Test Sony A1 II : le retour du roi ?

9.1
sur 10

En novembre 2024, un an après le lancement du Sony A9 III, le constructeur dévoile son nouveau fleuron : le Sony A1 II. Ce modèle reprend le châssis et l’architecture interne de l’A9 III, notamment sa puce d’intelligence artificielle, tout en intégrant le capteur plein format BSI empilé CMOS de 50,1 Mpx stabilisé.

Cette configuration permet au Sony A1 II de conserver des rafales à 30 i/s, mais avec une reconnaissance et un suivi AF améliorés. L’ergonomie a également été optimisée, et la stabilisation d’image est désormais nettement plus performante. Côté vidéo, l’appareil reste capable de filmer jusqu’en 8K à 30 fps, tout en intégrant de nouvelles fonctionnalités comme le cadrage automatique et la gestion des LUT.

Mais ce concentré de technologies est-il suffisant pour rivaliser avec une concurrence de plus en plus redoutable ? Voici notre présentation et test complet du Sony A1 II, que nous avons eu l’occasion d’éprouver sur le terrain pendant plusieurs semaines.

Sony A1 II

Sony face à une concurrence plus féroce que jamais

La fin de l’année 2023 avait été marquée par l’annonce du Sony A9 III, premier appareil photo doté d’un capteur plein format à global shutter. Une révolution technologique qui permettait au boîtier de Sony de revendiquer le titre d’appareil le plus abouti sur le marché de la photo de sport.

Néanmoins, malgré ses performances impressionnantes, l’A9 III restait affiché à un prix inférieur que celui du Sony A1, le fleuron du constructeur. Lancé en 2021, l’Alpha 1 a été conçu pour dominer le marché des appareils « pro ». Il alignait ainsi des caractéristiques de pointe : capteur empilé de 50 Mpx, autofocus très réactif, rafales à 30 i/s et vidéo en 8K. Autant de balises techniques que les boîtiers concurrents feront tout pour égaler, voire surpasser.

Sony A1 II

Près de 4 ans plus tard, Sony revient avec son successeur, dont l’ergonomie est revue, mais peu modifiée en profondeur. En effet, si le Sony A1 II adopte le format de l’A9 III, il reprend le même capteur et la même rafale que son prédécesseur.

Sony A1 II

Le global shutter étant pour l’instant réservé à l’A9 III, le Sony A1 II compte essentiellement sur une puissance de calcul accrue pour se démarquer de son aîné. Ainsi, le nouveau venu se retrouve (enfin) équipé de la fameuse puce IA apparue avec le Sony A7R V fin 2022. À la clef, un autofocus plus réactif et surtout une reconnaissance évoluée des sujets les plus variés (humain, animaux, véhicules, insectes…).

Le Sony A1 II enrichit sa partie vidéo avec un mode de recadrage automatique ou encore une gestion des LUTs en temps réel.

À cela s’ajoute une stabilisation mécanique du capteur, capable de compenser jusqu’à 8,5 stops, une amélioration significative. Enfin, la fonction Pré-Capture permet de capturer des instants précieux avant même que le déclencheur ne soit complètement enfoncé.

Sony A1 II

Autant d’atouts que le Sony A1 II déploie pour distancer ses principaux rivaux, les Nikon Z8 / Z9 et le Canon EOS R5 Mark II.

Tout naturellement, ce type de boîtier très exigeant ne se destine pas au commun des mortels, ni même à toutes les bourses. Affiché comme l’hybride plein format le plus cher du marché (7499 €, comme l’A1 pendant longtemps), le Sony A1 II vise avant tout les professionnels du secteur, les agences de presse, les adeptes du reportage animalier ou alors les amateurs éclairés (et surtout fortunés).

Voici la liste des caractéristiques techniques du Sony A1 II :

  • Capteur : 24×36 Exmor RS BSI stacked CMOS 50,1 Mpx
  • Filtre passe-bas : Non
  • Processeur : Double Bionz XR + Sony AI Processing Unit
  • Monture : Sony E
  • Viseur électronique : OLED, 0,64 pouce, 9,44 Mpts, 120 Hz, 0,90x
  • Écran LCD : 3,2 pouces, 2,095 Mpts, ,orientable 4 axes
  • Autofocus : AF hybride
  • Nombre de points AF : 759
  • Couverture AF : 92 %
  • Détection et suivi automatique : humains (corps + visage + œil), chiens, chats, oiseaux (corps + visage + œil), voitures, avions, trains, insectes (corps + visage)
  • Plage AF : -5 à 20 EV
  • Sensibilité photo / vidéo : 100 à 32 000 ISO (extensible de 50 à 102 400 ISO)
  • Rafale (obturateur mécanique) : 10 i/s avec suivi AE/AF
  • Rafale (obturateur électronique) : 30 i/s avec suivi AE/AF
  • Obturation : 30s – 1/8000s (mécanique) – 30s – 1/32 000s (électronique)
  • Stabilisation du capteur : 5 axes, 8,5 stops
  • Vidéo : 8K 30p, 4K 60p ou 120p (crop 1,1x), Full HD 60p, slow motion Full HD 240p
  • Profils colorimétriques vidéo : S-Log 3, S-Cinetone
  • Stockage : 2 x CFExpress type A / SD UHS-II
  • Connectivité sans fil : WiFi 802.11 a/b/g/n/ac (2,4 et 5 Ghz), Bluetooth 5,0, NFC
  • Batterie : NP-FZ100, 2280 mAh
  • Rechargement par port USB : oui
  • Tropicalisation : oui
  • Dimensions : 136,1 x 96,9 x 82,9 mm
  • Poids : 752 g (avec batterie et cartes mémoire)
  • Prix au lancement (nu) : 7499 €

Ergonomie : un boîtier très abouti

Fidèle à la tradition des hybrides Sony, l’A1 II conserve un gabarit global raisonnable (136,1 x 96,9 x 82,9 mm). Avec son poids de 752 g, il est marginalement plus lourd que son prédécesseur, tout en restant bien plus compact qu’un Nikon Z8, sans même parler des monoblocs, qui se situent dans une autre catégorie. Il est finalement très similaire à un Canon EOS R5 Mark II en termes de masse et de dimensions. Il reprend en fait intégralement le design et l’ergonomie du Sony A9 III. Un schéma que le constructeur avait déjà appliqué avec le premier Sony A1 et le A9 II.

Sony A1 II

Le boîtier affiche ainsi des finitions solides en alliage de magnésium et polycarbonate offrant une bonne densité au tout. De plus, il bénéficie d’une protection contre les intempéries, bien qu’il ne soit pas conçu pour résister au gel.

Sony A1 II
Sony A1 II et Sony A1

Comme tous les A1 et A9, le Sony A1 II est équipé d’une molette sur l’épaule gauche permettant de régler facilement le mode de mise au point et l’entrainement des images. Simple, précis et efficace.

Le Sony A1 II présente une poignée plus marquée et aux angles arrondis, facilitant la prise en main. Ce confort est particulièrement apprécié lorsqu’on utilise aussi de longs objectifs ou même des optiques plus compactes. Cette poignée plus arrondie, déjà inaugurée avec le A9 III fait perdre en minimalisme au boîtier, mais le rend bien plus agréable en main.

Au-dessus du déclencheur, on trouve les boutons paramétrables C1 et C2, attribués par défaut aux réglages de la balance des blancs et à la sélection des collimateurs AF. Quant à la touche REC, elle est toujours située à droite du viseur.

Sur l’épaule droite, le Sony A1 II est doté de la molette PASM, qui surmonte un sélecteur permettant de basculer entre les modes photo, vidéo et S&Q (ralenti et accéléré). Juste derrière, on trouve deux autres molettes : celle de gauche pour ajuster la vitesse ou l’ouverture, et celle de droite pour l’exposition, que l’on peut paramétrer.

Comme avec le A9 III, une touche C5 a été ajoutée à l’avant du boîtier. Par défaut, elle active le mode de rafale boost, mais elle peut être reconfigurée pour d’autres fonctions. L’obturateur mécanique se ferme automatiquement à l’extinction afin de protéger le capteur contre la poussière (ou les doigts).

Sony A1 II

Au dos, le boîtier reprend l’écran tactile orientable sur rotule et inclinable de 2,035 Mpts de l’A7R V et de l’A9 III. Un moniteur aussi pratique pour les photographes et les vidéastes.

Le viseur électronique offre toujours une expérience visuelle impressionnante avec une définition de 9,44 millions de points (2048 x 1536 pixels), un grossissement de 0,9x et un dégagement oculaire de 21 mm. À ce jour, il demeure le viseur le plus détaillé disponible sur le marché. Capteur empilé oblige, la visée s’effectue sans aucun voile noir entre les images.

Dans le viseur, il est également possible de passer à un taux de rafraîchissement de 120 Hz pour une fluidité optimale ET sans perte de définition, une première pour Sony. Un mode 240 Hz est aussi proposé, bien qu’il réduise la qualité de l’affichage. Néanmoins, lorsque l’on fait la mise au point, on observe un léger tressaillement et une petite baisse de la définition. Un phénomène que l’on observait de façon plus prononcée sur le Leica SL3 par exemple. Rien de vraiment insurmontable, mais bien présent.

Sony A1 II

Sony propose ici, en option, un nouvel œilleton mou. Plus imposant, il permet de mieux isoler la visée et ce n’est pas pour nous déplaire.

Exception faite de l’écran, le dos du Sony A1 II rappelle celui de l’Alpha 1. On y trouve un joystick réactif, permettant de naviguer et de positionner les collimateurs AF. L’ergonomie est bien pensée, avec une préhension renforcée par la nouvelle poignée.

Sony A1 II

Pour les utilisateurs d’optiques longues ou lourdes, il est possible d’investir dans le grip VG-C5 de l’A9 III (vendu à 449 €) permettant d’ajouter une seconde batterie. À cause du nouveau gabarit, le grip VG-C4 n’est plus compatible.

Quelques limitations sont à noter : une fois de plus, les touches ne sont pas rétroéclairées et – même si ce n’est pas dans l’ADN des hybrides Sony – on aurait aimé retrouver un petit moniteur de contrôle sur la tranche supérieure. Certains diront que c’est superflu, cela ajoute une touche « pro » bienvenue, surtout à ce tarif. Et Sony sait faire puisqu’il y en avait du temps de leurs reflex et sur leurs bridges. Mais, bien entendu, cela aurait impliqué de modifier en profondeur le gabarit du boîtier.

Performances et qualité d’image

Le Sony A1 II est équipé d’un capteur empilé et stabilisé 24×36 BSI CMOS Exmor RS rétroéclairé d’une définition de 50,1 Mpx. Il s’agit de la même cellule sensible que sur le précédent A1.

Sony A1 II

Sony renouvelle ainsi un capteur très défini, sans filtre passe-bas, à même de contenter les photographes qui recherchent l’image la plus détaillée possible. En optant pour le mode APS-C, on obtient des fichiers de 21 Mpx. Une définition toujours très confortable pour le sport ou le reportage.

Les fichiers JPEG font environ 28 Mo, quand les RAW non compressés font approximativement 105 Mo. En compressant les RAW on obtient des fichiers d’environ 55 Mo.

Durant notre test, nous avons capturé des clichés avec plusieurs objectifs en monture E. Nous avons ainsi pu utiliser le tout nouveau FE 28-70 mm f/2 GM, le FE 70-200 mm f/2,8 GM OSS II (avec notamment un téléconvertisseur 1,4x), le Sigma 85 mm f/1,4 DG DN Art et même le Viltrox AF 28 mm f/4,5. Qui est, pour rappel, l’optique plein format avec autofocus, la moins chère de la monture E, vous avez dit cocasse ?

N’hésitez pas à cliquer sur les photos présentes dans ce test pour les afficher en qualité supérieure.

Belle défense – Sony A1 II – 85 mm f/1,4 DG DN | Art – 1/1000 s – ƒ / 1,4 – ISO 160
Flower Bokeh – Sony A1 II – FE 28-70 mm f/2 GM – 70 mm – 1/250 s – ƒ / 2 – ISO 100
Stadium Francia – Sony A1 II – Viltrox AF 28 mm f/4,5 FE – – 1/60 s – ƒ / 4,5 – ISO 2000
Ambiance victorienne – Sony A1 II – 85 mm f/1,4 DG DN | Art – – 1/200 s – ƒ / 1,4 – ISO 5000

Les images obtenues avec le A1 II fourmillent de détails et les couleurs sont – comme souvent chez Sony – très justes et avec de beaux contrastes. On voit ici que le constructeur vise ici un public qui veut avoir le plus de marge d’édition possible et ne cherche pas à donner à ses clichés une identité très marquée. À la place, Sony propose une image très fidèle, au plus proche de la réalité. Il demeure possible d’appliquer des ajustements poussés internes à ses images, mais il s’agit ici d’un fonctionnement plus complexe et moins accessible que chez Fujifilm ou même Nikon.

Gaël Fickou pensif – Sony A1 II – FE 70-200 mm f/2,8 GM OSS II – 200 mm – 1/800 s – ƒ / 2,8 – ISO 2500

La grande définition de 50 Mpx permet de recadrer allègrement dans le fichier sans perte de qualité. C’est toujours très plaisant de pouvoir zoomer dans son image à 100 % (voire au-delà) et constater les très nombreux détails de la texture d’une fleur ou encore du pelage d’un animal.

Montée en ISO

La sensibilité par défaut du Sony A1 II va de 100 à 32 000 ISO. Il est toutefois possible de l’étendre de 50 à 102 400 ISO.

Notons d’entrée que les fichiers RAW sont légèrement sous-exposés. C’est assez classique chez Sony et il faut prendre cela en considération lors du passage sous un logiciel.

Ceci étant, la qualité des clichés se montre excellente jusqu’à 800 ISO. On observe le bruit se manifester à 1 600 ISO, mais c’est à 3 200 ISO qu’un premier palier important est franchi. Le second palier majeur se situe à 12 800 ISO.

L’ensemble des valeurs précédentes est donc largement exploitable, tandis que les réglages supérieurs sont à réserver aux cas les plus extrêmes.

Cet aspect est d’autant plus vrai à la valeur maximale par défaut de 32 000 ISO et surtout pour les deux dernières positions à 51 200 et 102 400 ISO, difficilement exploitables tant le grain est prononcé.

Avec un capteur aussi défini, le Sony A1 II fait un excellent travail pour trouver l’équilibre entre niveau de détail, sensibilité et bruit numérique, même si ce dernier peut naturellement se faire très présent dans certaines conditions peu courantes.

Isabelle Ithurburu – Sony A1 II – FE 70-200 mm f/2,8 GM OSS II – 200 mm – 1/1250 s – ƒ / 2,8 – ISO 16000

Toutefois, alors que Sony annonçait que l’A1 II serait plus performant que le premier Alpha 1 en termes de gestion des hautes sensibilités, nous n’observons aucune différence significative sur notre scène de test.

51 200 ISO : à gauche le Sony A1 II ; à droite le Sony A1

À valeur identique, de 6400 à 102 400 ISO, les deux boîtiers se comportent de façon tout à fait similaire. Cela demeure très bon, mais pas tout à fait en adéquation avec les dires de la firme nippone.

Dynamique : toujours au top

Il n’y avait presque aucun suspens et, comme attendu, le Sony A1 II propose une excellente gestion de la dynamique de son capteur. En ce qui concerne la récupération des zones sous-exposées, le boîtier s’en sort admirablement bien. Il est ainsi possible de rattraper sans peine jusqu’à -3 IL sans observer une quelconque dégradation dans le fichier. La première vraie apparition du bruit se fait vers -4 IL, même si cela demeure encore assez discret.

Toutefois, une fois cette valeur passée, l’image perd irrémédiablement en luminosité et, outre le bruit, il faudra composer également avec une certaine dérive de la teinte.

Au niveau de la restitution des hautes lumières, il est tout à fait possible de récupérer des données jusqu’à +2 IL sans constater de dérives majeures. Une fois dépassée cette valeur, la colorimétrie est durablement altérée. Au-delà de + 3 IL, outre la variation des couleurs, on perdra alors nettement en détail.

Pixel Shift et Pré-Capture

Comme avec le Sony A9 III, le constructeur propose une option pour limiter le bruit. Une fois enclenché, le boîtier va enregistrer des rafales de 4, 8, 16 ou 32 images qu’il faudra alors fusionner via le logiciel Sony Imaging Edge (pour Windows ou macOS). L’application va procéder (un peu) à la manière du pixel binning sur nos smartphones pour proposer une image plus propre et moins bruitée.

Le A1 II reprend également le mode Pré-Capture qui permet au à l’appareil de capturer des clichés entre 0,03s et 1 seconde avant le déclenchement. Le nombre d’images enregistrées dépend de la cadence de la rafale choisie. Cela nous donne alors l’occasion de plus manquer le moment crucial d’une action.

Le Sony A1 II est pourvu d’un mode Pixel-shift de 199 Mpx. Sur trépied seulement, l’appareil prend une série de 4 ou 16 clichés en déplaçant très légèrement le capteur. Il faut ensuite les assembler via le logiciel Sony Imaging Edge pour obtenir (au maximum) un fichier de 199 Mpx (17 280 x 11 520 px). On peut exporter en TIFF 16 bits, avec une image de 1,2 Go ou en JPEG, pesant alors 195 Mo.

Le mode est très intéressant pour la reproduction de documents ou d’œuvres d’art. Toutefois, il faut s’assurer d’une parfaite stabilité, la fonction étant très sensible au moindre mouvement.

On dispose sur le logiciel d’une option pour compenser les mouvements. Vous pouvez trouver une de ses applications pratiques avec les photos ci-dessous. La série de photos a été capturée avec une backlight clignotante entre plusieurs couleurs.

Dans un des cas, nous n’avions pas activé l’option de compensation des mouvements et il en résulte un effet arc-en-ciel étrange à l’arrière-plan. Avec le second essai, nous avions activé la fonction et le logiciel a réussi à ne conserver qu’une seule couleur, pour un résultat bien plus convaincant.

Autofocus et suivi

Sony utilise un autofocus hybride avec 759 points AF sélectionnables et couvrant 92 % de la surface du capteur. On peut ainsi faire le point presque où on le souhaite.

Le Sony A1 II est le premier boîtier de cette gamme à obtenir la puce IA, voyant alors son autofocus renforcé grâce au Deep Learning. Chez les humains, l’AF repère et suit les visages et les yeux. Il analyse aussi les différentes parties du corps pour « prédire » la position du sujet. Sony estime la reconnaissance de l’Alpha 1 II 30 % plus performante que celle du premier modèle.

Goal or no goal ? Sony A1 II – FE 70-200 mm f/2,8 GM OSS II + téléconvertisseur 1,4x – 98 mm – 1/1000 s – ƒ / 4 – ISO 2500

Outre les humains, l’appareil détecte et suit les animaux divers et variés, les oiseaux (œil, visage et corps dans les deux cas), ainsi que les insectes. Il autorise aussi une reconnaissance des véhicules (trains, avions, voitures et hélicoptères), mais pas spécifiquement des deux-roues.

Fumeur illuminé – Sony A1 II – 85 mm f/1,4 DG DN | Art – 1/200 s – ƒ / 1,4 – ISO 200

Si c’est très impressionnant, il n’y a rien d’inédit dans ces modes de reconnaissance des sujets, puisque tous les hybrides de Sony lancés depuis la fin 2022 disposent d’un système similaire. Là où l’A1 II se montre plus novateur c’est grâce à un nouveau mode « auto ». Il n’est alors plus besoin de choisir le sujet à reconnaître, le boîtier le fait automatiquement. Tout en privilégiant les humains. On peut de plus paramétrer ce mode, en choisissant depuis le menu si l’on souhaite exclure tel ou tel sujet.

Ainsi, on peut décider de brider l’appareil pour qu’il ne reconnaisse en mode automatique uniquement (pour l’exemple) les animaux et les véhicules. Si certains concurrents comme Nikon disposaient déjà d’un mode de reconnaissance automatique, Sony est un des premiers à en autoriser la personnalisation.

Essai ! Sony A1 II – FE 70-200 mm f/2,8 GM OSS II + téléconvertisseur 1,4x – 280 mm – 1/800 s – ƒ / 4 – ISO 4000

Quoiqu’il en soit, la mise au point automatique est d’une rare vélocité et précision. Ce boîtier fait clairement parti des meilleurs. Le taux de déchets est négligeable. Lorsque c’est possible, l’œil est acquis instantanément, même si le sujet est de profil, voire avec le visage un peu dissimulé. Une fois le point verrouillé, même si le modèle se tourne et bouge, l’AF colle comme jamais.

De vrais japonais ? Sony A1 II – FE 28-70 mm f/2 GM – 64 mm – 1/160 s – ƒ / 2 – ISO 2500

Peu importe les conditions lumineuses, il est très compliqué de faire faillir l’autofocus du Sony A1 II. Ce genre de performances a beau devenir de plus en plus courantes, notamment chez Sony, cela reste toujours aussi satisfaisant.

Rafale et buffer

Le Sony A1 II n’est plus, comme l’A1 en son temps, l’appareil plein format le plus rapide du marché. Sa rafale à 30 i/s est toujours très impressionnante, mais il a été rejoint (et surpassé) par des boîtiers parfois moins haut de gamme (Canon EOS R8, Panasonic Lumix S9, pour ne citer que les moins ambitieux).

Ceci étant dit, cela reste une excellente valeur, surtout que l’on peut compter sur un suivi autofocus sans faille, ou presque. Les 30 i/s sont atteint en obturation électronique et en RAW compressés. En RAW non compressés, il faudra se contenter de 20 i/s, ce qui est déjà largement suffisant. En obturation mécanique, la rafale tombe à 10 i/s.

Extrait d’une rafale à 30 i/s.

Une fois le sujet acquis, il faut vraiment qu’un objet obstrue totalement le champ pour que le boîtier perde le point. L’AF prédictif est si bon que rares sont les déchets. Nous avons pu constater ce comportement durant deux matches de football et de rugby. Malgré les mouvements erratiques des joueurs, l’A1 II ne faillit pas.

Et ça frappe ! Sony A1 II – FE 70-200 mm f/2,8 GM OSS II + téléconvertisseur 1,4x – 98 mm – 1/1000 s – ƒ / 4 – ISO 2500

Notez que, comme toujours, les cadences de 20 et 30 i/s sont réservées à certaines optiques Sony triées sur le volet. Pour les autres, et notamment celles des constructeurs tiers, il faudra se contenter de 15 i/s, ce qui est moins impressionnant, mais largement suffisant la plupart du temps. Nous n’aurions pas dit non à une option plus poussée en fonction du type de sport, comme Canon a pu proposer avec ses EOS R5 Mark II et EOS R1, mais nous chipotons.

Observez le petit logo en haut à gauche, symbolisant l’activation du boost rafale.

Sony a eu la bonne idée de reconduire la fonction « gain de vitesse de prise de vue en continu », attribuée par défaut à la touche C5. Comme sur l’A9 III, elle donne un « boost » à la rafale. On peut ainsi passer (temporairement) d’une rafale de 15 à 30 i/s, par exemple, ou de 10 à 20 i/s, cela étant totalement paramétrable entre 5 et 30 i/s. C’est moins stupéfiant que sur un A9 III, où l’on peut passer de 10 à 120 i/s d’un clic, mais cela reste une option bien utile pour ménager sa mémoire tampon (et sa carte mémoire).

Las, Sony semble s’arcbouter et n’est toujours pas décidé à doper un peu la mémoire tampon de ses boîtiers. Il apparait que depuis le début des hybrides sportifs, la puce allouée au buffer est limitée à quelques maigres gigaoctets. De facto, et avec des cartes CFexpress de type A – certes compactes, mais bien moins performantes que leurs consœurs de type B — la mémoire tampon du Sony A1 II est loin d’être mirobolante.

Elle est ainsi identique à celle du premier modèle et performe comme suit :

Obturation mécanique (10 i/s)Obturation électronique (20 ou 30 i/s)
RAW non compressés + JPEG : 157 imagesRAW non compressés + JPEG : 85 images
RAW compressés sans perte + JPEG : 515 imagesRAW compressés sans perte + JPEG : 103 images
RAW compressés + JPEG : 999+ imagesRAW compressés + JPEG : 153 images
JPEG seuls : 999+JPEG seuls : 175

En obturation mécanique, le plafonnement à 10 i/s permet d’obtenir un buffer assez conséquent (sauf en RAW non compressés malheureusement).

Mais en obturation électronique et en RAW non compressés, on tiendra moins de 5 secondes en rafale, et à peine plus en compressant les RAW au maximum, un peu court pour le 100 m et un boîtier qui revendique sa place haut et fort aux Jeux olympiques.

La faute revient donc à cette mémoire tampon que l’on peut estimer à seulement 8 Go, là où Fujifilm annonce 64 Go avec son X-H2S ! Mais aussi à la taille des fichiers de Sony. Les RAW non compressés affichant un poids plus de deux fois supérieur à ceux de Canon et son EOS R5 Mark II, alors que 5 petits Mpx séparent les deux boîtiers.

Centre-tir – Sony A1 II – FE 70-200 mm f/2,8 GM OSS II – 188 mm – 1/1000 s – ƒ / 2,8 – ISO 1600

Sony fait toutefois jeu égal avec Nikon, qui avec ses Z8 / Z9 et les RAW à leur plus haut niveau de qualité ne peut dépasser les 83 clichés à 20 i/s avec les meilleurs CFexpress de type B.

Néanmoins, ces RAW, déjà compressés sans perte, peuvent l’être davantage et on peut alors dépasser les 1000 images capturées consécutivement. On perd évidemment en qualité, mais cela permet d’avoir une plus grande souplesse sur le terrain. Quoiqu’il en soit, les agences préférant travailler en JPEG, avec moins de 6 secondes d’enregistrement d’affilés, on ne peut aussi que regretter que Sony n’ait pas changé son fusil d’épaule. Heureusement, en JPEG le temps d’inscription sur la carte est considérablement raccourci, ce qui donne plus de latitude.

Un rolling shutter très bien maîtrisé

Le capteur empilé du Sony A1 II lui permet de compenser au maximum les distorsions liées à l’effet de rolling shutter.

On observe un excellent comportement du capteur, même avec notre ventilateur de test. On remarque que la vitesse de lecture du capteur de l’A1 II serait même bien supérieure à celle du Canon EOS R5 Mark II. Le boitier de Sony proposant une image beaucoup plus nette et moins déformée.

Pour assurer un peu plus son coup, il sera toujours possible de repasser en obturation mécanique. Mais ici, la rafale plafonnera à 10 i/s et surtout, on sera moins discret. Ceci étant dit, l’obturateur de l’Alpha 1 II – comme celui de l’A1 – est d’une rare douceur. À l’instar du déclencheur d’un Leica M11-P, on prendrait presque plaisir à l’écouter.

Observez cette belle jambe non-déformée. Sony A1 II – FE 70-200 mm f/2,8 GM OSS II + téléconvertisseur 1,4x – 98 mm – 1/1000 s – ƒ / 4 – ISO 2000

Une stabilisation performante

Sur le papier, Sony présente son A1 II comme un des boîtiers les plus performants en termes de stabilisation mécanique du capteur.

À présent (et de concert avec le FE 50 mm f/1,2 GM), le boîtier pourrait compenser jusqu’à 8,5 stops, soit plus de 3 secondes à main levée avec la focale idoine ! Enfin, cela vaut pour le centre du cliché. En périphérie le pourcentage d’images acceptables serait limité à 7 stops.

Fuite en avant – Sony A1 II – FE 28-70 mm f/2 GM – 70 mm – 1 s – ƒ / 3,2 – ISO 100

C’est en tout cas bien mieux que les 5,5 stops du précédent modèle. Bien entendu, il s’agit de mesures en laboratoire qui ne se vérifient que rarement, voire jamais, sur le terrain. Plus concrètement, nous saluons les bonnes performances de ce Sony A1 II qui fait un très bon travail pour compenser les vibrations du photographe.

Avec une focale fixe non stabilisée comme le Sigma 85 mm f/1,4 DG DN Art nous avons réussi à compenser – dans le meilleur des cas – jusqu’à 6 stops, ce qui permet tout de même de photographier à 1/2 s avec un petit téléobjectif, ce qui est loin d’être anecdotique.

Joli lampion – Sony A1 II – 85 mm f/1,4 DG DN | Art – 1/2 s – ƒ / 11 – ISO 100

Voici une sélection de photo réalisées avec le Sony A1 II :

Un mode vidéo 8K très complet et bien fourni en options

En vidéo, peu de nouveautés. On retrouve de la 8K UHD et à 30 fps. Ce mode a un débit de 520 Mb/s en 4:2:2 10 bits. Pour une cadence plus élevée, il faut passez par la 4K qui, elle, permet une capture en 4:2:2 10 bits et à 600 Mb/s jusqu’à 60 i/s en All-Intra. Seul le mode ralenti à 120 i/s laisse entrevoir un léger recadrage x1,1.

En cela, on ne note guère d’évolution par rapport à l’A1 1re génération et Sony se montre même assez conservateur par rapport à Nikon Z8 ou Canon EOS R5 Mark II qui autorisent une capture en 8K RAW ou ProRes, en interne et à des débits affolants.

Montage séquences 8K 30 Sony A1 II.

Les images sont tout de même assez flatteuses et très détaillées. Surtout que le boîtier peut compter sur un autofocus aussi efficace et performant en vidéo qu’en photo. Attention tout de même au rolling shutter en 8K, malgré le capteur empilé, si vous filmez et suivez des actions rapides, vous observerez assez logiquement quelques déformations sur les verticales. Cela s’atténue grandement dans les définitions inférieures.

Le Sony A1 II récupère aussi nombre d’options intéressantes pour la vidéo : on pense à la Focus Map, instaurée avec l’A7 IV et qui sert à régler précisément la mise au point manuelle. Le boîtier obtient aussi le mode « Auto Framing ». Proposé sur certains boîtiers depuis le Sony ZV-E1, il permet, par recadrage dans le capteur, de toujours suivre et maintenir un sujet dans le champ.

À cette fonction, Sony en ajoute aussi une, dite « Stabilisation du cadrage ». Elle procède un peu de la même façon que l’Auto Framing, en recadrant fortement dans l’image pour conserver un sujet automatiquement bien au centre du cadre. On peut ensuite voir l’image se déplacer légèrement pour compenser les (légers) mouvements du sujet.

Stabilisation par recadrage Sony A1 II

En sus de cette stabilisation « magique » on retrouve aussi un mode de stabilisation « dynamique active », qui crop toujours plus dans l’image, mais qui se montre très efficace. Il faut réserver son utilisation avec des optiques assez grand-angle. De même, notez que les modes de stabilisation numérique ne fonctionnent pas en 8K.

Options stabilisation vidéo Sony A1 II

Les cinéastes peuvent aussi compter sur le S-Log 3. De même, le boîtier intègre le S-Cinetone, qui offre un rendu plus flatteur des teints de peau. Sans oublier la gestion des LUTs que l’on peut transférer directement depuis son smartphone.

Également, une fois les séquences enregistrées, on peut en extraire des photos directement depuis le menu lecture de l’appareil.

Autonomie : un boîtier endurant

Le Sony A1 II utilise la batterie NP-FZ100 (2280 mAh). Comme pour l’A9 III, cet accumulateur est annoncé – sur le papier – comme un peu moins endurant que sur l’A1 premier du nom avec 420 et 520 clichés (EVF / écran), contre 430 et 530 auparavant. Une différence négligeable qui n’impacte pas vraiment l’expérience sur le terrain, qui s’éloigne bien vite de ces chiffres, surtout dans une pratique sportive.

En effet, sur le terrain en alternant les captures simples, avec des rafales à 20 ou 30 i/s (RAW non compressés et compressés) nous avons pu enregistrer 2751 clichés, ainsi que plusieurs minutes de séquences en 8K et nous nous sommes retrouvés avec encore 28 % de batterie. Sachant qu’en plus, nous étions de nuit, en extérieur par une température sous les 10°C !

Dans ce même cas de figure, il aurait ainsi été possible de capturer au moins 4000 photos avant de tomber à 0%.

Connectique et stockage

Le boîtier est équipé de deux ports jack 3,5 mm (micro et casque), d’une prise HDMI de type A, d’un port USB-C 3.2 (10 Gb/s), d’une prise télécommande micro-USB, d’un port Ethernet RJ-45 (2,5 Gb/s) et d’une prise synchro flash. La griffe porte-accessoire est aussi compatible avec une interface audio numérique.

Pour le stockage des images et des séquences, l’A1 II est doté de deux slots pour cartes CFexpress Type A. Ils sont aussi compatibles avec les cartes SD UHS-II. Il est possible d’activer une redondance ou le débordement de l’enregistrement. Une fois encore, on regrette l’impossibilité d’enregistrer des vidéos directement sur SSD.

Pour la gestion sans-fil, le boîtier est équipé de puce Wi-Fi 802.11 ac 2×2 MIMO 2,4 et 5 GHz, ainsi que du Bluetooth 5.2 Low Energy. Il est compatible avec l’application Creator’s App (iOS et Android) lancée en février 2023.

La détection et l’appairage se fait immédiatement. L’application permet un pilotage fluide à distance ou de transférer ses images et vidéos sans problème. On peut aussi gérer l’importation de LUTs directement depuis notre smartphone ou le cloud de l’app. Cela permet de personnaliser facilement ses séquences vidéos. Une fonction très pertinente pour les professionnels comme pour les amateurs éclairés.

Sony A1 II : l’âge de raison, mais à quel prix ?

Sony se devait de réagir alors que Nikon et Canon avaient sorti des boîtiers toujours plus performants ces quatre dernières années.

Heureusement pour lui, le géant de l’électronique disposait avec le premier Alpha 1 d’une excellente base, toujours très pertinente en 2024. Ainsi, Sony a ajouté à cette base l’ergonomie et l’autofocus de son dernier boîtier A9 III … et voilà l’A1 II. Un appareil photo rivalisant sans peine avec les Nikon Z8 et autres Canon EOS R5 Mark II, mais qui laisse un arrière-gout d’inachevé.

À n’en point douter, le Sony A1 II est un appareil exceptionnel, cochant presque toutes les cases du fleuron pour les professionnels et les technophiles, avec son capteur toujours exceptionnel ou encore sa rafale fulgurante et son suivi AF sans faille. Néanmoins, alors que l’A9 III laissait entrevoir monts et merveilles avec son global shutter, nous sommes un peu frustrés de ne pas retrouver un tel saut technologique avec le A1 II. La formule a été peaufinée, mais, si l’on voulait être rabat-joie, on pourrait simplement qualifier le A1 II de bête « mise à jour ». Si on apprécie l’ergonomie repensée ou l’autofocus dopé à l’IA, il n’y a finalement rien ici que nous n’avions déjà vu (et approuvé).

Surtout, si l’on observe la concurrence, on se demande encore comment le Sony A1 II peut justifier son tarif ahurissant de 7500 € ? Là où les deux rivaux Canon et Nikon sont proposés sous la barre des 5000 €. Certes, cela reste cohérent dans la gamme de Sony, mais peut-être aurait-il fallu laisser l’atypique A9 III seul dans son monde tarifaire à part (avec un Canon EOS R1 tout aussi mal positionné) et proposer cet A1 II à un tarif plus raisonné. Cela aurait bien sûr mis à mal sa place de flagship et Sony aurait dû repenser toute sa stratégie. Aussi, il est assez curieux de commercialiser un boîtier tellement « pro » quelques mois à peine après les derniers Jeux Olympiques d’été.

Il serait injuste de nier que le Sony A1 II reste l’un des meilleurs appareils photo du marché, si ce n’est le meilleur ? Ceci est ouvert à débat.

Le Sony A1 II est disponible en précommande au tarif de 7499 € chez Digit-PhotoMiss NumériqueIPLNPhoto-UniversCamara, à la Fnac et dans les boutiques spécialisées. Les livraisons devraient débuter à partir du mois de décembre 2024.

Test Sony A1 II : le retour du roi ?
Fabrication / finitions
8.7
Ergonomie
8.7
Qualité d'image
9.5
Montée ISO
8.8
Efficacité de l'autofocus
9.4
Fonctionnalités
9.2
Vitesse en rafale
9.8
Capacité du buffer
8.8
Stabilisation
8.5
Autonomie
8.5
Vidéo
9.2
Rapport qualité-prix
7.8
Points forts
Suivi AF redoutablement performant
Excellente qualité d'image
Très bonne gestion de la dynamique
Rafale rapide à 30 i/s
Mémoire tampon correcte
Ergonomie très travaillée
Double slot CFExpress Type A / SD UHS-II
Viseur 120 Hz très confortable
Mode vidéo très complet
Points faibles
Bruit à hauts ISO
Pixel-shift uniquement possible avec un trépied
Prix très élevé
9.1
sur 10