Canon en 2021 : course à l’hybride en monture RF sur fond d’abandon des montures EF et EF-M

Quel bilan pour Canon en 2021 ? Tout au long de cette année, la marque rouge et noire n’a eu de cesse que d’enrichir son écosystème hybride EOS R, avec plusieurs lancements d’importance. Retour sur les temps forts de la marque, ainsi que les grandes tendances qui se dessinent pour les mois à venir.

EOS R : un écosystème de plus en plus complet

Lancé timidement il y a 3 ans, l’écosystème hybride Canon s’affirme de plus en plus. L’an passé, le constructeur nous avait agréablement surpris avec ses EOS R5 et R6 très réussis – et qui figurent cette année parmi les best-sellers sur le marché des boîtiers plein format.

Test Canon EOS R6, l’hybride plein format équilibré et performant

Cette année, la marque japonaise nous a longuement fait languir au sujet de l’EOS R3, avec de nombreuses fuites et teasers organisés autour des JO de Tokyo. C’est finalement au mois de septembre que la marque a dévoilé son premier hybride monobloc.

Résolument conçu pour les photographes de sport et d’animalier, ce boîtier nous a beaucoup séduit. Design tout en rondeurs, AF ultra-performant, rafale à 30 i/s, absence de rolling shutter… Canon a mis les petits plats dans les grands pour convaincre les professionnels de l’image (et éviter qu’ils ne passent à la concurrence). Cependant, de nombreux bruits de couloirs prédisent l’arrivée d’un EOS R1, qui viendrait coiffer la gamme hybride de Canon (et qui remplacerait le reflex EOS-1D X Mark III).

Test Canon EOS R3, le plus sportif des hybrides de Canon (pour l’instant)

Aujourd’hui constitué des EOS R, EOS RP, R6, R5 et R3, la gamme des hybrides Canon s’avère très complète et peut répondre la majorité des besoins et des budgets. Cependant, l’EOS RP est aujourd’hui vieillissant, et il n’est pas impossible que Canon vienne le renouveler dans les prochains mois.

Toutefois, certaines rumeurs indiquent l’arrivée prochaine d’un Canon EOS R5c. Basé sur l’EOS R5, il proposerait l’enregistrement en 8K 30p sans limite de durée et intègrerait un profil Canon Log 2. Pensé pour les vidéastes, ce nouveau boîtier arriverait dès la mi-janvier.

Le parc optique en monture RF s’étoffe et devient plus abordable

De son côté, la monture RF continue sa croissance. Après avoir complété la « trinité des zooms » ouvrant à f/2,8 l’an passé, Canon propose maintenant son équivalent ouvrant à f/4.

Son téléobjectif Canon RF 70-200 mm f/4 L IS USM (lancé en 2020) et son ultra grand-angle Canon RF 14-35 mm f/4 L IS USM viennent ainsi se ranger aux côtés du zoom polyvalent RF 24-105 mm f/4 L IS USM, lancé en 2019.

Canon RF 14-35 mm f/4L IS USM : si cher ultra grand-angle…

Ces nouveaux objectifs lancés par Canon s’avèrent innovants. Les téléobjectifs 70-200 mm en monture RF s’avèrent extrêmement compacts et légers au regard de la concurrence. De même, le 14-35 mm proposé par Canon est l’objectif le plus large de sa catégorie, avec une longueur focale 2 mm plus large que les objectifs 16-35 mm habituels.

En parallèle, la marque a également dévoilé l’objectif Canon RF 100 mm f/2,8 L Macro IS USM. Succédant à l’une des optiques les plus populaires en monture EF, cet objectif macro se distingue en offrant un rapport de grossissement 1,4x, ainsi qu’une bague de contrôle des aberrations sphériques totalement inédite, et qui permet de modeler le rendu de ses images avec aisance. Du jamais vu chez Canon.

Enfin, les photographes sportifs se réjouiront de l’arrivée de 2 super-téléobjectifs en monture RF, les Canon RF 400 mm f/2,8 L IS USM et RF 600 mm f/4 L IS USM. Tous deux viennent se ranger aux côtés du RF 100-500 mm f/4,5-7,1, qui commençait à se sentir un peu seul sur les (très) longues focales.

Canon RF 400 mm f/2,8 et 600 mm f/4 L IS USM : deux objectif “convertis” en monture RF

Et, du côté des optiques « abordables », notons l’arrivée du téléobjectif Canon RF 100-400 mm f/5,6-8 IS USM et de la focale fixe ultra grand-angle RF 16 mm f/2,8 STM, lancés en septembre dernier.

Quatuor d’objectifs Canon en monture RF : 16 mm, 24-105 mm, 70-200 mm et 100-400 mm

Au final, le parc optique en monture RF s’avère de plus en plus riche – et très qualitatif. Malgré tout, certains manques subsistent. Les amateurs de focales fixes déplorent toujours l’absence d’une version ouvrant à f/1,4 des focales 35 et 50 mm. De même, les professionnels de l’architecture s’interrogent toujours sur l’absence d’une focale à bascule et décentrement, même si la version reflex fonctionnera toujours avec adaptateur.

Et surtout, le verre Canon en monture RF demeure assez onéreux. Le 14-35 mm f/4 évoqué ci-dessus s’affiche à 1829 €, tandis que le 100-500 est vendu 3099 €… Enfin, Canon continue de « verrouiller » sa monture RF : il n’est donc pas (encore) possible d’aller voir du côté des constructeurs « tiers » (Sigma, Tamron) pour profiter de tarifs plus attractifs. Cette année, Samyang a d’ailleurs suspendu la fabrication de ses optiques AF en monture RF, sûrement sur demande de Canon.

EOS VR System : Canon s’engage sur le marché de la réalité virtuelle

En octobre dernier, Canon a créé la surprise en dévoilant un objectif pour le moins étrange, le Canon RF 5,2 mm f/2,8L Dual Fisheye. Son but : permettre de capturer des images en réalité virtuelle à 180°, avec un seul boîtier et un seul capteur.

Canon EOS VR System : un double objectif fisheye pour la réalité virtuelle 180°

Une manière pour Canon de s’insérer sur un marché extrêmement prometteur, qui doit passer de 2,4 milliards d’euros en 2021 à 17,8 milliards en 2025 (rien qu’en Europe), soit une croissance de… 700 %.

Pour exploiter les images, Canon a également conçu un outil dédié, EOS VR Utility, couplé à un plugin pour Adobe Premiere Pro. C’est donc un écosystème complet, à la fois matériel et logiciel, que déploie Canon, qui montre sa capacité à innover. Elle entend ainsi se faire une place au soleil sur un créneau où, pour l’heure, très peu d’acteurs sont présents (et via des solutions à la fois plus complexes et onéreuses).

Powershot PX : Canon continue de sortir des sentiers battus

En photo et vidéo, Canon est l’une des rares marques à oser lancer des concept innovants (et parfois déroutants), comme l’action-cam mousqueton Ivy Rec ou l’appareil monoculaire PowerShot Zoom offrant un zoom 100-400 mm dans la paume de la main. Cette année, Canon a présenté un autre concept : celui d’une caméra « statique », à poser dans votre salon, nommée Powershot PX.

Boostée à l’IA, elle est capable de tourner sur elle-même pour garder le/les sujets toujours dans le cadre. Dotée d’un capteur de 11,7 Mpx et capable de filmer en Full HD 60p, la caméra doit devenir « votre photographe attitré » en enregistrant les souvenirs du quotidien, sans que vous n’ayez à y penser.

Originale et bien pensée, cette petite caméra montre là aussi la capacité de Canon à innover. Mais aussi la volonté de la marque de trouver de nouveaux leviers de croissance, alors que le marché de la photo continue de diminuer (en volume).

Canon PowerShot PX : la caméra intelligente pour capturer les moments de tous les jours

Les reflex en monture EF, grands absents de cette année 2021

Cette année 2021 marque aussi de manière indéniable le virage de Canon vers l’hybride. Signe des temps, la marque n’a lancé aucune nouveauté pour sa monture EF historique, se concentrant exclusivement sur son écosystème hybride.

Les amateurs de reflex Canon (et ils sont encore nombreux) devront donc se rabattre sur l’EOS 850D, dernier reflex en date de Canon, lancé en 2020. Ou encore sur l’EOS 90D, dévoilé en août 2019. Et, malgré son âge, le Canon EOS 5D Mark IV continue de faire de la résistance – bien que bon nombre de photographes aient fait le grand saut avec l’EOS R5.

Malgré tout, l’écosystème EF conserve un certain nombre d’avantages, comme un parc optique d’une richesse aujourd’hui inégalable. Et ce, malgré les déclarations du PDG de Canon, qui laissent entrevoir l’arrêt de la production des reflex.

Canon, la fin des appareils photo reflex ? Oui, mais pas tout de suite

L’ouverture des capteurs Canon à des entreprises tierces

L’année 2021 a aussi été le théâtre d’une petite révolution chez Canon. En effet, le constructeur vend désormais ses capteurs à d’autres constructeurs, mettant fin à une ère de 2 décennies où la marque était la seule à bénéficier de ses propres technologies.

Une manière pour Canon de se dégager une confortable manne financière, à la manière de marques comme Sony ou Samsung – lesquelles représentent à elle seules environ 2/3 du marché des capteurs photo.

Toutefois, pour éviter d’entrer en concurrence frontale avec ces deux marques, Canon vise un autre segment. Là où Sony et Samsung dominent le marché des capteurs pour smartphones, Canon s’oriente vers les capteurs à vocation industrielle. La firme propose ainsi plusieurs capteurs (4 à l’heure actuelle) destinés à répondre à des besoins très spécifiques.

Canon montre ainsi sa capacité à innover, et à s’orienter vers les domaines les plus porteurs de croissance au cours des années et décennies à venir.

Canon ouvre la vente de ses capteurs CMOS à des constructeurs tiers

Qui se souvient de la monture EF-M ?

Enfin, Canon s’est montré très discret au sujet de ses hybrides APS-C. Certes, la marque a lancé son EOS M50 Mark II. Mais ce dernier ressemble beaucoup à une version « rebadgée » de l’EOS M50 original – mais avec de nombreuses fonctionnalités pensées pour les vloggers et les streamers.

Canon EOS M50 Mark II : le nouveau meilleur ami des créateurs de contenu ?

Et du côté des objectifs ? Rien, niente, nada, niet. Le dernier caillou en monture EF-M lancé par Canon remonte à… septembre 2018, avec le petit Canon EF-M 32 mm f/1,4 STM. Au total, cette monture compte seulement 8 optiques Canon (5 zooms et 3 focales fixes). Heureusement, plusieurs constructeurs tiers ont lancé plusieurs objectifs venant enrichir (un peu…) le parc optique de cette monture de l’ombre.

Le diamètre de la baïonnette de la monture EF-M est plus petite que celle de la monture EF « classique »

Certes, il est possible de monter n’importe quelle optique en monture EF-S ou EF (grâce à l’adaptateur EF-EOS M), mais la différence de gabarit entraîne un déséquilibre certain. Pire encore, les montures EF-M et RF sont physiquement incompatibles.

Alors que la monture EF-M s’apprête à fêter son 10e anniversaire en 2022, son avenir paraît de plus en plus incertain. Dès lors, nombreux sont ceux à prédire l’arrivée prochaine du premier hybride APS-C de Canon en monture RF.

Une décision logique pour la marque, qui rationaliserait son parc hybride autour d’une seule monture – à l’instar de ce que proposent Sony et Nikon.

Quelles perspectives pour 2022 ?

Après une année 2021 plutôt chargée, il semble logique que Canon continue sur sa lancée et poursuive l’expansion de son écosystème hybride. De même, il paraît probable que la marque surfe sur la croissance du marché de la vidéo, avec des boîtiers proposant de plus en plus d’options dédiées.

Mais comme tous les acteurs, la marque devra jouer avec la pénurie de composants électroniques. De par sa position sur le marché, la marque dispose d’une force de frappe indéniable, et est sans doute à même de sécuriser une quantité suffisante de composants. Néanmoins, il n’est pas impossible que la sortie de certains matériels soit repoussée.

Quoi qu’il en soit, il nous tarde de voir les nouveautés que Canon est en train de peaufiner… et de pouvoir les tester !

Responsable éditorial

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  1. Utilisateur
    de systèmes hybrides depuis la première heure, je n’ai pourtant
    jamais délaissé mes reflex à viseur optique, bien au contraire,
    car dans de nombreuses circonstances, ils conviennent mieux à la
    prise de vues.

    Des utilisateurs d’hybrides qui n’a pas eu envie de soulager
    (reposer) son œil avec une visée claire (« la vraie vie »),
    sans latence, sans problèmes de rafraîchissement, sans impression
    de regarder la télévision par un trou de serrure, sans être
    contrarié par des conditions lumineuses particulières ?

    Les deux systèmes sont donc complémentaires…

    Abandonner les reflex est de mon point de vue et certainement
    d’autres photographes une erreur, sans compter que les
    investissements en système reflex sont ou seront pour nombre
    d’entre-nous non amortis, une perte financière non négligeable.

    La bague d’adaptation pour objectifs de la génération précédente
    fournie chez les constructeurs est un leurre pour faire mordre à
    l’hameçon…

    Nous imposer cette situation, dans de telles conditions, n’est pas
    très loyal et poussera davantage le secteur vers un marché de
    niche, un marché de nantis !

    Le progrès technologique est dans la logique des industrielles
    mais cette frénétique course à l’armement photographique est-ce
    bien raisonnable quand on sait les problèmes de notre planète ?

    A-t-on constamment besoin de toute cette orgie technologique et de rejeter le passé pour
    être un photographe créatif, surtout quand on voit les empilements
    d’images qui dormiront à jamais sur des disques durs puis dans les
    déchetteries ?

    Dans le contexte actuel, les éditeurs de contenus comme
    Phototrend, ne devraient-ils pas être plus actifs pour changer les
    mentalités des constructeurs et de leurs clients ?

    1. Hello
      La bague d’adaptation, un leurre ? C’est à dire ?
      Ok Canon veut qu’on rachète du matos… logique
      Mais que valent ces objectifs EF montéz sur des boîtiers hybrides R ?
      Il paraît qu’ils sont aussi bons qu’avant !

  2. Le RP vieillissant ? Il vient de sortir. Ok la rafale n’est pas terrible mais pour du paysage et du portrait je le trouve au top.