Test Sony A9 III : l’hybride plein format ultime grâce au global shutter ?

Lancé en novembre 2023, le Sony A9 III a surpris tout le monde. C’est en effet le premier appareil photo équipé d’un capteur CMOS plein format avec obturateur global (global shutter) ! Un appareil destiné aux professionnels du sport, de la faune et du reportage, capable de supporter des rafales à 120 i/s, avec suivi AF. Le tout sans jamais subir les effets de rolling shutter ou de banding, que ce soit en photo ou en vidéo.

Le Sony A9 III, un appareil photo exigeant et sans concession, prêt à affronter tous les défis, a-t-il réussi à se montrer à la hauteur ? Nous avons mis le boîtier à l’épreuve sur de multiples terrains pendant plusieurs semaines. Voici notre test complet du Sony A9 III.

Présentation du Sony A9 III

À l’approche des Jeux Olympiques de Paris de 2024 et pour conforter son avance technologique, Sony se devait de frapper fort pour son nouveau boîtier hybride. Ainsi, l’Alpha 9 III pose un nouveau jalon dans l’histoire de la photographie numérique en étant le premier appareil plein format à capteur CMOS à être doté d’un obturateur global.

Avant le Sony A9 III, l’histoire du constructeur avec les boîtiers sportifs pour les professionnels débute en 2017 avec l’Alpha 9 premier du nom. Doté d’un capteur plein format de 24 Mpx, ce boîtier était le seul appareil capable de capturer des rafales de 20 i/s avec suivi autofocus et en obturation électronique. Le tout, sans trop se soucier du risque de déformations grâce à son capteur empilé.

Sony avait raffiné son hybride en 2019 avec l’A9 II en lui apportant notamment un autofocus plus vif et une meilleure prise en main. Puis, en 2021, vint l’Alpha 1, véritable condensé des meilleures technologies Sony avec son capteur de 50 Mpx, sa rafale à 30 i/s et son mode vidéo 8K. L’A9 III vient donc s’intercaler juste avant l’A1 pour proposer un appareil sportif ultra-efficace mais avec une définition plus raisonnable.

Mais en 2023, Sony n’est plus seul sur le marché des hybrides sportifs, Canon avec l’EOS R3 et surtout Nikon avec son duo Z9 / Z8 ont poussé le géant de l’électronique dans ses retranchements. Sony leur répond donc frontalement avec l’A9 III et son obturateur global.

Ce type d’obturateur permet d’exposer tous les pixels en une seule fois – et non ligne par ligne. Avec le global shutter, on s’affranchit donc totalement des risques de distorsions grâce à un enregistrement instantané. Pour en savoir plus sur cette technologie, nous vous invitons à découvrir notre Mercredi Pratique.

MP #217 : capteur global shutter, une petite révolution pour nos boîtiers

Ainsi, entre autres performances, le capteur plein format de 24,6 Mpx de l’A9 III peut encaisser sans sourciller des rafales jusqu’à 120 i/s (et en RAW 14 bits). Et ce, sans jamais perdre le sujet – dixit Sony. Notez d’ailleurs, que grâce au global shutter, la synchronisation du flash est possible à toutes les vitesses d’obturation.

Un appareil d’une redoutable précision dont nous avions déjà eu l’occasion fugace d’effleurer les capacités.

Le global shutter est aussi pertinent en vidéo et permet notamment au boîtier d’enregistrer des séquences 4K et 120 fps sans risque de distorsion.

Le Sony A9 III n’innove pas seulement dans le domaine du capteur mais propose aussi une ergonomie revue, plus professionnelle. Un appareil « révolutionnaire » qu’il convient d’analyser sous toutes ses coutures.

Voici la liste complète des caractéristiques techniques du Sony A9 III comparé au Sony A9 II :

	Sony A9 III	Sony A9 II
Capteur	CMOS BSI Exmor RS 24,6 Mpx	CMOS empilé BSI Exmor RS 24,2 Mpx
Filtre passe-bas	oui	non
Processeur	2x Bionz XR + puce IA	Bionz X
Viseur électronique	OLED de 9,44 Mpts, 0,9x	OLED de 3,68 Mpts, 0,78x
Ecran LCD	3,2 pouces, 2,095 Mpts, sur rotule et inclinable	3 pouces, 1,44 Mpts, inclinable
Autofocus	AF hybride à détection de phase	AF hybride à détection de phase
Nombre de points AF	759 points AF	693 points AF
Couverture AF	95,6 %	93 %
Plage AF	-5 à 20 EV	-3 à 20 EV
Sensibilité	250 à 25 600 ISO (extensible de 125 à 51 200 ISO)	100 à 51 200 ISO (extensible de 50 à 204 800 ISO)
Obturateur	électronique global	mécanique / électronique
Rafale (obturateur mécanique)	N.A.	10 i/s
Rafale (obturateur électronique)	120 i/s	20 i/s
Mode haute résolution	non	non
Obturation	30s – 1/80 000s	30s - 1/32 000s
Stabilisation, gain	oui, jusqu’à 8 stops	oui, jusqu’à 5,5 stops
Vidéo	4K UHD 60 fps, 4:2:2 10 bits, 600 Mb/s ou 120 fps, 4:2:0 10 bits, 200 Mb/s	4K UHD 24 fps, 4:2:0 8 bits, 100 Mb/s ou 30 fps avec crop 1,5x
Profils colorimétriques vidéo	S-Log 3, S-Cinetone	non
Stockage	2x slot CFexpress type A / SD UHS-II	2x slot SD UHS-II
Connectivité sans-fil	Wifi 2,4 et 5 Ghz, Bluetooth 5.0 Low Energy	Wifi 2,4 et 5 Ghz, Bluetooth 5.0 Low Energy
Connectivité filaire	USB-C (3.2 Gen 2), HDMI A, prises micro et casque 3,5 mm, prise télécommande 2,5 mm, prise synchro-flash, RJ-45	USB-C (3.2 Gen 1), micro HDMI , prises micro et casque 3,5 mm, prise télécommande 2,5 mm, prise synchro-flash, RJ-45
Batterie	NP-FZ100	NP-FZ100
Rechargement par port USB	Recharge et alimentation directe USB-C	Recharge et alimentation directe USB-C
Tropicalisation	Résistant à l’eau et à la poussière (0-40°C)	Résistant à l’eau et à la poussière (0-40°C)
Dimensions (L x H x P)	136,1 x 96,9 x 82,9 mm	128,9 x 96,4 x 67,3 mm
Poids (batterie + SD inclus)	702 g	678 g
Monture	Sony E	Sony E
Prix au lancement	6999 €	5399 €

Ergonomie et prise en main du Sony A9 III

Avec l’Alpha 9 III, Sony inaugure un nouveau format de boîtier. Celui-ci représente l’aboutissement de 10 ans d’appareils en monture E. C’est un peu la fusion entre un A9 II (ou A1) et un A7R V.

L’encombrement général de la bête demeure très contenu. Avec ses 702 g, l’A9 III est très légèrement plus lourd que l’A9 II. Cependant, il est bien plus compact que ses concurrents sportifs comme le Nikon Z8. Sans parler des monoblocs, qui sont hors catégorie. Les finitions, à base de magnésium et de polycarbonate, sont de bonne facture, sans atteindre l’élégance d’un Leica M11 ou d’un Fujifilm X-T5. Le boîtier est par ailleurs protégé des intempéries – mais pas du gel.

L’A9 III reprend la molette installée sur l’épaule gauche des A1 et A9 – permettant de modifier l’enchaînement ou le comportement de la mise au point. Et de l’A7R V, il récupère l’écran tactile orientable sur rotule et inclinable de 2,035 Mpts.

Toutefois, l’A9 III améliore son ergonomie, avec une poignée plus marquée et aux angles arrondis, facilitant ainsi la préhension. L’appareil est plus confortable, il tombe mieux sous la main et c’est d’autant plus vrai avec des optiques imposantes, comme le Sony FE 300 mm f/2,8 GM OSS, lancé au même moment.

Le déclencheur a été intégré à la poignée et rappelle certains boîtiers Nikon. Cela contribue à rendre le déclenchement plus naturel et fluide.

Au-dessus du déclencheur, on découvre les touches C1 et C2, qui dépassent légèrement de la surface du capot supérieur. Elles sont attribuées par défaut à la balance des blancs et au choix des collimateurs AF. Ne cherchez pas la touche REC : elle a été rapatriée à droite du viseur, comme sur l’A1.

Toujours sur l’épaule droite, on retrouve la classique roue PASM surmontant le sélecteur photo/vidéo/S&Q (ralenti et accéléré). Légèrement en retrait, on dispose de deux autres molettes. Celle de gauche servant habituellement à la modification de la vitesse ou de l’ouverture.

La molette de droite – consacrée à l’ajustement de l’exposition – a perdu son marquage, signe qu’elle est totalement personnalisable – comme sur tous les boîtiers Sony depuis l’A7 IV.

Grande nouveauté chez Sony, la face avant gagne une touche C5. Par défaut, cette dernière active le boost de rafale (nous y reviendrons). Il est bien évidemment possible de lui attribuer une autre fonction. Notez que le Sony A9 III abandonne complètement l’obturateur mécanique, à l’image des Nikon Z9 / Z8, ou encore du Sony ZV-E1. Néanmoins, il dispose toujours d’un volet se fermant à l’arrêt pour protéger le capteur des poussières.

À l’arrière, l’A9 III reprend l’écran tactile et orientable de 8 cm de 2,095 Mpts déjà croisé sur l’A7R V. Son double mécanisme (sur rotule et charnière) est très bien pensé et d’autres constructeurs pourraient s’en inspirer.

Le viseur électronique propose une expérience inégalée. Il est doté d’une définition de 9,44 Mpts (2048 x 1536 px) pour un rapport de grossissement de 0,9x et un dégagement oculaire de 21 mm. À date, il demeure le viseur le plus défini du marché.

De plus, il est possible d’opter pour un taux de rafraichissement du viseur à 120 Hz pour plus de fluidité, sans perte de définition : une grande première. Un mode 240 Hz est aussi présent, mais il entraîne une baisse de la qualité d’affichage.

Une visée ultra-définie et fluide est un atout non négligeable pour un boîtier sportif. Bien entendu, la visée s’opère sans voile noir – ce qui est très impressionnant avec des rafales à 120 i/s. Lors du déclenchement, le boîtier émet un son (activé par défaut et désactivable) et affiche un cadre autour de l’image.

Viseur OLED vs moniteur LCD oblige, nous observons toujours une certaine différence de colorimétrie et de contraste entre les deux affichages. Si cela n’impacte évidemment pas l’image finale, c’est parfois perturbant à l’usage.

Le dos du boîtier ressemble à s’y méprendre à celui de l’Alpha 1 (outre la différence d’écran). On dispose d’un joystick à picots très réactif pour naviguer et déplacer les collimateurs AF. Tout tombe assez bien sous la main et la préhension globale est bien aidée par la nouvelle poignée.

Pour faciliter l’usage avec des optiques très longues ou lourdes, Sony commercialise un nouveau grip VG-C5 (449 €), qui permet aussi d’y glisser une deuxième batterie. Il est toutefois un peu dommage qu’il faille encore se plier au jeu contraignant du démontage de la trappe batterie de l’appareil pour la ranger dans le grip. Un système inspiré de ce que propose Fujifilm – par exemple – serait plus approprié.

Au registre des griefs, on notera l’absence de rétroéclairage des touches. Une fonction très pratique qui reste limitée à une poignée de concurrents. Dans le même ordre d’idée on ne peut opter pour un affichage « nuit » de l’écran.

Performances et qualité d’image du Sony A9 III

Le Sony A9 III est équipé d’un capteur 24×36 BSI CMOS Exmor RS rétroéclairé d’une définition de 24,6 Mpx. Il est dépourvu d’obturateur mécanique et se repose sur une obturation globale.

Autre originalité, l’A9 III est équipé d’un filtre passe-bas. Ce genre de filtre limitant le moirage au prix d’une perte en netteté devenait rarissime sur les boîtiers modernes, les constructeurs ayant réussi à surmonter les limitations des capteurs CMOS. L’A9 II n’en disposait pas, par exemple. Il semblerait donc que le capteur avec global shutter contraigne Sony à réutiliser un filtre passe-bas.

Durant notre test, nous avons capturé des clichés avec plusieurs objectifs en monture E. Notre objectif par défaut a souvent été le Sony FE 50 mm f/2,5 G, léger et très performant. Nous avons utilisé aussi le Sony FE 70-200 mm f/2,8 GM OSS II, le FE 300 mm f/2,8 GM OSS, le FE 85 mm f/1,4 GM, le FE 24-70 mm f/2,8 GM et le Sigma 70-200 mm f/2,8 DG DN OS Sports (entre autres)

N’hésitez pas à cliquer sur les photos présentes dans ce test pour les afficher en qualité supérieure.

Capteur BSI CMOS Exmor RS 24,6 Mpx avec global shutter : promesses tenues

Le capteur plein format du Sony A9 III propose des clichés de 6000 x 4000 pixels, chaque photosite mesure donc 5,93 µm de côté.

Les RAW non-compressés pèsent 50 Mo, les RAW compressés sans perte (L) font 30 Mo et les RAW compressés pèsent environ 25 Mo. On peut aussi opter pour un enregistrement en JPEG (14 Mo) ou en HEIF (5 Mo en 4:2:2 10 bits).

Le capteur est installé dans une nacelle avec stabilisation 5 axes, pour un gain théorique maximal de 8 stops. Son capteur avec obturateur global le rend complètement hermétique au risque de rolling-shutter ou au phénomène de banding. Une prouesse concrète.

L’image n’est jamais déformée, même lorsque les mouvements sont très rapides. Notre petit ventilateur de test peut en témoigner, sa vitesse de rotation mettant à mal même les meilleurs boîtiers dotés de capteur empilé – et qui rend fou les boîtiers très définis classiques.

Les pales conservent leur forme sans problème, et le temps de pose grimpant jusqu’au 1/80 000s permet de figer totalement leur rotation.

Sur le terrain, les professionnels, comme les amateurs, ne pourront être que satisfaits, l’image demeure impeccable. La capture instantanée des photons retire totalement le risque de voir un service au tennis ou un club de golf déformé. De même, grâce à l’obturation globale, vous ne verrez plus, lors d’une capture sous lumière artificielle, de larges bandes sombres (banding) entraver vos clichés.

Certes, les appareils à capteur empilé, comme le Sony A1, les Nikon Z8 / Z9 ou encore le Canon EOS R3, sont tout à fait capable de limiter au maximum le rolling shutter ou le banding. Néanmoins, sur ces boîtiers, le résultat n’est pas toujours parfait, des artefacts, des défauts peuvent subsister.

Avec l’A9 III, à l’image des vraies caméra de cinéma, aucune déformation, aucune inclinaison ne sont à noter. Une nouvelle étape a été franchie.

Une image sobre avec une très bonne plage dynamique

Les images proposées par le capteur de 24,6 Mpx sont d’assez bonne facture. Par rapport à un A7 IV ou surtout un A7C R, la colorimétrie se montre toutefois plus sobre. Les tons de peau sont justement restitués.

Pour autant, le niveau de détails nous a semblé légèrement en retrait par rapport à l’ordinaire. Cela reste néanmoins un niveau très acceptable. Nous ignorons si cela est dû au global shutter ou au filtre passe-bas.

La définition ne permet pas de faire des folies en terme de recadrage. En effet, si on met de côté les hybrides vidéo à 12 Mpx, l’A9 III propose la définition de capteur la plus faible pour un boîtier Sony. On peut toutefois récupérer assez de détails même en zoomant à 100 %.

Cette définition de 24,6 Mpx est proche de celle des précédents A9, mais on aurait pu penser que l’électronicien aurait sauté le pas des 30 Mpx comme avec les A7 IV et A7C II.

Malgré le capteur à global shutter, la gestion de la dynamique est excellente. Comme souvent chez Sony, la récupération des détails dans les ombres est très aisée. De même, il est possible de rattraper les hautes lumières, sans trop de difficultés.

Montée ISO : les limites du global shutter

La plage de sensibilité native est de 250 à 25 600 ISO, extensible de 125 à 51 200 ISO. Vous noterez une base ISO native assez élevée par rapport à l’ordinaire. La gestion de la sensibilité est-elle le point faible d’un capteur à global shutter ?

Nos premiers ressentis lors de notre prise en main étaient justes. Aux valeurs les plus basses, l’A9 III ne présente aucune dégradation. Dès 800 ISO, un léger bruit fait son apparition, alors qu’avec l’A9 II, il fallait attendre 1600 ISO.

L’accentuation du bruit est graduelle et un palier important est franchi à 6400 ISO, où l’on observe un moutonnement bien plus marqué. Et ce n’est pas une valeur ISO si inhabituelle lorsque l’on travaille avec des temps de pose très courts.

Si 12 800 ISO est encore une valeur acceptable, une dégradation brutale apparaît à 25 600 ISO. Enfin, à 51 200 ISO, l’image est durablement noyée dans le bruit.

Conscient des limites inhérentes à son nouveau capteur, Sony propose un mode pour compenser le bruit. Une fois activé, le boîtier va capturer des rafales de 4, 8, 16 ou 32 images qu’il faudra ensuite fusionner via le logiciel Sony Imaging Edge (pour Windows ou macOS). L’application va procéder (un peu) à la manière du pixel binning sur nos smartphones pour proposer une image plus propre et moins bruitée.

Si les résultats sont plutôt probants (bien plus que la solution de Lightroom basée sur une seule image), il est un peu dommage que cela ne puisse pas être fait directement en interne par le boîtier. Cela pousserait plus facilement à utiliser la fonction.

Aussi, vous noterez que l’A9 III ne propose pas de mode haute résolution. Chez Sony, l’option est réservée aux boîtiers plus définis (A7R V, A1, etc.). Néanmoins, la concurrence l’intègre dans des appareils plus « modestes » comme les Nikon Zf ou Panasonic Lumix S5 II : il aurait été intéressant de pouvoir en bénéficier sur un boîtier si haut de gamme.

Voici une sélection de photos réalisées avec le Sony A9 III dans le cadre de ce test :

Autofocus du Sony A9 III : on ne fait pas mieux

Pour la partie autofocus, Sony emploie sa technologie initiée fin 2022 avec l’A7R V et qui est toujours aussi impressionnante. Le boîtier utilise un autofocus hybride avec 759 points AF. Ces derniers couvrent 95,6 % du capteur, ce qui permet de faire le point précisément jusque dans les coins de l’image.

Vous commencez à connaître la chanson et chez Sony, la mise au point automatique est assistée par l’IA. Grâce au Deep Learning, on dispose d’un suivi vraiment poussé des sujets. Chez les humains, l’AF détecte et suit les visages et les yeux. Il analyse aussi les différentes parties du corps pour « prédire » la position du sujet.

Cette détection AF est sans doute la plus précise du marché et n’est que très rarement prise en défaut. La mise au point est rapide et si jamais le point est perdu, cela sera plus souvent la faute à des optiques aux moteurs AF fatigués.

Outre les humains, l’appareil détecte et suit les animaux divers et variés, les oiseaux (œil, visage et corps dans les deux cas), ainsi que les insectes.

Il offre aussi une reconnaissance des véhicules (trains, avions, voitures et hélicoptères), mais pas spécifiquement des deux-roues.

Chez Sony, comme la plupart des constructeurs, ces suivis variés sont devenus la norme. Mais rares sont les fabricants à pouvoir prétendre à un suivi AF aussi rapide et précis que Sony avec son A9 III. Cela devient presque un défi de prendre à défaut l’autofocus.

De jour, comme par basse luminosité et peu importe le sujet, le boîtier ne déçoit pas. Lors d’une sortie animalière, nous avons été très satisfait d’observer que l’appareil accrochait les yeux de presque tout ce qui respire sans sourciller.

De même, lors d’un match de basket en intérieur, le Sony A9 III fut d’une rare efficacité. Malgré de nombreux joueurs dans le champ, il reste quasiment tout le temps sur le sujet sélectionné. Une performance réellement satisfaisante lorsque l’action devient confuse.

Rafale et buffer : l’appareil le plus rapide du marché

Voici peut-être la partie la plus importante pour le Sony A9 III. La gamme des Sony A9 est reconnue pour ses fortes rafales. Une performance presque « commune » aujourd’hui et certains boîtiers 24×36 ont même l’arrogance de grimper jusqu’à 40 i/s !

Ainsi, avec les Jeux Olympiques de Paris en ligne de mire, Sony se devait de répondre. Avec l ‘A9 III et son global shutter, Sony possède à présent un appareil capable de réaliser des rafales jusqu’à 120 i/s en JPEG ou en RAW ! Il faudra bien se mettre en RAW compressés (14 bits) toutefois.

Cette rafale ultra-élevée est accomplie sans peine et avec une facilité déconcertante. On a vite fait de remplir nos cartes mémoires. Pour ralentir un peu la cadence, il est possible d’opter pour des rafales moins rapides (5, 10, 15, 20, 30 ou 60 i/s) selon le type d’activités ou de sports que vous photographiez.

Pour plus de précision, Sony a incorporé une nouvelle fonction baptisée « gain de vitesse de prise de vue en continu. » Elle permet de donner un « boost » à la rafale. On peut ainsi passer (temporairement) d’une rafale de 15 à 60 i/s, par exemple, ou de 20 à 120 i/s.

Par défaut, l’option est attribuée au nouveau bouton C5 et permet d’accélérer la rafale à la valeur souhaitée (jusqu’à 120 i/s). Une fois la touche pressée, le cadre indiquant la capture passe au rose et un petit logo idoine apparaît.

Une fonction assez innovante qui autorise une maîtrise plus précise d’une rafale ahurissante. La décomposition du mouvement est assez fascinante à observer à 120 i/s.

Tout va très vite avec l’A9 III et, malgré une cadence infernale, l’autofocus arrive à suivre sans peine. Enfin, et nous enfonçons sans doute ici une porte ouverte, cela vaut surtout avec les optiques les plus récentes.

Il en va de même pour les rafales fulgurantes. Comme l’Alpha 1 en son temps, les rafales les plus rapides sont réservées à une poignée d’optiques Sony – le plus souvent de la gamme G Master. Pour les autres, la rafale plafonnera à « seulement » 15 i/s, comme avec le test du 70-200 mm f/2,8 Sports de Sigma pourtant lancé en 2023.

Certes, il n’y a rien d’aberrant à ce que les meilleures optiques offrent les meilleures performances. Aussi, ceux qui ont besoin d’un boîtier à 7000 € s’équiperont souvent en conséquence.

Néanmoins, il existe quelques références tierces qui tiennent largement la comparaison avec les optiques Sony, comme les dernières optiques Tamron et Sigma et qui seront alors pénalisées. Dommage.

Le buffer illimité est un mythe

Quid de la mémoire tampon ? Elle est assez décente, mais c’est surtout le temps de déchargement des cartes CFexpress de type A qui change la donne.

Concrètement, que ce soit avec une carte mémoire SD UHS-I d’entrée de gamme ou la meilleure des cartes CFexpress de type A, le buffer oscille autour des 200 images capturées. Soit, 1,7 seconde à 120 i/s ou 6,7 secondes consécutives à 30 i/s. Cela vaut pour les RAW compressés.

Toutefois, avec une carte SD classique, le temps d’écriture peut prendre une éternité, rendant impossible toute nouvelle capture. Cela va bien plus vite avec une carte SD UHS-II, et devient réellement fulgurant avec une carte CFexpress Type A. Avec ce type de cartes, le buffer n’augmente pas, mais le temps de déchargement va tellement vite qu’il se vite rapidement. Il devient ainsi difficile de bloquer le boîtier.

En optant pour des RAW non-compressés ou avec compression sans perte, la mémoire tampon plafonne à environ 105 clichés et se remplit instantanément. Ainsi, avec ces types de RAW, on ne fait que frôler la barre des 120 i/s.

Un mode Pré-capture en bonus

Le Sony A9 III devient aussi le premier boîtier du constructeur à intégrer une fonction pré-capture. Cette option, déjà installée chez de nombreux concurrents, permet au boîtier de capturer des clichés entre 0,005s et 1 seconde avant que l’on presse totalement le déclencheur. Le nombre d’images enregistrées dépend de la cadence de la rafale choisie.

Cela nécessite un certain temps d’adaptation, mais pour certaines circonstances (oiseaux qui va décoller, balle s’échappant du canon d’un fusil au biathlon, etc.), la fonction permet d’enregistrer à coup sûr l’instant fatidique.

Stabilisation : une performance correcte

Sony annonce un gain de stabilisation jusqu’à 8 stops (selon la norme CIPA) grâce à la nacelle encerclant son capteur et ses algorithmes. Ces performances sont atteintes avec un Sony FE 50 mm f/1,2 GM. Cela signifie donc, qu’à 50 mm, nous devrions avoir une majorité d’images nettes entre 1/50s et 2,5s de pose.

Ça, c’est pour la théorie. Dans les faits, si la stabilisation est assez efficace, il devient compliqué de faire des images probantes en-dessous de 1s. Une performance correcte mais légèrement en deçà des promesses. Évidemment, nos tests terrain ne peuvent reproduire pleinement les essais réalisés en laboratoire. Toutefois, on aurait pu espérer des résultats un peu plus impressionnants.

Avec une optique stabilisée compatible, Sony explique que l’on peut « renforcer » la performance de la stabilisation. Globalement, la stabilisation demeure assez efficace et – même si cela ne serait absoudre totalement le boîtier – on utilisera plus souvent l’A9 III à des temps de pose bien plus courts pour figer le mouvement.

Avec des vitesses rapides, la stabilisation sera moins indispensable. Sauf à utiliser des très longues focales, mais alors, la stabilisation optique prend le pas sur la stabilisation mécanique.

Vidéo : une expérience complète et sans recadrage

D’ordinaire, Sony segmente de façon assez marquée ces gammes d’appareils photo et cela passe souvent par des distinctions au niveau de la section vidéo. Absence d’une haute définition, recadrages important à 60 ou 120 i/s, absence de Log, etc.

Avec l’A9 III, la seule concession concerne la haute définition. Si le capteur peut théoriquement filmer jusqu’en 6K, il ne propose au maximum que de la 4K UHD 60 fps, 4:2:2 10 bits (600 Mb/s). Toutefois, la séquence provient d’un flux 6K suréchantillonné pour une meilleure qualité d’image.

Vidéo 4K UHD 60 fps du Sony A9 III

Le tout s’opère évidemment sans recadrage. Il en va de même en 4K UHD 120 fps (4:2:2 10 bits et 280 Mb/s), une performance rare. Via la prise HDMI on peut récupérer des séquences en RAW 16 bits au format 4.7K et jusqu’à 60 fps.

Par ailleurs, l’autre grande force du A9 III est l’absence totale de rolling shutter et de banding. Une performance déjà impressionnante en photo, et qui devient bluffante en vidéo. En effet, à la manière des caméras cinéma, le global shutter annihilant les déformations, cela permet de filmer des trains, des personnes en mouvements, sans crainte de séquences distordues. Aucun voile noir lié au banding n’est à noter.

De même, cela autorise un enregistrement plus dynamique, à « l’épaule » surtout, avec une stabilisation très efficace. Avec le mode « active » on obtient des résultats très probants, même si cela ne remplacera jamais un stabilisateur externe.

Couplez à cela un autofocus toujours aussi performant qu’en photo, des options poussées pour la vidéo : focus map, compensation du focus breathing, S-Log 3, S-Cinetone ou encore le cadrage automatique, vous obtenez une excellente caméra vidéo.

Si ce n’était pour sa gestion « délicate » des hautes sensibilités, l’A9 III serait une caméra bien plus pertinente que le Sony A7S III.

Autonomie du Sony A9 III

Pour s’alimenter, le Sony A9 III utilise l’accumulateur NP-FZ100 (2280 mAh). Il s’agit de la batterie Sony habituelle, inaugurée avec l’A7 III. D’ordinaire très performante, elle se retrouve ici confrontée à un boîtier très énergivore.

Jugez plutôt : avec un capteur d’une définition (quasi)identique, l’A9 II avait une autonomie théorique entre 500 et 690 clichés (EVF / écran). Avec l’A9 III, cela tombe à 400 et 530 images : une sacré différence !

Dans les faits, la batterie de l’A9 III a tendance à se vider assez rapidement. La simple navigation dans les menus fait perdre quelques pourcentages à l’accumulateur. On ne sait si cela provient du global shutter ou pas, mais c’est une donnée à surveiller. Évidemment à 30, 60 ou 120 i/s en rafale, vous aurez largement de quoi capturer des (dizaines ?) milliers de clichés avant que la batterie ne s’épuise.

Pour plus de sécurité, il conviendra d’utiliser le grip avec une seconde batterie. Notez ici que le boîtier ne videra pas un accumulateur, puis l’autre, mais piochera en même temps dans les deux, comme si vous n’aviez qu’une seule grosse batterie. C’est assez peu intuitif et oblige à recharger les deux batteries.

La recharge peut se faire directement depuis le boîtier grâce à son port USB-C compatible Power Delivery, mais Sony ne livre pas de câble USB. Par contre, l’appareil vient avec un chargeur externe de batterie. L’apanage des boîtiers haut de gamme.

Connectivité filaire et sans-fil

Le Sony A9 III est doté d’une connectique complète. On dispose de deux ports jack 3,5 mm (micro et casque), d’une prise HDMI de type A, d’un port USB-C 3.2 (5 Gb/s), d’une prise télécommande micro-USB, d’un port ethernet RJ-45 et d’une prise synchro flash. Comme indiqué plus haut, la synchronisation du flash est possible à toutes les vitesses d’obturation – grâce au global shutter, là aussi. La griffe porte-accessoire est aussi compatible avec une interface audio numérique.

Pour le stockage des images et des séquences, l’A9 III est équipé de deux ports pour cartes CFexpress Type A. Ils sont aussi compatibles avec les cartes SD UHS-II. Il est possible d’activer une redondance ou le débordement de l’enregistrement.

Le Sony A9 III est doté du Wi-Fi (2,4 et 5 GHz) et Bluetooth 4.2. Il est compatible avec l’application Creator’s App (iOS et Android) lancée en février 2023.

La détection et l’appairage se fait presque instantanément. L’application est toujours assez austère mais permet de piloter à distance ou de transférer ses images et vidéos sans problème.

À qui se destine le Sony A9 III ?

Le Sony A9 III n’est clairement pas un appareil pour tout le monde. Avec ce boîtier, Sony vise directement les professionnels du sport, les agences de presse, les photographes animaliers – avec aussi la possibilité de réaliser des séquences en vidéo très qualitatives.

Il s’agit d’un boîtier expert et qui place la barre très haut. Le capteur à obturation globale est une vraie avancée pour les professionnels qui verront peut-être dans ce boîtier l’aboutissement (momentané) de la course à la technologie. Évidemment, il nécessitera un certain temps d’adaptation pour maîtriser la bête et le global shutter ne vient pas sans un certain compromis sur la qualité d’image.

Néanmoins, les bénéfices d’une telle technologie surpassent assez largement les défauts qu’elle engendre. Pouvoir compter sur une rafale à 120 i/s parait superflu mais cela apportera un vrai confort pour les photographes de sport. L’appareil ne manquera rien des détails des mouvements, dans chaque action.

Par ailleurs, le Sony A9 III est peut-être la meilleure caméra hybride (photo/vidéo) du constructeur. Il ne propose certes pas la très bonne montée ISO des A7S III / FX3 / ZV-E1, mais se rattrape par son absence totale de déformations et une meilleure stabilisation.

Cet appareil très polyvalent reste cependant réservé à un public très averti et avec des besoins très spécifiques.

Conclusion : Sony A9 III, l’hybride plein format ultime ?

Le Sony A9 III est un appareil photo comme nul autre. Par beaucoup d’aspects, il représente le pinacle des boîtiers plein format sans miroir. Rapide, précis, efficace et polyvalent, il répond presque entièrement aux besoins de son principal marché, les photographes de sport.

Il offre des performances exceptionnelles en termes de rafales ou de suivi, et l’absence de distorsions rendue possible grâce au global shutter, libère le photographe d’un gros handicap en obturateur électronique. De même, les performances en vidéo sont réellement abouties et on tient entre les mains une excellente caméra.

Néanmoins, l’A9 III laisse par moment, un sentiment d’inachevé. On ne peut s’empêcher de penser que Sony, voulant à tout prix commercialiser en premier un appareil à obturation globale, a du faire quelques concessions. On pense par exemple à sa gestion de la montée en ISO, bien en deçà des possibilités habituelles d’un capteur de cette définition. Ou à un niveau de détails un tout petit peu moins élevé que sur les autres boîtiers de la marque.

Cependant, ceci n’empêche pas l’A9 III d’être excellent, laissant derrière la concurrence sur nombre de sujets. Mais des points restent à prendre en considération.

Mais ne croyez pas que l’on ressort frustré de l’utilisation d’un Sony A9 III. C’est un boîtier remarquable à plus d’un titre et d’une rare efficacité. Si ce n’est pour une définition de « seulement » 24 Mpx, l’A9 III serait peut-être l’appareil photo hybride 24×36 « ultime ».

Le Sony A9 III est disponible au tarif de 6999 € chez Digit-Photo, Miss Numérique, IPLN, Photo-Univers, Camara, à la Fnac et dans les boutiques spécialisées.

Le grip VG-C5 est proposé au tarif de 449 €.

Offre de lancement : jusqu’au 29 février 2024, vous pouvez obtenir jusqu’à 600 € de remise pour l’achat du boîtier avec 3 objectifs (200 € par objectif). Voici la liste des objectifs et téléconvertisseurs concernés.