Prospective : qu’attendre des différents constructeurs photo en 2024 ?

Un bon millésime en perspective ?

Alors que 2023 s’achève, il est intéressant de se projeter vers l’avenir. Cette année a été remarquable pour le secteur de la photographie, grâce à des innovations clés telles que des appareils photo avec global shutter, des compacts experts capables d’enregistrer en 8K, et des modèles ultra polyvalents. Toutefois, le millésime 2024 s’annonce particulièrement prometteur, notamment avec les Jeux Olympiques de Paris à l’horizon et l’anticipation du renouvellement de certains appareils photo emblématiques. Petit coup d’oeil dans la boule de cristal pour 2024.

2023, très bon cru

L’année 2023 en photo a été marquée par des sorties mémorables : Nikon Z8, , Leica Q3, Fujifilm GFX 100 II, Sony A6700, Panasonic Lumix G9 II, Sony A9 III, et bien d’autres encore. Tous les constructeurs (ou presque), tous les formats de capteurs ont connu leur lot de nouveautés.

Certains boîtiers étaient très attendus comme le Leica Q3, qui assoit un peu plus la suprématie du fabricant germanique sur les compacts experts. D’autres lancements furent plus surprenants, comme celui du Fuji GFX 100 II, boîtier moyen format de tous les superlatifs ou celui le Panasonic Lumix G9 II, un appareil micro 4/3 ultra-polyvalent.

Et en point d’orgue, comment ne pas mentionner la révélation du Sony A9 III ? Premier appareil photo hybride doté d’un capteur CMOS 24×36 à global shutter, il s’agit du plus gros pavé jeté dans la mare depuis de nombreuses années.

Et nous ne mentionnons ici que les boîtiers, mais les 4 saisons écoulées ont aussi vu leur lot de nouvelles propositions optiques majeures. Sony bien entendu avec des zooms de deuxième génération très attendus. Mais aussi avec son FE 300 mm f/2,8 GM OSS. Tamron n’est pas en reste avec son 70-180 mm f/2,8 Di III VC VXD G2, sans compter les autres zooms dévoilés pour la monture E de Sony, mais aussi chez Fujifilm et Nikon.

Le Sony FE 300 mm f/2,8 GM OSS

Canon, de son côté nous a gratifié (entre autres) d’un RF 24-105 mm f/2,8 L IS USM Z surprenant, quand Nikon joue avec son impressionnant Nikkor Z 135 mm f/1,8 S Plena. Nous nous concentrons dans cet article surtout sur les boîtiers, mais notez que l’accroissement des parcs optiques va de concert avec les lancements de nouveaux appareils.

Ainsi, 2023 fut une année faste, mais il serait faux de penser qu’en 2024 les constructeurs vont lever le pied. En effet, cette année est synonyme de Jeux Olympiques (à Paris, pour ceux du fond qui ne suivent pas). Un événement marquant à plus d’un titre pour lequel les fabricants d’appareils et d’optiques se doivent de tirer leur épingle du jeu auprès d’un public de photographes professionnels toujours plus exigeant.

Nikon déjà bien installé, du moins sur le plein format

Nikon est déjà dans la place avec son duo de choc Z8 / Z9 et on voit mal l’opticien nippon arriver à développer un nouvel appareil véloce dans les délais impartis. Surtout alors qu’il dispose déjà de deux boîtiers professionnels très capables au capteur empilé de 45 Mpx et à la rafale rapide.

Le lancement du très bon Z ƒ en fin d’année 2023 pose la question de l’arrivée d’un éventuel Nikon Z6 III en 2024. Ne sera-t-il qu’une version redessinée du Z ƒ ? Avec Nikon, cette interrogation est plus que légitime. L’entreprise a porté un joli coup avec le Z ƒ et on imagine aisément que le potentiel Z6 III devrait reprendre bon nombre de ses caractéristiques, mais en offrant un boitier à l’ergonomie plus moderne.

On attend peut-être davantage de nouveautés du côté de l’APS-C chez Nikon. avec la présentation d’un boîtier très polyvalent de la part de Nikon. Ses Z 50, Z ƒc et Z 30 ne sont pas mauvais, loin s’en faut, mais ils ne sont peut-être pas aussi ambitieux que certains hybrides de la concurrence.

De plus, le trio Nikon constitué des modèles Z50 / Z fc et Z30 se base sur un hardware similaire et c’est principalement leur conception extérieure qui les différencie. Un petit effort est attendu de la part de Nikon sur ce domaine.

Un appareil plus accessible que les modèles plein format, avec une fiche technique aussi complète – et surtout équipé de la stabilisation mécanique du capteur – serait ainsi plus que pertinent.

Sony en pôle position pour les JO

Sony a récemment introduit son modèle A9 III, qui se distingue particulièrement grâce à son global shutter, attirant ainsi l’attention du monde de la photographie sportive. Il y a également des rumeurs selon lesquelles Sony pourrait lancer une nouvelle version de son appareil phare, le Sony A1.

Cet appareil, doté d’un capteur plein format empilé de 50 Mpx et capable de gérer des rafales de 30 i/s sans broncher, pourrait bientôt avoir un successeur. Cependant, il semble peu probable que Sony dispose d’un nouveau capteur empilé de 50 Mpx ou plus, prêt à être dévoilé, du moins pour le moment.

Néanmoins, les progrès réalisés dans les processeurs ouvrent des perspectives fascinantes. On peut ainsi imaginer un appareil capable de réaliser des rafales impressionnantes de 50 ou 60 images par seconde, doté d’un buffer sans limite et d’une capacité de reconnaissance autofocus nettement améliorée. Étant donné que le modèle A1 de Sony ne dispose pas encore des dernières innovations en matière d’autofocus de la marque, et compte tenu de la tendance croissante à proposer des rafales à haute vitesse, ces prédictions ne semblent pas totalement irréalistes.

Il reste à déterminer si le nouvel appareil sera lancé bien avant les Jeux Olympiques ou juste après. Si aucune annonce n’est faite avant juillet 2024, il serait judicieux de garder un œil sur les photographes utilisant du matériel Sony lors des événements sportifs. Il est fort probable que certains d’entre eux auront déjà en main le nouveau boîtier en phase de test.

Le Sony A9 III

Il est également pertinent de souligner qu’en 2024, le modèle 24×36 le plus ancien dans le catalogue de Sony sera le Sony A7S III, orienté vidéo. Bien que certains anticipent l’arrivée d’un nouveau modèle pour cette année, rien n’est encore certain. Sony ayant considérablement développé sa gamme vidéo, il se peut qu’elle prenne son temps pour actualiser la série S.

Canon (très) attendu au tournant

De grandes attentes sont également placées sur Canon. L’entreprise au liseré rouge avait présenté fin 2021 un EOS R3 très performant. Toutefois, reprenant une nomenclature abandonnée depuis des années, il laissait envisager l’arrivée futur du R1. Le leader du marché est très attendu sur le secteur des boîtiers professionnels.

Face à la sortie de l’A9 III de Sony, d’aucuns se demandent même si le futur (et pour l’instant hypothétique) EOS R1 ne serait pas lui aussi doté d’un capteur avec global shutter. Mais cela demeure peu probable pour différentes raisons techniques. Des personnes bien informées tablent plutôt sur un renouvellement en profondeur de l’EOS R5.

Que ce soit l’un ou l’autre, le prochain hybride de Canon devrait embarquer un capteur très défini de 50, 60, voire 100 Mpx, sans doute empilé s’il devra gérer une très forte rafale avec son obturateur électronique.

Panasonic : un nouvel hybride plein format très défini ou un micro 4/3 accessible ?

En 2023, Panasonic a lancé les boîtiers plein format Lumix S5 II / S5 IIX et leur faux-jumeau, l’hybride micro 4/3 Lumix G9 II. Deux boîtiers très aboutis, identiques extérieurement et qui bénéficient (enfin !) d’un autofocus hybride à détection de phase. Une première chez Panasonic.

Pour 2024, il semblerait logique que Panasonic cherche à étoffer son catalogue plein format avec au moins une nouvelle référence. On pense particulièrement à un renouvellement du Lumix S1R. Ce boîtier très défini avec son capteur de 47 Mpx fait partie de la première vague de boîtiers 24×36 de « Pana » lancés en 2018 et mériterait un bon dépoussiérage. Outre qu’il existe des capteurs plus définis, il pourrait récupérer le châssis plus compact et l’autofocus moderne des S5 II.

Le Panasonic Lumix G9 II

De même, il serait de bon goût que Panasonic propose enfin une alternative accessible à un boîtier comme le Lumix GX9. Certes, hormis Canon, les constructeurs resserrent leur gamme autour de produits toujours plus premium. Néanmoins, Panasonic fait encore le gros de ses ventes avec des appareils micro 4/3 compacts sous les 1000 €. Un terminal disposant des atours modernes dans un petit emballage pourrait trouver son public.

Le retour de Leica sur les hybrides, avec le moyen format en ligne de mire ?

Le sort de Leica sur le marché des appareils photo hybrides est étroitement lié à celui de Panasonic. Les deux firmes partageant nombre de technologies depuis une alliance scellée en 2001. Ainsi, et c’est un secret de polichinelle, les deux hybrides plein format SL2 et SL2-S de la société Wetzlar, sont (globalement) des Panasonic Lumix S1R et S1 recarrossés.

Le Leica SL2-S

Ainsi, sauf révolution copernicienne, tant que Panasonic ne commercialise pas de nouvel hybride 24×36, il y a peu de chances que Leica ne dévoile un appareil de ce type. À moins que les accords signés entre les deux sociétés laissent la primeur à Leica sur ce sujet.

Cependant, on sait que Leica planche sur un nouveau boîtier à capteur moyen format. Il s’agit d’un hybride – a priori – baptisé S3, et qui prendrait la relève du très massif reflex S2. Capteur 30 x 45 mm dit Leica ProFormat, nouvel AF, nouvelle monture, voici un boîtier très mystérieux dont la présentation en 2024 est toujours sujette à caution. Affaire à suivre.

Fujifilm : vers le renouvellement de son modèle phare compact expert ?

Entre 2022 et 2023, Fujifilm a été particulièrement actif. Le constructeur, ayant décidé de délaisser le segment d’entrée de gamme pour se focaliser sur des appareils plus premium, a introduit pas moins de quatre nouveaux modèles durant cette période, renouvelant ainsi presque l’intégralité de sa gamme.

Presque, en effet, car un boîtier fait de la résistance, le Fujifilm X100V, compact expert roi des réseaux sociaux dévoilé en 2020, fait figure de « dernier des Mohicans ». Basé sur la même architecture que le X-T4 et X-Pro3, il pourrait bénéficier d’une belle refonte grâce aux dernières technologies en date.

Selon nous, l’ergonomie générale ne devrait pas subir trop de modifications. Le X100V est déjà très agréable en main et d’une excellente compacité. En toute logique, Fujifilm pourrait doter sa nouvelle version du capteur APS-C de 40,2 Mpx que l’on retrouve dans les X-H2 et X-T5. De même, la partie autofocus pourrait être considérablement améliorée. Enfin, Fujifilm pourrait apporter au prochain X100 la stabilisation optique qui manquait aux précédents modèles.

La question essentielle concerne évidemment la lettre qui sera apposée après le nom X100. Chez Phototrend, on hésite entre trois solutions : VI (pour la continuité) ; R (pour roku – 6 en japonais) ; H (pour hexa – 6 en grec). Et vous, qu’en pensez-vous ?

OM System : un nouvel appareil entrée de gamme en vue ?

Le 31 décembre 2023 marquera définitivement la fin de l’ère Olympus sur le marché de la photo. À cette date, OM System, la nouvelle société issue de la vente de la division photo, n’aura plus le droit d’utiliser le blason « Olympus ».

Après l’OM-5 qui fut en 2023 le premier boîtier 100 % brandé OM System, on peut estimer assez logiquement que l’entreprise lancera un nouvel appareil en 2024. Certains espèrent un successeur à l’Olympus OM-D E-M10 Mark IV.

Il représenterait une élégante porte d’entrée dans le monde de la photo hybride. Bénéficiant des derniers algorithmes pour la stabilisation et l’autofocus, sans parler d’un mode vidéo avancé, il pourrait tailler de belles croupières à Canon et ses hybrides APS-C d’entrée de gamme.

À moins qu’OM System, qui commercialise déjà le micro 4/3 le plus poussé du marché, préfère sortir un nouvel appareil très haut de gamme.

L’ouverture de la monture Canon RF à la concurrence ?

Depuis l’arrivée de Canon sur le marché des hybrides plein format en 2018 avec sa monture RF, une question revient de manière récurrente : est-ce que Canon ouvrira un jour sa monture aux optiques autofocus tierces ?

Alors que tous les autres constructeurs peuvent accueillir des objectifs AF issus de multiples opticiens, Canon freine des quatre fers. Cela en devient même désespérant. Le parc optique en monture RF gagne certes régulièrement de nouvelles références, mais pour la plupart, elles demeurent très premium et encombrantes.

Sony a fait de l’ouverture de sa monture une de ses principales forces et il serait plus que temps que Canon change son fusil d’épaule sur cette question. Peut-être pour 2024 ?

Et Pentax dans l’histoire ?

Alors que tous les constructeurs se sont mis à l’hybride, Pentax fait de la résistance et va même à contre courant. Normalement, le constructeur devrait annoncer en 2024 un nouveau boîtier, et il pourrait s’agir d’un appareil photo … argentique, comme nous vous l’avions déjà dévoilé en mai dernier.

Pentax Film Project : le premier appareil photo argentique sera un compact … en attendant le reflex

Pas plus d’informations pour le moment, si ce n’est que Ricoh Imaging mise beaucoup sur l’aura de la photographie argentique pour se démarquer de la concurrence. Reste à savoir quand ce projet verra le jour.

La Chine s’est éveillée, les constructeurs d’optiques doivent-ils trembler ?

Depuis quelques temps, presque chaque semaine apporte son lot de nouveaux objectifs chinois équipés d’autofocus. Il semble que les constructeurs de l’empire du Milieu aient simultanément développé et perfectionné la technologie de mise au point automatique.

À de très rares exceptions, ces cailloux sont avant tout destinés à des hybrides APS-C (principalement Fujifilm, Sony et Nikon). Ils sont très accessibles et semblent offrir des performances assez décentes.

À notre avis, il ne devrait pas s’écouler beaucoup de temps avant que ces fabricants d’objectifs ne s’aventurent sur le marché du 24×36, redéfinissant ainsi radicalement la notion de « bon rapport qualité-prix. »

Conclusion : une année 2024 potentiellement riche en émotions

En conclusion, Il est peu probable que les fabricants de matériel photo lancent cinq nouveaux appareils chacun en 2024, mais il ne fait aucun doute que certaines de ces sorties seront très marquantes. Au-delà des nouveaux produits, on attend avec impatience des technologies qui, si elles ne sont pas révolutionnaires, seront au moins novatrices. Malgré les sceptiques, le marché de la photographie reste dynamique et 2024 s’annonce déjà comme un très bon cru.