Test Leica SL3 : un hybride haute définition aussi plaisant que frustrant

Toujours plus cher, toujours meilleur ?

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Lancé en mars 2024, le Leica SL3 introduit un capteur plein format de 60 Mpx dans la gamme des appareils photo hybrides Leica. Après un passage par le télémètre avec le M11 et le compact expert avec le Q3, ce capteur représente l’aboutissement de la stratégie haute définition de Leica.

Le SL3 se distingue par une ergonomie améliorée par rapport à ses prédécesseurs, ainsi que par l’intégration des dernières innovations en matière d’autofocus. Proposé au prix fort, cet appareil haut de gamme se démarque-t-il assez de ses concurrents ? Découvrez-le dans notre test complet du Leica SL3.

Leica SL3

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Présentation du Leica SL3

Bien que Leica soit à l’origine de la monture L, la marque a tendance à être moins proactive que Panasonic dans ce domaine. Et pour cause, les ventes des modèles SL ne représentent qu’une petite partie du chiffre d’affaires de l’entreprise, qui mise davantage sur ses célèbres appareils télémétriques et ses compacts experts.

De fait, le lancement d’un nouvel hybride comme le Leica SL3 est un petit évènement. De plus, cela se fait – en apparence – sans le cousin germain (vous l’avez ?) Panasonic. En effet, les précédents modèles SL2 et SL2-S étaient des dérivés maquillés des Panasonic Lumix S1R et S1.

Leica SL3

Ici, Leica semble à l’initiative et dote son nouvel hybride de ses dernières avancées technologiques. Le SL3 récupère la plupart des caractéristiques du Leica Q3. Il dispose ainsi du même capteur plein formatstabilisé – de 60,3 Mpx et le mode vidéo 8K.

L’autofocus passe aussi le cap de la détection de phase – permise par Panasonic – pour proposer une expérience plus véloce et précise que jamais. La prise en main s’affine et le boîtier perd en embonpoint, mais conserve ses lignes abruptes et son look « industriel. » On se retrouve alors face à un boîtier qui se veut armé pour affronter les contraintes actuelles et futures et qui tente de se faire une place sur un marché hybride plein format haute définition qui ne manque pas de références.

Leica SL3

Le Leica SL3 n’est pas vraiment un hybride pour tous les jours, mais plutôt destiné aux professionnels du studio ou aux amateurs de paysages très définis. Les photographes d’architectures y trouveront aussi leur compte. C’est ainsi un appareil photo exigeant qui bénéficie d’un parc optique très varié, puisque la monture L peut accueillir aussi bien des objectifs Leica que Panasonic ou Sigma.

Sur le papier, le SL3 est un rival intéressant au Sony A7R V, même si – Leica oblige – il est affiché au prix fort.

Leica SL3

Voici la liste complète des caractéristiques techniques du Leica SL3, comparé au Leica SL2 :

Leica SL3Leica SL2
Capteur24x36 CMOS BSI 60,3 Mpx24x36 CMOS BSI 47 Mpx
Filtre passe-basnonnon
ProcesseurMaestro IVMaestro III
Viseur électroniqueOLED, 5,76 millions de points, 0,76x, 120 HzOLED, 5,76 millions de points, 0,78x, 120 Hz
Ecran LCD 3,2 pouces, 2,33 Mpts, inclinable3,2 pouces, 2,1 Mpts, fixe
AutofocusAF hybride à détection de phaseAF à détection de contraste
Nombre de points AF315 points AF225 points AF
Couverture AFN.C.N.C.
Plage AFN.C.N.C.
Sensibilité100 à 100 000 ISO (extensible à 50 ISO)100 à 50 000 ISO (extensible à 50 ISO)
Obturateurmécanique / électroniquemécanique / électronique
Rafale (obturateur mécanique) 5 i/s (AFC) - 7 (sans AFC)6 i/s (AFC) - 10 i/s (sans AFC)
Rafale (obturateur électronique) 15 i/s (sans AFC)24 i/s (sans AFC)
Mode haute résolution non187 Mpx
Obturation 60s – 1/16 000s60s - 1/40 000s
Stabilisation, gainoui, jusqu’à 5 stopsoui, jusqu’à 5,5 stops
Vidéo8K DCI 30fps, 4:2:2 10 bits, 300 Mb/s5K 30fps, 4:2:0 10 bits, 200 Mb/s
Profils colorimétriques vidéo Rec. 709 / Rec. 2020 (HLG/L-Log)Rec. 709/Rec. 2020 (HLG/L-Log)
Stockage1x slot CFexpress type B / 1 slot SD UHS-II2x slot SD UHS-II
Connectivité sans-fil Wifi 2,4 et 5 Ghz, Bluetooth 5.0 Low Energy
Wifi 2,4 et 5 Ghz, Bluetooth 4.2 Low Energy
Connectivité filaireUSB-C (3.1 Gen 1), HDMI A, prises micro et casque 3,5 mm, prise synchro-flashUSB-C (3.1 Gen 1), HDMI A, prises micro et casque 3,5 mm
Batterie BP-SCL6BP-SCL4
Rechargement par port USB Recharge et alimentation directe USB-CRecharge et alimentation directe USB-C
TropicalisationRésistant à l’eau et à la poussière (-10-40°C), IP54Résistant à l’eau et à la poussière (-10-40°C), IP54
Dimensions (L x H x P)108 x 141 x 84 mm107 x 146 x 83 mm
Poids (batterie incluse)840 g920 g
MontureL (Leica, Sigma, Panasonic)L (Leica, Sigma, Panasonic)
Prix au lancement6800 €5990 €

Ergonomie et prise en main du Leica SL3

Rien ne ressemble plus à un Leica SL qu’un autre Leica SL. Le constructeur ne bousculera pas trop ses amateurs avec son nouveau SL3.

A gauche, le SL2 ; à droite, le nouveau Leica SL3

Ceci étant dit, le Leica SL3 voit son ergonomie subtilement évoluer. Le boîtier est ainsi un peu moins profond et moins lourd. Il mesure 10,8 x 14,1 x 8,7 cm (contre 10,7 x 14,6 x 8,3 cm pour le SL2). Sur la balance, il atteint 840 g (avec batterie) – quand le SL2 pesait 920 g. Si cela peut paraître négligeable, une fois en main, la différence est palpable.

Le SL3 n’est pas encore aussi compact qu’un hybride plein format de Sony, mais à l’image de Panasonic, Leica va dans le bon sens en proposant un appareil plus ramassé et plus facile à manipuler.

Leica SL3

Leica rompt aussi – un peu – avec la sobriété allemande en offrant plus d’options de contrôles. Le SL3 se voit en effet gratifier d’une molette d’ajustement supplémentaire sur l’épaule gauche.

Bien entendu, Leica ne faisant pas comme tout le monde, on ne dispose pas d’une molette sous le déclencheur. Positionnée en amont de ce dernier, elle oblige à une gymnastique peu intuitive. Mais comme cela n’a pas été modifié depuis la génération précédente, les habitués ne seront pas trop déboussolés, les autres peut-être un peu plus.

L’autre molette installée sur le dos permet d’ajuster par défaut l’ouverture de l’optique. Elle est, par ailleurs, cliquable, ce qui permet d’alterner entre les modes PASM. Un point à connaître si vous n’êtes pas leicaîste. On trouve aussi un écran monochrome sur l’épaule droite affichant les paramètres d’exposition

La poignée est plus creusée qu’auparavant, ce qui assure une meilleure préhension, un point toujours positif. Les plus gros changements ont lieu à l’arrière du boîtier.

Ici, Leica poursuit les évolutions amorcées avec le Q3 et dote le SL3 d’un écran articulé. Cette dalle tactile d’une diagonale de 3,2 pouces (définition de 2,33 Mpts) permet d’accroitre les possibilités de prises de vue.

On observe aussi que les trois touches « Play », « Fn » et « Menu » ont été déplacées à droite de l’écran, facilitant l’utilisation à une main. Le bouton d’alimentation n’est plus un interrupteur à loquet, mais une touche à pression, ce que nous n’avons pas trouvé pertinent.

Leica SL3

Un interrupteur permet un actionnement plus franc et il n’est pas besoin de s’y reprendre à plusieurs fois avant d’allumer ou d’éteindre l’appareil, contrairement à ce que nous avons rencontré avec le SL3.

Leica SL3
Lorsqu’en charge, le bouton clignote en vert.

D’un côté plus positif, on apprécie toujours autant de pouvoir reprogrammer les différents boutons en les maintenant simplement appuyés pendant quelques instants (cela vaut pour les commandes physiques ou tactiles). On évite un passage fastidieux par les menus qui sont, comme à l’accoutumée, un peu trop spartiates – malgré un certain allégement par rapport aux anciens modèles.

Leica SL3

Sur notre exemplaire de test – peut-être sujet à un défaut de construction – la navigation étant rendue d’autant plus contraignante que le joystick se montrait difficile à manipuler. Son revêtement est cependant très agréable au toucher.

Faute de touche OK, il faudra cliquer au centre de ce « bâton de joie » pour valider telle ou telle action. Problème, le seuil de tolérance de notre joystick étant très faible, on se retrouve fréquemment à valider une commande en voulant simplement se déplacer vers le haut où vers le bas. On en vient à utiliser ce bouton avec bien plus de délicatesse qu’il n’en faudrait.

Leica reconduit presque le même viseur que sur le SL2 (5,76 Mpts et 120 Hz), mais point surprenant, avec un grossissement moindre, à 0,76x contre 0,78x. L’affichage est assez confortable si ce n’est pour un détail. Lorsque vous faites le point en continu, l’image se met à « vibrer » et on perd en définition. C’est subtil, mais on a parfois l’impression que l’autofocus ne fonctionne pas, quand bien même le cadre autour du sujet devient vert.

Leica SL3
La dioptrie se corrige en tournant la molette autour du viseur

Si on relâche la pression, l’image redevient parfaitement lisible et en observant les clichés pris, on se rend compte que le boîtier a bien fait la mise au point.

Il demeure cette situation « bizarre » d’un viseur semblant perdre le point. Un phénomène que nous avions déjà rencontré avec le Leica Q3. Cela requiert une période d’adaptation pour s’y habituer.

Leica SL3

Malgré ces quelques inconvénients, il est important de souligner que le Leica SL3 est un appareil exceptionnellement bien conçu. Avec ses lignes angulaires et sa célèbre pastille rouge, il inspire confiance. Cette impression est renforcée par l’indication « IP54 » sur la base de l’appareil, qui atteste de sa protection contre la poussière et les projections d’eau.

Leica SL3

Si les boîtiers « tropicalisés » sont nombreux, rares sont les modèles à disposer d’une certification officielle.

Performances et qualité d’image du Leica SL3

Le Leica SL3 utilise le capteur plein format BSI CMOS de 60,3 Mpx, équipant déjà les Leica M11 et Q3.

Capteur Leica SL3

Durant notre test, nous avons capturé des clichés avec plusieurs objectifs en monture L. Outre le Leica APO-Summicron-SL 35 mm f/2 ASPH, nous nous sommes beaucoup reposés sur des optiques Sigma : 24-70 mm f/2,8 DG DN Art, 35 mm f/1,4 DG DN Art, 20 mm f/2 DG DN Contemporary, et même l’extravagant 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS Sports. Peu discret et maniable, il demeura d’une redoutable polyvalence.

N’hésitez pas à cliquer sur les photos présentes dans ce test pour les afficher en qualité supérieure.

Vive les mariés ! – Leica SL3 – Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS | Sports – 600 mm – 1/1250 s – ƒ / 6,3 – ISO 500
Seuls dans le noir – Leica SL3 – Sigma 24-70 mm f/2,8 DG DN | Art – 70 mm – 1/125 s – ƒ / 2,8 – ISO 3200
Capitalisme triomphant – Leica SL3 – Sigma 24-70 mm f/2,8 DG DN | Art – 24 mm – 1/50 s – ƒ / 3,2 – ISO 250

Le capteur le plus exigeant du marché

Depuis le lancement du Sony A7R IV en 2019, la définition de 60 Mpx apparaît comme la plus haute limite actuelle pour les capteurs 24×36 (en attendant la prochaine « révolution »). Leica a franchi le cap de cette très haute définition au début 2022 en intégrant une cellule sensible similaire à son M11 télémétrique.

Après ce boîtier et le compact expert Q3, le SL3 est donc le troisième appareil (en excluant les déclinaisons du M11) de la marque à récupérer ce que d’aucuns présentent comme le meilleur capteur du marché. Il s’agit du deuxième hybride en monture L à être doté d’un capteur de 60 Mpx après le Sigma fp L.

Bout d’Eiffel – Leica SL3 – Sigma 24-70 mm f/2,8 DG DN | Art – 70 mm – 1/400 s – ƒ / 3,5 – ISO 100

Issu, sans trop de doutes, des usines de Sony, le capteur délivre des clichés de 9520 x 6336 px et chaque pixel fait 3,79 µm de côté. Un fichier RAW pèse entre 70 et 80 Mo. Ici, point d’options de recadrages multiples comme avec le Q3, mais on dispose d’un mode APS-C en plus du cadrage original. Le capteur est installé dans une nacelle le stabilisant sur 5 axes, avec un gain théorique maximal de 5 stops.

Vitesse lumière – Leica SL3 – Sigma 24-70 mm f/2,8 DG DN | Art – 40 mm – 1.6 s – ƒ / 3,5 – ISO 100

En « bonus », ce capteur dispose de la triple définition (en DNG comme en JPEG) : 60 Mpx (natif), 36 Mpx et 18 Mpx. Le capteur a recours à la technologie du regroupement matriciel (pixel binning), que l’on retrouve sur la plupart des smartphones.

Leica met en avant cette option depuis le M11. Et même si elle avait été peaufinée avec le Q3 et le nouveau processeur Maestro IV, son intérêt demeure marginal, si ce n’est pour économiser son espace de stockage.

Petit singe – Leica SL3 – Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS | Sports – 600 mm – 1/1250 s – ƒ / 6,3 – ISO 1250

La grande définition du capteur du Leica SL3 le rend particulièrement sensible au rolling-shutter en obturation électronique. Ainsi, le moindre mouvement un peu vif (de vous ou de votre sujet) risque de déformer vos images.

Sauf besoin très particulier, on se contentera de l’obturation mécanique. De plus, l’obturateur délivre un son assez doux, quoique bien marqué. Cela ne sera donc pas le meilleur allié des amateurs de clichés discrets. Mais après tout, le SL3, davantage pensé pour du studio ou du paysage, n’a pas forcément besoin de discrétion. Pour ça, vous avez le Q3.

Représentation de la parisienne – Leica SL3 – Sigma 35 mm f/1,4 DG DN | Art – 35 mm – 1/4000 s – ƒ / 1,4 – ISO 100

Une qualité d’image toujours au sommet

Entre la haute définition et le rendu des couleurs chères à Leica, l’appareil produit des images exceptionnelles.

Floraison – Leica SL3 – Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS | Sports – 182 mm – 1/1250 s – ƒ / 5,5 – ISO 640

Le niveau de détail est assez ahurissant et on prend plaisir à contempler les images dans leurs moindres recoins, comme sur cet oiseau photographié à l’aide du Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS Sports.

Perché – Leica SL3 – Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS | Sports – 600 mm – 1/1000 s – ƒ / 6,3 – ISO 320

En zoomant dans le cliché, on peut observer la toutes les subtilités de la texture d’un matériau ou d’un plumage – et ce même avec une optique n’offrant pas le meilleur piqué du marché.

Soyeux – Leica SL3 – Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS | Sports – 600 mm – 1/1250 s – ƒ / 6,3 – ISO 800

Les couleurs sont riches et les teintes naturelles. On apprécie toujours autant ce rendu très contrasté, avec des ombres profondes qui fait le charme et la « puissance » des photos avec un Leica.

Vives couleurs – Leica SL3 – Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS | Sports – 600 mm – 1/1250 s – ƒ / 6,3 – ISO 250

Les tons chair sont très bien restitués et les portraitistes trouveront avec le SL3 un fidèle compagnon.

Grâce aux 60,3 Mpx, il est aisé de recadrer dans l’image tout en conservant un haut niveau de détail. Même avec un crop à 100 %, on conserve des clichés tout à fait exploitables et ouvrant de nouvelles perspectives. Impressionnant.

Concernant la plage dynamique en revanche, Leica peine à arriver au même niveau que Sony, même s’il y a du mieux. La récupération de données dans les ombres demeure tout à fait probante – dans une certaine limite de -4 IL pour éviter le bruit numérique.

Néanmoins, comme nous l’avions remarqué avec le Q3, il est plus compliqué de rattraper les zones trop surexposées. Les hautes lumières se retrouvent très vite brûlées, notamment par situation de contre-jour. On en vient vite à sous-exposer fréquemment son image d’un tiers voire deux tiers de stop. Cela peut parfois rajouter un côté plus intense, dramatique aux clichés, ce qui n’est pas pour nous déplaire.

Montée en ISO : un bon et raisonnable élève

À propos de la gestion de la sensibilité, le SL3 s’inscrit – sans surprise – dans la droite ligne du Leica Q3, les deux boîtiers partageant le même couple capteur + processeur.

La sensibilité native va de 100 à 100 000 ISO et peut être étendue jusqu’à 50 ISO.

On observe une très bonne tenue des images jusqu’à 800 ISO où les frémissements de bruit peuvent se faire ressentir – si on a une vue d’aigle. Il faut attendre vraiment 1600 ISO pour commencer à déceler les premières vraies dégradations.

Le bruit va ensuite croissant, mais demeure tout à fait acceptable jusqu’à 6400 ISO où un nouveau palier est franchi. À partir de 12 500 ISO, le bruit se fait alors plus marqué et les plus petits détails commencent à se perdre.

Une nouvelle étape est atteinte à 25 000 ISO, qui demeure la dernière bonne valeur exploitable sans trop abuser d’un logiciel de traitement du bruit. Quand arrive 50 000 ISO et au-delà, les images se retrouvent trop dégradées. Le bruit numérique, bien que toujours assez fin du fait de la haute définition, entache durablement les clichés.

Enfin, à 100 000 ISO, la valeur la plus étendue, outre le grain bien présent, on note surtout un bruit de chrominance très intense, entrainant une disgracieuse dérive dans des tons verdâtres.

Au registre des doléances, on peut noter que le Leica SL3 n’est pas doté d’un mode haute définition multi-shot. Pourtant le SL2 pouvait réaliser des clichés très définis de 187 Mpx en déplaçant son capteur et après un assemblage en post-production. D’après Leica, ce mode, pas toujours précis, n’était que très marginalement utilisé, et la hausse de définition à 60 Mpx est suffisante pour la plupart des usages.

Boulevard Voltaire – Leica SL3 – Sigma 24-70 mm f/2,8 DG DN | Art – 27 mm – 1/400 s – ƒ / 5,6 – ISO 100

Retrouvez ci-dessous une sélection de photos capturées avec le Leica SL3 :

Clair – obscur – Leica SL3 – Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS | Sports – 455 mm – 1/1000 s – ƒ / 6,2 – ISO 320

Autofocus du Leica SL3

Le Leica SL3 reprend l’autofocus hybride à détection de phase développé pour le Q3 (et le Panasonic Lumix S5 II, certes). En complément de « l’antique » système à détection de contraste, ce nouvel autofocus à 315 points est capable de reconnaître le visage et l’œil du sujet, pour les humains et pour (certains) animaux.

Course poursuite – Leica SL3 – Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS | Sports – 365 mm – 1/1000 s – ƒ / 6,0 – ISO 160

Leica annonce que son système AF est plus efficace sur le SL3 que sur son compact expert, grâce à un raffinement de son logiciel et aussi du fait des moteurs autofocus plus performants sur la plupart des optiques L.

Mario, l’unique – Leica SL3 – Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS | Sports – 117 mm – 1/250 s – ƒ / 5,1 – ISO 500

Dans les faits, le SL3 détecte assez rapidement les visages, les yeux, ou les corps des humains. Si deux personnes sont dans le champ, le boîtier permet d’alterner d’un coup de joystick entre les deux sujets.

Ici, le SL3 a bien détecté le visage et le corps des personnages…

Néanmoins, le fonctionnement de cet AF peut se montrer erratique si les sujets se mettent à bouger. Il capte parfois trop vite le mauvais sujet et il est difficile de lui faire entendre raison. Certaines fois, alors qu’un cadre vert se forme autour de la cible, après le déclenchement, on se rend compte que le point a été fait sur l’arrière-plan.

Devant ou derrière ? En tout cas, la MAP est ratée – Leica SL3 – Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS | Sports – 600 mm – 1/1250 s – ƒ / 6,3 – ISO 800

Un comportement assez déroutant. Il faut arriver à dompter le boîtier et anticiper ce qui pourrait faire échouer la mise au point. Par exemple, l’appareil rencontre souvent des difficultés en cas de contre-jour. Aussi, en basse lumière, il n’est pas rare que l’autofocus pompe de façon assez notable.

Le Leica SL3 peut aussi reconnaître et suivre le visage et les yeux des animaux. Cette fonction demeure encore en bêta près de deux mois après le lancement du boîtier et malgré une mise à jour de firmware. Lors d’une session au zoo, nous avons pu observer les réussites et les limites de cette détection des animaux.

Poseur – Leica SL3 – Sigma 24-70 mm f/2,8 DG DN | Art – 70 mm – 1/800 s – ƒ / 5,6 – ISO 100

Le boîtier détecta les mouvements des animaux, mais hormis sur quelques petits félins, il ne capta pas le visage et encore moins les yeux des bêtes. C’est particulièrement vrai sur les oiseaux. Même si le volatile occupe tout le cadre de l’image, le boîtier s’obstine à faire le point sur le corps et ignore la tête.

Le cou de ce rollier à ventre bleu est bien net, sa tête, non – Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS | Sports – 600 mm – 1/1250 s – ƒ / 6,3 – ISO 320

Il ne faut pas non plus essayer de lui faire détecter les yeux d’animaux un peu exotiques, telles les girafes, le SL3 n’en est — pour le moment – pas capable. Enfin, l’appareil n’est pas doté non plus de modes de détection des véhicules.

Rafale et buffer du Leica SL3

Le Leica SL3 n’est certainement pas le modèle le plus adapté pour la photographie sportive ou les prises de vue rapides. Si on peut atteindre les 15 i/s en rafale, cela se fera sans autofocus.

Leica SL3 + Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS Sports

Pour bénéficier de l’AF en continu, il faut descendre à 5 i/s, une valeur assez basse, même en tenant compte de la haute définition. À titre de comparaison, son « rival » le Sony A7R V grimpe à 10 i/s en rafale et avec AF-C. En rafale, le viseur du Leica SL3 subit un black-out, et avec une cadence relativement lente entre chaque cliché, un sujet en mouvement peut parcourir plusieurs mètres sans que le photographe ne s’en rende compte.

2 points – Leica SL3 – Sigma 24-70 mm f/2,8 DG DN | Art – 70 mm – 1/125 s – ƒ / 2,8 – ISO 200

De plus, une fois la prise de vue en continu activée, le suivi AF se fait encore plus hésitant. En observant nos courtes séries, on découvre que le point est parfois acquis sur une ou deux images, avant d’être perdu, le boîtier se concentrant sur l’arrière-plan. Puis, sans n’avoir rien modifié, l’hybride retrouve le bon sujet.

De temps en temps, alors que l’appareil indique avoir fait le point, sur toute une série, le sujet demeure flou. On attendait plus de la part de ce SL3, et on espère qu’une mise à jour du micrologiciel affinera ce suivi AF.

Au niveau de la mémoire tampon, Leica précise que le SL3 est doté de 8 Go de buffer. En associant cette valeur, une rafale assez lente et une écriture sur une carte CFexpress de type B, on bénéficie de facto d’un enregistrement en rafale presque illimité. Un très bon point, même si peu utile concrètement dans le cadre du SL3.

Stabilisation

La stabilisation du Leica SL3 est un peu la victime collatérale du (léger) rétrécissement du boîtier. En effet, pour arriver à produire un appareil plus compact, Leica s’est résolu à réduire la taille de certaines pièces, comme la nacelle stabilisant le capteur. Il en résulte alors une perte d’un demi-stop avec un gain maximal de 5 stops, contre 5,5 pour le Leica SL2.

Sans pied -Leica SL3 – Sigma 24-70 mm f/2,8 DG DN | Art – 36 mm – 0.6 s – ƒ / 4,0 – ISO 100

Souvent, même avec les meilleures valeurs théoriques, il est rare de reproduire les mêmes gains obtenus en laboratoire par les constructeurs. Ainsi, nous n’avions pas grand espoir concernant ce Leica SL3. Avec le bon maintien, il est possible, à de très (très) rares occasions, de réaliser des clichés nets à main levée s’approchant de 0,8s

Jeux de lumières – Leica SL3 – Sigma 24-70 mm f/2,8 DG DN | Art – 70 mm – 0.4 s – ƒ / 2,8 – ISO 100

Cependant, dans la plupart des cas, il devient compliqué au boîtier de compenser les mouvements à partir de 0,5 ou 0,6 seconde. Les amateurs de pose longue se reposeront plutôt sur un trépied.

Sur pied – Leica SL3 – Sigma 20mm f/2 DG DN | Contemporary – 20 mm – 2.5 s – ƒ / 5,6 – ISO 320

Vidéo

Grâce à son capteur très défini, le Leica SL3 peut filmer jusqu’en 8K. On peut réaliser, au maximum, des séquences en 8K DCI 30 fps, 4:2:0 10 bits et 300 Mb/s, le tout en interne. Via la sortie HDMI, on peut récupérer du 4:2:2 10 bits en 8K, mais toujours en 30 fps.

Pour obtenir 60 fps, il faut opter pour de la 4K. Et au maximum, vous pourrez récupérer de la 4K DCI, 4:2:2 10 bits et 600 Mb/s. Le seul moyen pour enregistrer en Apple ProRes se fait en Full HD, où l’on dispose d’un codec en 4:2:2 HQ, 60 fps et 454 Mb/s.

Concernant le recadrage des séquences, le Leica SL3 reprend la plupart des caractéristiques du Q3 et il faudra opérer avec un crop APS-C en 4K et en 8K. Ce recadrage se montre cependant indispensable pour compenser, un peu, l’effet de rolling shutter. Celui-ci, très marqué en photo avec l’obturation électronique, est plus contenu en vidéo 8K grâce à ce gros recadrage.

Test Leica SL3 : extraits vidéo 8K 24p

Il reste néanmoins assez présent et on évitera d’utiliser le Leica SL3 comme une caméra en mouvement.

Les séquences issues du SL3 sont d’une rare finesse et, comme pour les photos, on contemple avec une certaine satisfaction les couleurs et les détails des images. L’autofocus un peu moins vif que chez la concurrence offre ici un rendu plus « cinématographique » ce qui pourra plaire aux vidéastes. Évidemment, le SL3 n’est pas la caméra par excellence, mais Leica prouve que son savoir-faire ne s’arrête pas aux images fixes.

Autonomie du Leica SL3

Pour s’alimenter, le SL3 utilise la batterie BP-SCL6 que Leica avait précédemment introduite avec le Q3. D’une capacité de 2200 mAh, Leica annonce une autonomie assez limitée de 260 clichés – selon la norme CIPA classique.

Dans les faits, en alternant déclenchement unique et courtes rafales de 5 i/s, nous avons atteint les 1150 photos avant que l’appareil déclare forfait. Une donnée presque en phase avec les 1350 clichés prévus par les tests de Leica se basant sur « une norme CIPA ajustée ». Sur le papier, le boîtier tient 260 images en norme CIPA.

On peut toujours utiliser l’accumulateur BP-SCL4 des Leica SL2 / Q2, mais il proposera une endurance moindre et il ne sera pas possible d’enregistrer des vidéos en 4K ou en 8K.

Leica propose aussi l’adaptateur DC-SCL6. Doté d’une sortie USB-C à insérer dans la trappe batterie, il autorise une alimentation continue de l’appareil sans immobiliser la prise USB-C.

L’adaptateur DC-SCL6

Connectivité filaire et sans-fil

Le Leica SL3 est doté d’une connectique assez classique. Il est équipé de deux ports jack 3,5 mm (micro et casque), d’une prise HDMI de type A, d’une prise USB-C 3.1 gen1 (pour la recharge et l’alimentation) et d’une prise synchro-flash – qui permet également une synchronisation du timecode en vidéo.

Ces ports sont dissimulés derrière d’épaisses protections en silicone pour garantir leur bonne protection (IP54). Pour le stockage des fichiers, le SL3 se repose sur un emplacement pour carte CFexpress de type B et un slot pour carte SD UHS-II.

Par ailleurs, le Leica SL3 dispose du Wi-Fi (2,4 et 5 GHz) et Bluetooth 5.0. La connexion a un smartphone est possible via l’application Leica Fotos (iOS ou Android). Notez que cette liaison peut se faire sans-fil ou via câble USB pour plus de stabilité et de rapidité.

L’appairage Bluetooth se fait rapidement et l’application est assez intuitive. Elle permet de commander à distance l’appareil, tout en modifiant différents paramètres. On peut opter pour un transfert des fichiers DNG, JPEG et des vidéos.

Leica SL3, l’excellence contrastée

Le Leica SL3 est un appareil photo plein format très intéressant, mais il ne va pas sans compromis. Commençons par le plus gros point fort du boîtier : sa qualité d’image. Entre la haute définition de 60 Mpx – gage de restitution des plus petits détails – et le rendu des couleurs et des contrastes « Leica », le SL3 propose des clichés d’exception.

Coucou – Leica SL3 – Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS | Sports – 144 mm – 1/1250 s – ƒ / 5,3 – ISO 500

Cependant, sur le volet autofocus, le boîtier est bien moins convaincant. Malgré l’implémentation du nouveau système AF à corrélation de phase, le tout est encore balbutiant. C’est d’autant plus le cas lors des tentatives, peu concluantes, de captures en rafale. Leica a encore une belle marge de progression pour arriver au niveau des meilleures références en la matière.

Heureusement, on apprécie la réduction de la taille du boîtier, et l’ajout de nouveaux contrôles, dont l’écran orientable. La personnalisation de l’ergonomie du boîtier est une expérience aisée et satisfaisante. Néanmoins, la navigation n’est pas toujours des plus fluides, comme si Leica cherchait à cultiver une forme de particularisme.

Leica SL3

On ressort du test du SL3 avec un sentiment mitigé. D’un côté, quand tout va bien, on obtient de magnifiques images (en photo comme en vidéo), ce qui est bien l’essentiel. Mais d’un autre, le boîtier présente des contraintes difficilement excusables à ce niveau tarifaire et avec une concurrence bien plus efficace.

En effet, le Leica SL3 partage, plus ou moins, les mêmes limitations que le Q3. Toutefois, le compact expert évoluant sur un marché de niche, il n’a presque pas de rivaux et souvent, ces derniers ne sont pas exempts de défauts.

Piquant – Leica SL3 – Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS | Sports – 600 mm – 1/1000 s – ƒ / 6,3 – ISO 640

Affiché à presque 7000 € (boîtier nu), on pouvait espérer que le SL3 surclasse ses pairs hybrides comme le Sony A7R V, A7C R (et même A7R IV), ou bien dans une moindre mesure un Canon EOS R5. Mais il n’en est rien. Attention, il ne faut pas penser à la lecture de ces propos acrimonieux que le SL3 est un mauvais appareil photo. Dans les bonnes conditions, il offre des images à nulle autre pareilles, c’est même pour cela que l’expérience finale se résume en un mot : frustrante.

Le Leica SL3 est disponible à partir de 6799 €. Vous pouvez le retrouver chez Miss NumériqueIPLN, à la Fnac et dans les boutiques Leica, bien entendu.

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Test Leica SL3 : un hybride haute définition aussi plaisant que frustrant
Fabrication / finitions
9
Ergonomie
8.3
Qualité d'image
9
Montée en ISO
8.2
Efficacité de l'autofocus
7.3
Fonctionnalités
8.2
Vitesse en rafale
5
Stabilisation
7.8
Capacité du buffer
8.8
Vidéo
8.5
Autonomie
8.4
Rapport qualité-prix
7
Points forts
Finitions exemplaires
Très bonne qualité d'image, niveau de détails très élevé
Enfin un écran orientable
Stabilisation 5 axes assez efficace
Grande personnalisation des boutons
Mode vidéo très fourni
Application Leica Fotos très réussie
Points faibles
Autofocus en retrait et suivi perfectible
Pas de suivi AF au-delà de 5 i/s !
Ergonomie baroque
Pas de mode haute définition
Rolling shutter très présent en obturation électronique
Rapport qualité-prix défavorable
8
sur 10