Interview Tamron au Salon de la Photo 2023 : « Quand on a du succès, il faut s’attendre à ce que les autres s’inspirent de nous »

Tamron est devenu un acteur important du marché des objectifs pour hybrides. Lors du Salon de la Photo 2023, nous avons pu échanger avec Jean-Christophe Thiry, président de Tamron France. L’opportunité pour nous de parler de l’expansion vers la monture Z, du Tamron Service ou encore des ventes toujours importantes des optiques pour reflex. Place à l’interview.

Le Salon de la Photo est de retour en France : quel est l’état d’esprit pour Tamron ?

Nous sommes très positifs car il y a beaucoup de monde, dès les premiers instants. C’est notre essence de rencontrer notre public. Rares sont les occasions aussi importantes, aussi bien en Europe que dans le monde actuellement. Nous avons à cœur de bien faire, de bien informer, de bien servir, surtout avec un marché qui s’est réveillé après le Covid-19.

Observez-vous également un tel élan positif en ce qui concerne l’accueil des produits de Tamron ces dernières années, en France ou même dans le monde ?

Il y a toujours un grand enthousiasme. Il y a de nouvelles technologies et nous abordons de nouveaux usages, comme avec le 17-50 mm f/4 Di III VXD, qui est le premier zoom à couvrir cette plage focale sur le marché. Forcément, cela interroge, et on reçoit beaucoup de questions et beaucoup d’encouragements.

Interview Tamron au Salon de la Photo 2023 : « quand on a du succès, il faut s'attendre à ce que les autres s'inspirent de nous »

Nous avons également annoncé le 70-180 mm f/2,8 Di III VC VXD G2 et qui embarque de nouvelles technologies, de nouvelles finitions et la stabilisation optique. À coup sûr, cela nous redonne un nouvel élan.

Quel a été votre plus gros succès de ces 12 derniers mois ?

Le 35-150 mm f/2-2,8 Di III VXD en monture E pour Sony a été notre fleuron l’année dernière. C’est une optique qui vit très bien et on voit que les utilisateurs de chez Nikon, qui sont particulièrement nombreux en France, attendaient la déclinaison de ce produit en monture Z.

On a fait des tests avec le Nikon Z 8 et, sur le terrain, c’est un couple qui marche très bien, C’est réellement très prometteur.

Est-ce que les commandes du 35-150 mm en version Z prennent la même direction ?

Aujourd’hui, nous constatons que le parc optique chez Nikon reste moins étendu que celui de chez Sony. Toutefois, il y a un attachement des utilisateurs Nikon. Il y a une image de marque en France qui est très forte et qui est tirée par le haut du marché avec le Z 9 et maintenant le Z 8.

Interview Tamron au Salon de la Photo 2023 : « quand on a du succès, il faut s'attendre à ce que les autres s'inspirent de nous »

Nous sortons ce 35-150 mm f/2-2,8 au même moment que le Z 8. Donc le timing est parfait pour nous. C’est un kit idéal et on nous en parle fréquemment. On a profité de l’émulation provoquée par le Z8.

Si l’on devait comparer les ventes d’optiques hybrides entre Sony et Nikon, où trouverait-on la plus forte demande ?

Je n’ai pas les chiffres de vente des boîtiers chez Nikon et Sony. Mais ce que je sais, c’est que Sony a une gamme qui est plus grande, et plus installée, et qu’ils ont reconquis les utilisateurs au moment où Canon et Nikon ne proposaient pas d’offres équivalentes.

Interview Tamron au Salon de la Photo 2023 : « quand on a du succès, il faut s'attendre à ce que les autres s'inspirent de nous »

Les utilisateurs Sony sont beaucoup plus nombreux aujourd’hui sur le marché. Mais peut-être que dans un an ou deux ans, avec l’extension de la gamme Canon et les très beaux produits qu’on a chez Nikon, cela va s’équilibrer, forcément.

Sony représente toujours pour vous la plus grosse part de marché, devant Fujifilm ?

Pour nous, Sony reste la monture prioritaire. Nous sommes également bien placés sur Fujifilm. Avec quatres optiques, notre gamme couvre les focales du 11 au 500 mm.

Interview Tamron au Salon de la Photo 2023 : « quand on a du succès, il faut s'attendre à ce que les autres s'inspirent de nous »

Cette gamme est totalement complémentaire de ce que fait Fujifilm, et aussi totalement différenciée de ce que font nos concurrents. Donc ça marche très bien. C’est un marché qui est extrêmement dynamique et très porteur pour nous en France.

En ce qui concerne le marché en monture Nikon, on voit qu’il y a de la demande, que le marché nous demande. Jusqu’ici, nous avons été les premiers à annoncer une optique tiers avec le 70-300 mm f/4,5-6,3 Di III RXD. C’est une optique qui se vend bien. Et là, avec le 35-150 mm, on sent un engouement très palpable.

Nos ingénieurs sont prêts. Et ils vont répondre rapidement à la demande des utilisateurs Nikon Z sur le marché. On va avoir beaucoup de produits Nikon l’année prochaine.

Va-t-on voir débarquer de nouvelles optiques sur monture Z, rappelant des objectifs Nikon déjà inspirés d’optiques Tamron ?

Sans doute, mais ça sera différencié quoi qu’il arrive. Cependant, vous n’êtes pas sans connaître les liens étroits avec l’industrie japonaise. Après, on ne peut pas savoir quel sera le tarif ou la version, G1 ou G2. Mais je pense que tout cela est bien orchestré.

Interview Tamron au Salon de la Photo 2023 : « quand on a du succès, il faut s'attendre à ce que les autres s'inspirent de nous »

À chaque fois qu’un produit est lancé et développé, c’est en complétude, avec comme logique de donner accès à plus de possibilités aux utilisateurs. C’est cela qui permet à Tamron d’être un pionnier.

Nous avons sorti le 28-75 mm f/2,8, première génération en monture E. Nous avons aussi sorti la première optique en monture X et la première optique en monture Z.

Quelle est la position de Tamron face à une concurrence qui essaie de récupérer un peu cette dynamique, comme Samyang et son AF 35-150 mm f/2-2,8 FE ?

Très sincèrement, nous sommes fiers que Samyang ait créé une optique équivalente. Cela veut dire que Tamron a créé un marché.

Cela signifie qu’on a très bien analysé et écouté les utilisateurs et qu’on a répondu à un besoin qui se manifestait sur le marché, parce qu’un zoom 35-150 mm f/2-2,8, cela n’existait pas avant.

Mais voilà, on est pionnier et forcément, quand on a du succès, il faut attendre à ce que d’autres, sans nous copier, s’inspirent fortement de ce qu’on fait. Et ça, c’est pour nous le plus grand des honneurs qu’on puisse recevoir.

On est une société qui n’a pas peur de la concurrence. Non, nous, on avance, on innove.

Que pouvez-vous nous dire de votre service de test et remplacement d’objectif Tamron Service ?

Comme être pionnier ne suffit pas toujours à conquérir un marché hautement concurrentiel avec des utilisateurs qui sont très avertis, semi-professionnels ou professionnels, Tamron France a initié le Tamron Service.

Nous voulions que la gamme d’optiques Tamron pour les hybrides soit accessible dans une quarantaine de points de vente en France. Et, lorsque les gens achètent nos produits dans ces points de vente, ils peuvent bénéficier du prêt d’un objectif pendant la réparation.

Interview Tamron au Salon de la Photo 2023 : « quand on a du succès, il faut s'attendre à ce que les autres s'inspirent de nous »

C’est très important pour nous, et c’est un système qui a été très bien accepté par les distributeurs spécialisés, ainsi que par les utilisateurs. Cela rassure énormément tous les acheteurs, les petites productions, les petits photographes, qui n’ont pas forcément les moyens d’avoir deux optiques, deux boîtiers.

Cela signifie que celui qui a du travail à faire, dont les revenus dépendent de son optique Tamron, n’aura jamais le moindre problème avec cette optique. Si elle est défaillante, elle sera remplacée pendant le temps de la réparation, la personne pourra continuer de travailler.

Grâce à cela, nous sommes en train de conquérir un nouveau segment du marché, notamment chez les professionnels.

On parle beaucoup d’hybrides, mais les optiques reflex représentent-elles encore une grosse part de vos ventes ?

Oui, cela reste important. Surtout en France ou en Europe. Au niveau mondial, on sait que la transition du reflex à l’hybride est plus lente en Europe et en France Japon, dans le reste de l’Asie, ou aux États-Unis.

Interview Tamron au Salon de la Photo 2023 : « quand on a du succès, il faut s'attendre à ce que les autres s'inspirent de nous »

Ainsi, chez nous, il y a encore une part très importante de notre chiffre d’affaires qui est réalisée avec des optiques reflex, et on va continuer à les produire et à les proposer. On se concentre notamment sur les SP 24-70 mm f/2,8 Di VC USD G2, SP 70-200 mm f/2,8 Di VC USD G2, SP 150-600 mm f/5-6,3 Di VC USD G2, SP 35 mm f/1,4 Di USD, ou encore le 100-400 mm f/4,5-6,3 Di VC USD.

Ce sont des optiques qui restent au catalogue et qui tournent très bien. Même si cela reste minoritaire face aux hybrides, même en France, sans être pour autant négligeable.

Vous récupérez alors un marché qui est délaissé par les grands constructeurs qui misent presque tout sur les hybrides…

En effet, les hybrides restent une nouvelle technologie, mais on voit beaucoup de personnes qui ont des reflex d’entrée de gamme, mais pas seulement. On trouve alors encore des gens qui ont des boîtiers reflex haut de gamme et qui ne veulent pas changer tout leur parc optique.

Si vous êtes adepte de la photographie animalière, par exemple, et que vous avez déjà un Canon EOS 6D Mark II, 4 optiques Canon et que vous voulez compléter, vous pouvez vous tourner vers notre SP 150-600 mm f/5-6,3 DI VC USD G2, et tout sera plus facile pour vous.

Jean-Christophe Thiry, Président de Tamron France

Merci à Jean-Christophe Thiry d’avoir répondu nos questions. Nous tenons également à remercier l’équipe de Tamron France pour cette interview.

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