Leica exposait ses différents systèmes SL, M et Q lors du Salon de la Photo 2023. Sur son stand, les visiteurs pouvaient retrouver les nouveautés dévoilées cette année, notamment le Q3 ainsi que le tout nouveau Sofort 2. Quelles sont les actualités de la firme de Wetzlar ? Pour y répondre, nous nous sommes entretenus avec Cyril Thomas, le PDG de Leica France. Place à l’interview.
Quel est l’état d’esprit de Leica à l’ouverture du salon ?
Pour le moment, c’est super. Il y a une énorme fréquentation, je pense que le Salon est un franc succès. Il y a beaucoup, beaucoup de monde.
J’aime le répéter aux équipes : dans un univers où on nous explique que les smartphones vont remplacer les appareils photo, ce qu’on voit surtout ici, c’est énormément de gens qui sont des amateurs avertis ou des pros et qui aiment l’univers de la photo.
Nous avons beaucoup de passages sur le stand, beaucoup d’intérêts pour les produits, donc on est très heureux d’être là.
Votre stand est d’ailleurs toujours aux côtés de Sigma et Panasonic, les acteurs de la L-Mount Alliance.
Oui, tout à fait. Nous sommes ravis de ce partenariat, parce que l’alliance de la monture L est de plus en plus vivante.
Nous sommes vraiment satisfaits de la monture. Bien qu’elle ne soit pas encore au niveau de la M ou du Q en termes de volume, c’est un système qui prend de plus en plus son envol. On est très heureux des ventes réalisées sur le système SL.
Plus il y a du dynamisme, que ce soit chez Leica, chez Panasonic ou chez Sigma, autour de la monture L, plus on est euphoriques.
C’est une bonne opportunité pour les clients qui achètent des boîtiers SL2 et qui vont avoir un large choix d’optiques issus d’au moins trois constructeurs différents et avec leurs caractéristiques propres. Chez Leica par exemple, nous sommes connus pour nos très bonnes focales fixes.
Justement, la monture L a récemment accueilli Samyang et Blackmagic. Comment voyez-vous l’arrivée de nouveaux acteurs sur la monture L ?
Sincèrement, je pense que ça ne peut être que positif, parce que plus le système est ouvert et plus des consommateurs potentiels, intéressés par cette monture et les produits qui y sont présentés, pourront venir dans cet univers.
Cela ne peut être que bénéfique pour Leica, pour ceux qui cherchent vraiment le haut du panier.
Leica vient d’annoncer le Sofort 2, un appareil photo instantané. On n’attendait pas Leica là-dessus, pourquoi ?
C’est un petit appareil ludique. On avait fait un Sofort 1, je pense que le Sofort 2 est une continuité logique, il apporte ce double aspect numérique et analogique. C’est un appareil intéressant à utiliser.
On sait très bien que la photo Polaroid, l’Instax, c’est une émotion spéciale, ce sont des photos qui sont peu détaillées mais avec un feeling qui est toujours sympathique sur de petites images.
J’ai toujours dit que c’était un appareil de fête, qu’on utilise dans des soirées, ou pour offrir, pour donner aux autres, parce qu’on peut tout de suite avoir une image.
Je pense que c’est un petit appareil qui trouve toute sa place chez Leica : d’entrée de gamme, ludique, différent de ce qu’on peut proposer habituellement.
Leica a récemment lancé le nouveau Q3 : quel a été l’accueil de ce boîtier en France ?
Je crois qu’on ne peut pas dire autre chose qu’un carton plein. Un carton plein, comme le Q2, comme le Q1. Il y a une demande qui est complètement dingue sur ce produit.
Il faut savoir que sur le Q2, qui en est à sa quatrième année de vie, on n’a jamais vendu autant de boîtiers en France.
Et ça c’est assez surprenant, parce qu’on se rend compte que le cycle de vie sur les produits Leica peut être très différent du cycle de vie sur des produits d’autres marques.
Pour le moment, le Q3 est parti comme une fusée. Nous avons des commandes gigantesques, on vend beaucoup de boîtiers, il est très bien accepté sur le marché.
Je pense que les évolutions par rapport au Q2 sont très intéressantes, on n’arrête pas d’ajuster pour en faire un produit de plus en plus abouti, avec de plus en plus d’accessoires, et cela marche très fort.
Le Dr Andreas Kaufmann a indiqué dans notre récente interview que 2023 était la meilleure année de l’histoire de Leica. Est-ce également le cas pour Leica France ?
Sur la France, cela fait 5 ans qu’on est en forte croissance, avec des croissances à 2 chiffres tous les ans.
Depuis l’introduction du M9 en 2009, Leica a toujours été en croissance. Je crois qu’il y a eu une année qui était un peu compliquée, c’était la première année du Covid.
On entame notre année le 1er avril. Sur les 6 premiers mois de l’année 2023, on continue à être en croissance. Et donc, oui, 2023 est la meilleure année pour Leica. Ça marche bien, on avance bien.
Je pense qu’on amène de plus en plus de gens à la marque Leica, elle s’ouvre sur un public plus large. Et je pense que c’est une bonne chose, il y a un travail de fond qui est fait sur la reconnaissance de la marque.
La marque a une histoire énorme. Et on fait des produits d’une qualité extraordinaire. Je pense que c’est de plus en plus reconnu. Je suis très positif sur l’avenir.
Une page se tourne pour le Leica S3 avec l’annonce de la fin du reflex S. Qu’est ce que cela augure pour l’avenir ? Fujifilm a t il pris le marché du moyen format hybride ?
Je pense que Fujifilm a toujours été très fort dans le moyen format hybride. Nous, pour le moment, on arrête le S3, mais je pense qu’il y aura des projets pour un futur S4.
Quand est-ce que ça arrivera ? Ce n’est pas demain, ce n’est pas dans un horizon proche. Je ne pense pas qu’on verra cela en 2024, je ne sais pas pour 2025, mais je sais que Leica a des projets en termes d’appareils photo hybrides dans le moyen format.
Leica a lancé un objectif Leica Noctilux-M 50 f/0.95 ASPH en titane. À qui s’adresse cet objectif de la fameuse gamme Noctilux ?
L’objectif était limité à 100 exemplaires dans le monde. En France, nous en avons eu 5. Chez Leica, il y a une communauté de collectionneurs. Cet objectif s’adresse essentiellement à ceux qui collectionnent du Leica.
Certains collectionneurs utilisent les produits, d’autres collectionnent, d’autres utilisent et collectionnent.
Bien sûr, il y en a très peu et ces collectionneurs s’arrachent le produit. On va dire que ça, c’est vraiment du pré-vendu. Le jour où il est annoncé, on ne les a pas encore qu’ils sont déjà vendus. Nos clients ont déjà dit « ce sera moi qui le prendrais. »
Avez-vous des nouvelles du SL3 ?
De nouveau, on développe bien les ventes sur le SL2. Je pense qu’il y aura naturellement une suite sur le SL3. Pour le moment, je ne sais pas encore exactement quand est-ce que cela arrivera. Mais il est clair qu’il y aura un SL3.
Leica a fêté les 50 ans de l’implantation d’une usine au Portugal. Quelle importance a cette usine pour Leica ?
Leica est au Portugal depuis 1973 et cette usine est très importante. Ce qu’il faut voir, c’est qu’on a exactement les mêmes process que ce soit en Allemagne ou au Portugal. On a beaucoup d’Allemands qui sont au Portugal aussi.
L’usine est très importante dans la production de certaines pièces détachées, et aussi dans l’univers du sport optique, de Leica Sport Optics : tout ce qui est jumelles, longue vue, télémètre laser, lunettes de carabine, est produit au Portugal.
Pour les autres produits, beaucoup de pièces sont faites au Portugal.
L’an dernier nous avions parlé du nouveau Store Leica à Paris. Désormais ouvert, que représente ce lieu pour Leica France ?
Depuis son ouverture en avril dernier, nous sommes très satisfaits. Parfois, quand on ouvre un Store, il faut un peu de temps avant que cela ne prenne. Là, ça a pris directement, tout de suite.
Nous avions besoin, au niveau de la marque, de ce qu’on appelle un flagship. Je ne veux pas utiliser les anglicismes comme ça, mais nous avions besoin de quelque chose, d’un endroit qui soit un temple représentatif pour la marque Leica.
Ce nouveau Store, qui fait 301 m² sur deux niveaux, dispose d’une galerie Leica qui est assez importante. On peut exposer différents artistes, et notamment des artistes utilisant du Leica. On expose aussi, bien sûr, tous nos produits neufs, les produits d’occasion, des produits vintage.
On a un grand centre de Customer Care avec une montée en compétence du service après-vente de Leica directement en France.
Ce qu’on veut, c’est apporter de plus en plus le service directement en France, avec des gens qui ont été formés en Allemagne et qui sont complètement au point pour faire la majeure partie des réparations Leica directement en France, à Paris.
Enfin, il y a un très grand espace pour ce qu’on appelle la Leica Akademie, où l’on peut accueillir jusqu’à 15 personnes avec leur ordinateur, pour faire différents types de workshops, que ce soit de la prise de vue ou de la post-production.
C’est un lieu qui a été conçu comme un grand appartement parisien, et où à mon avis les gens se sentent bien. Ils savent qu’ils peuvent venir prendre un café, passer du temps avec nous. Il y a une bibliothèque de livres photo aussi. L’endroit est sympa, il est bien placé dans Paris, et il est accueillant. Et je pense que ça marche très bien pour le moment.
Quels sont les axes de développement pour Leica en France ?
Le cœur du métier de Leica, c’est la photographie et le sport optique. On a d’ailleurs inventé le télémètre laser dans des jumelles en 1992. Mais il y a de nouvelles divisions qui se montent chez Leica.
Par exemple, Leica Vision avec les verres optiques, que je porte aujourd’hui. Ce sont les verres Volterra qui ont récemment gagné le Silmo. Ce verre progressif a 70% d’acceptation en plus de la part du porteur. Le jour où j’ai mis ces progressifs, j’ai commencé à pouvoir mettre des progressifs, alors qu’avant cela me donnait des maux de tête, j’avais la tête qui tournait.
Leica Vision va intervenir de plus en plus dans cet univers de l’optique pour lunettes. Leica a créé un centre de production à Heuchelheim, à côté de Wetzlar en Allemagne.
Le deuxième point, c’est les montres. On n’a jamais prétendu qu’on allait faire des milliers de montres, ce n’est pas le but. Mais nous sommes très fort en opto-mécanique et dans la micro-mécanique. Sous un capot de Leica M, il y a plus de 1000 pièces. Dans une très belle montre, il y a 250 pièces avec un certain niveau de complication.
[Depuis notre interview, Leica a dévoilé de nouvelles montres ZM 11 en Titane et Acier, distribuées dans certains Leica store. NDLR].On a embauché des gens qui venaient de l’univers de l’horlogerie, qui savaient ce qu’étaient des mouvements. Leica sait ensuite faire ces pièces.
En fait, Leica va dans des domaines où on a de la légitimité parce qu’on a des compétences. Par exemple, on ne va pas faire des chaussures parce qu’on n’est pas bon dans le cuir, ce n’est pas notre truc. Mais on va faire des montres parce qu’on est très fort dans la micro-mécanique. On fait des optiques de lunettes parce qu’on est très fort en optique.
Plus récemment, on vient d’ouvrir une nouvelle division avec le Leica Ciné 1. Ce sont des projecteurs laser. On l’a en trois formats, 80, 100 et 120 pouces. Leica intervient au niveau du bloc optique, avec trois optiques laser qui projettent en très grand-angle.
On met cette boîte à une vingtaine de centimètres d’un écran ou d’un mur blanc et cela projette l’image jusqu’à 2,50 mètres de large.
Sans avoir une télé gigantesque chez soi, on peut avoir un appareil qui n’est pas trop gros, qui est design, qui a un beau gris sidéral et qui va projeter une image d’une définition hallucinante en 2,50 mètres de large. C’est très intéressant. Il est possible d’essayer ce produit dans notre flagship, au premier étage.
Merci à Cyril Thomas d’avoir répondu nos questions. Nous tenons également à remercier l’équipe de Leica France pour cette interview.
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