Lumix S1 et S1R : l’artillerie lourde de Panasonic en hybride plein format

Après plusieurs mois de suspens, Panasonic dévoile enfin ses deux hybrides plein format S1 et S1R. Un tournant important pour le constructeur qui inaugure sa nouvelle monture L et concrétise au passage son partenariat avec Leica et Sigma (la L-Mount Alliance). Une entrée fracassante dans le milieu de l’hybride pour venir concurrencer les acteurs déjà en place sur le marché du plein format, que ce soit les hybrides Nikon, Canon ou Sony mais aussi les boîtiers reflex professionnels tels le Canon EOS 1-DX II ou Nikon D5.

Ca y’est, Panasonic met un pied dans l’univers de l’hybride plein format. Les fiches techniques de ses deux nouveaux nés sont très intéressantes et rivalisent de plus belle avec les Z6 et Z7 de Nikon via un positionnement tarifaire très proche dont voici les présentations.

Yosuke Yamane, Directeur Imaging Network, Business Division, Panasonic Inc.

Deux définitions, deux sensibilités

Comme Nikon, Panasonic prend le parti de décliner son nouvel appareil plein format en deux versions via deux définitions et deux sensibilités différentes. Ainsi, le S1R est équipé d’un capteur plein format CMOS de 47,3 mégapixels sans filtre passe-bas, alors que le S1 intègre un capteur sans filtre passe-bas de 24,2 mégapixels.

Cette différenciation de définition impacte également directement la plage de sensibilité ISO des capteurs. Le S1 a une plage de sensibilité native de 100 à 51 200 ISO qui s’étend de 50 jusqu’à 204 800 ISO. Le S1R, plus défini se limite à une sensibilité native de 100 à 25 600 ISO, extensible de 50 à 51 200 ISO seulement.

Nous observons plus de prudence de la part de Panasonic concernant la montée en sensibilité de son hybride S1R ultra défini, contrairement au Z7 de Nikon, qui malgré ses 45,7 millions de pixels, est capable de grimper jusqu’à 102 400 ISO.

Les S1 et S1R disposent également d’un mode Haute définition de 187 Mpx pour le S1R et de 96 Mpx pour le S1 via la combinaison de 8 images grâce au mouvement du capteur. Un mode particulièrement intéressant, disponible au format RAW, pour la réalisation de packshot, de natures mortes ou de sujets fixes pour toujours plus de détails, à utiliser avec l’assistance d’un trépied. Pour les sujets en mouvements, une option de ce mode permet de réduire les effets d’images fantômes.

Pour résumer :

Panasonic Lumix S1 :

  • capteur CMOS sans filtre passe-bas de 24,2 Mpx
  • plage ISO native de 100-51200 (extensible de 50 à 204 800 ISO)
  • mode haute définition de 96 Mpx

Panasonic Lumix S1R :

  • capteur CMOS sans filtre passe-bas 47,3 Mpx
  • plage ISO native de 100-25600 (extensible de 50 à 51 200 ISO)
  • mode haute définition de 187 Mpx

A la manière de Sony et Nikon, Panasonic oriente ses deux nouveaux boitiers hybrides plein format. Le S1R, avec son capteur ultra défini et son mode haute résolution est ainsi particulièrement orienté vers la qualité d’image. Le S1 quant à lui, se destine plutôt à une utilisation mixte photo et vidéo via une sensibilité ISO plus étendue qui permet de l’utiliser plus aisément en basse lumière.

La double stabilisation, argument fort de Panasonic

Après les différences, place aux similitudes. Le premier argument fort de Panasonic, c’est la double stabilisation Dual IS 2 qui permet de combiner la stabilisation du capteur sur 5 axes avec la stabilisation optique sur 2 axes des objectifs stabilisés et qui autoriserait un gain jusqu’à 6 IL. De quoi rivaliser sérieusement avec l’A7 III et les Nikon Z6 et Z7 dont le gain est de 5 IL et qui misent sur la stabilisation du capteur uniquement.

Pour parfaire la stabilisation, Panasonic intègre à ses deux hybrides un algorithme capable de calculer les informations de tremblement, récupérées par un capteur gyroscopique, mais également par le capteur CMOS et l’accéléromètre. Un outil de statut de stabilisateur est également disponible pour observer en temps réel l’action et l’efficacité de la stabilisation utilisée et du mouvement du boîtier. Un outil intriguant que nous espérons pouvoir tester à l’occasion de notre prise en main.

Autofocus hybride basé sur l’intelligence artificielle

Les Lumix S1R et S1 intègrent un autofocus DFD à détection de contraste, déjà bien connu chez Panasonic et qui a déjà fait ses preuves. Ce dernier est associé à un nouveau processeur Venus Engine qui autoriserait un autofocus à 0,08 secondes et des rafales jusqu’à 9 ips en AF-S et 6 ips en AF-C.

La détection des visages et la reconnaissance des objets ont également été améliorées via une nouvelle technologie d’intelligence artificielle qui analyse, étudie, identifie et anticipe les mouvements des sujets. Un mode autofocus dédié à la reconnaissance de l’oeil a également été développé. Ces modes semblent être de plus en plus demandés par les professionnels et les fabricants ne manquent pas d’ingéniosité pour leur développement. Sony a récemment proposé une mise à jour qui apporte l’eye AF et le suivi en temps réel à ses hybrides A9, A7R III et A7 III, également basés sur l’intelligence artificielle.

Mode Photo 6K

Le mode Photo 6K vient compléter ces performances grâce à une rafale de 30 ips qui peut générer un fichier Jpeg de 18 Mpx. Et pour des rafales ultra rapides, le mode Photo 4K permet d’utiliser des rafales à 60 ips pour des images extraites à 8 Mpx.

Une conception robuste et une ergonomie dédiée aux professionnels

Avec leur châssis entièrement moulé en alliage de magnésium, les Lumix S1 et S1R offrent une construction robuste et étanche pour résister jusqu’à des températures de -10°C, aux éclaboussures et à la poussière pour une utilisation tout temps.

Aussi robustes soient-ils, leurs gabarits imposants se font également remarquer. Le S1R affiche des dimensions de 148.9 x 110.0 x 96.7 mm (hors protubérances) et un poids de 1020g, carte et batterie incluses. Nous sommes bien loin des 134 x 100.5 x 67.5 mm et des 675 g du Nikon Z7 et des 700 g de l’EOS R qui nous semblaient déjà bien généreux. Les S1 et S1R ne feront donc pas dans la compacité et laissent une belle longueur d’avance à Sony dans ce domaine.

Viseur et écran hautes performances

L’imposant gabarit des hybrides s’explique, entre autres, par l’intégration d’un viseur OLED de 5,760K de points, le plus défini du marché, avec un taux de rafraichissement de 120 ips, sans lag (0,005 secondes) et un grossissement de 0,78 x. De quoi offrir une vision fluide et précise. Espérons seulement que les effets arc-en-ciel ne seront pas trop visibles.

Les S1 et S1R intègrent également un écran de 3,2″ d’une définition de 2.100K points au format 3:2, tactile et orientable sur trois axes. L’écran est accompagné d’un mode nuit et de la visée directe boostée qui permet de vérifier la composition de l’image dans le noir total, en augmentant la sensibilité de l’affichage grâce à un rétroéclairage doux, sans risque d’éblouissement. Un plus pour les oiseaux de nuit.

Sur le dessus des appareils, un petit écran de contrôle rétroéclairé permet de garder un oeil sur ses réglages. En complément et pour faciliter la prise en main, les touches essentielles sont également rétroéclairées pour une prise de vue efficace en basse lumière. Des petits bonus fort appréciables. Un joystick à 8 directions, des touches personnalisables et un levier de verrouillage sont également présents pour une prise en main personnelle et sure.

Double emplacement pour cartes mémoires

Deux slots cartes mémoire SD (UHS-II) et XQD, d’ici peu compatibles CFexpress sont présents. Plusieurs options d’enregistrement sont possibles telles que l’enregistrement relais, l’enregistrement de sauvegarde (doublon) ou encore l’enregistrement d’allocation (vidéo-photo par exemple).

Bluetooth et Wi-Fi sont également compatibles avec les boitiers pour un partage continu des images ou encore le pilotage à distance via la nouvelle application LUMIX Sync ou encore le logiciel LUMIX Tether, qui permet une prise de vue à distance sur PC via un câble USB.

Autonomie

Les S1 et S1R disposent d’une batterie de 3050 mAh autorisant l’enregistrement d’environ 360 vues avec le S1R et 380 vues avec le S1 en mode normal. Des performances loin, très loin des reflex qui peuvent être rédhibitoires. Un mode économique du viseur permettrait toutefois de tripler l’autonomie du boitier. Si cela offre un gain certain en temps de prise de vue, il ne permettra plus d’exploiter le viseur au maximum.

Il faudra donc penser à s’équiper en batteries supplémentaires ou opter pour un grip additionnel (DMW-BGS1) qui intègre une batterie supplémentaire.

La batterie peut en tout cas être rechargée par un câble USB 3.1 Type-C fourni. L’alimentation directe est également possible afin de continuer à utiliser l’appareil pendant la charge. Ce sera très utile pour une utilisation en mode vidéo par exemple.

Mode vidéo 4K 60p/50p et 4K 30p sans crop

Le mode vidéo parlons-en. Les S1 et S1R pourront filmer en 4K 60 et 50p en 4:2:0 8 bit directement sur carte SD ou XQD, mais limité dans le temps et en 4K 30p sans crop et de façon illimitée pour une utilisation totale du capteur. Les boitiers disposent également d’une grande variété de courbes gamma et d’un mode HLG (Hybrid Log Gamma).

Le mode d’enregistrement en 4:2:2 est quant à lui disponible en enregistrement externe via HDMI. Une mise à jour est d’ores et déjà prévue courant 2019 pour offrir la 4K 60p/50p en 4:2:2 10 bit via HDMI et en 4K 30p/25p/24p en 4:2:2 10 bit en interne. Cette mise à jour (payante) mettra également à disposition le V-Log et sera compatible avec le Lumix S1 uniquement, confirmant l’orientation vidéo de l’appareil.

Le Slow Motion est également disponible sur les deux boîtiers à 60 ips en 4K, et jusqu’à 180 ips en Full HD pour un ralenti à 6x. Les boitiers disposent tous deux de prises micro et casque pour optimiser la restitution sonore.

Prix et disponibilité des Panasonic Lumix S1 et S1R

Les deux hybrides seront disponibles fin mars 2019 en nu ou en kit avec le 24-105 mm f/4 aux tarifs suivants :

  • Lumix S1 boîtier nu: 2499€
  • Lumix S1M kit (+24-105 mm f/4) : 3399€
  • Lumix S1R boîtier nu: 3699€
  • Lumix S1RM kit (+24-105 mm f/4) : 4599€

Du 1er février au 31 mars 2019, et pour chaque boitier ou optique Panasonic S, la garantie légale est étendue à 3 ans et vous disposez d’un an offert aux nouveaux services Lumix Pro. Une offre de reprise jusqu’à 900€ est également disponible jusqu’au 30 avril 2019 auprès des revendeurs en magasin.

3 premiers objectifs Panasonic Lumix S

En parallèle de cette annonce, Panasonic a également dévoilé les 3 premiers objectifs Panasonic Lumix S qui seront disponibles fin mars 2019 avec les S1 et S1R, ainsi que la roadmap d’objectifs pour 2020 :

Lumix S Pro 50mm f/1.4, 70-200mm f/4 O.I.S et 24-105mm f/4 Macro O.I.S, les trois premiers objectifs en monture L de Panasonic

Notre premier avis sur les Panasonic Lumix S1 et S1R

Forcément, Panasonic était très attendu sur le milieu du plein format, nouveau terrain de jeu pour le fabricant jusque-là habitué à ses hybrides à capteur micro 4/3. Au vu des performances techniques dévoilées pour ces deux nouveaux nés, cette « reconversion » semble être un jeu d’enfant pour le fabricant dont les technologies ont déjà fait leurs preuves par le passé : nous pensons notamment à la double stabilisation, à la technologie DFD et aux modes photo et vidéo 4K qui sont des alliés de taille pour produire des appareils photo réactifs et polyvalents quel que soient les conditions lumineuses et pour faire face aux reflex et à la concurrence.

Prise en main du Lumix S1, le nouvel hybride plein format de Panasonic

Technologiquement impressionnants, ces S1 et S1R viennent chambouler les codes de l’hybride, avec des boîtiers lourds et imposants. Panasonic a voulu mettre le paquet, mais en contrepartie, la compacité en prend un coup et faire peut-être perdre l’intérêt premier de l’hybride pour certains par rapport à un reflex : sa taille et son poids. Sans oublier, l’ajout sans doute indispensable du grip qui alourdira encore un peu plus l’appareil. Difficile pour cette fois de rivaliser face à la compacité des boitiers Sony A7, mais la promesse de Panasonic « Full Frame without compromise » montre que le fabricant a souhaité aller au-delà du « status quo » pour s’attaquer à la fois aux hybrides mais aux reflex pros avec une fiche technique très séduisante.

Panasonic frappe très fort

La déclinaison des S1 en deux versions, l’une destinée plus spécifiquement à la photo via une ultra haute définition et l’autre à la vidéo et à la photo via une sensibilité plus étendue est logique positionnant les S1 et S1R directement face aux Nikon Z6 et Z7 et à l’A7III/A7S. Le positionnement tarifaire est également cohérent et s’aligne avec les autres hybrides plein format.

Chiffres données par Panasonic

Le déclin du reflex au profit de l’hybride et la forte demande des professionnels en quête de qualité d’image permet à Panasonic de prendre le large, appuyé par sa forte alliance qui compte assurer un développement rapide des optiques adaptées à la nouvelle monture L.

La prise en main des Lumix S1 et S1R nous permettra rapidement d’y voir plus clair quant aux performances réelles des hybrides. L’offre à présent variée sur le secteur de l’hybride plein format apporte un nouvel élan à l’univers de la photographie qui franchit un nouveau cap. Tous les fabricants ont à présent dévoilés leurs nouveaux nés plein format, la bataille est donc officiellement lancée.