Nouvel hybride Leica au capteur très défini. La marque de Wetzlar dévoile le Leica SL3, son nouveau boîtier plein format en monture L. Il incarne un savant mélange entre le design du SL2 et la fiche technique du compact expert Leica Q3 : capteur plein format stabilisé de 60 Mpx, autofocus à détection de phase, ou encore mode vidéo 8K. Retour en détail sur ses caractéristiques.
Sommaire
- Le retour de Leica sur le marché des hybrides
- Un capteur plein format de 60 Mpx que l’on commence à connaître
- Une stabilisation moins efficace que sur le SL2 !
- Enfin un autofocus hybride à détection de phase
- Vidéo 8K DCI en interne, mais ProRes uniquement en Full HD
- Un boîtier plus petit et plus léger
- Des ajustements ergonomiques bienvenus
- Un écran orientable sur 2 axes
- Mais où sont passés les outils de traçabilité des images (CAI) ?
- Prix et disponibilité du Leica SL3
- Notre premier avis sur le Leica SL3
Le retour de Leica sur le marché des hybrides
Plus de quatre ans après la sortie du Leica SL2, le constructeur allemand dévoile le Leica SL3, son nouvel hybride plein format en monture L (partagée entre autres par Leica, Sigma et Panasonic). Point notable : à l’époque, le SL2 s’inspirait grandement du Panasonic Lumix S1R lancé quelques mois auparavant. Ici, l’annonce du nouveau Leica SL3 précède celle d’un éventuel Lumix S1R II.
Par ailleurs, le SL3 reprend bon nombre de caractéristiques du compact expert Leica Q3, comme le capteur plein format de 60,3 Mpx, l’autofocus hybride à détection de phase (déjà hérité du Panasonic Lumix S5 II) ou encore un mode vidéo 8K.
Voici les caractéristiques comparées entre les Leica SL3 et SL2 :
| Leica SL3 | Leica SL2 | |
|---|---|---|
| Capteur | 24x36 CMOS BSI 60,3 Mpx | 24x36 CMOS BSI 47 Mpx |
| Filtre passe-bas | non | non |
| Processeur | Maestro IV | Maestro IV |
| Viseur électronique | OLED, 5,76 millions de points, 0,76x, 120 Hz | OLED, 5,76 millions de points, 0,76x, 120 Hz |
| Ecran LCD | 3,2 pouces, 2,33 Mpts, inclinable | 3,2 pouces, 2,1 Mpts, fixe |
| Autofocus | AF hybride à détection de phase | AF à détection de contraste |
| Nombre de points AF | 315 points AF | 225 points AF |
| Couverture AF | N.C. | N.C. |
| Plage AF | N.C. | N.C. |
| Sensibilité | 100 à 100 000 ISO (extensible à 50 ISO) | 100 à 50 000 ISO (extensible à 50 ISO) |
| Obturateur | mécanique / électronique | mécanique / électronique |
| Rafale (obturateur mécanique) | 5 i/s (AFC) - 7 (sans AFC) | 6 i/s (AFC) - 10 i/s (sans AFC) |
| Rafale (obturateur électronique) | 15 i/s (sans AFC) | 24 i/s (sans AFC) |
| Mode haute résolution | non | 187 Mpx |
| Obturation | 60s – 1/16 000s | 60s - 1/40 000s |
| Stabilisation, gain | oui, jusqu’à 5 stops | oui, jusqu’à 5,5 stops |
| Vidéo | 8K DCI 30fps, 4:2:2 10 bits, 300 Mb/s | 5K 30fps, 4:2:0 10 bits, 200 Mb/s |
| Profils colorimétriques vidéo | Rec. 709 / Rec. 2020 (HLG/L-Log) | Rec. 709/Rec. 2020 (HLG/L-Log) |
| Stockage | 1x slot CFexpress type B / 1 slot SD UHS-II | 2x slot SD UHS-II |
| Connectivité sans-fil | Wifi 2,4 et 5 Ghz, Bluetooth 5.0 Low Energy | Wifi 2,4 et 5 Ghz, Bluetooth 4.2 Low Energy |
| Connectivité filaire | USB-C (3.1 Gen 1), HDMI A, prises micro et casque 3,5 mm, prise synchro-flash | USB-C (3.1 Gen 1), HDMI A, prises micro et casque 3,5 mm |
| Batterie | BP-SCL6 | BP-SCL4 |
| Rechargement par port USB | Recharge et alimentation directe USB-C | Recharge et alimentation directe USB-C |
| Tropicalisation | Résistant à l’eau et à la poussière (-10-40°C), IP54 | Résistant à l’eau et à la poussière (-10-40°C), IP54 |
| Dimensions (L x H x P) | 108 x 141 x 84 mm | 107 x 146 x 83 mm |
| Poids (batterie incluse) | 840 g | 920 g |
| Monture | L (Leica, Sigma, Panasonic) | L (Leica, Sigma, Panasonic) |
| Prix au lancement | 6800 € | 5990 € |
Un capteur plein format de 60 Mpx que l’on commence à connaître
Le Leica SL3 intègre à présent un capteur BSI CMOS 24×36 de 60,3 Mpx en lieu et place du capteur de 47 Mpx que l’on trouvait dans le SL2. Il s’agit de la même cellule sensible que Leica avait inaugurée avec son télémétrique M11 au début 2022 – et qui avait été reconduite sur le compact Q3.
Ce capteur dispose d’une plage de sensibilité allant de 100 à 100 000 ISO (extensible à 50 ISO) et peut capturer des images à 60, mais aussi 36 et 18 Mpx en ayant recours au pixel bining. Cela nous promet des clichés d’une très grande qualité.
Une stabilisation moins efficace que sur le SL2 !
Le capteur est toujours installé dans une nacelle pour un gain de stabilisation maximal de 5 stops. Une valeur un peu basse au regard des standards actuels… et moins bonne que celle du SL2 (5,5 stops) ! En comparaison, l’un de ses rivaux directs, le Sony A7R V annonce jusqu’à 8 stops de gain… Leica explique ce point par la hausse de définition du capteur.
Aussi, le mode multi-shot qui permettait de réaliser des clichés très définis de 187 Mpx sur le SL2, n’est plus de la partie. Leica estime que 60 Mpx est suffisant pour la plupart des travaux et qu’il n’y avait plus de raison d’être pour le pixel-shift.
Enfin un autofocus hybride à détection de phase
Le Leica SL3 reprend la grosse nouveauté introduite avec le Q3 : l’autofocus hybride à détection de phase. Il s’agit ainsi du premier appareil photo hybride de Leica à reléguer la détection de contraste au second plan. Alimenté par le processeur Maestro IV, cet autofocus à 315 points est capable de reconnaître le visage et l’œil du sujet, pour les humains comme pour les animaux.
Sur le Q3, cet autofocus non prédictif était certes efficace, mais donnait des résultats assez contrastés. Plutôt efficace de jour et sur les sujets fixes, il devenait parfois plus capricieux par faible luminosité et avec les sujets en mouvement. Leica l’annonce comme plus performant sur le SL3, les moteurs autofocus de la plupart des objectifs de la série L étant bien plus efficaces que celui intégré au 28 mm fixé sur le Q3.
De fait, ce système autofocus ne semble pas taillé pour le sport avec un suivi disponible en rafale jusqu’à seulement 5 i/s, et ce, peu importe le type d’obturation – avec un buffer de 8 Go, capable d’enregistrer jusqu’à 75 images en JPEG+RAW.
Par ailleurs, sans mise au point automatique, la rafale monte à 7 i/s en obturation mécanique et 15 i/s en obturation électronique.
Vidéo 8K DCI en interne, mais ProRes uniquement en Full HD
En ce qui concerne la vidéo, le SL3 rejoint le cercle assez restreint des boîtiers pouvant filmer en 8K. Il peut ainsi enregistrer jusqu’en 8K DCI 30 fps, 4:2:0 10 bits et 300 Mb/s, le tout en interne. Avec la sortie HDMI, on peut récupérer de la 4:2:2 10 bits en 8K, mais toujours pas de ProRes ou de RAW à l’horizon dans les plus fortes définitions, même via la sortie HDMI. La prise synchro-flash permet également une synchronisation du timecode en vidéo.
Pour atteindre les 60 fps, il faudra repasser en 4K. Et au maximum, vous pourrez récupérer de la 4K DCI, 4:2:2 10 bits et 600 Mb/s. Le seul moyen pour enregistrer en Apple ProRes est en Full HD, où l’on dispose d’un codec en 4:2:2 HQ, 60 fps et 454 Mb/s. Heureusement, le boîtier n’est pas limité à 29 minutes d’enregistrement consécutives, contrairement au Q3.
À ce sujet, Leica commercialise un adaptateur DC-SCL6 doté d’une sortie USB-C à insérer dans la trappe batterie. Cela permet de maintenir une alimentation continue de l’appareil sans immobiliser la prise USB-C.
Concernant le recadrage des séquences, le Leica SL3 reprend la plupart des caractéristiques du Q3 et il faudra opérer avec un crop APS-C en 4K et en 8K. Cela permet néanmoins de compenser, un peu, l’effet de rolling shutter dans les plus fortes définitions.
Un boîtier plus petit et plus léger
Le gabarit du Leica SL3 évolue légèrement. Comparé à son prédécesseur, il se montre un peu moins profond et moins lourd. Il mesure ainsi 10,8 x 14,1 x 8,7 cm (contre 10,7 x 14,6 x 8,3 cm pour le SL2). Sur la balance, il atteint 840 g (avec batterie) – contre 920 g pour le SL2. Le boîtier est toujours certifié IP54, ce qui lui garantit une bonne résistance contre les intempéries et la poussière.
Des ajustements ergonomiques bienvenus
En termes d’ergonomie, un œil un peu distrait pourrait avoir du mal à distinguer un SL2 d’un SL3. Pourtant, on note plusieurs changements intéressants. À l’avant, le dernier-né de Leica reprend presque les mêmes lignes que son aîné. La seule différence est à constater au niveau de la poignée. Celle du SL3 est en effet un peu plus profonde pour faciliter la prise en main.
Sur la tranche supérieure, la nouveauté est à chercher à la gauche du viseur (5,76 Mpts, 120 Hz, 0,76x), avec une nouvelle molette ajustable. Une commande bienvenue et qui faisait défaut aux précédents SL, qui étaient un peu trop dépouillés à notre goût. On retrouve aussi, à droite du viseur, le petit écran monochrome (128 x 128 px) affichant diverses informations, une molette de contrôle et deux boutons paramétrables.
Un écran orientable sur 2 axes
Le dos de l’appareil connaît aussi quelques modifications. On notera surtout l’arrivée – à l’instar du Q3 – de l’écran inclinable sur 2 axes. D’une diagonale de 3,2 pouces et d’une bonne définition de 2,33 Mpts, ce moniteur sera bien plus pratique que les écrans fixes installés sur les précédentes générations.
On peut alors remarquer que les trois touches « Play », « Fn » et « Menu » ont été déplacées à la droite de l’écran, facilitant l’utilisation à une main. Aussi, le bouton d’alimentation n’est plus un interrupteur à loquet, mais une touche à pression. Près du viseur, Leica reconduit son joystick au look assez inimitable, mais toujours très confortable.
La gestion du stockage se repose sur 2 slots pour carte mémoire. Le premier est compatible avec les cartes CFexpress de type B et le second avec les cartes SD UHS-II. Sur les anciens modèles, il s’agissait simplement de 2 slots pour cartes SD. En revanche, pas de mémoire interne comme sur les M11, dommage.
La connectique est la même que sur le SL2, avec un port USB-C 3.1 gen1 (pour la recharge et l’alimentation), une prise HDMI 2.1 type A, deux ports jack 3,5 mm pour micro et casque et une prise synchro-flash. Pour la connexion sans-fil, le Leica SL3 utilise le Wi-Fi (2,4 et 5 GHz) ainsi que le Bluetooth 5.0 Low Energy.
Pour la batterie, le Leica SL3 reprend le nouvel accumulateur du Q3, Leica BP-SCL6, d’une capacité de 2200 mAh. L’autonomie annoncée est de 260 prises de vues (selon la norme CIPA) ou 1350 prises de vues (en se basant sur la norme CIPA ajustée).
Mais où sont passés les outils de traçabilité des images (CAI) ?
En novembre 2023, le Leica M11-P était devenu le premier appareil photo à intégrer la norme Content Authenticity Initiative (CAI). Hélas, le nouveau Leica SL3 n’intègre aucun outil de protection et de traçabilité des images. Une situation paradoxale, que nous décryptions dans cet article.
Prix et disponibilité du Leica SL3
Le Leica SL3 sera disponible à partir du 8 mars 2024 au tarif de 6 800 €.
Une offre de lancement est proposée chez Miss Numérique, avec jusqu’à 350 € offerts pour l’achat du boîtier et d’une optique Leica SL.
Vous pouvez le retrouver chez Miss Numérique, IPLN, à la Fnac et dans les boutiques Leica, bien entendu.
Ce tarif peut paraître élevé par rapport au prix de départ du SL2. En effet, en novembre 2019, le Leica SL2 avait été lancé à 5 990 €. Néanmoins, avec les hausses successives de prix, le SL2 est affiché à présent à 6 800 €. Leica reste donc assez cohérent, dans sa tarification.
Notre premier avis sur le Leica SL3
Leica revient en force avec un nouvel appareil photo hybride plein format très défini et bien abouti. Le Leica SL3 est une belle et logique évolution du SL2. Après les Leica M11 et Q3, le SL3 devient le 3e boîtier made in Wetzlar à profiter du capteur de 60 Mpx – et du nouvel autofocus hybride à corrélation de phase, plus rapide et précis.
On sait ainsi que les images proposées seront d’une grande qualité – parmi les meilleures du marché du plein format. On apprécie aussi de pouvoir compter sur le système autofocus du Q3, bien plus performant que celui qui équipait les boîtiers Leica par le passé. On espère toutefois que cet AF a connu quelques raffinements, car il pouvait se montrer encore hésitant sur le compact expert.
Le volet stabilisation nous déroute un peu plus. Avec un capteur plus défini, on aurait apprécié une stabilisation supérieure à 5 stops, comme chez la concurrence. D’autant que cette valeur est inférieure à celle du SL2… De même, l’absence de pixel-shift constitue un choix étrange, même si Leica le compense un peu par la hausse de définition. Pourtant, la tendance du marché est plutôt d’ajouter ce mode aux boîtiers.
Toutefois, les évolutions physiques vont dans le bon sens. Ce Leica SL3, s’il abandonne un peu le design très épuré de ses modèles, sera sans doute bien plus ergonomique et facile à prendre en main. Un appareil intéressant et intrigant, qu’il nous tarde de tester sur le terrain.
