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Interview Canon au Salon de la Photo 2022 : « Avec les optiques RF, nous sommes allés penser le futur »

La transition du reflex vers l’hybride tend à s’achever – et le stand de Canon lors de l’édition 2022 du Salon de la Photo en est un exemple très concret. Nous avons eu l’occasion d’interviewer Claire-Anne Devillard, Directrice Marketing de Canon France. Elle revient sur la stratégie globale de la marque, les récents boîtiers plein format et APS-C de Canon et les perspectives d’avenir de la monture RF.

Place à l’interview.

La dernière fois que nous nous sommes vus, c’était justement il y a 3 ans, à la Porte de Versailles. Énormément de choses de sont passées depuis ! Quel est votre état d’esprit à l’ouverture de cette nouvelle édition du Salon de la Photo.

Depuis ce temps, il n’y a eu que des belles nouveautés ! (rires) Il y a trois ans, nous étions encore en pleine transition entre le reflex et l’hybride. D’un côté, nous avions l’EOS 90D. Mais surtout la grande nouveauté, l’EOS R, autour duquel nous avions orienté tout notre stand. Et en trois ans, nous avons bien changé les produits que nous avons là !

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Comment la marque a-t-elle traversé toute l’époque du Covid, notamment au niveau des pénuries de composants ?

Nous avons enregistré une légère baisse au moment des confinements. Aussi, nous avons davantage travaillé niveau impression que boîtiers. Mais nous avons eu cette chance d’avoir les EOS R5 et R6 pile à la fin des confinements. Donc pendant toute cette période nous avons pu travailler à ce double lancement au sortir du Covid.

Ce sont des produits qui ont tout de suite été hyper bien intégrés sur le marché. Dès l’ouverture des magasins, les produits ont été lancés à l’été, avec une véritable émulation au moment de ces lancements. Sur ces marchés, la nouveauté a un impact extrêmement important – et on continue de le ressentir de manière très forte avec toutes les optiques que nous avons lancé très régulièrement depuis.

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D’un point de vue produit, il y a eu quelques mois de vide où les gens ne pouvaient pas se déplacer pour acheter du matériel, mais ensuite le redémarrage a été très bon. En parallèle, nous avons connu des pénuries sur tous les marchés – et qui ne sont pas totalement terminées. L’avantage chez Canon, c’est que nous produisons tous les éléments, y compris le capteur. Mais nous avons besoin de certains composants qui nécessitent de passer par des entreprises extérieures. Cependant, la situation s’améliore assez nettement sur ces derniers mois.

Cependant, nous avons continué sur un rythme de lancements très rapprochés, malgré ces pénuries, notamment sur la partie optique et boîtiers. L’an prochain, nous fêterons les 5 ans du système R et des optiques RF. Et nous en sommes déjà à une trentaine d’optiques et 10 boîtiers en à peine 4 ans, ce qui est assez fantastique.

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Nous avons une très forte demande sur ce système EOS R. De même, nous avons pu lancer les EOS R7 et R10 cet été. Ceci nous permet d’entrer dans une nouvelle étape, en touchant une nouvelle cible de photographes et de vidéastes, en apportant l’APS-C sur le système R. Nous ouvrons ainsi une nouvelle dimension à ce système, qui était jusqu’ici réservé au plein format.

Nous sommes donc sur un cycle de création assez intense. Nous avons eu cette chance de continuer à suivre ce rythme. À titre personnel, je ne pensais pas qu’il serait possible de créer autant d’optiques en un temps aussi court. La force de ce système, c’est que nous couvrons toutes les spécialités importantes grâce à nos optiques : portrait, paysage, etc… et nous continuons d’année en année, ce qui nous permet d’avoir des optiques plus exotiques. Nous proposons par exemple le Dual Fisheye – et c’est la 1e fois que nous le montrons au grand public. Ceci nous permet de montrer ce qu’on peut faire avec cette optique.

Quel est l’état de la photographie en France vu par Canon en 2022 ?

Depuis notre dernière interview il y a trois ans, les choses ont continué à pas mal évoluer. Nous avons un marché compact qui a continué à diminuer. On en conserve dans notre catalogue, mais ils continuent de se spécialiser – à l’instar du G7X Mark III qui se vend bien.

En parallèle, on retrouve l’entrée-milieu de gamme qui s’est beaucoup réduit. Puis on a la partie hybride plein format. Cette dernière a vraiment explosé grâce à l’arrivée très forte de plus d’acteurs comme Canon et Nikon sur ce marché. C’est un format qui est hyper plébiscité et sur lequel la croissance ne se dément pas.

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À l’intérieur de ce segment, nous estimons qu’il y a aussi une place pour l’APS-C. Historiquement, Canon est extrêmement fort dans le domaine des reflex APS-C. Il existe toute une génération de photographes équipée en EOS 7D Mark I et Mark II qui attendaient les changements et qui découvrent aujourd’hui les EOS R7 et R10. Et la demande est extrêmement forte.

La croissance est forte sur le plein format, mais je pense qu’elle sera aussi très forte sur l’APS-C. En volume et en valeur, nous continuerons à grandir. En parallèle, le marché en reflex a diminué mais la demande continue d’être là.

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Chez Canon, nous avons fait le choix de garder des gammes assez fortes. Nous essayons de réagir par rapport aux demandes clients. Vu que la demande existe toujours, nous sommes encore très vigilants à y répondre.

Sur le stand, on a encore plusieurs reflex qui sont mis en avant. Et chez les utilisateurs de reflex, certains y restent très attachés, donc nous répondons à ces deux formats. Et ce, même si le marché reflex a fortement diminué en volume. Nous conservons donc les EOS 5D/6D, les 90D, 250D, 2000D… Notre gamme reste encore assez large.

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De même, nous gardons l’EOS M50, qui reste la 1e vente en volume du côté des hybrides, et qui attire une audience qui a besoin d’un matériel hyper léger, orienté vlogging. Nous sommes pleinement à l’écoute, avec des gammes très larges, où le système R répond à de plus en plus de besoins, où le photographe n’a plus qu’à piocher.

Mais n’est-ce pas compliqué de maintenir toutes ces gammes en même temps ?

On ne s’interdit rien, dans un sens comme dans un autre. En France comme niveau monde, nous regardons vraiment les évolutions de la demande. Et nous adaptons en fonction de cela. Ce qui est certain, c’est que nous avons investi énormément de temps et de moyens sur le système R et sur le développement de nouvelles optiques et boîtier.

Avec les optiques RF, nous sommes allés penser le futur. Les anciennes optiques EF ont été conçues pour les 30 années suivantes, et elles tiennent encore extrêmement bien aujourd’hui. La monture EF avait été pensée pour supporter des innovations encore inconnues à l’époque.

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Le système RF a été pensé de la même manière, afin de créer le système optique le plus performant possible, capable de supporter les innovations dont nous n’avons pas encore idée. On pense aujourd’hui à la 4K, à la 8K… Qui sait quelle seront les innovations de demain ? L’idée est de permettre, notamment via la connectique, les évolutions des 30 prochaines années.

C’est à partir de cette monture RF que l’hybride a été pensé. La famille hybride a été créée pour répondre à cette nouvelle monture. C’est dans ce sens que les choses sont allées, en partant de l’optique pour aller vers le boîtier qui y correspond le mieux. En termes de développement, les ingénieurs continuent donc de beaucoup travailler dessus.

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Cependant, lorsqu’il y a de fortes demandes des consommateurs envers les reflex, nous ne sommes pas fermés. Nous restons attentifs aux évolutions. On a mis énormément de puissance dans nos nouveautés, tout en conservant dans notre catalogue les produits qui tiennent plus que bien la route.

Conserver une offre aussi étendue nous permet de répondre à toute la diversité des demandes de nos clients, qu’ils soient en photo ou en vidéo. Et nous faisons en sorte que tous ceux qui vont sur le système R puissent continuer à utiliser leurs anciennes optiques EF et EF-S.

Y a-t-il toujours une spécificité française sur le marché de la photo/vidéo ? En 2019, vous me disiez que la France gardait une certaine appétence pour les reflex, est-ce toujours le cas ?

Si on regarde le total de chaque marché reflex et hybride, on remarque que maintenant l’Angleterre et la France ont à peu près les mêmes tendances et les mêmes ordres de grandeur (taille des marché hybrides et reflex, et donc poids de chacun) [base GKF YTD jan-Août 2021-2022, NDLR].

L’Allemagne est passée plus rapidement à l’hybride et a un poids de marché hybride supérieur en volume et valeur (71% volume / 85% en valeur) tandis qu’en France les hybrides représentent 64% de notre chiffre en volume (80% en valeur). En Angleterre, pour comparer, ils représentent 65% de notre chiffre en volume (21% en valeur). Ce sont des marchés tirés ces dernières années par le haut de gamme et le plein format.

Pourquoi avoir investi si tardivement le domaine des hybrides APS-C ?

Personnellement, je ne trouve pas que ce soit si tard. Avoir 10 boîtiers en 4 ans, cela me semble très fort. Il était sans doute important d’avoir une gamme plein format bien formée, avant de partir vers l’APS-C. Et surtout, je trouve très bien que l’on puisse avoir cette même monture et cette interopérabilité, seulement 4 ans après et avec 2 ans de Covid. 

Le parc RF-S compte seulement 2 optiques à ce jour. N’est-ce pas un frein pour les photographes primo-accédants ?

Je ne pense pas du tout ! D’une part, notre marque a toujours eu une base de possesseurs d’APS-C assez haut de gamme, dédiée passionnés-experts, avec un très fort intérêt des photographes pour l’APS-C chez Canon. Nous n’avons jamais eu de problème de compréhension à notre niveau.

Mais nous devons faire de la pédagogie. Sur notre stand, nous montrons les EOS R7 et R10 sur notre pôle photo appelé « explorer le monde » avec d’assez grandes optiques dessus, afin de montrer les possibilités de ces téléobjectifs, mais aussi pour illustrer le bénéfice du crop factor, notamment pour les photographes en voyage ou pour l’animalier. Ceci nous permet également de mettre en avant l’autofocus sur l’œil, le suivi du sujet.

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Nous avons choisi de miser sur cet atout différenciateur et nous l’expliquons. Par exemple, l’EOS 7D était extrêmement apprécié, et nous avons toujours une base d’utilisateurs très développée, à qui nous allons pouvoir parler très facilement. Et globalement, ils sont déjà bien équipés en optiques EF qu’ils réutiliseront avec une bague – tout en s’équipant en RF-S. 

Quid de l’avenir pour l’écosystème EF-M ? Est-il amené à disparaître et si oui, à quelle échéance ?

Ce que je peux dire aujourd’hui, c’est qu’on le vend encore très bien. L’EOS M50 est d’ailleurs notre meilleure vente (en volume) depuis le début d’année ! Maintenant que nous avons des boîtiers équivalents en monture RF, nous pouvons aussi amener les utilisateurs vers ce type de boîtier.

Historiquement, la gamme EOS M est arrivée à une époque où nous n’avions aucune proposition pour les photographes et vidéastes qui voulaient un boîtier très léger, et elle nous a permis de remplir pleinement ce rôle-là. Pour l’instant, il n’y a pas de date de fin pour cette gamme. 

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La monture EF-M n’est-elle pas une forme de « voie de garage » ?

Ce qu’on observe, c’est que les utilisateurs d’hybrides en monture EF-M possèdent déjà des optiques EF. En fait, le parc EF-M n’est pas un énorme parc en volume. S’ils passent au système R, ils ont donc la bague d’adaptation. 

De l’autre côté du spectre, la gamme PowerShot des compacts experts semble un peu moins active : pouvez-vous nous en dire plus ?

Nous gardons notre gamme expert, notamment le G7X Mark III puisqu’il permet de toucher une cible attirée à la fois par la photo et la vidéo type vlog. En parallèle, nous avons essayé de développer de nouveaux usages, afin de palier la baisse des ventes de compacts. On va donc chercher de nouvelles manières de filmer et de photographier. 

Ainsi, nous avons le Powershot Zoom, que nous avions présenté l’an dernier, et qui est à la fois orienté grand public et B2B. Nous avons aussi le Powershot PX, lancé il y a quelques mois, qui permet de se faire prendre en photo ou en vidéo – même quand d’habitude on n’est jamais dans le cadre (rires) ! 

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Cela fait plusieurs années que nous essayons différents concepts, comme avec le Powershot N [lancé en 2013, NDLR]. Cela nous permet de penser de nouvelles façon de photographier, de filmer, que nous déployons ensuite à grande échelle ou que nous intégrons à d’autres produits. Ainsi, ce Powershot N était le 1er à disposer de filtres créatifs, qu’on avait retrouvé sur d’autres appareils. Cela nous permet surtout de trouver de nouveaux marchés, et donc de nouveaux relais de croissance.

Quel est l’avenir de la monture EF ?

Il n’y a pas de « non » définitif à ce type de production. S’il y a un besoin, il sera sans doute adressé. Mais clairement, la priorité des investissements est sur le système R et les optiques RF. 

De la même manière, une grosse interrogation concerne l’ouverture de la monture RF aux opticiens « tiers » comme Tamron ou Sigma : où en est-on ?

De ce point de vue, tout se joue au niveau du Japon. L’idée de proposer des optiques abordables a bien été prise en compte par Canon, puisque nous avons maintenant une gamme d’objectifs qui s’adapte à tous les budgets.

Quant à ouvrir notre monture à des entreprises tierces, je dirais que nous l’avons fait par le passé, donc je ne vois pas pourquoi nous ne le ferions pas avec la monture RF. Je ne crois pas qu’il y ait de dogme à ce sujet.

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Encore une fois, les boîtiers ont été créés après le système optique. Pour nous, il était très important d’avoir le meilleur couple boîtier-optique et de faire aboutir cette partie-là, au moins pendant les premières années. La monture est créée pour accueillir les innovations 20 à 30 années à venir. Dès lors, je ne pense pas qu’il y ait de volonté de Canon d’attendre telle ou telle avancée technique avant d’ouvrir la monture RF. 

Selon toi, de quoi sera fait l’avenir de la photographie ?

La question est très large, car elle concerne notamment la manière dont la photo et la vidéo vont s’orchestrer ensemble. Je suis très curieuse de voir la place qu’aura chaque format.

Je trouve que la photo, notamment la photo imprimée, garde un poids très important, et tend à en prendre encore plus. Nous constatons un véritable engouement sur la photo en tant que bel objet. Dans la photo d’art, on atteint des sommes qu’on n’aurait sans doute pas imaginé il y a quelques années. Il est donc assez intéressant de voir chaque année le nombre de photos en constante augmentation avec les smartphones – et d’un autre côté la photo d’art qui n’a jamais eu autant de valeur.

Ce qu’on observe aussi au Salon, ce sont des personnes qui ont un vrai intérêt pour l’image, pour le fait de raconter des histoires, que ce soit la leur ou celle d’autres personnes, jusqu’au photojournalisme. L’image est très importante dans notre société, mais on observe une prise de conscience de l’importance de l’image de qualité, à tous les sens du terme – et dans tous les domaines.

Nous avons des sujets de prédilection, comme avec Visa pour l’Image, où nous avons le Prix Canon de la femme photojournaliste. Nous avons donc cette sensibilité au fait que les histoires soient racontées au monde entier.

Nous avons aussi notre programme étudiant au niveau européen, qui est dans sa 6e année. Nous avons sélectionné 30 étudiants en école de photographie en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique, que nous avons fait venir à Visa pour l’Image pour 4 jours de workshops, lectures de portfolios et conférences avec des mentors de l’industrie de l’image comme Marco Longari (responsable de l’AFP Afrique), Fiona Shields du Guardian, Dimitri Beck [directeur de la photographie de Polka], Benoît Baume…

Au total, ce sont une dizaine d’intervenants qui ont travaillé avec eux, afin que 5 d’entre eux soient sélectionnés aux lectures de portfolio de Hambourg. L’idée est qu’ils puissent échanger entre eux – et puissent travailler avec des professionnels de l’image. Ces derniers leur ont parlé d’éthique, de tous les sujets « autour », afin qu’ils comprennent ce qui peut leur arriver, comment réagir, comment fonctionne un magazine – bref, leur donner toutes les clés, se construire un réseau et avoir ce réseau de très grands professionnels autour d’eux.

Et nous commençons à voir de très belles histoires. Je pense à Samuel, un étudiant originaire du Nigéria – c’était d’ailleurs la 1e fois qu’il pouvait sortir de son pays. Et ça s’est tellement bien passé qu’il fait déjà des images pour l’AFP, alors qu’il a moins de 25 ans. Nous avons reçu ses premières photos publiées par l’AFP lors de la mort de la Reine. Ce programme-là lui a sans doute changé la vie.

Il suffit d’une réussite comme celle-ci pour que le programme vaille la peine. Il nous tient vraiment à cœur : nous sommes très heureux de pouvoir aider ces jeunes bourrés de talent, de leur donner ce coup de pouce. C’est donc en voyant la jeunesse – notamment par ce programme – qu’on se dit qu’il y a un bel avenir à la photographie ! 

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De plus en plus de photographes s’orientent vers la vidéo : selon toi, pourquoi, et que fait Canon pour les accompagner ?

Tout est une question de point de vue. Par exemple, nous avons de jeunes vidéastes qui viennent vers nous afin de disposer d’une caméra qui soit également excellente en photo !

Nous avons aussi des photographes qui font de la vidéo : dans leur métier, on leur demande de prendre aussi des vidéos de leur reportage – parfois des vidéos très courtes, et notamment pour des questions de budgets, dans la presse par exemple. En parallèle, nous avons des vidéastes qui s’ouvrent à la photo.

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Il n’y a pas un format type, un photographe ou un vidéaste type chez Canon, mais un nombre d’usages incroyable. Et nous essayons de répondre à cette multitude d’usages différents avec tous les produits de nos gammes. En vidéo par exemple, il existe une grande variété d’usages différents. Et en photo, c’est la même chose.

Après, certains photographes n’utiliseront jamais le mode vidéo, puisque chacun a ses affinités. Mais en attendant, la présence d’un mode vidéo n’enlève rien à la photo, qu’on l’utilise ou non.

Côté concurrence, Sony semble particulièrement dynamique, notamment sur le (très) haut de gamme et de très belles nouveautés sorties récemment comme les Sony A1 et A7 IV. Comment Canon entend-il riposter ? Canon peut-il reprendre sa place de leader ?

La bataille est rude, et selon les mois, Canon est leader du plein format. Ainsi, entre janvier et août, Canon était le n°1 des hybrides (en volume). Au total, Canon est leader du marché total en photo (GFK) et leader aussi – et de loin – sur le marché des optiques.

Notre objectif est d’être et rester numéro 1 sur le marché des hybrides, à la fois full-frame et au marché total, notamment avec l’arrivée de nos appareils APS-C.

En termes de gammes, nous avons les EOS R3, R5 et R5C qui fonctionnent extrêmement bien sur le haut de gamme. De même, pas mal de pros font l’acquisition d’un EOS R6.

Donc clairement nous ne sommes pas inquiets face à la concurrence d’autres acteurs. Côté sport et action, les performances de l’EOS R3 sont assez époustouflantes, notamment côté autofocus. D’ailleurs, nous sommes les seuls à proposer la technologie de contrôle de l’AF par l’œil, qui a notamment fait ses preuves aux JO de Tokyo, et les retours sont extrêmement positifs.

Les retours de nos testeurs et de nos ambassadeurs – qui sont les premiers à tester nos nouveaux produits – ont été extrêmement importants pour nous. Cette grande communauté d’ambassadeurs, présente dans toutes les disciplines photo ou vidéo, nous permet d’avoir de nombreux retours terrains et, si nécessaire, de procéder à des ajustements avant le lancement du produit.

Côté optique, c’est là notre métier de base. Nous avons une très grande maîtrise de ce sujet, grâce à nos lens crafters, donc j’ai une pleine confiance sur le développement ingénieur des optiques. Et dans tous les tests optiques que nous avons réalisés, nous obtenons des résultats hyper élevés.

D’autant plus que nous disposons d’innovations déjà mises en place sur certaines optiques EF – sur le 70-200 mm f/2,8 de 3e génération par exemple – et que nous avons pu reprendre sur la monture RF. Ceci nous a permis de ne pas repartir de 0, en capitalisant sur toute notre expérience des 50 dernières années. 

Je reviens sur le service Image.Canon : le Cloud est-il un domaine que vous entendez investir de plus en plus ?

Je pense que Canon veut prendre cet espace pour aider ses utilisateurs dans leur flux de travail. C’est notre but principal : aider les photographes Canon à gagner en fluidité dans la gestion de leurs images via notre service. 

Même question pour la réalité virtuelle : je pense qu’il est important pour nous de se positionner sur ce créneau, d’autant que nous sommes les premiers à le faire. Nous avons notre Dual Fisheye, qui permet de capturer 2 images en même temps.

Et nous savons qu’il y a beaucoup d’applications professionnelles et B2B qui tirent parti de cette technologie. Pour l’instant, nous n’en sommes qu’aux balbutiements de cette technologie. Mais clairement cet objectif peut ouvrir des voies très intéressantes car les images sont de très bonne qualité. 

D’une manière plus globale, quels sont les prochaines étapes pour Canon ? A quoi peut-on s’attendre ?

L’an prochain, nous fêterons les 5 ans de l’écosystème R, ce qui marque une étape importante pour nous. Et nous allons lancer des optiques et boîtiers dans ce système. Et bien sûr on va continuer à développer notre gamme APS-C en monture RF.

Pour nos utilisateurs, nous continuons à écouter tous les besoins pour les produits futurs, tout en sortant des produits qui sortent du cadre, à travers nos nouveaux concepts en photo ou en vidéo, pour du grand public comme pour du B2B. C’est important d’aller chercher des relais de croissance sur ces domaines-là. 

Quels sont les principaux relais de croissance pour Canon, justement ?

Clairement, nous explorons beaucoup de domaines vers ces « territoires vierges », mais on mise beaucoup sur le B2B. On a aussi la partie impression, avec notamment les imprimantes Megatank [sans cartouches, NDLR] avec des produits destinés aux entreprises, mais aussi aux particuliers – et qui permettent d’obtenir une très belle qualité en photo. C’est notamment ce type de produit qu’on va développer. Sans oublier les produits de la gamme Selphy et QX10, qui fonctionnent très bien.

Côté B2B, nous proposons une très vaste gamme de produits. D’une part, nous avons beaucoup de solutions vidéo, tant côté caméras de cinéma (C70, R5C…) et photo, que sur nos nouveaux concepts. Nous sommes sur un territoire assez large. Et nous proposons des produits dédiés à la capture d’image et à sa restitution, ce qui nous permet d’adresser des marchés assez diversifiés.

Bien sûr, il y a aussi des applications B2B avec des appareils photo ou des caméras, qui sont ensuite utilisés dans l’industrie, grâce à nos SDK disponibles sur une bonne partie de nos appareils photo. Sans oublier certaines entreprises qui souhaitent disposer de leur propre studio photo/vidéo corporate et qui vont s’équiper d’une ou plusieurs caméras. 

D’une manière générale, les prix des boîtiers photos sont en forte hausse. À tel point qu’un EOS RP et un EOS R7 se retrouvent à des tarifs similaires… N’est-ce pas un problème ?

D’un côté, l’âge de l’EOS RP entre en ligne de compte. Et c’est un boîtier d’entrée de gamme, une véritable porte d’entrée dans le plein format : il est donc important qu’il soit abordable.  D’un autre côté, les EOS R7 et R10 ne vont pas s’adresser au même public. Donc ils ne se retrouvent pas en face d’un EOS RP, étant destiné à des photographes plus expérimentés, davantage orientés sport et animalier, avec des usages beaucoup plus poussés.

Je ne pense pas qu’il y ait de souci de positionnement prix. La montée en gamme s’orchestre assez bien en fonction des besoins : je suis très contente qu’on ait un hybride plein format accessible, là où le full frame était perçu avant comme des produits très onéreux. Il était donc important que ce boîtier abordable arrive assez tôt, afin de montrer que la gamme R peut être accessible à un grand nombre de photographes. 

De la même manière, l’EOS R6 est un boîtier hyper complet, qui s’adapte aux besoins d’un photographe ou vidéaste amateur expérimenté – comme d’un professionnel de l’image. C’est un boîtier qui part très bien, qui s’est fait très vite sa place sur le marché, avec une adoption immédiate. Nous avons tout de suite eu d’excellents retours de la part des magasins dès le lancement. 

En conclusion, quel produit rêvez-vous d’annoncer un jour ?

Lors d’une interview sur la scène, Nadia Ferrouki avait répondu à cette question en disant « je voudrais un appareil photo intégré à mon œil, qui enregistre ce que je veux sans que je n’aie besoin de cadrer ». De mon côté, j’ai été hyper fière d’être là sur les EOS 5D Mark II, les 7D, le système R…

Le lancement d’une nouvelle monture, ce n’est pas quelque chose qui arrive souvent. Et il y a toute une démarche sur le futur des avancées technologiques qui est fascinante. Quelque part, il s’agissait d’annoncer quelque chose dont seul un fragment est tangible aujourd’hui… Et je trouve ça assez extraordinaire, puisqu’il va permettre des choses d’ici 2, 5 ou 20 ans, dont on n’a pas encore l’idée aujourd’hui. 

Test Canon RF 28-70 mm f/2 L USM

L’appareil dont je rêve, ce serait un appareil encore plus petit, léger, transportable, résistant aux intempéries, hyper qualitatif… et qui permette vraiment – mais c’est déjà le cas aujourd’hui ! – de voir ce que voit mon œil et que j’aie tout le temps avec moi. On est déjà pas mal avancés aujourd’hui ! Et je pense que nos ingénieurs japonais Canon ont déjà en tête ce dont nous n’osons pas encore rêver aujourd’hui.


Merci à Claire-Anne Devillard d’avoir répondu nos questions. Nous tenons également à remercier l’équipe de Canon France pour cette interview.

Pour en savoir plus, retrouvez tous nos article sur Canon.

Secrétaire général de la rédaction

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  1. La stratégie est clairement orientée vers le développement de la gamme d’optiques RF. Photographe d’architecture et se Design d’intérieur j’ai fait l’acquisition d’un Canon R5 avec la certitude que la gamme d’optiques intègrerait vite des objectifs à décentrement.
    Il m’a été dit sur le stand que la sortie d’un tel objectif n’était pas dans les priorités de Canon et qu’il y avait dans la gamme EF des produits compatibles via une bague d’adaptation RF/EF.
    Ok, cette bague coûte 300€ ! C’est un surcoût caché pour les nouveaux entrant ne venant pas de la gamme EF.
    La photographie d’architecture n’est pas, me semble-t-il, une activité de niche. Cette décision de CANON n’est donc pas très lisible au regard de faire de la gamme RF le futur de CANON.

    1. Bonjour Olivier,
      Je vous rassure, la bague EF-RF est loin de coûter cette somme, on la trouve aux alentours de 100 €. De plus, Canon a dévoilé plusieurs optiques ultra grand-angle – dont le RF 15-35 mm f/2,8 L IS USM (voir notre test ici), qui donne d’excellents résultats en architecture de par ses excellentes performances, notamment sur les bords de l’image. Surtout si vous utilisez un logiciel tel que DxO Viewpoint pour corriger les déformations de la perspective.
      Sur le point spécifique des optiques à bascule et décentrement, je ne suis pas dans le secret des dieux, mais il est probable que Canon finisse par en livrer une pour la monture RF. Reste à savoir quand.

  2. Bonjour
    Article très intéressant, mais pourquoi vous n’indiquez pas que de nombreux clients attendent leurs EOS R 7 depuis 4 mois, sans aucune information de CANON? Alors que CANON ITALIE a du stock ? Je trouve cela scandaleux, et indécent dont CANON France traite ses clients.
    Je suis depuis très longtemps fidèle à cette marque et d’être pris en otage par CANON n’est pas acceptable pour un matériel payé à 100 % depuis le 10 Juin. Les mails de CANON sont toujours à coté de la plaque à croire qu’ils ne veulent pas entendre.
    Ils oublient un peu vite que c’est les clients qui leur ont permis d’être la aujourd’hui !

  3. « Nous avons notre Dual Fisheye, qui permet de capturer 2 images en même temps » :
    mieux, ce remarquable objectif permet de prendre des photos et vidéos stéréoscopiques (3D).