Le lancement de la monture RF de Canon avait retenu l’attention grâce à l’introduction d’objectifs spectaculaires comme le RF 28-70 mm f/2 L USM. Certes moins novateur, le RF 24-105 mm f/4 L IS USM était lui aussi l’un des fers de lance de la nouvelle monture et seul objectif vendu en kit avec le Canon EOS R à ce moment-là. Cependant, la désignation « d’objectif de kit » est très loin de rendre justice à la qualité de ce zoom car, après 3 ans d’utilisation, il s’est imposé comme un incontournable dans notre setup. Que valent aujourd’hui les performances de ce zoom f/4 ? Voici notre test complet du Canon RF 24-105 mm f/4 L IS USM.
Sommaire
Présentation du Canon RF 24-105 mm f/4 L IS USM
La popularité des zooms 24-105 mm est bien établie. Depuis l’époque des reflex, ils sont les champions de la polyvalence pour celui qui veut voyager léger : un zoom 4,4X, une ouverture constante relativement lumineuse à f/4, une stabilisation optique et des dimensions assez raisonnables. Ce modèle particulier a été introduit en 2018 lors de la présentation de l’EOS R. Outre l’arrivée en fanfare de Canon dans le monde des hybrides plein format, ce zoom visait à démontrer le savoir-faire de la marque avec une promesse de performance optique en hausse, la première introduction de la bague de contrôle. Le tout avec une petite cure d’amaigrissement à 700 grammes contre 795 grammes pour la version EF.
La réduction de gabarit était étonnante pour beaucoup d’entre nous, car ce zoom arrivait avec un diaphragme à 9 lamelles et une formule optique plus complexe (18 éléments contre 17 en EF, 14 groupes contre 12 en EF) avec 3 lentilles asphériques et un verre UD. De plus Canon poussait le curseur en tirant un IL de plus du mécanisme de stabilisation désormais annoncé à 5 stops contre 4. Cette réduction de gabarit a été encore plus appréciée lorsque le mastodonte RF 24-70 mm f/2.8 L IS USM et ses presque un kilo ont été révélés au grand public. Sur le papier, tous les voyants étaient au vert. Ce 24-105 mm est le transstandard de la trinité plus « abordable » des zooms f/4 (pas de 24-70mm f/4 de prévu à l’horizon).
Le Canon RF 24-105 mm f/4 L IS USM a aussi été le premier à introduire la technologie d’autofocus Nano USM qui allait se retrouver sur l’ensemble des zoom de la gamme L par la suite. Avec une tropicalisation à la Canon, rien ne manque à ce zoom haut de gamme.
Voici les caractéristiques techniques du Canon RF 24-105 mm f/4 L IS USM :
- plage focale : 24-105 mm
- objectif pour capteur plein format
- ouverture maximale : f/4
- ouverture minimale : f/22
- angle de champ : 84° – 23°20′
- construction optique : 18 éléments répartis en 14 groupes dont 3 lentilles asphériques et un verre UD
- diaphragme : circulaire à 9 lamelles
- distance de mise au point minimale : 45 cm
- stabilisation d’image : IS, jusqu’à 5 stops
- tropicalisation : étanche à la poussière et à l’humidité
- grossissement maximal : 0,24x
- mise au point : autofocus Nano USM
- diamètre du filtre : ø 77 mm
- dimensions : ø 83,5 × 107,3 mm (D x L)
- poids : 700 g
- monture compatible : Canon RF
- accessoires fournis : bouchon arrière, cache objectif, pare soleil, housse
Prise en main
Le Canon RF 24-105 mm f/4 L IS USM est un délice à l’usage. Il fait le même poids qu’un boîtier EOS R ou EOS R5 ce qui confère une sensation d’équilibre idéale. Les matériaux sont qualitatifs et résistants. L’objectif est très peu sensible aux traces de doigts, ce que nous apprécions. Comme précisé plus haut, ce zoom est doté d’une bague de commande à l’extrémité du fût. Il est possible d’assigner une fonction comme le réglage de la sensibilité ISO, de l’ouverture, de la vitesse ou bien encore de la compensation d’exposition et celle-ci manœuvre avec un clic rassurant.
Cette bague peut être « décliquée » pour ceux qui souhaiteraient gagner en fluidité et en silence mais ceci requiert un passage payant au SAV Canon – contrairement à ce qui se fait chez Sony et Sigma sur la monture FE par exemple.
A côté de cette bague de commande, les bagues de zoom et de mise au point sont texturées et de belle résistance. Les textures sont suffisamment différentes pour autoriser un usage à l’aveugle et le touché est fidèle au premium signé Canon.
À la base de l’objectif, nous retrouvons les habituels boutons AF/MF, stabilisation ON/OFF et à l’opposé de ceux-ci, un bouton de verrouillage du zoom. En effet, ce zoom se détend sous l’effet de son poids si tenu verticalement. Ce bouton « lock » permet de le maintenir à la position 24mm lorsqu’il accroché autour du cou ou porté à la ceinture. Il n’est malheureusement pas activable à une autre position du zoom.
L’objectif est livré avec un pare-soleil en pétale de fleur qui dispose d’un bouton de verrouillage. La qualité du plastique nous parait irréprochable, on reste dans du traditionnel pour un objectif série L tropicalisé.
Il n’y a aucune surprise à la prise en main de cet objectif. Il est fidèle au standard de la marque et en conformité avec le positionnement premium revendiqué. Le détail anodin sur le papier mais qui vaut de l’or sur le terrain est que toute la gamme f/4 de Canon partage désormais la même taille de filtre à 77 mm. Les vidéastes et photographes de paysage seront conquis pour mutualiser les accessoires comme les filtres.
Qualité d’image du Canon RF 24-105mm f/4 L IS USM
Cet objectif a été testé sur un appareil photo hybride Canon EOS R de 30,3 Mpx. Vous pouvez cliquer sur chaque image pour la voir dans une meilleure qualité.
Le Canon RF 24-105 mm f/4 L IS USM mérite sa désignation L et offre des performances très homogènes sur l’intégralité de sa plage focale. A 24 mm, l’image est solide dans le centre dès la pleine ouverture. On peut percevoir de faibles aberrations chromatiques, surtout sur les bords, mais celles-ci ne sont visibles que pour ceux qui les cherchent.
A mesure que l’on ferme le diaphragme, les coins gagnent en définition. Ceci est marginal car ils étaient déjà bon à f/4 mais si besoin, f/8 délivre leur plein potentiel. Le piqué est dans l’ensemble très satisfaisant sur cette position grand angle de bord à bord.
Cette excellente performance optique est conservée sur toute la plage entre 24 et 50 mm. L’objectif semble optimisé pour une efficacité maximale sur la première moitié du zoom. Ici aussi, la pleine ouverture est déjà très qualitative et le reste jusque f/11. L’image est quasi irréprochable : piquée, contrastée.
A partir de 70 mm, la zone des deux tiers au centre reste impeccable mais on perd un peu dans les coins à la pleine ouverture, rien de flagrant cependant. Ceci n’a pas vraiment d’incidence pratique dès lors que ce sont des focales avec lesquelles on souhaite généralement produire du bokeh. En fermant à f/8, on revient dans l’excellence.
La focale 105 mm est sans doute la plus « faible » dans les coins à f/4. Le centre ne concède cependant rien aux autres focales et ceci contribue à produire de beaux portraits, humains ou autres. Si l’on souhaite un maximum d’homogénéité, f/8 est l’ouverture à privilégier.
L’emploi du mot « faible » est très relative dans un monde d’excellence. On garde une très belle résolution si l’on excentre son sujet à 105 mm.
Au chapitre des défauts optiques traditionnels, on peut trouver du vignetage à 24 mm à la pleine ouverture, pas assez pour que ce soit un sujet. On peut noter un peu d’aberration chromatiques sur les bords à la pleine ouverture, pas assez pour ce que soit un sujet. On retrouve de la distorsion en barillet au grand angle et en coussinet à l’extrémité longue, pas assez pour que ce soit un sujet. Le seul point qui mérite d’être mentionné est la gestion du flare, très variable en fonction de l’intensité et de la position du soleil. Les artefacts peuvent être abondants ou totalement inexistants.
Le Canon RF 24-105 mm f/4 L IS USM est un objectif premium et délivre la performance correspondante. Il n’y a pas grand chose à lui reprocher.
Performances de l’autofocus
Cet objectif est le premier à avoir introduit la technologie Nano USM sur la monture RF. Rapide et silencieux, il est au niveau des références f/2,8. Il sera possible d’utiliser le micro interne du boitier en vidéo avec une pénalité minimale de bruits de mise au point s’invitant dans vos prises.
Combiné à la technologie Dual Pixel AF et aux algorithmes de détection/suivi des boitiers Canon, la facilité d’utilisation est déconcertante. Deux précisions à inclure ici. D’une part la rapidité et l’efficacité reste tributaire du boitier avec de bien meilleures performances sur les R5/R6/R3 que sur les R et RP. D’autre part f/4 ne fait pas de miracle en basse lumière avec une détection plus timide lorsque le capteur ne reçoit pas d’information. Ceci dit, à aucun moment nous nous sommes sentis véritablement handicapés.
Stabilisation optique : 1 à 2 seconde à main levée
Canon utilise un système de stabilisation avancé grâce à des informations enregistrées par le capteur gyroscopique de l’objectif mais aussi par le capteur qui détecte les vibrations de faibles fréquences. Ainsi, la stabilisation optique est capable de corriger plus efficacement les mouvements. Il en résulte une stabilisation annoncée à 5IL que nous avons aisément pu vérifier sur le terrain avec des temps de pose entre 1 s et 2 s sur notre EOS R dont le capteur n’est pas stabilisé. Un R5 permet d’obtenir ces vitesses un peu plus facilement mais ne va pas nécessairement vous permettre des temps de pose plus longs, même en retenant votre souffle.
L’efficacité du dispositif fait de ce zoom une solution encore plus polyvalente car il devient facile d’abaisser ses vitesses d’obturation en cas de prises nocturnes sur un sujet statique.
A qui s’adresse cet objectif ?
Avec des performances de premier plan, cet objectif s’adresse à tous, amateurs éclairés comme professionnels. Objectif à tout faire en voyage, à la fois léger et polyvalent, il peut servir en randonnée, en reportage, en paysage et portrait. Il peut également servir en photo de produit ou de studio où son ouverture n’est pas handicapante du fait de l’usage d’éclairages artificiels.
Enfin, le Canon RF 24-105 mm f/4 L IS USM est une solution idéale pour les vidéastes. L’efficacité de l’autofocus couplé à une stabilisation impeccable en font un objectif idéal pour ceux qui ne peuvent se permettre l’encombrement d’un stabilisateur externe et sont prêt à tolérer des séquences un peu moins fluides.
Quelles alternatives ?
Malgré la jeunesse de la monture, Canon offre pléthore de zooms transstandards. On peut penser au Canon RF 24-105 mm f/4-7,1 IS STM très bien positionné à 359 € en kit ou 499 € seul. C’est un objectif très petit, discret, léger et parfait pour les vacanciers. Mais il opère un certain nombre de concessions pour parvenir à un tarif aussi contenu. D’une part l’ouverture glissante – et nettement moins lumineuse à fond de zoom – fait perdre en bokeh et en performance ISO à mesure que l’on zoome. D’autre part, il ne profite pas pas d’une construction tropicalisée, n’offre pas le pare-soleil et adopte le vieil autofocus STM un peu fainéant. Avec 395 grammes et un tarif canon, c’est une très bonne option pour ceux qui n’ont pas besoin de la qualité d’image ultime car il n’égale jamais le piqué sur les côtés, même en fermant.
Les photographes les plus exigeants s’interrogeront sur les différences entre cousins de la famille L avec le RF 24-70 mm f/2.8 L IS USM. Traditionnellement, le zoom f/4 était l’alternative bon marché pour ceux qui n’avaient pas le budget pour acquérir une optique f/2.8. Il n’était pas seulement moins lumineux mais avait aussi des performances en retrait en matière de piqué ou des diverses aberrations. Nous sommes heureux de constater que c’est beaucoup moins vrai aujourd’hui. Si les photos présentées jusqu’ici ont été prises avec un Canon EOS R, il a fallu passer sur un EOS R5 pour réussir à mettre en évidence les petites différences entre ces 2 zooms.
Dans un scénario paysage, 24mm, f/9, contre-jour, il faut zoomer à 200% pour apercevoir un peu d’aberrations chromatiques dans l’immeuble en coin inférieur droit sur la version f/4. La version f/2.8 s’impose d’un cheveu. Le flare n’est pas idéal mais plutôt OK dans les 2 cas avec une seule tâche.
Dans un scénario reportage, 50mm, f/5.6, ici aussi on se fait mal aux yeux pour déceler les écarts. La version f/2.8 a un poil plus de contraste mais ils sont très difficiles à départager.
Enfin, si on veut produire le maximum de bokeh en fond de zoom et à leur pleine ouverture respective, on ne note aucune différence de piqué dans le centre. La version f/2.8 est clairement plus contrastée et offre un bokeh plus qualitatif. On a une légère teinte verte dans le bokeh de la version f/4 mais on notera aussi que la quantité de flou est équivalente du fait de la focale plus longue. Il faut reculer d’environ 1,2 mètres pour avoir la même taille de sujet à 105mm qu’à 70mm avec un certain impact sur le rapport à l’arrière-plan. Ceux qui sont sensibles à la notion de « modelé » remarqueront un look un peu plus 3D de la version f/2.8. Affaire de goût.
Que retenir de tout ça ? La version f/2.8 exploite mieux le capteur de 45 Mpx du Canon R5 avec un meilleur contraste, moins d’aberrations chromatiques et une meilleure résolution dans les coins… si les photos sont analysées à 200%. Que l’on ait besoin de chercher autant indique que le talent du photographe sera beaucoup plus important que le choix entre ces 2 zooms. Les deux autofocus sont les meilleurs sur le marché, il y a une différence évidente de focale et d’ouverture, de tarif et d’encombrement et chacun devra choisir où il souhaite se positionner sur ce spectre. Rappelons que le 24-70 mm f/2,8 est disponible au tarif de 2479 €, soit 1000 € de plus que le 24-105 mm f/4.
On peut enfin citer comme dernière alternative la version EF qui a précédé cet objectif, le Canon EF 24-105 mm f/4 L IS II USM. Déjà une très belle évolution par rapport à la version I, elle souffre selon nous de plus d’aberrations chromatiques, d’une image moins homogène, d’un autofocus moins sportif et d’une stabilisation moins efficace. Dès lors qu’elle est commercialisée au même prix de 1449€, il parait difficile de privilégier cette optique.
Conclusion
À première vue, un zoom 24-105mm ne fait pas rêver. Le Canon RF 24-105 mm f/4 L IS USM n’est pas le plus séduisant sur le papier par sa focale ou son ouverture mais dans la pratique, il reste incroyablement efficace.
L’objectif est relativement compact et discret, sa stabilisation est très aboutie et la montée en ISO des capteurs récents ont redéfinit ce que l’on est en droit d’espérer d’une ouverture f/4. Pour ceux qui n’ont pas un besoin de bokeh incroyable ou ne travaillent pas à la lumière d’une bougie, le Canon RF 24-105mm f/4 L IS USM pourrait être l’objectif à garder en permanence sur son boitier.
Le Canon RF 24-105 mm f/4 L IS USM est disponible au tarif de 1449 € chez Digit-Photo, IPLN, Miss Numérique, Digixo, Camara, Photo-Univers, à la Fnac et sur Amazon.