Lancé en novembre 2023, le Leica M11-P est la troisième version du célèbre boîtier hybride télémétrique du constructeur allemand. Il reprend les caractéristiques phares du M11, notamment son capteur plein format de 60 Mpx. Fidèle à l’ergonomie minimaliste qui a fait la renommée de la gamme depuis près de 70 ans, il reste dépourvu d’autofocus et ne permet toujours pas de filmer.
Cependant, il se distingue par l’intégration de la norme Content Authenticity Initiative, qui garantit la traçabilité des images et empêche toute falsification. Bien que classique dans sa conception, le M11-P exige une certaine maîtrise pour exploiter pleinement ses capacités. Nous avons eu l’occasion de le tester pendant plusieurs semaines. Voici notre test complet du Leica M11-P, qui ne diffère d’ailleurs que très peu du Leica M11.
Sommaire
- Présentation du Leica M11-P
- Ergonomie et prise en main du Leica M11-P
- Performances et qualité d’image du Leica M11-P
- Montée en ISO : un exemple de gestion de la sensibilité
- Rafale et buffer du Leica M11-P : le minimum syndical
- Autonomie du Leica M11-P
- Connectivité filaire et sans-fil
- Leica M11-P : pour les initiés uniquement ?
Présentation du Leica M11-P
Leica a pour habitude de décliner chacun de ses modèles en différentes versions. Depuis le lancement du premier M11 début 2022, l’appareil photo télémétrique (sans autofocus, ni mode vidéo) a déjà connu trois variantes.
En plus de la version « classique », Leica propose le M11 Monochrom qui, comme son nom l’indique, ne capture que des clichés en noir et blanc. En octobre 2023, Leica a dévoilé le M11-P, que nous testons aujourd’hui. On trouve aussi le M11-D, annoncé en septembre 2024, qui simplifie l’expérience au minimum en retirant l’écran de l’appareil.
Reprenant les lignes, l’ergonomie et le capteur du M11, le Leica M11-P est un M11, sauf sur trois points, plus ou moins anecdotiques. La pastille rouge « Leica » a disparu de sa face avant. Le stockage interne du boîtier passe de 64 à 256 Go. Enfin, l’appareil est doté d’une fonction de traçabilité des images permettant de leur assurer une certification CAI (pour Content Authenticity Initiative).
Ce M11-P est ainsi le premier appareil du marché à permettre la traçabilité des images dans le but de prévenir de la falsification et de la diffusion de fausses informations. Comme nous en parlions lors du lancement, grâce à une puce spéciale, pour chaque photo enregistrée, le M11-P appose des métadonnées inviolables afin d’assurer l’authenticité des clichés. Même éditées, recadrées puis exportées, ces images garderont une trace de la photo originale.
Sur la plateforme Content Credentials, on peut observer le cliché initial, comme les différentes opérations de retouches réalisées (couleurs, cadre, exposition, etc.) ainsi que le logiciel de traitement utilisé.
Hormis cette fonction inédite, qui rassurera peut-être certains professionnels, il est difficile d’imaginer la cible d’un tel appareil. Les Leica M sont des boîtiers très exigeants qui demandent une vraie maîtrise de leur système de mise au point manuelle peu courant.
Son capteur plein format de 60 Mpx, qui permet d’obtenir des clichés très définis, n’en fait cependant pas le meilleur allié pour une utilisation simplifiée au quotidien. Plus que les professionnels, ou les amateurs de la photo, le Leica M11-P vise un marché de puristes assez fortunés. Ce produit de niche séduira davantage les collectionneurs et les adeptes d’édition limitée.
La « chance » des Leica M est l’absence presque totale de concurrence directe si ce n’est les anciens modèles, numériques comme argentiques. La marque française Pixii est le seul constructeur à produire des appareils télémétriques en monture M. Son Pixii Max est cependant un rival du Leica M11-D, les deux boîtiers étant dépourvus d’écran.
Finalement, et si le rival le plus pertinent de ce Leica M11-P (et des M11 en général) n’était autre que le Leica Q3 ? On perd certes la monture interchangeable, mais on gagne une optique 28 mm f/1,7 très piquée, un autofocus assez performant et un appareil globalement plus aisé à manipuler. À méditer.
Voici les caractéristiques techniques principales du Leica M11-P :
- capteur : 24×36 BSI CMOS 60,3 Mpx
- filtre passe-bas : non
- processeur : Leica Maestro III
- monture : Leica M
- viseur électronique : télémétrique, grossissement 0,73x
- écran LCD : 3,2″, 2,3 Mpts
- mise au point : manuelle
- autofocus : N.A.
- nombre de points AF : N.A.
- couverture AF : N.A.
- détection et suivi automatique : N.A.
- plage de détection AF : N.A.
- sensibilité : 64 à 50 000 ISO
- rafale : 4,5 i/s
- obturation : 60s – 1/4000s (mécanique) ; 1/16 000s (électronique)
- stabilisation : N.A.
- vidéo : N.A.
- stockage externe : SD UHS-II
- stockage interne : 256 Go
- connectivité sans fil : Wi-Fi 2,4 et 5 GHz, Bluetooth 4.2
- batterie : Leica BP-SCL7 – 1800 mAh
- rechargement par port USB : recharge via USB-C
- tropicalisation : N.A.
- dimensions : 139 x 80 x 38,5 mm
- poids : 530 g (avec batterie)
- prix au lancement : 8950 €
Ergonomie et prise en main du Leica M11-P
L’ergonomie d’un Leica M n’a finalement que peu varié depuis le lancement de la gamme avec le M3… en 1954. On dispose d’un appareil de 139 x 38,5 x 80 mm et pour 530 g, pour la version noire en aluminium – 640 g pour la version argent en laiton.
Grâce à sa faible épaisseur, le boîtier est assez compact, mais cela se fait au détriment de la prise en main. En effet, comme sur le Q3, le M11-P n’a pas de poignée et sa face avant est totalement lisse. Avec une optique réduite comme le Summicron 35 mm f/2 APSH que nous avions en kit, cela n’a guère de conséquence.
Toutefois, avec un objectif plus volumineux comme le TTArtisan 50 mm f/0,95, qui fait 7,5 cm de long pour 700 g, l’équilibre est plus délicat. Ceci étant mentionné, sans objectif, ce boîtier, quasiment sans aspérité, se glisse assez facilement dans une poche. La compacité de la plupart des objectifs Leica M permettant d’en transporter plusieurs sans souci également.
Comme souvent chez Leica, les finitions sont excellentes et on a parfois l’impression d’avoir une pièce d’orfèvrerie entre les mains. Très dense, l’appareil respire la solidité et semble fait pour être trimballé un peu partout, du Bhoutan au Kalahari.
Néanmoins, le M11-P n’étant pas protégé contre les infiltrations d’eau et de poussière, on réfléchira à deux fois avant de l’emmener dans des environnements difficiles. Toutefois, on note qu’une fois l’appareil éteint, l’obturateur se ferme pour protéger le capteur. Il est aussi possible d’activer une option pour que cela se produise également quand on change d’optique.
La tranche supérieure du M11-P est dotée de deux molettes. La première à gauche est dédiée au contrôle de la sensibilité ISO. Elle s’active en la poussant légèrement vers le haut. La seconde permet de choisir la vitesse d’obturation. On retrouve ensuite le déclencheur et un bouton personnalisable.
À ce sujet, chez Leica, hormis les molettes et la touche menu, toutes les commandes sont paramétrables. Cela se fait soit en passant par les menus, soit en maintenant appuyé quelques instants une touche, ce qui est toujours très pratique. Au dos, on dispose de trois boutons « Play », « FN » et « Menu », une croix de sélection ainsi qu’une molette cliquable.
Pour cadrer, l’atout et la principale distinction des Leica M est le viseur télémétrique. L’appareil n’étant pas doté d’autofocus, la mise au point est totalement manuelle. Pour faire le point, il faut aligner deux petits rectangles situés au centre du viseur.
Connu depuis très longtemps, ce procédé n’est pas toujours simple à maîtriser. Le viseur est particulièrement étroit par rapport aux standards modernes et la zone du point installée au centre est vraiment petite. Pour faire le point sur un élément en périphérie de l’image, il faut centrer le sujet, faire le point, puis recomposer l’image. Si cela semblera anodin pour les habitués, les non-initiés devront s’attendre à une petite phase d’apprentissage.
Pour plus de simplicité, il est aussi possible d’utiliser l’écran tactile fixe de 3,2 pouces et 2,3 Mpts pour faire le point. Des options comme le focus peaking et une loupe permettent d’être assez précis. Néanmoins, malgré ces aides ou même si on maîtrise assez bien le télémètre, le nombre de photos totalement nettes demeure assez minoritaire.
Pour assurer le coup en street photography, le conseil est de régler l’ouverture de son objectif entre f/8 et f/11, de régler la mise au point à l’hyperfocale et de ne jamais déclencher à moins de 2 ou 3 m de son sujet. Une contrainte connue des Leicaistes endurcis, mais qui pourrait rebuter les néo-acquéreurs.
Précisons également que le viseur télémétrique ne permet pas de faire le point à moins de 70 cm. Ceci n’est pas un souci pour l’énorme majorité des optiques en monture M. Cependant, ces dernières années, Leica a commercialisé des objectifs pouvant faire le point à 30 ou 40 cm, comme le APO-Summicron-M 35 f/2 ASPH. Dans ce cas, il sera obligatoire de passer par la visée écran.
Performances et qualité d’image du Leica M11-P
Le Leica M11-P utilise le capteur plein format BSI CMOS de 60,3 Mpx, équipant déjà les Leica M11, SL3 et Q3.
Durant notre test, nous avons capturé des clichés avec deux objectifs en monture M : le Leica Summicron-M 1:2/35 ASPH et le TTArtisan 50 mm f/0,95. Nous avons aussi utilisé ponctuellement un Soligor Télé-Auto 135 mm f/2,8 MD, adapté avec une bague pour monture M.
N’hésitez pas à cliquer sur les photos présentes dans ce test pour les afficher en qualité supérieure.
Le capteur (non stabilisé) du Leica M11-P délivre des clichés de 9520 x 6336 px. Chaque pixel fait 3,79 µm de côté. Un fichier RAW pèse entre 80 et 100 Mo et un JPEG entre 10 et 16 Mo.
Triple définition, pas forcément utile
Ce capteur propose également la triple définition (en DNG comme en JPEG) : 60 Mpx (natif), 36 Mpx et 18 Mpx. La cellule sensible utilise le pixel binning, que l’on retrouve sur la plupart des smartphones.
Une option qui avait eu le mérite d’être améliorée avec le Q3 et son processeur Maestro IV. Toutefois, le M11-P utilise encore le CPU Maestro III, rendant la fonction assez anecdotique. Les clichés capturés à 18 Mpx perdent logiquement en détails par rapport aux 60 Mpx. Pire, ils offrent de moins bonnes performances par basse luminosité, ce qui devrait pourtant être leur force majeure. Une option à éviter donc.
Un rolling shutter bien présent en obturateur électronique
Sans surprise, en obturation électronique, la haute définition de 60 Mpx du capteur le rend particulièrement sujet au rolling-shutter. Aussi, on réservera l’utilisation de l’obturateur électronique aux quelques situations requérant de dépasser 1/4000 s, valeur plafond de l’obturation mécanique.
De plus, son bruit est d’une douceur rare et parmi les plus discrets du monde de la photographie. Parmi les appareils modernes, seul l’obturateur du Sony A1 peut rivaliser. Le résultat est un appareil particulièrement silencieux, dont on prendrait presque plaisir à entendre le déclenchement.
Une excellente qualité image, quand elle est nette
Avec Leica nous sommes en terrain connu. Les photos sont excellentes, avec des contrastes bien marqués et un rendu unique (bien aidé par l’héritage argentique des optiques M), qui permettent de distinguer les images du constructeur germanique des autres fabricants. Pour autant, nous avons noté que certaines images tiraient (un peu) vers le magenta en balance des blancs automatique.
Bien que le capteur plein format de 60 Mpx soit désormais familier, le niveau de détails reste impressionnant. Même avec les recadrages numériques internes 1,3x (46 Mpx) ou 1,8x (33 Mpx), ou en recadrant manuellement, les images conservent une grande densité d’informations.
Cependant – et cela semblerait évident chez n’importe quel autre constructeur – cette qualité est valable lorsque la mise au point est réussie. Comme mentionné précédemment, la mise au point n’est pas toujours aisée. Ainsi, même si l’on peut apprécier les couleurs ou la composition d’une image, il arrive fréquemment qu’elle soit floue. Parfois, l’écart est minime, et l’utilisation du noir et blanc permet de dissimuler en partie ce défaut
Concernant la gestion des couleurs, nous sommes un peu frustrés par le comportement de certains logiciels de développement. En effet, alors que le Leica M11-P capture ses fichiers RAW en DNG, le format initié par Adobe, Lightroom n’applique pas les profils colorimétriques intégrés au boîtier (naturel, saturé, neutre, noir&blanc, noir&blanc contrasté).
Tout au plus, le programme propose un profil M11, qui correspond au mode de couleur de base du boîtier. Ainsi, les images en noir et blanc présentées dans ce test sont des fichiers JPEG générés directement par l’appareil
La gestion de la dynamique est à l’image des clichés : contrastée. Avec une scène sous-exposée, il sera assez aisé de récupérer des données dans les ombres lors du développement. Toutefois, avec une photo un peu trop surexposée, la récupération des informations dans les zones brûlées entrainera une perte de détails assez notable, voire de sacrées dérives colorimétriques. On évitera de trop pousser les images dans leur retranchement.
Aussi, il faut tenir compte des objectifs parfois anciens de Leica, qui, à la pleine ouverture, proposent un piqué assez relatif par rapport aux modernes. Avec le Summicron 35 mm à f/2, même si l’image est bien nette, il faut composer avec un rendu « argentique. » Pour obtenir un piqué bien marqué, il faudra fermer à f/5,6, voire f/8.
À l’heure du tout numérique et du piqué chirurgical, certains apprécieront, d’autres seront plus dubitatifs en considérant le rapport prix/piqué du matériel. Mais quand on aime…
Évidemment, avec l’objectif TTArtisan 50 mm f/0,95, à la pleine ouverture, même avec une précision horlogère pour la mise au point, les photos demeurent toujours un peu troubles, mais c’était attendu. Cet objectif permet de bénéficier du rendu Leica, tout en découpant très nettement le sujet de l’arrière-plan.
Notez que les données EXIFs complètes ne sont disponibles que pour l’objectif Leica, qui dispose d’un codage 6 bits lui permettant d’être reconnu par le boîtier.
Ceci étant dit, l’optique TTArtisan ne transmet pas réellement l’ouverture réelle utilisée. L’appareil, en fonction de la référence de l’objectif et des données d’exposition, extrapole l’ouverture, d’où des chiffres parfois peu ordinaires. Pour les autres objectifs, le boîtier a aussi estimé une ouverture approximative sans pour autant arriver à déterminer la longueur focale, bien évidemment.
Montée en ISO : un exemple de gestion de la sensibilité
La sensibilité du capteur du Leica M11-P s’étend de 64 à 50 000 ISO. Depuis son intégration dans le premier M11, Leica sait parfaitement gérer la sensibilité de ce capteur 60 Max issu, probablement, des usines Sony.
Les images proposent une montée en sensibilité sans aucun bruit remarquable jusqu’à 1600 ISO. Et encore, à cette valeur, le fourmillement est presque indécelable sans zoomer très fortement dans le cliché (les images d’illustration sont ici recadrées à 100 %).
La première vraie dégradation se situe à 6400 ISO, avec un grain toujours assez fin. Le bruit se fait logiquement plus ressentir à partir de 12 500 ISO, puis 25 000 ISO, tout en demeurant assez gérable.
Finalement, le bruit numérique ne se manifeste vraiment qu’à la valeur maximale de 50 000 ISO, où des dérives colorimétriques sont aussi décelables.
On apprécie en tout cas la remarquable gestion de la sensibilité qui permet de photographier sans trop de crainte, même avec peu de lumière et malgré la haute définition du capteur.
Rafale et buffer du Leica M11-P : le minimum syndical
La rafale du Leica M11-P propose un mode lent à 3 i/s et un mode « haute vitesse » à… 4,5 i/s, quel que soit le type d’obturation utilisé. On ne peut donc pas qualifier le M11-P de boîtier idéal pour la photographie sportive ou animalière. Cela dit, une rafale à 3 i/s peut être utile lors de prises de vue de portraits, par exemple pour des mariages, afin de s’assurer de capturer le bon moment.
Quoiqu’il en soit, la rafale est aussi contrainte par la mémoire tampon de 3 Go qui ne permet l’enregistrement consécutif que sur 15 images RAW et 100 JPEG (et environ 12 à 13 vues en RAW + JPEG). Il faut ensuite compter sur un délai d’enregistrement, sur la mémoire interne, comme sur la carte SD.
Le Leica M11-P n’étant pas doté d’autofocus, il ne propose aucun type de reconnaissance ou de suivi de sujet. Il ne permet pas non plus l’enregistrement de vidéos. De plus, son capteur n’étant pas stabilisé, photographier à main levée avec un temps de pose prolongé peut s’avérer difficile sans l’utilisation d’un trépied.
Retrouvez ci-dessous une sélection de photos capturées avec le Leica M11-P :
Autonomie du Leica M11-P
Le Leica M11-P utilise la batterie Leica BP-SCL7, que l’on retrouve uniquement sur les boîtiers M11. Pour la retirer, pas de trappe : il faut actionner un petit levier placé juste à côté, et appuyer légèrement sur la batterie.
D’une capacité de 1800 mAh, la batterie offre une autonomie de 700 vues (norme CIPA) en visée télémétrique seule et même 1700 clichés selon le protocole revu par Leica. Dans les faits, en alternant entre visée écran et télémétrique, nous avons eu une expérience assez nuancée de l’autonomie de la batterie. Selon notre pratique, ces chiffres sont assez compliqués à atteindre.
En théorie, franchir la barre des 1000 photo ne semble pas impossible : 100 photos capturées peut entraîner une baisse de 10% de la batterie. Néanmoins, nous n’avons que très rarement capturé plus de 300 clichés en une batterie. La consommation du boîtier allumé mais au repos pourrait expliquer cela.
De plus, le boîtier nécessite 4 à 5 secondes à l’allumage pour être pleinement opérationnel. Face à ce réveil de tortue, on peut être tenté de ne jamais éteindre l’appareil par crainte de rater une bonne photo. Dans ce cas de figure, malgré un écran éteint, en une après-midi et 200 clichés, l’appareil affichait seulement 10 % de batterie restante.
Connectivité filaire et sans-fil
Leica oblige, le M11-P conserve une connectique plus que minimaliste. On note un unique port USB-C situé sous le boîtier. Un placement peu pratique qui n’est pas sans nous rappeler Apple et ses Magic Mouse. Cela oblige à retourner l’appareil lors de la charge, ce qui est assez contre-intuitif.
Ce port USB autorise aussi l’utilisation en continu pendant la recharge et le transfert des images directement vers un smartphone ou un ordinateur. Comme la plupart des derniers Leica, le M11-P est certifié MFi (Made for iPhone). On peut ainsi transférer ses photos plus rapidement, et mettre à jour le firmware de l’appareil avec un câble dédié.
Le stockage des photos peut se faire sur une carte SD (UHS-II) installée dans le logement de la batterie ou sur la mémoire interne de 256 Go. Cela s’avère très confortable lorsque l’on a oublié sa carte ou pour s’assurer de la redondance des images. Une solution uniquement mise en œuvre sur certains boîtiers Leica et Hasselblad, mais que l’on souhaiterait voir chez tous les constructeurs.
On peut aussi appairer sans peine le M11-P à l’application mobile Leica Fotos (iOS et Android). La connexion est très stable et d’une rare fluidité. De plus, le transfert est rapide malgré la taille des fichiers. L’app permet aussi de contrôler l’appareil à distance et de régler les différentes données de prises de vue, et mettre à jour son boîtier.
Leica M11-P : pour les initiés uniquement ?
Le Leica M11-P incarne parfaitement l’exigence, voire l’intransigeance, de l’entreprise de Wetzlar. C’est un appareil photo très bien construit, avec un niveau de finition qui témoigne du soin apporté par les artisans de la firme. En main, le M11-P inspire confiance et donne réellement la sensation de tenir un produit de luxe.
Le Leica M11-P, en plus d’être un bel objet, est aussi un bon appareil photo, pour qui parvient à le maîtriser. Ici, la liste de fonctions et d’options complexes est réduite, permettant au photographe de se concentrer pleinement sur l’essentiel : la prise de vue. Cependant, l’utilisateur non averti devra dompter la mise au point télémétrique, une tâche qui peut s’avérer délicate. Les moins patients pourront toujours utiliser l’écran pour cadrer, mais on perd un peu le charme de l’outil.
Le boîtier offre une qualité d’image exceptionnelle, à condition de réussir la mise au point et d’accepter de fermer l’ouverture des objectifs lumineux. Toutefois, en l’absence des fonctionnalités modernes de la photographie, le M11-P limite ses possibilités d’utilisation. Sans autofocus et avec une rafale limitée, il n’est clairement pas adapté aux photographes de sport, par exemple.
Pareillement, même si ce n’est pas dans l’ADN des Leica M, un capteur stabilisé aurait pu être une option bienvenue. En 2024, tout en connaissant l’approche traditionnelle des appareils Leica M, on aurait pu espérer un boîtier un peu moins conservateur. La seule évolution moderne concerne l’intégration de la norme Content Authenticity Initiative. Une avancée indubitable, mais qui n’a encore aucune application pratique. Le Leica M11-P – comme les autres M finalement – est un boîtier pour les puristes aux poches bien pleines.
Le Leica M11-P est commercialisé au tarif de 8950 € nu. Deux versions sont proposées : noir et chromé argent.
Vous pouvez le retrouver chez Miss Numérique, IPLN, à la Fnac, ainsi que sur le store et en boutique Leica.