaines de ses propres gammes), Fujifilm n’intègre ici pas de touche distincte pour la vidéo. Pour commencer un enregistrement, il faudra donc presser le déclencheur (doté d’un pas de vis pour accueillir un déclencheur souple).
L’obturateur mécanique a un son très doux et feutré, à rapprocher des meilleures références Leica. Comme les appareils germaniques d’ailleurs, le châssis métallique est sujet aux traces d’usure. Le boîtier est tropicalisé mais on évitera de s’en servir sous un ouragan.

Le viseur OLED opte pour une définition de 3,69 Mpts (1280 × 960 pixels) comme pour le X-T4, tout en offrant un grossissement supérieur de 0,8x. Fujifilm a réservé le meilleur viseur à la série des X-H2. Celui du X-T5 demeure toutefois assez confortable. On peut booster le taux de rafraichissement à 120 Hz pour une expérience plus fluide, mais cela se fait au détriment de la qualité de l’affichage et de l’autonomie.

Comme pour le meilleur viseur, le X-T5 fait l’impasse sur le nouveau joystick large et recouvert de gomme des X-H2. Son « bâton de joie » est toujours un petit téton durci peu agréable à manipuler.

La minimalisation de l’ensemble passe par une poignée plus courte et moins creusée que sur le X-T4. Cela ne pose guère de problème avec les optiques les plus compactes comme le Fujinon XF 27 mm f/2,8 R WR ou bien encore le Fujinon XF 50 mm f/2 R WR. Toutefois, quand on vient à monter des cailloux plus imposants, tels le Fujinon XF 50 mm f/1.0 R WR (300 g de plus que le boîtier !) ou le Fujinon XF 50-140 mm f/2,8 R LM OIS WR, le déséquilibre se fait bien ressentir.

Il manque quelques millimètres au X-T5 pour que la prise en main soit plus confortable avec de grosses optiques. De plus, pour ce boîtier, Fujifilm ne commercialise pas de grip batterie qui permettrait de compenser un peu le problème. Tout au plus, on se rabattra sur la poignée MHG-XT5 (pour 149 €) qui optimise un peu mieux la préhension.

Performances et qualité d’image du Fujifilm X-T5
Il est à présent temps de se concentrer sur la qualité d’image offerte par ce Fujifilm X-T5. Durant notre test nous avons pu essayer le boîtier avec une large gamme d’objectifs Fujinon.
Outre le zoom XF 16-55 mm f/2,8 R LM WR, nous avons utilisé le X-T5 avec de nombreuses optiques, notamment le XF 50-140 mm f/2,8 R LM OIS WR, le XF 35 mm f/1,4 R, XF 23 mm f/1,4 R LM WR ainsi que le XF 56 mm f/1,2 R WR, le XF 8 mm f/3,5 R WR et l’extravagant XF 200 mm f/2 LM OIS. Enfin, le Tamron 18-300 mm f/3,5-6,3 Di III-A VC VXD nous est également passé entre les mains.
Un capteur 40,2 Mpx : le plus défini du marché APS-C
Le Fujifilm X-T5 est doté du capteur APS-CX-Trans CMOS 5 HR de 40,2 Mp du X-H2. Cette cellule sensible est, à date, la plus définie du marché de l’APS-C.

N’hésitez pas à cliquer sur les photos présentes dans ce test pour les afficher en qualité supérieure.



Le capteur offre des clichés de 7728 × 5152 pixels, chaque pixel mesure donc 3,02 µm de côté. On peut modifier le niveau de compression des fichiers RAW 14 bits (.RAF chez Fujifilm).
Les RAW non compressés pèsent environ 85 Mo, la compression sans perte les fait fondre à 40 Mo, quand les RAW compressés pèsent un peu moins de 30 Mo. Les JPEG (fine), quant à eux, font 20 Mo et les HEIF, 10 Mo. Le capteur est stabilisé sur 5 axes, avec un gain théorique maximal de 7 stops. Un point sur lequel nous reviendrons plus bas.

Notez que ce capteur très défini, est rétroéclairé – mais pas empilé. Il sera donc assez sensible à l’effet de rolling-shutter en obturation électronique. Également, une forte définition est souvent synonyme de bruit numérique plus accentuée par basse luminosité.

Qualité d’image : le roi de l’APS-C titillant le plein format ?
Le marché de l’APS-C n’a pas toujours suivi la course aux mégapixels. Longtemps Fujifilm avait fixé 26 Mpx comme plafond. Avec 40,2 Mpx, les X-H2 / X-T5 font mieux que le Canon EOS R7 et ses 32,5 Mpx. Le gain de définition entre deux générations est important et donne une nouvelle dimension aux clichés du X-T5.

Disons-le tout de suite, le niveau de détails est vraiment impressionnant et on prend plaisir à analyser de près les images. Habituellement, d’aucuns diraient que les capteurs X-Trans souffrent d’une certaine mollesse par rapport aux cellules CMOS. Mais ici, la hausse de définition, couplée aux optiques les plus récentes, donne des clichés surclassant aisément ses meilleurs concurrents, y compris dans le monde du plein format.

Par défaut, avec le mode de simulation PROVIA (standard), les couleurs sont assez douces et plutôt agréables. On note cependant un problème avec la restitution des rouges. Là où Canon tire beaucoup trop vers le magenta, les teintes rouges du X-T5 sont vraiment trop neutres, presque désaturées, voire pâles.

Cela peut se compenser au développement, mais c’est un fait dont il faut tenir compte, surtout qu’il s’observe aussi avec les autres simulations de films. Le X-T5 reprend d’ailleurs les mêmes simulations de films que le X-T4. Pour plus de précisions, nous vous invitons à aller consulter la partie dédiée dans le test idoine.

Les images sont certes de très bonne facture, mais on note que le boîtier à une fâcheuse tendance à la surexposition, notamment dès qu’il y a peu de ciel dans le champ. On se retrouve fréquemment à devoir se placer à -1/3 ou -2/3 IL pour récupérer un cliché s’approchant de la réalité.


Montée en ISO
La plage de sensibilité du capteur va de 125 à 12 800 ISO, et peut-être étendue de 64 à 51 200 ISO. Observons qu’en mode ISO Auto, on ne peut accéder aux plages étendues.



Les images sont très propres jusqu’à 800 ISO et on ne détecte vraiment le grain numérique qu’à partir de 1600 ISO. La première vraie perte de qualité est remarquable à 3200 ISO.



On peut encore utiliser les images à 6400 ISO sans trop de difficulté malgré un bruit bien notable, quand 12 800 ISO constitue la limite extrême. Les valeurs étendues altèrent vraiment trop les clichés et il faudra s’en remettre à des solutions comme DxO PureRAW 3 pour espérer récupérer une image acceptable, débarrassée notamment du bruit de chrominance.



La latitude de retouche est assez importante sans même aborder les possibilités de recadrage qui permettent de se concentrer sur une zone précise de l’image sans perdre trop de détails.


Comme à l’accoutumé, il est plus aisé de récupérer des informations dans les zones d’ombres que dans les blancs, surtout si on laisse le boîtier réaliser sa (sur)exposition par défaut.

Ainsi, entre les fichiers plus lourds et quelques ajustements nécessaires pour obtenir LA bonne image, on ne peut s’empêcher de penser que ce X-T5 est moins destiné à un usage immédiat que d’autres boîtiers Fujifilm avant lui.
Retrouvez ci-dessous une sélection de photos capturées avec le Fujifilm X-T5 :













Autofocus du Fujifilm X-T5 : du très bon et du poussif
Le X-T5 est le troisième appareil de Fujifilm a être doté du X-Processor 5. Il bénéficie ainsi des dernières avancées en termes de suivi autofocus du constructeur, basées sur des algorithmes de reconnaissance de sujets et de prédiction grâce au Deep Learning.

Cet autofocus hybride (détection de phase et de constraste) est doté de 425 collimateurs exploitables et peut suivre une belle variété de sujets. Outre la détection et le suivi des visages et des yeux des humains, le X-T5 reconnait et suit les visages et les yeux des animaux (de compagnie mais pas seulement) et des oiseaux.

Il détecte également les automobiles, les motos/vélos, les avions et les trains. Il ne lui manque que les insectes pour être au niveau des derniers hybrides Sony et du… Fujifilm X-H2S, qui se paye même le luxe de reconnaître les drones.


Le suivi est plutôt très efficace et le X-T5 accroche bien tous les sujets. Cependant, tout n’est pas parfait et Fujifilm prévient bien que les X-T5 / X-H2 ne sont pas au même niveau que le X-H2S. On pourra rajouter : « ni même de la concurrence ». Le X-T5 offre à certaines occasions un comportement plus erratique, décidant de lâcher le sujet suivi pour faire le point ailleurs avant de revenir.

De plus, il convient d’utiliser les optiques les plus récentes pour obtenir les meilleurs résultats. Certains cailloux un peu datés peuvent ralentir la vitesse de mise au point de la bête.

Cela étant dit, il faut tout de même souligner la très bonne tenue du suivi AF du X-T5. Il n’est pas toujours au niveau d’un Sony A7R V ou d’un Canon EOS R3, mais ce sont là des rivaux presque hors catégorie. Pour un boîtier si défini, les performances autofocus demeurent excellentes, même avec les plus longues focales.
Rafale et buffer du Fujifilm X-T5 : un potentiel insoupçonné
La vitesse d’obturation autorisée par l’obturateur mécanique s’étend de 4s à 1/8 000 s. En obturation électronique, la vitesse maximale atteint l’impressionnante valeur de 1/180 000 s. Il peut donc figer tous les détails d’une action à condition d’avoir suffisamment de lumière.

Du côté de la rafale, le X-T5 se montre assez performant. Les chiffres grimpent à 15 i/s en obturateur mécanique (et plus surprenant 13 i/s en électronique), avec un buffer capable d’encaisser jusqu’à 119 JPEG et 39 RAW. En JPEG+RAW, on tombe à 19 clichés consécutifs en RAW non compressés et seulement 21 ou 27, si on comprime la qualité des RAW davantage.

Le X-T5 permet aussi de monter à 20 i/s en obturateur électronique « sans black-out » et avec suivi AF, mais au prix d’un important recadrage (1,29x) s’approchant de la diagonale d’un capteur 4/3″. Cela donne des clichés de 24 Mpx, plus facilement exploitables.
Les chiffres en rafale semblent éloignés des cadors du genre, à commencer par le X-H2S et ses 40 i/s, mais on reste sur des performances honorables, proches des reflex sports avant les années 2020. Avec ses honorables 15 i/s et en obturation mécanique, les effets de déformations dus au rolling-shutter sont absents, ce qui permettrait d’utiliser le boîtier pour le sport ou l’animalier, même si ce n’est pas sa vocation première.

Néanmoins, avec une mémoire tampon limitante de moins de 2 secondes d’enregistrement consécutif, il convient d’être sûr de soi avant de déclencher. Pour compenser, on pourra se rabattre sur un mode de pré-déclenchement qui aidera certains à capturer la bonne photo. Il est dommage sur ce point que le X-T5 n’ait pas récupéré la mémoire tampon du X-H2 ni sa compatibilité avec les cartes CFexpress de type B pour offrir un déchargement plus rapide.
Stabilisation : moins aboutie que chez la concurrence
Désormais classique chez Fujifilm, la stabilisation mécanique du capteur sur 5 axes est aussi de la partie chez le X-T5. Fujifilm annonce même des résultats meilleurs que pour le X-T4 avec jusqu’à 7 stops de gain contre 6,5 auparavant (en fonction des optiques).
Dans la pratique, il faut confesser que le X-T5 n’est pas la référence en termes de stabilisation. Si nous avons réussi à capturer des images à main levée acceptables jusqu’à 1 seconde de temps de pose, il est très compliqué d’aller au-delà. Même avec des optiques légères et en restant bien stable, les résultats les plus probants se situent aux alentours du 1/4 de seconde.


Avec les zooms stabilisés, le boîtier est compatible avec la double-stabilisation du capteur et de l’optique. Néanmoins, avec les très longues focales, il faudra toujours conserver des temps de pose assez courts malgré la stabilisation.

Le Fujifilm dispose par ailleurs d’un mode haute définition baptisé « Pixel Shift Multi-Shot » qui permet d’obtenir des images de 160 Mpx. Le boîtier capture 20 clichés en déplaçant le capteur qu’il faut ensuite assembler sur un ordinateur grâce au logiciel maison Pixel Shift Combiner (pour macOS ou Windows).
Il faut pour ce faire utiliser un trépied, et bien s’assurer qu’il n’y ait aucune vibration, sinon le résultat final présentera quelques artefacts disgracieux.


Vidéo
Fujifilm a beau arguer que son X-T5 est avant tout destiné aux photographes, il n’oublie pas pour autant les vidéastes. Néanmoins, par rapport à son faux-jumeau le X-H2, le X-T5 ne propose pas l’enregistrement en 8K à 30 fps et Apple ProRes HQ 4:2:2 10 bits (3520 Mb/s). Non, le boîtier se limite à une définition maximum bien plus « raisonnable » de 6,2K (6240 x 3510 px), 30 fps et 4:2:2 10 bits avec un débit maximal de 360 Mb/s.

Nous disposons donc d’un format toujours très défini qui suffira largement dans la plupart des situations. Notez toutefois qu’en 6,2K, tout comme en 4K HQ, le X-T5 n’exploite pas toute la surface du capteur et opère un recadrage 1,23x. De même, en 4K (comme en Full HD) et 60 fps, il faudra faire avec un crop 1,14x. Pour obtenir un enregistrement plein cadre, il faut opter pour de la 4K ou du 1080p à 30 fps au maximum. Si vous activez la stabilisation numérique, il faut rajouter un crop 1,1x supplémentaire. Sachez que la stabilisation électronique n’est pas disponible en 6,2K ou 4K HQ.

Pour les amateurs de ralentis, on dispose de fréquences à 240 ou 120 fps, uniquement en Full HD et toujours au prix d’un recadrage 1,23x. Ceux qui en veulent toujours plus pourront tirer parti de la sortie HDMI pour obtenir de la 6,2K 30 fps mais en Apple ProRes Raw 12 bits.
La qualité d’image est bien entendu au rendez-vous. La restitution des couleurs propose une palette assez douce et le rendu des détails moins marqué qu’avec un capteur CMOS n’est ici pas vraiment un problème. En effet, en vidéo, au cinéma, on apprécie généralement des textures moins piquées.
La stabilisation fait un bon travail pour limiter les tremblements du vidéaste, malgré certaines saccades résiduelles. La stabilisation numérique permet d’obtenir des séquences plus exploitables mais elle n’est malheureusement pas disponible avec les formats les plus définis comme la 6,2K. Aussi, malgré le gros crop, il conviendra d’éviter les mouvements horizontaux trop brusques pour limiter le rolling-shutter.
Le X-T5 autorise la captation dans deux formats de LOG différents ainsi qu’en HLG, bien utile pour l’étalonnage en post-production. En guise d’options pour la vidéo, on peut compter sur les zebra et un cadre rouge autour de l’écran lors de la captation et… c’est à peu près tout. Nous sommes loin des meilleurs élèves du genre comme le Panasonic Lumix S5 II.
Le suivi autofocus vidéo est assez efficace, à rapprocher de ses performances en photo, mais comme pour les images fixes, il est largement tributaire des optiques utilisées. Avec les récentes Fujinon XF 33 mm f/1,4 R LM WR ou XF 56 mm f/1,2 R WR, la mise au point est fluide et sans à-coup.
En revanche, avec des objectifs plus anciens, tels les Fujinon XF 35 mm f/1,4 R ou XF 23 mm f/1,4 R, la vélocité n’est plus toujours de mise. Aussi, la mise au point sera très sujette au pompage en tout genre. Les vidéastes devront donc s’équiper en conséquence.
Autonomie du Fujifilm X-T5
Le X-T5 reprend la batterie NP-W235 présente sur les autres boîtiers. Fujifilm annonce, en mode normal, une autonomie de 580 clichés, selon la norme CIPA. En mode économie d’énergie, on passe à 720 photos, et on sait que l’on peut faire toujours un peu mieux. Toutefois, pour obtenir les meilleures performances en termes d’autofocus et de qualité d’affichage, il convient d’opter pour le mode « boost ».


Ce dernier pompe un peu plus l’énergie du boîtier (à peu près 25 % plus gourmand d’après Fujifilm). En prenant environ 550 clichés (RAW + JPEG) et en filmant un peu en définition maximum 6,2K, nous sommes venus à bout de la batterie. Cette dernière se rechargeant sans problème via la prise USB-C du boîtier.
Connectivité filaire et sans-fil
Le Fujifilm X-T5 propose une connectique classique mais assez complète. Sur le flanc gauche, pour la recharge, l’alimentation et le transfert des fichiers, le boîtier est doté d’une prise USB-C 3.2 Gen2 (10 Gb/s). On peut compter également sur un port micro-HDMI.


On note la présence d’une prise 2,5 mm pour télécommande, une prise jack 3,5 pour microphone, mais Fujifilm fait l’impasse sur la prise casque et glisse un adaptateur USB-C vers jack pour « compenser ». Enfin, outre la griffe porte-accessoire, le X-T5 dispose d’une prise synchro-flash.


L’enregistrement des données se fait grâce à deux ports pour cartes SD UHS-II. Si nous comprenons la nécessité d’un boîtier compact, nous regrettons un peu l’absence de port pour carte CFexpress type B installé sur le X-H2. Un format de cartes bien plus pertinent pour les hautes vitesses et définitions en photo et vidéo, surtout lorsqu’on ne peut pas enregistrer directement sur un SSD, comme c’est le cas ici.


Pour la connexion à distance via smartphone, le X-T5 utilise l’application XApp (pour iOS ou Android). Il faut reconnaître que les développeurs de Fujifilm ont fait un très bon travail et proposent une application minimaliste, mais élégante.
L’appairage à n’importe quel boîtier Fujifilm compatible se fait très rapidement. Pour réduire considérablement le retard à l’affichage entre le boîtier et votre smartphone, il convient de bien choisir une connexion Wi-Fi 5 GHz, contre 2,4 GHz par défaut. Elle autorise la mise à jour à distance du boîtier, pratique.


L’application comporte plusieurs défauts majeurs selon nous. Tout d’abord, le pilotage à distance n’est pas des plus intuitif et on ne peut pas choisir un autofocus en continu. L’app bloque l’appareil en mise au point en autofocus ponctuel (AF-S), même si c’est bien l’AF-C qui est sélectionné sur le boîtier.
Aussi, sur iPhone, on ne peut transférer les fichiers RAW, pour cause d’un problème de compatibilité entre iOS et les RAW issus de capteurs X-Trans. Enfin, les vidéos, même capturées en définition maximum ou dans un débit d’images rapides, ne seront exportées qu’en Full HD et 30 fps. Une série de contraintes difficilement acceptables en 2023 à l’ère du « tout connecté ». Il faut espérer que Fujifilm travaille activement à modifier son application.
À qui se destine le Fujifilm X-T5 ?
Chez Fujifilm, les X-T sont des modèles de polyvalence et d’élégance et le X-T5 ne fait pas exception à la règle. Fujifilm ne se trompe pas en orientant l’expérience vers les photographes.


Ceux qui n’avaient pas encore sauté le pas depuis le X-T3 n’auront sans doute pas longtemps à hésiter pour ce X-T5. De même, ceux qui étaient séduits par le X-H2 mais ne voulaient pas renier sur la prise en main rétro seront conquis.
Sa très haute définition en fait un rival assez intéressant d’appareils plein format comme le Canon EOS R5 ou le Nikon Z7 II. Et n’oublions pas de mentionner le mode haute définition à 160 Mpx, pertinent pour certains usages commerciaux ou de conservation artistiques.


Il n’est certes pas le premier appareil auquel on penserait pour le sport ou l’animalier chez Fujifilm, rôle plutôt réservé au X-H2S, mais il dispose d’une rafale honorable à 15 ou 20 i/s (avec un crop 1,29x). Le boîtier étant cependant un peu handicapé par un buffer très limité.
Enfin, les vidéastes ne sont pas complètement oubliés. Fujifilm n’a pas opté pour les choix radicaux de Leica avec son M11 ou Hasselblad avec son X2D 100C – délestés de capacités vidéo – et le X-T5, capable de filmer jusqu’en 6,2K est une très bonne caméra.
Conclusion
Après le lancement du X-H2, et l’orientation toujours plus haut de gamme prise par Fujifilm, on pouvait douter de l’arrivée d’un X-T5. Pourtant, il est bien là, compact, performant et ne reniant rien de l’ergonomie vintage qui fit le succès de la marque.
La hausse de définition, outre ses intérêts évidents, pourrait même convaincre les dubitatifs du capteur X-Trans. Le suivi autofocus est très efficace et, malgré les dires de Fujifilm, le X-T5 dispose de très bons atouts pour la vidéo.


Hormis les quelques compromis opérés par Fujifilm par rapport au X-H2 – viseur moins défini, écran seulement inclinable, buffer limité ou absence de 8K – Le X-T5 demeure très satisfaisant à utiliser, surtout associé aux objectifs les plus performants du constructeur.
Certains trouveront toujours à redire de la préhension limitée ou d’un suivi autofocus parfois erratique, mais il faut admettre que nous sommes en présence d’un excellent boîtier. Toutefois, s’il est plus accessible que les X-H2 / X-H2S, il reste parmi les appareils APS-C les plus chers du marché.
Le Fujifilm X-T5 est ainsi disponible au tarif de 1869 € nu pour la version noire. Le modèle argenté se négociant pour 1899 €.


Un kit Fujifilm X-T5 + XF 18-55 mm f/2,8-4 R LM OIS est proposé au tarif de 2299 € et un kit avec le zoom XF 16-80 mm f/4 R OIS WR est lui disponible pour 2449 €.
Vous pouvez retrouver le Fujifilm X-T5 à la Fnac, chez Digit-Photo, Miss Numérique, Photo-Univers, Camara, Digixo ainsi que dans les magasins photo spécialisés.