Prise en main Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS Sports : la polyvalence, ça pèse !

Le festival de Montier-en-Der est l’occasion d’essayer des objectifs peu communs comme le Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS Sports. Annoncé en janvier 2023, ce télézoom x10 vise à offrir une polyvalence inédite. Nous avons pu l’essayer durant quelques heures. Voici donc nos premiers retours au sujet de ce « Bigma » pour hybrides plein format.

Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS Sports : zoom x10 pour capteur plein format

La course à la polyvalence semble sans limite. Les constructeurs de zooms rivalisent d’ingéniosité pour offrir l’objectif avec la plage focale la plus intéressante (et souvent la plus large) pour convenir à de nombreuses pratiques. On voit alors fleurir, des 100-400 mm, des 150-600 mmm, des 200-600 mm ou bien encore des 200-800 mm. À ce petit jeu, Sigma a frappé un grand coup en janvier 2023 en présentant son Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS Sports pour hybrides plein format en monture E (Sony) ou L (Sigma, Leica, Panasonic, etc.).

Phototrend Test Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS Sports

Il vient succéder au 60-600mm f/4,5-6,3 DG OS HSM Sports, lancé fin 2018 et qui est destiné aux reflex.

Ce super télézoom offre ainsi une plage focale x10 très étendue, qui permet de s’adonner à diverses pratiques de la photographie. Bien entendu, le zoom s’adresse avant tout aux photographes de sports ou d’animalier souhaitant limiter le nombre d’objectifs dans leur sac, sans pour autant sacrifier la qualité d’image.

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Commercialisé depuis le mois de février 2023, cet objectif est complexe à tout point de vue. À commencer par la formule optique de 27 éléments répartis en 19 groupes. On note les 2 lentilles FLD (à dispersion ultra-faible) et les 3 lentilles SLD (très faible dispersion), certaines étant placées tout à l’avant de l’objectif.

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Le zoom profite aussi d’une distance minimale de mise au point assez courte pour ce type d’objectif : 45 cm au grand-angle et 2,6 m à fond de zoom. À 200 mm, on dispose du rapport de grossissement maxima de 1:2.4 qui permet de taquiner la macro. À cette distance, le sujet n’est qu’à 2 cm de la lentille frontale.

L’objectif intègre aussi un nouveau moteur autofocus HLA très précis et rapide d’après Sigma. La stabilisation optique est également de la partie, avec un gain théorique de 7 stops à 60 mm et 6 stops à 600 mm.

Voici la liste complète des caractéristiques du Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS Sports :

  • plage focale : 60-600 mm (90-900 mm en APS-C)
  • objectif pour capteur plein format
  • ouverture max : f/4,5-6,3
  • ouverture min : f/22-32
  • angle de champ : 39,6° – 4,1°
  • construction optique : 27 éléments répartis en 19 groupes (dont 2 éléments FLD et 3 éléments SLD)
  • diaphragme : circulaire, 9 lamelles
  • distance minimale de mise au point : 45-260 cm
  • stabilisation d’image : oui
  • tropicalisation : résistant à l’humidité et à la poussière
  • grossissement max : 0,42x (à 200 mm)
  • mise au point : autofocus à motorisation HLA
  • diamètre du filtre : 105 mm
  • dimensions : ø 119,4 x 279,2 mm (D x L)
  • poids : 2495 g
  • accessoires fournis : bouchons avant et arrière, bouchon avant souple, pare-soleil, collier de pied
  • monture compatible : monture E et monture L

Un haut niveau de finitions

Sigma se montre généreux en termes de commandes manuelles. Outre les bagues de mise au point et de zoom (qui offrent une course agréable, ni trop souple ou rigide), on dispose de commutateurs pour l’autofocus, limiter la distance de mise au point, le type de stabilisation et même les fonctions attribuées aux deux boutons situées au milieu du fut.

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Le revêtement finement texturé ainsi que les finitions apportent au zoom un ressenti résolument premium, à rapprocher sans peine des optiques les plus haut de gamme de chez Sony. Si nous n’avons pas réalisé de tests poussés à ce sujet, la résistance aux intempéries nous a semblé tout à fait efficace lors d’une session sous un sacré crachin.

Une bête massive

Lorsque l’on prend en main le 60-600 mm de Sigma, on est surpris par son poids . En effet, à l’image du récent 70-200 mm f/2,8 DG DN OS Sports, il s’agit d’une optique assez lourde, affichée à près de 2,5 kg mais pour 28 cm repliée et 44 cm dépliée. Elle est donc assez dense et n’est pas utilisable aisément sans une certaine condition physique.

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Aussi, une fois le zoom installé sur un petit boîtier Sony tel un A7 IV ou un Alpha 1, le déséquilibre se fait vite ressentir, même si l’on rajoute un grip. Les plus grosses lentilles sont en effet situées vers l’avant et, lorsque l’on déploie l’optique à fond de zoom, le déséquilibre se montre encore plus important. Citons aussi l’élément frontal très imposant de 105 mm de diamètre qui prend sa part dans le poids de ce super-télézoom.

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Un monopode est quasi-obligatoire

La pression exercée sur la monture E semble assez forte et, à main levée, il faut attraper le tout via le sabot du collier intégré. Même dans ce cas, le caillou fait pencher l’ensemble vers l’avant et, une fois que l’on passé la barre des 200 mm, on soutiendra l’objectif au niveau de la bague de zoom pour s’assurer de la bonne stabilité de son équipement.

L’utilisation d’un monopode ou d’un trépied est donc plus que recommandée, même si cela réduit un peu la flexibilité du système. À titre de comparaison, le Sigma 150-600 mm f/5,6-6,3 DG DN OS Sport fait 26 cm de long pour 2,1 kg – sans zoom interne. De son côté, le FE 200-600 mm f/5,6-6,3 G OSS de Sony fait 32 cm de long, mais pour 2,12 kg et avec un zoom interne, il est ainsi bien mieux équilibré.

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Une fois maîtrisé le gabarit de la bête, il convient d’essaye de capturer les sujets en mouvement. Et sur ce point, le zoom de Sigma offre un résultat contrasté.

Phototrend Test Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS Sports

Un autofocus capricieux…

Lors de notre session d’essai, nous avons été surpris par le manque de consistance de l’autofocus. Couplé à un Sony Alpha 1, qui pourtant ne manque de réactivité, nous avons constaté à de multiples reprises un phénomène de pompage lors de la mise au point.

Phototrend Test Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS Sports
Sony A1 – Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS – 323 mm – 1/1250 s – ƒ / 5,6 – ISO 16000

Certes, les volatiles que l’on cherchait à photographier pouvaient bouger très vite et les conditions d’éclairages n’étaient guère favorables, mais le Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS Sports s’est montré assez fébrile sur ce domaine.

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Sony A1 – Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS – 600 mm – 1/1000 s – ƒ / 6,3 – ISO 3200

Il fallait souvent dézoomer, refaire le point, puis se remettre à fond de zoom pour réussir à conserver une mise au point bien calée. De plus, lorsque l’autofocus est à la hauteur, en cas d’utilisation à main levée, le tracking d’objets rapides devient délicat. En effet, l’encombrement du zoom ralentit les mouvements et on se retrouve une fois de plus avec le point perdu.

Phototrend Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS Sports
Sony A1 – Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS – 600 mm – 1/1250 s – ƒ / 6,3 – ISO 16000

…mais très efficace une fois verrouillé

Heureusement, l’objectif se rattrape avec un suivi du sujet globalement très satisfaisant. Une fois le point acquis et le sujet verrouillé, le tracking peut se montrer très efficace. Nous avons ainsi pu réaliser des séries très probantes à 15 i/s (Sony limitant les rafales à 30 i/s de l’A1 uniquement à certaines de ses propres optiques).

Il faut cependant un certain temps d’adaptation et accepter de ne pas déclencher trop vite sous peine d’avoir pas mal de déchets.

Une qualité optique très prometteuse

Il est ardu de se prononcer totalement sur les qualités optiques du Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS Sports. Avec de faibles conditions lumineuses et de la pluie, les images finales ne rendent pas forcément hommage au zoom. Ceci étant dit, malgré l’ambiance grisâtre et le bruit important – souvent supérieur à 10 000 ISO – il faut avouer que le Sigma propose des clichés de très bonne facture.

Sony A1 – Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS – 318 mm – 1/1250 s – ƒ / 5,6 – ISO 10000

Les images sont bien contrastées, les couleurs assez marquées et le niveau de détails est élevé, l’optique encaissant sans peine les 50 Mpx du capteur. Nous en présence d’un produit visant des photographes avertis. Malgré sa polyvalence, l’objectif ne rogne pas sur la qualité des images.

Phototrend Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS Sports
Sony A1 – Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS – 140 mm – 1/1250 s – ƒ / 5,6 – ISO 2500

On remarque cependant un vignettage assez marqué sur l’ensemble de la plage focale, certes très bien corrigé automatiquement par nos logiciels de développement.

Sony A1 – Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS – 600 mm – 1/1600 s – ƒ / 6,3 – ISO 2000

L’amplitude x10 permet de couvrir plusieurs pratiques de la photo, notamment le portrait aux focales les plus larges. Cela étant, avec une ouverture maximale de seulement f/4,5 à 60 mm, la séparation de l’arrière-plan ne sera guère élégante. Aussi, on aura tendance à pousser un peu plus le zoom pour bien compenser ce bokeh peu gracieux par une compression impressionnante de l’arrière-plan.

Phototrend Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS Sports
Sony A1 – Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS – 600 mm – 1/1600 s – ƒ / 6,3 – ISO 2000

Toutefois, les portraits à 500 ou 600 mm ne sont pas la norme et ils impliquent d’être à une distance conséquente de son sujet, cela sera une solution à réserver à des paparazzis friands de photos lointaines.

À ce titre, notez que l’optique est compatible avec les téléconvertisseurs 1,4x et 2x de Sigma – mais uniquement en monture L. Les possesseurs de Lumix S5 II ou de Leica SL2, par exemple, pourront alors bénéficier – potentiellement – d’un zoom 120-1200 mm f/9-13, qui tient dans un sac à dos !

Retrouvez ci-dessous une sélection de photos capturées avec le Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS Sports :

Prix et disponibilité du Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS Sports

Le Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS Sports est disponible au tarif de 2349 €, en monture E et en monture L. Vous pouvez le retrouver chez Digit-Photo, Miss Numérique, Photo-Univers, et IPLN, en monture E et en monture L. L’objectif est toujours fabriqué au Japon (à l’unique usine Sigma d’Aizu, que nous avions visité en 2019).

Le tarif de ce super-télézoom est en hausse de près de 500 € par rapport au modèle reflex. Il est aussi bien plus coûteux que le Sony FE 200-600 mm f/5,6-6,3 G OSS, qui est passé sous les 1800 €.

Enfin, il est presque 1000 € plus cher que son « cousin », le Sigma 150-600 mm f/5,6-6,3 DG DN OS Sport (lui aussi proposé en monture E et en monture L), qui offre déjà une bonne dose de polyvalence… Malgré tout, une telle amplitude est inégalée sur le terrain.

Notre avis sur le Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS Sports

Notre première prise en main du 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS Sports de Sigma fut nuancée. D’un côté, nous avons un objectif haut de gamme, assez compact, bien construit, doté de nombreux contrôles et offrant une bonne qualité d’image. De l’autre, le zoom est lourd, mal équilibré et profitant d’un autofocus capricieux.

Il faut évidemment se rendre compte que ce Sigma – comme le Canon RF 200-800 mm f/6,3-9 IS USM – est un zoom très particulier que l’on ne peut utiliser que sous certaines conditions. Certes, le zoom x10 du Sigma permet de couvrir un panel de sujets très variés et il est plus lumineux que l’objectif de Canon. Mais il ne pourra être employé aisément en intérieur. Et en extérieur, il ne donnera son plein potentiel que sous un soleil bien présent, à moins de vouloir étrenner continuellement les fonctions de débruitage de ses logiciels.

Sony A1 – Sigma 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS – 318 mm – 1/1250 s – ƒ / 5,6 – ISO 10000

Un zoom très polyvalent donc, mais pas des plus faciles à maîtriser. Si nous comprenons qu’une formule optique complexe alourdisse un caillou, Sigma est aussi coutumier des objectifs pesants, preuve en est avec le récent 70-200 mm f/2,8 DG DN OS Sports, plus lourd et encombrant que la concurrence (sauf chez Nikon). L’opticien nippon a encore du travail à effectuer sur la miniaturisation de ses zooms.