Les Jeux Olympiques de Paris 2024, véritable grand-messe de la photographie sportive, réunissent un nombre impressionnant de photographes en un seul endroit. Ces professionnels, aux besoins spécifiques, nécessitent un accès rapide et facile à du matériel photo de pointe. Pour répondre à cette demande, Canon, Nikon et Sony ont aménagé des espaces dédiés au centre des médias. Découvrez notre visite exclusive des coulisses, où la logistique des constructeurs se met au service des photographes pour obtenir les meilleurs clichés.
Sommaire
- Le Palais des Congrès transformé en rédaction géante
- Photographe accrédité : le sésame pour le prêt de matériel
- Les reflex n’ont plus la cote
- Les longs télézooms lumineux sont les objectifs les plus demandés
- Des ateliers de réparation entièrement gratuits
- Les retours de photographes, très précieux pour les constructeurs
Le Palais des Congrès transformé en rédaction géante
Les Jeux Olympiques de Paris regroupent plus de 10 500 athlètes, 329 épreuves, 45 sports et pas moins de 1400 photographes accrédités pour couvrir tout cela ! Des professionnels travaillant dans des conditions exigeantes et mettant leur matériel à rude… épreuve.
Pour les assister, les 3 principaux constructeurs photo – Canon, Sony et Nikon – disposent d’un lieu de stockage et de réparation au sein du centre de presse du Palais des Congrès de Paris, juste à côté de l’espace presse où certaines rédactions comme l’AFP ou l’Equipe couvrent la compétition.
Phototrend a pu visiter cet espace (ouvert 7j/7, de 7 h à 23 h). Les constructeurs y entreposent des centaines d’objectifs et de boîtiers pouvant être prêtés aux photographes accrédités en faisant la demande. Chaque fabricant a aussi son atelier pour réparer le matériel prêté ainsi que le matériel personnel des photographes.
Photographe accrédité : le sésame pour le prêt de matériel
Tout photographe accrédité, disposant d’un pass délivré par le CIO et portant les mentions « EP » (photographe polyvalent), « EPS » (spécialisé dans un sport) ou « EPX » (lié à un site d’épreuves), peut se présenter aux guichets des marques pour emprunter du matériel selon les stocks disponibles.
Pour les amateurs de matos photo, ces espaces s’apparentent aussi à un marché de Noël ou une caverne d’Ali Baba. Les plus grands fabricants ont ainsi fait venir, directement du Japon, des équipements photo d’une valeur totale de plusieurs millions d’euros.
Imaginez plutôt : chez Canon, on dénombrait au début de la compétition pas moins de 150 EOS R3, 100 EOS R1 ou encore 100 EOS R5 Mark II. Et il faut aussi compter avec un large stock de Canon EOS R6 Mark II.
De son côté, Nikon a également mis le paquet, en proposant 200 boîtiers Nikon Z9, 100 Z8 et 50 Z6 III, le tout dernier hybride plein format de la marque.
Enfin, Sony propose de sa gamme de boîtiers professionnels sportifs, comme l’A1 et le dernier A9 III. Certains A7 IV sont également proposés pour qui ne cherche pas les plus grosses rafales.
Sony nous a indiqué avoir mis à disposition un peu plus de boîtiers que ses concurrents, mais n’a plus grand chose dans ses rayons, qui n’étaient pas visibles à l’heure de notre visite. On comprend vite que ces JO sont aussi une manière pour les principaux constructeurs de se comparer, la concurrence étant forte sur le marché des photojournalistes.
Alors que la première semaine des JO touche à sa fin, les stocks de chaque constructeur se sont quelque peu réduits. Chez Sony, qui prête du matériel à un photographe pour toute la durée de la compétition, les stocks se sont épuisés très rapidement. Les concurrents, quant à eux, préfèrent proposer des prêts à la journée, voire sur 48 h.
Les reflex n’ont plus la cote
Alors que jusqu’à peu, les reflex étaient légions aux abords des stades, ils semblent petit à petit être remisés. Nikon dispose ainsi de reflex sport avec 15 Nikon D6 et 10 D5, néanmoins l’hybride semble avoir bien pris le pas sur le reflex. Le constructeur nous explique que plus de 90 % des demandes de prêts concernent les hybrides.
Les représentants de Canon, chez qui on trouve aussi quelques EOS-1D X Mark III de disponibles, disent même avoir surestimé la demande de reflex.
Les longs télézooms lumineux sont les objectifs les plus demandés
Les trois constructeurs proposent des kits de prêt relativement similaires aux photographes. Les professionnels peuvent ainsi se voir attribuer – sauf exception – un boîtier, une à deux optiques et un accessoire (bague d’adaptation, flash, téléconvertisseur, etc.). Pour ces Jeux Olympiques, l’objectif le plus demandé est souvent un long télézoom lumineux, comme le Canon RF 100-300 mm f/2,8L IS USM. D’ailleurs Canon, qui dispose sur site de 50 exemplaires, en avait déjà prêté 48 au moment de notre visite.
Nikon n’a pas (encore) d’objectif similaire pour hybride à son catalogue, mais le constructeur propose le AF-S Nikkor 120-300 mm f/2,8E FL ED SR VR pour reflex. Lui aussi est victime de son succès sur les étales du Palais des Congrès, car facile à adapter sur hybride avec une bague FTZ.
D’ailleurs, les gros téléobjectifs sont en nombre conséquent. Nikon a ramené 130 téléobjectifs très lumineux comme les Nikkor Z 400 mm f/2,8 TC VR S ou 600 mm f/4 TC VR S. On dénombre aussi 80 optiques du même type du côté des reflex.
Les placards sont aussi garnis de zooms en tout genre, allant du Nikkor Z 14-24 mm f/2,8 S au Nikkor Z 70-200 mm f/2,8 VR S. Sans oublier des focales fixes très lumineuses. Canon n’est pas en reste avec un très grand nombre d’objectifs pro, dont de très longues focales RF 800 mm f/5,6L IS USM ou même des RF 1200 mm f/8L IS USM. Des optiques affichées à des tarifs approchant, voire dépassant les 20 000 € qu’il est possible d’emprunter sans même devoir déposer une caution, un bel avantage pour les professionnels.
Chez Sony, si on ne dispose pas au catalogue d’objectifs comme le 100-300 mm f/2,8, on trouve néanmoins un très bon et léger FE 300 mm f/2,8 GM OSS. Sur le stand du constructeur, nous avons pu observer plusieurs de ces optiques passer entre les mains des photographes accrédités. Elles étaient par moment accompagnées par le FE 400 mm f/2,8 GM OSS, autre référence pour la photo de sport.
Des ateliers de réparation entièrement gratuits
Ces espaces presse ne sont pas seulement des sites de retraits, mais aussi de véritables ateliers. Ici, des techniciens venus en renfort du monde entier s’attèlent à vérifier et à réviser le matériel après chaque prêt. Les photographes peuvent aussi déposer leur équipement personnel pour réparation.
Les constructeurs disposent d’un grand nombre de pièces détachées et peuvent presque tout changer sur site, même les capteurs. Et tout cela est entièrement gratuit !
Canon a même réservé un espace tout en longueur avec mire et éclairage professionnel pour recalibrer correctement ses optiques, que nous n’avons pas pu photographier, secret industriel oblige.
Sur les étagères des produits réparés en attente de retourner à leurs propriétaires, on retrouve parfois quelques pépites, comme un Canon EF 400 mm f/2,8 L IS USM de première génération datant de… 1999 ! Un caillou de 5,37 kg, contre presque moitié moins lourd pour le modèle hybride actuel. On dit même que certains photographes filous profiteraient des JO pour faire réparer gratuitement du matériel parfois en panne depuis plusieurs mois.
Les retours de photographes, très précieux pour les constructeurs
Ces centres photo sont aussi un excellent moyen pour les constructeurs de faire essayer leurs derniers produits à des photographes professionnels très exigeants et de bénéficier de leurs retours, offrant autant d’axes d’amélioration précieux.
Nikon nous informe avoir une équipe dédiée sur site, récupérant en direct les remarques, les conseils, tout comme les demandes des professionnels. Ces données sont ensuite récupérées et analysées, voire intégrées à d’éventuelles mises à jour de firmware ou dans de futurs boîtiers.
Ces espaces dédiés aux constructeurs sont très intéressants et permettent d’observer le balai incessant des photographes qui accourent (souvent en sueurs) entre deux épreuves pour échanger optiques et boîtiers ou obtenir des conseils sur le fonctionnement de leurs nouveaux matériels. Un exercice complexe permettant de jauger de l’intérieur – au niveau de la photo – la logistique nécessaire au bon déroulement de Jeux Olympiques de Paris 2024.
Nous remercions les équipes de Nikon France, Canon France et Sony France de nous avoir accueillis et guidés durant notre visite.