Attendu comme le messie par de nombreux photographes professionnels, le Canon EOS R1 est enfin là. Trois ans après l’EOS R3, Canon a dévoilé en juillet dernier son hybride monobloc le plus ambitieux à ce jour. Avec un nouveau capteur empilé (et stabilisé) de 24,2 Mpx, une rafale maximale à 40 i/s, de la vidéo 6K RAW et des modes autofocus boostés à l’IA dédiés au sport, ce flagship promet de repousser les limites de la photographie sportive et d’action.
Sur le papier, l’EOS R1 met beaucoup d’atouts dans sa manche pour séduire les professionnels de l’image. Mais sur le terrain, ses performances réelles lui permettent-elles de rivaliser avec une concurrence toujours plus affûtée, et ce, malgré une définition inférieure ? Après plusieurs semaines d’utilisation, voici notre test complet du Canon EOS R1.
Mise à jour : après notre prise en main lors du lancement, nous avons pu tester de manière complète le Canon EOS R1 et avons mis à jour cet article test.
Sommaire
- Canon EOS R1 : The One
- Un boîtier robuste et tout-terrain
- Viseur électronique ultra-défini et ultra-lumineux, associé au système Eye Control
- Performances et qualité d’image du Canon EOS R1
- Autofocus du Canon EOS R1 : Digic Accelerator et modes de suivi boostés à l’IA
- Rafale à 40 i/s et mode « boost » … inspiré
- Canon EOS R1 : un rolling shutter absent… ou presque !
- Stabilisation d’image performante
- Vidéo 6K 60p RAW en interne : le faux jumeau de… l’EOS R3
- Autonomie : il est redoutable
- Connectique et stockage
- Canon EOS R1 : l’hybride sportif très performant, mais trop spécialisé
Canon EOS R1 : The One
Chez Canon, les boîtiers porteurs du chiffre « 1 » revêtent une importance toute particulière, depuis le Canon F-1 (1971) jusqu’à l’EOS 1D-X et ses successeurs. Conçus pour répondre aux exigences des professionnels sur tous les terrains, ils visent (aussi) à montrer tout le savoir-faire du constructeur japonais.
En 2021, l’annonce du Canon EOS R3 – le premier hybride monobloc de Canon – semblait laisser la porte ouverte à un boîtier encore plus premium. Et le voici enfin. Le Canon EOS R1 est assurément le porte-étendard de la marque rouge et noire.
Véritable concentré de technologies, il doit offrir les meilleures performances du marché en matière de qualité d’image, de précision de l’AF, de stabilisation optique et de vitesse en rafale. Le tout, avec une fiabilité et une durabilité sans faille.
De plus, l’EOS R1 a (aussi) la lourde tâche de prendre la relève des reflex de la série des EOS-1D X. Et de convaincre les professionnels de l’image de passer définitivement à l’hybride, en épousant l’écosystème RF – qui a fêté ses 5 ans en 2023.
Voici la liste complète des caractéristiques du Canon EOS R1, comparées à celles de l’EOS R3 et de l’EOS-1D X Mark III :
Canon EOS R1 | Canon EOS R3 | Canon EOS-1D X Mark III | |
---|---|---|---|
Type | Hybride | Hybride | Reflex |
Capteur CMOS | Plein format de 24,2 Mpx | Plein format de 24,1 Mpx | Plein format de 20,1 Mpx |
Filtre passe-bas | Oui | Oui | Oui |
Processeur | Digic Accelerator + Digic X | Digic X | Digic X |
Monture | RF | RF | EF |
Viseur | Viseur électronique, OLED, 9,44 Mpts | Viseur électronique, OLED 5,76 Mpts | Viseur optique |
Écran LCD | Tactile, orientable, 3,2 pouces, 2,1 Mpts | Tactile, orientable, 3,2 pouces, 4,15 Mpts | Tactile, fixe, 3,2 pouces, 2,1 Mpts |
Écran de contrôle monochrome | Oui | Oui | Oui |
Autofocus | Dual Pixel Intelligent AF | Dual Pixel AF II | Dual Pixel AF |
Nombre de points AF | 4368 | 4779 | Visée reflex : 191 points dont 155 croisés (et un en double-croix) / Visée écran : 3869 |
Couverture AF | 100% | 100% (auto), 100x90% (manuel) | N.A. |
Plage de fonctionnement AF | -7,5 à 21 IL | -7,5 à 20 IL | -4 à 21 IL |
Algorithmes de suivi AF | Humains, animaux (chiens, chats, oiseaux, chevaux), sports mécaniques (autos, motos, avion) + modes Register People Priority et Action Priority | Humains, animaux (chiens, chats, oiseaux), sports mécaniques (autos, motos) | EOS iTR AF X : humains |
Rafale (obturateur mécanique) | 12 i/s (avec suivi AE/AF) | 12 i/s (avec suivi AE/AF) | 16 i/s (avec suivi AE/AF) |
Rafale (obturateur électronique) | 40 i/s (avec suivi AE/AF) | 30 i/s (avec suivi AE/AF) | N.A. |
Obturation | 30 - 1/8000s (jusqu'à 64000s en obturateur électronique) | 30-1/16000s | 30 - 1/8000s |
Sensibilité ISO | 100-102400 ISO (extensible à 50-409600 ISO) | 100-102400 ISO (extensible à 50-204800 ISO) | 100 – 102 400 ISO (extensible de 50 à 819 200 ISO) |
Synchro flash | 1/200s (obturateur mécanique), 1/500s (obturateur électronique) | 1/200s (obturateur mécanique), 1/180s (obturateur électronique) | 1/250s |
Vidéo | 6K RAW 60 fps, 4K 120 fps, 2K 240 fps | 6K RAW 60 fps, 4K 120 fps, Full HD 240 fps | 4K RAW 60 fps, 4K 60 i/s, Full HD 120 i/s |
Profils colorimétriques vidéo | C-Log 2 et 3, Canon 709, PQ, HLG, BT.709 + LUts utilisateur | C-LOG HDR, RAW DCI ou UHD (6K uniquement) | C-Log 1, RAW DCI ou UHD (4K uniquement) |
Wifi | Wi-Fi 6E, 2,4 et 5 GHz | Wi-Fi 5, 2,4 et 5 GHz | 2,4 GHz |
Bluetooth | Bluetooth 5.3 | Bluetooth 5 | Bluetooth 4 |
Appli mobile | Content Transfer Professional, Canon Camera Connect | Mobile File Transfer Application, Canon Camera Connect | Canon Camera Connect |
Batterie | LP-E19 | LP-E19 | LP-E19 |
Autonomie photo | 1330 (LCD) 700 (viseur) | 860 (LCD) 620 (viseur) | 610 (LCD) 2850 (viseur) |
Rechargement par port USB | Oui | Oui | Non |
Tropicalisation | Résistant à la poussière et à l’humidité | Résistant à la poussière et à l’humidité | Résistant à la poussière et à l’humidité |
Dimensions | 157,6 x 149,5 x 87,3 mm | 150 x 142,6 x 87,2mm | 158 x 167,6 x 82,6 mm |
Stockage | 2 x CFexpress Type B | 1 x SD UHS-II, 1 x CFexpress Type B | 2 x CFexpress Type B |
Poids (avec carte et batterie) | 1115 g | 1015 g | 1440 g |
Prix de lancement nu | 7449 € | 5999 € | 7299 € |
Un boîtier robuste et tout-terrain
L’EOS R1 est le 2e hybride professionnel de la marque à intégrer un moniteur LCD sur rotule. Certains puristes hurleront peut-être au scandale… Mais force est de reconnaître que cela facilite grandement la capture d’images en contre-plongée ou à bout de bras.
Canon indique avoir renforcé la robustesse de son boîtier par rapport à l’EOS R3. Le châssis est conçu en alliage de magnésium, avec certains éléments en polycarbonate et en fibre de verre. Il doit être capable de fonctionner de 0 à 45°C, avec un taux d’humidité allant jusqu’à 85 %. Soit les mêmes valeurs que celles de l’EOS-1D X Mark III. Il doit également présenter la même durabilité, afin d’être utilisé sur tous les terrains, quels qu’ils soient.
En termes de design, la parenté entre l’EOS R1 et l’EOS R3 est évidente. Dans les deux cas, on dispose d’un boîtier monobloc aux angles adoucis. Pour autant, l’EOS R1 se distingue en poussant cet aspect encore plus loin. Ainsi, la partie droite du capot supérieur est davantage inclinée, afin de mener plus naturellement au viseur électronique.
On retrouve aussi la (double) poignée très creusée, offrant une excellente préhension, à l’horizontale comme à la verticale. Chaque doigt trouve naturellement sa place. De même, toutes les commandes tombent parfaitement sous les doigts : les canonistes de longue date se sentiront tout de suite à leur aise.
D’autant qu’il est possible de personnaliser chaque bouton, chaque molette pour l’adapter à ses habitudes et à ses besoins. De fait, nous avons (à nouveau) été surpris par le confort du boîtier.
Côté construction, Canon indique avoir apporté un soin particulier à la dissipation de la chaleur, tant au niveau du capteur que des 2 emplacements pour cartes CFexpress Type B. La carte mère repose sur une plaque en alliage d’aluminium, tandis que le capteur CMOS est posé sur une feuille en graphite dédiée. Pour autant, le boîtier ne dispose pas d’un ventilateur intégré – contrairement à son petit frère, l’EOS R5 Mark II.
En termes de gabarit, l’EOS R1 (beaucoup) moins dodu que le reflex EOS-1D X Mark III. Comptez 15,7 cm de large, 14,9 cm de haut et 8,73 cm d’épaisseur, pour un poids de 1115 grammes. Des mensurations finalement très proches de celui de l’EOS R3 (150 x 142,6 x 87,2mm, 1015 grammes). Couplé à un gros objectif comme le Canon RF 70-200 mm f/2,8 L IS USM, le duo dépasse tout juste la barre des 2 kg.
Au final, le Canon EOS R1 se distingue par son ergonomie très travaillée. Les canonistes de longue date se sentiront immédiatement à leur aise. Les lignes très arrondies s’avèrent particulièrement agréables sur le terrain. Mais ces points étaient déjà bien présents sur l’EOS R3 : en grossissant le trait, seule la meilleure résistance aux éléments permet à l’EOS R1 de se distinguer de son « grand-petit frère ».
Viseur électronique ultra-défini et ultra-lumineux, associé au système Eye Control
Le Canon EOS R1 inaugure également un nouveau viseur électronique. Basé sur un écran OLED de 0,64 pouce, il offre 9,44 millions de points, avec un agrandissement de 0,9x, un dégagement oculaire de 25 mm et une fréquence maximale de rafraîchissement montant à 120 Hz.
Canon le présente ainsi comme son viseur le plus défini, le plus lumineux et celui présentant le plus grand agrandissement. Et indique également avoir développé un système antibrouillard. Dans les faits, la visée est extrêmement claire et fluide : un vrai régal.
On retrouve également le système de contrôle de l’AF par l’œil (Eye Control AF) – dont les capteurs infrarouges auraient été améliorés par rapport à l’EOS R3 pour plus de précision. Sur le terrain, ce système peut être d’une remarquable efficacité, puisqu’il suffit de regarder un sujet dans le viseur, d’appuyer sur la touche AF-On et l’appareil effectue la mise au point – et le suivi – sur ce sujet. Néanmoins, à la longue, le petit rond orange qui se balade dans le champ devient assez fatigant pour l’œil…
On dispose également d’un grand écran tactile de 3,2 pouces. Il est monté sur une rotule – une première pour un boîtier professionnel flanqué du chiffre « 1 ». Mesurant 3,2 pouces, il offre une excellente lisibilité. Sans oublier le petit écran de contrôle monochrome sur le capot supérieur, qui vient rappeler les réglages utilisés.
La face arrière ne devrait pas dérouter les canonistes de longue date – même si l’on remarque l’absence du 2e écran monochrome, comme sur l’EOS R3. Sous l’écran principal, 4 boutons sont présents (lecture, loupe, corbeille et rate, pour régler la vitesse en rafale). Ces touches – ainsi que les touches Menu, M-Fn3, Info et Q – sont (subtilement) rétroéclairées… en lecture seulement. En prise de vue, elles s’éteignent dès que l’on effectue la mise au point. Étrange.
Du reste, on apprécie beaucoup le joystick et le bouton AF-On « sensitif » – tous deux répliqués sur la poignée verticale. Sans oublier le commutateur photo/vidéo, qui entoure le déclencheur vidéo.
Au final, le Canon EOS R1 offre une excellente prise en main, à la fois confortable et rassurante. Grâce à sa double poignée bien creusée, ses formes arrondies et ses commandes bien positionnées, le boîtier est très agréable à utiliser.
Performances et qualité d’image du Canon EOS R1
Lors de notre test, nous avons principalement utilisé le Canon EOS R1 avec le Canon RF 50 mm f/1,4 L VCM ou encore le RF 85 mm f/1,2 L USM DS. Mais aussi (et surtout) avec les téléobjectifs RF 70-200 mm f/2,8 L IS USM et RF 100-300 mm f/2,8 L IS USM. Sans oublier le zoom polyvalent RF 24-105 mm f/4 L IS USM.
N’hésitez pas à cliquer sur les photos présentes dans ce test pour les afficher en qualité supérieure.
Capteur 24,2 Mpx et processeur Digic X : une bonne qualité d’image
Nous ne reviendrons pas en détail sur le capteur plein format de l’EOS R1 : pour cela, n’hésitez pas à consulter notre article de présentation. Sa définition de 24,2 Mpx rappelle évidemment les 24,1 Mpx de l’EOS R3 – et les 20,1 Mpx de l’EOS-1D X Mark III.
Il conserve un capteur rétroéclairé et empilé (stacked BSI), finalement assez classique. Il ne suit donc pas – encore – Sony sur le terrain des capteurs à global shutter. Un point que Canon justifie par la volonté d’offrir la meilleure qualité d’image en toute circonstance, sans aucun compromis.
Sur le terrain, les RAW non-compressés pèsent 35 Mo, les RAW compressés sans perte font 25 Mo, tandis que les RAW compressés pèsent environ 10 Mo seulement. Sans oublier les modes JPEG (10 Mo) et HEIF (10 Mo en 4:2:2 10 bit), qui seront très utilisés par les professionnels.
D’une manière générale, l’hybride pro de Canon est capable de livrer de très belles images. Les couleurs sont assez riches et vibrantes. Le rendu des détails s’avère très soigné. Les optiques de la série L y sont sans doute également pour quelque chose.
En revanche, la définition de 24 Mpx est loin d’offrir la même latitude de recadrage que les Nikon Z8 / Z9 (45 Mpx) et que les Sony A1 / A1 II (50 Mpx). D’après Canon, le but est d’offrir des fichiers plus légers (dont plus rapides à envoyer) et une meilleure gestion des hautes sensibilités. Pour autant, nous restons un peu sur notre faim de ce point de vue – malgré le mode d’upscaling intégré (voir plus loin).
Montée en ISO du Canon EOS R1
La plage de sensibilité du Canon EOS R1 va de 100 à 102 400 ISO. On peut toutefois l’étendre de 50 à 409 600 ISO. Observons que les fichiers RAW sont très légèrement sous-exposés. Un point qu’il faudra prendre en compte lors du post-traitement.
La qualité d’image est particulièrement bonne jusqu’à 800 ISO. Le bruit fait une incursion (très) timide à 1600 ISO, et ne se manifeste vraiment qu’à partir de 3200 ISO, avec une légère « sensation de grain ». C’est à partir de 12 800 ISO qu’un palier est franchi, le bruit devenant beaucoup plus visible à l’image.
Aussi, toutes les valeurs sous 12 800 ISO sont largement exploitables. En revanche, les valeurs situées au-dessus sont à réserver aux situations exigeant une grande réactivité par basse lumière.
Cet aspect est particulièrement vrai à partir de 51 200 ISO, où le bruit de luminance devient bien marqué. Enfin, les valeurs étendues (H1 et H2, soit 204 000 ISO et 409 000 ISO), sont quasiment inexploitables, avec un grain de luminance et de chrominance omniprésent.
Le Canon EOS R1 offre donc une très bonne montée en ISO. Les hautes sensibilités sont très bien maîtrisées (à condition d’éviter les valeurs extrêmes). Mais ses principaux concurrents font aussi bien… tout en ayant un capteur 2x plus défini.
Dynamique du capteur : c’est très correct
Du côté de la gestion des fortes dynamiques, l’EOS R1 s’en sort plutôt bien. Comme souvent avec les boîtiers Canon, la récupération des zones sous-exposées est beaucoup plus confortable. On peut ainsi rattraper jusqu’à -4 IL sans la moindre difficulté. On peut même pousser jusqu’à -5 IL (au prix d’une légère dérive colorimétrique… et d’un peu de bruit numérique). De ce point de vue, le flagship de Canon fait bien mieux que ses prédécesseurs.
Les choses sont un peu moins faciles du côté des hautes lumières. On peut récupérer des données jusqu’à + 2 IL sans dérive. En revanche, une fois cette valeur dépassée, la colorimétrie est durablement altérée. Enfin, on évitera de dépasser les + 3 IL, au risque de perdre assez nettement en détails.
Ces valeurs sont assez satisfaisantes, et assurent au Canon EOS R1 de très bonnes performances sur le terrain. Mais là encore, ses rivaux sont tout aussi bien… tout en offrant des capteurs de 45 ou 50 Mpx.
Traitement des photos et upscaling en interne : des options pertinentes
Le Canon EOS R1 est l’un des premiers boîtiers de la marque (avec l’EOS R5 Mark II) à proposer des options « avancées » de traitement de l’image. On peut ainsi appliquer un post-traitement à une ou plusieurs images – qui pourront ensuite être envoyées (en JPEG) vers un serveur distant. Le réglage de l’exposition, des ombres et des hautes lumières (entre autres) sont proposés.
On dispose aussi (et surtout) d’un mode de débruitage des fichiers grâce à l’IA de la puce Digic Accelerator. Le traitement s’effectue directement depuis le boîtier – sans avoir à recourir au service Canon.Image. Les résultats sont plutôt probants… même si le lissage peut parfois être un chouïa prononcé (comme sur les JPEG issus du boîtier, d’ailleurs).
Enfin, l’EOS R1 intègre un mode d’upscaling des fichiers. Le but : agrandir les images sans perte afin d’obtenir des clichés de 96 Mpx (12000 x 8000 px). Soit 4x plus que la définition d’origine. Une manière de « compenser » la définition assez modérée du capteur… et l’absence d’un mode de pixel shift.
Le résultat est assez bluffant. Seule vraie limite : l’appareil livre uniquement des fichiers JPEG (qui pèsent 15 Mo environ), dans lesquels on pourra appliquer un crop très prononcé. En revanche, les possibilités de post-traitement sont assez limitées.
Autofocus du Canon EOS R1 : Digic Accelerator et modes de suivi boostés à l’IA
Le Canon EOS R1 (et l’EOS R5 Mark II) – se distingue grâce à la puce Digic Accelerator. Dédiée au Deep Learning, elle vient se placer en amont de la chaîne du traitement de l’image.
La puce reçoit en continu un flux venant du capteur, et ses algorithmes analysent en temps réel les éléments présents dans le cadre. À la clé, d’après Canon, une détection du sujet (et de son œil) beaucoup plus rapide et plus précise.
« Priorité à la personne enregistrée »
La puce Digic Accelerator est particulièrement sollicitée par 2 modes autofocus. Le premier se nomme « Priorité à la personne enregistrée ». Il permet à l’appareil de reconnaître et de suivre une personne dont le visage a été préenregistré (via une image sur la carte mémoire ou en prenant une photo). Un mode introduit sur l’EOS R3 via une mise à jour du firmware en mars 2023, mais qui gagne en efficacité.
Une fois ce mode activé, l’AF effectue la MAP et le suivi sur cette personne, et n’est pas distrait par les autres personnes dans le champ. Sur le terrain, cette fonction permet de se concentrer sur le/les joueurs star beaucoup plus facilement. D’autant qu’il est possible d’enregistrer jusqu’à 10 visages au sein d’un même fichier sur le boîtier – et qu’il est possible de créer jusqu’à 10 fichiers.
« Priorité à l’action »
Canon EOS R1 inaugure un mode nommé « Priorité à l’action », qui vise à révolutionner la photo de sport de balle (football, basketball, volleyball). Le principe est simple : grâce à la puce Digic Accelerator, l’appareil analyse les éléments dans le cadre et identifie le joueur ayant le ballon à la main ou au pied, et le suivi AF se fait sur lui.
Dès que la balle est transmise à un autre joueur, le système bascule automatiquement sur lui. Et ce, sans que le photographe n’ait à resélectionner le sujet sur qui la MAP doit être faite. De plus, le suivi AF n’est pas fait sur la balle, mais bien sur l’œil du joueur possédant la balle. Le but étant que l’appareil livre des photos parfaitement nettes, même en cas d’action (très) rapide – et même lorsque plusieurs joueurs se disputent la balle.
Dans les faits, ce procédé est particulièrement novateur. Les algorithmes de Deep Learning de la puce Digic Accelerator ont été entraînés afin de reconnaître un certain nombre d’actions spécifiques. Pour l’heure, le système « comprend » uniquement les actions suivantes :
- Football : tir, tête, passe courte, passe longue, dribble, arrêt du pied par le gardien, remise en jeu, tacle glissé
- Basketball : tir, rebond, passe, dribble, lancer franc, entre-deux
- Volleyball : smash, passe, réception, service.
Canon n’exclut pas d’ajouter d’autres sports à l’avenir, via une mise à jour firmware. Ce qui impliquera que les ingénieurs apprennent aux algorithmes à reconnaître les actions spécifiques à chaque sport.
Sur le terrain, en revanche, les choses sont un peu plus compliquées. À plusieurs reprises, le système peinait à identifier le porteur de balle, et effectuait la MAP et le suivi sur un autre joueur. Pire encore : dans certains cas, la mise au point était faite « à côté ». En clair : ce système est pertinent, mais il manque parfois de fiabilité. Ce qui est assez regrettable pour les professionnels de la photo sportive…
Enfin, on notera la relative incompatibilité avec le système de contrôle de l’AF par l’œil, les deux systèmes étant parfois en concurrence l’un avec l’autre…
Dual Pixel Intelligent AF : mise au point prédictive
Oubliez le Dual Pixel AF classique, place au « Dual Pixel Intelligent AF », nouvelle génération de la mise au point automatique chez Canon. À la clé, une mise au point « prédictive » encore plus efficace, capable d’accrocher l’œil du sujet (humain ou animal), même lorsqu’il occupe une très petite place dans le cadre.
Dans le détail, l’autofocus de l’EOS R1 est capable de détecter/suivre les sujets suivants :
- Humains : yeux, visage, tête, partie supérieure du corps, corps entier
- Animaux : yeux, tête et corps des canidés, des félins, des oiseaux et des chevaux
- Véhicules : voitures de course, motos, avions et trains.
Et sur le terrain, la mise au point est particulièrement efficace, y compris sur des sujets en contre-jour, en basse lumière ou aux mouvements très rapides et/ou aléatoires. Venant du porte-étendard des boîtiers Canon, c’est le moins que l’on pouvait attendre !
Le seul souci vient parfois d’un léger manque de fiabilité pendant de (longues) rafales avec des sujets aux mouvements très rapides : dans ce cas, l’AF « perd » parfois le sujet, et l’appareil génère une poignée d’images floues. Un phénomène que nous n’avions pas forcément observé sur l’EOS R5 Mark II. Espérons que ce souci sera rapidement corrigé par une MàJ du boîtier.
Pour les fans de sports mécaniques, d’avions ou de trains, notez que la MAP s’effectue sur le casque du pilote (Formule 1 et moto) ou sur le pare-brise de la machine – comme sur les hybrides récents de Canon. En revanche, le boîtier fait toujours l’impasse sur la détection automatique des insectes – bien que son gabarit ne soit pas forcément très adapté à cette discipline…
Rafale à 40 i/s et mode « boost » … inspiré
En rafale, Canon EOS R1 est capable de monter à 40 i/s avec l’obturateur électronique. Comme les EOS R6 Mark II et R8, noteront les esprits les plus affûtés. Cette cadence est particulièrement élevée… même si certains concurrents font (encore) mieux.
Pour éviter de remplir trop rapidement nos cartes mémoires, Canon a ajouté un système ingénieux. On peut ainsi shooter à 10 ou 20 i/s, et accroître temporairement la cadence lorsqu’une action intéressante le nécessite. En appuyant à bout de course sur la touche AF-On, on passe ainsi temporairement à une cadence de 40 i/s. Un point qui rappelle un certain… Sony A9 III.
Naturellement, les valeurs des rafales basses, H et H+ sont personnalisables. De plus, il est possible de définir un nombre maximal d’images par rafale. Ajoutez à cela une vitesse d’obturation maximale de 1/8000 s (obturateur mécanique) ou de 1/64 000 s (obturateur électronique) et vous détenez le pouvoir de figer l’instant.
La fonction Pre-Shoot, toujours aussi pratique, permet de conserver jusqu’à 20 images avant l’appui sur le déclencheur. À 40 i/s, l’appareil enregistre tout ce qui a précédé pendant 0,5s. C’est bien, mais c’est… assez court, finalement. On se consolera avec la rafale à 20 i/s, puisque le boîtier garde tout ce qui s’est déroulé durant la seconde ayant précédé l’appui sur le déclencheur.
Enfin, nous n’avons pas vraiment été éblouis par la capacité du buffer. Pour les professionnels ne shootant qu’en JPEG, le boîtier est capable d’encaisser 500 clichés sans ciller. En RAW, cette valeur est plus basse (230 RAW, indique Canon).
Mais sur le terrain, le buffer est parfois un peu étriqué. Si vous faites beaucoup de rafales d’affilée à 40 i/s, le buffer peut parfois s’engorger – au risque de bloquer le déclenchement. Et ce, même avec les cartes CFexpress les plus rapides.
Face à la concurrence, ça fait tache. Car la rafale est finalement bien plus longue sur les Sony A1/A1 II et virtuellement illimitée sur les Nikon Z8/Z9 – alors que leur capteur est plus défini ! Clairement, il est grand temps que Canon investisse dans de la mémoire tampon plus capacitaire.
Canon EOS R1 : un rolling shutter absent… ou presque !
D’après Canon, l’EOS R1 possède le capteur empilé le plus rapide du marché. De quoi lui permettre de compenser au maximum les distorsions liées au rolling shutter – même sans recourir à un capteur global shutter.
D’une manière générale, le comportement du capteur est très rassurant, même avec un gros hélicoptère… ou avec notre ventilateur de test. La déformation des pales est presque totalement absente.
Pour autant, lors d’un match de hockey sur glace, nous avons obtenu plusieurs photos où la crosse du hockeyeur est assez déformée lors d’un tir. En revanche, nous n’avons pas observé de déformation des lignes verticales lors de mouvements en panning. En résumé : le capteur de l’EOS R1 s’avère particulièrement véloce… mais il ne parvient pas toujours à éliminer totalement le rolling shutter sur des sujets aux évolutions ultrarapides.
Mise à jour 13/01/2025 : la déformation de la crosse mentionnée ci-dessus est « normale », et n’est pas causée par le rolling shutter. D’une manière générale, ce phénomène est très bien géré par le boîtier.
Évidemment, il est toujours possible de repasser en obturation mécanique. Dans ce cas, la cadence maximale en rafale plafonne à 12 i/s (contre 16 i/s sur l’EOS-1D X Mark III…). Le bruit au déclenchement est très agréable à l’oreille – même si, à ce petit jeu, les Sony A1 et A1 II font encore mieux !
Stabilisation d’image performante
Canon présente son EOS R1 comme l’un des boîtiers les plus performants du marché en matière de stabilisation mécanique du capteur. Ainsi, le constructeur avance le chiffre de 8,5 stops (valable avec le zoom – stabilisé – RF 24-105 mm f/2,8 L IS USM Z).
Dans les faits, le Canon EOS R1 fait un assez bon travail pour compenser les mouvements du photographe. Avec une focale fixe non stabilisée comme le Canon RF 50 mm f/1,4 L VCM, nous avons réussi à capturer des images à 0,3 s à main levée sans difficulté. Soit un gain réel de 4 stops. C’est loin d’être anecdotique.
Néanmoins, même en l’associant à une optique stabilisée comme le RF 24-105 mm f/4 L IS USM, il est également difficile d’obtenir plus de 4 ou 4,5 stops. Comme souvent, il existe un sacré delta entre les valeurs théoriques annoncées et les résultats obtenus.
Retrouvez ci-dessous une galerie de photos capturées avec le Canon EOS R1 :
Vidéo 6K 60p RAW en interne : le faux jumeau de… l’EOS R3
Le Canon EOS R1 dispose (aussi) d’un volet vidéo performant. Il propose ainsi l’enregistrement jusqu’en 6K RAW à 60 fps (12 bits, 2600 Mb/s), en interne et sans recadrage. Une belle prouesse en soi – si ce n’est que l’EOS R3 le permettait déjà avant lui.
On retrouve également la 4K DCI ou UHD jusqu’à 120 fps, ainsi que la Full HD jusqu’en 240 fps, toujours sans crop. Sans oublier la 4K et 60 fps rééchantillonnée depuis la 6K pour une meilleure qualité d’image.
Côté colorimétrie, Canon propose ses modes C-Log 2, C-Log 3, Long-GOP (entre autres). On notera aussi l’arrivée d’une petite tally lamp à l’avant, juste au-dessus de la mention « EOS », afin d’indiquer visuellement que l’enregistrement est en cours.
Sur le terrain, le mode vidéo tire pleinement parti des améliorations de l’autofocus introduites par la puce Digic Accelerator. La détection et le suivi du sujet sont particulièrement performants. En revanche, en cas de mouvements brusques, la stabilisation marque le pas. L’utilisation d’une gimbal reste conseillée. Enfin, petit regret : le boîtier ne permet (toujours) pas d’enregistrer directement ses séquences sur un SSD.
Autonomie : il est redoutable
Le Canon EOS R1 utilise une batterie LP-E19 – la même que celle utilisée par tous les boîtiers monoblocs de la marque depuis l’EOS-1D X Mark II. D’après Canon, l’autonomie maximale est censée dépasser les 1300 clichés (en visée écran) et 700 clichés avec le viseur électronique. À comparer avec les 860 clichés max. promis avec l’EOS R3.
Sur le terrain, sans grande surprise, il est possible d’aller beaucoup, beaucoup plus loin. Ainsi, lors du match de hockey sur glace (3 périodes de 20 minutes chacune), nous avons pu capturer plus de 7000 images… et repartir avec encore 2 barres de batterie ! Il est vrai que nous avions massivement eu recours à la rafale avec l’obturateur électronique. En revanche, prudence avec la vidéo, car elle a un impact certain sur la batterie.
Enfin, notez qu’il est possible de recharger l’EOS R1 via le port USB-C (et en utilisant un câble Power Delivery). Un vrai progrès par rapport à l’EOS R3.
Connectique et stockage
Toute la connectique est regroupée sur le flanc gauche du boîtier. On dispose d’une prise USB-C 3.2 Gen 2 10 Gb/s, d’une prise HDMI type A (plein format), de 2 prises jack (casque et micro), d’une prise synchro-flash et d’un port RJ45. La prise télécommande, de son côté, est logée à l’avant. Sur la tranche droite, on retrouve le deux logements pour cartes CFexpress Type B. Un choix pertinent pour supporter les rafales à 40 i/s et les vidéos en 6K RAW.
Du côté de connexions sans-fil, l’EOS R1 est l’un des premiers boîtiers photo à profiter du Wi-Fi 6E, pour une connexion et un transfert des données plus rapide. Le boîtier dispose aussi du Bluetooth 5.3 et… d’une puce compatible GPS, Glonass et Michibiki – le GPS japonais. Un point très appréciable pour une meilleure géolocalisation de vos photos.
Du reste, le boîtier peut être associé à un smartphone via l’appli Canon Camera Connect (iOS et Android). L’appairage est très facile. On peut ainsi contrôler à distance et transférer ses images facilement.
Canon EOS R1 : l’hybride sportif très performant, mais trop spécialisé
Performant et raisonnable. Voici comment peut être résumé le Canon EOS R1. Trois ans après l’EOS R3, Canon nous offre (enfin !) son boîtier le plus haut de gamme, celui qui doit coiffer toute sa gamme d’hybrides plein format.
Pour les professionnels de l’image, l’EOS R1 est un excellent boîtier. Une excellente qualité d’image, un viseur confortable (et sans blackout), un boîtier très robuste et ergonomique, une détection du sujet proprement bluffante, notamment grâce aux nouveaux modes AF… Clairement, l’hybride pro de Canon est parfaitement taillé pour l’action, sur tous les terrains. Il mérite donc pleinement le titre de « digne successeur de l’EOS-1D X Mark III ».
Seulement voilà : le Canon EOS R1 manque parfois d’ambition. Le principal signe est la définition de « seulement » 24 Mpx, ou l’absence de capteur global shutter. Le boîtier est de facto beaucoup moins polyvalent que ses rivaux dotés de capteurs de 45 ou 50 Mpx. De même, il souffre de la comparaison avec son « grand-petit frère », l’EOS R3, avec qui il partage beaucoup, beaucoup d’éléments. Seule la puce Digic Accelerator – et les modes d’AF liés à l’IA – permet de réellement différencier les deux boîtiers. Un comble.
Il semblerait logique que le boîtier le plus haut de gamme fasse figure de « leader », tel un idéal vers lequel tous les autres boîtiers doivent tenter d’atteindre. Clairement, cette figure existe au sein du lineup de Canon, et il ne s’agit pas de l’EOS R1 – mais de l’EOS R5 Mark II. Non pas que l’EOS R1 soit un « mauvais » flagship. Mais il manque clairement une certaine audace pour s’imposer comme le vrai porte-étendard que les canonistes attendaient depuis tant d’années.
De fait, le Canon EOS R1 peine à justifier pleinement son tarif (très) salé de 7449 €. Certes, il est aussi cher que le Sony A1 II – mais se montre 1650 € plus élevé que le Nikon Z9. De quoi nous laisser un petit goût amer. Ironique pour le boîtier censé couronner toutes les gammes de Canon…
Le Canon EOS R1 est disponible au tarif de 7449 € chez Digit-Photo, Miss Numérique, Camara, Photo-Univers, IPLN, à la Fnac et dans les boutiques spécialisées.