Cette année, le Salon de la Photo a permis à Sony de faire découvrir ses dernières nouveautés, tant en photo qu’en vidéo. La star du stand était bien entendu le A9 III, doté d’un global shutter ainsi que le nouveau 85 mm f/1,4 GM II. Sur place, nous avons discuté avec Fabrice Abuaf, chef de produit senior IP&S chez Sony France, pour faire le point sur les évolutions technologiques et dresser le bilan de l’année écoulée.
Place à l’interview.
Quel est l’état d’esprit de Sony à l’entame de cette nouvelle édition du Salon de la Photo 2024 ?
Sony conserve un état d’esprit dynamique et une forte motivation. Le Salon de la Photo est un événement clé pour nous, où nous échangeons beaucoup avec les utilisateurs, qu’ils soient déjà équipés ou non. C’est une véritable rencontre.
Est-ce que l’année 2024 est une bonne année pour Sony ?
Chaque année apporte son lot d’intérêt et de réussite, car les défis évoluent constamment. Il n’y a pas toujours de grandes annonces, mais différents segments à développer, ce qui fait partie de la vie d’une entreprise. Il n’existe pas de mauvaises années, seulement des années où l’on s’adapte avec les bons défis et la bonne énergie.
Est-ce que la part de marché de Sony en France, en Europe, dans le monde, est globalement en croissance ?
Je n’ai pas de chiffres précis à partager, mais nous restons les leaders en France et en Europe sur le marché des hybrides plein format, tout en maintenant une dynamique positive.
Le Sony A7 IV reste-t-il toujours au sommet des ventes en hybride plein format malgré l’arrivée des Nikon Z6 III ou Canon EOS R5 Mark II ?
Il est vrai que l’A7 IV fait face à une concurrence musclée. Il n’est pas toujours en tête des ventes chaque mois, notamment en fonction des promotions de chacun. Cependant, il demeure un best-seller.
L’A7 IV était le boîtier le plus vendu chez Sony sur la dernière année fiscale. Est-ce que c’est toujours le cas ?
Oui, c’est toujours le cas.
Est-ce que l’A9 III a trouvé son public ? Parce que c’est quand même un boîtier très spécifique.
C’est toujours difficile de répondre à ce genre de questions. L’A9 III est un boîtier pionnier.
Sony a l’habitude de faire des boîtiers pionniers. En 2013, c’était le premier plein format. En 2015, c’est le premier capteur BSI (rétroéclairé). En 2017, c’était le premier capteur empilé avec l’A9. En 2022, l’A7R V c’était la première puce IA. Et là, 2023-2024, c’est l’A9 III avec le premier capteur global shutter.
Les ruptures technologiques sont toujours des moments très intenses. Étant sur un marché nouveau et différent, il faut du temps pour que les choses changent. Nous n’avions pas d’attentes spécifiques, mais nous faisons un travail d’évangélisation, en expliquant les avantages de cette nouvelle technologie. Et cela porte ses fruits.
Certes, ce boîtier s’adresse aux photographes professionnels et représente un investissement, mais la dynamique est bien présente.
2024 a été une année olympique. Est-ce que l’A9 III a été majoritairement utilisé par les photographes Sony lors des Jeux olympiques ? Plus globalement, quel bilan tirez-vous des Jeux olympiques pour les hybrides Sony ?
En 2024, Sony a connu une excellente année sur le segment des photographes professionnels. En effet, sur les JO, toutes les marques sont impliquées dans l’accompagnement et le support technique des équipes, des photographes et des agences, dont certaines venaient du monde entier.
Nous avons donc réalisé un nombre impressionnant de prêts de matériel, avec plus de 1000 prêts chez Sony, un chiffre colossal. Il y a eu une forte demande pour les modèles Sony A1 et A9 III, les boîtiers phares des JO. Cet événement a également été une occasion clé pour promouvoir la nouvelle technologie du global shutter.
L’A7 IV commence à se faire un peu “ancien”. Et on imagine forcément un A7 V, ce qui serait logique en termes de nomenclature. Est-ce que c’est un projet qui est très attendu par Sony en interne ?
À chaque sortie produit, sa dynamique. Les produits arrivent quand ils arrivent, s’ils doivent arriver.
Aujourd’hui, l’A7S III est le boîtier le plus ancien au catalogue de Sony en plein format pour la vidéo. En parallèle, Sony a développé des boîtiers vidéo avec les FX3 et FX30. Y a-t-il encore une place pour l’A7S III ?
Je pense que l’A7S III a encore toute sa place sur le marché. Bien qu’il soit principalement utilisé pour la vidéo, de nombreux photographes d’astro s’en servent dans des conditions de très faible luminosité. Ce boîtier reste un choix intéressant, équipé d’un viseur et de son célèbre capteur de 12 mégapixels, offrant des performances exceptionnelles.
Il est vrai que la gamme FX, notamment avec la FX3, connaît un grand succès auprès des créateurs de contenu vidéo, mais cela ne remet pas en cause la pertinence de l’A7S III, qui suit un cycle de vie normal pour un produit de cette gamme.
Contrairement à son prédécesseur, l’A7S II, son successeur semble être moins attendu, en partie à cause de la concurrence interne avec la série FX, l’A7 IV, ou encore de futures versions comme un éventuel A7 V ou une FX3 II.
Je n’ai pas d’avis particulier là-dessus, mais il est clair que l’A7S III, la FX3 et même le ZV-E1, bien qu’on n’en ait pas encore parlé, offrent une qualité d’image très similaire, car ils reposent sur la même base technologique. Cela dit, leur usage varie selon les besoins et l’intensité.
Quant à l’avenir, difficile de prédire ce qui viendra, mais pour l’instant, l’A7S III a encore toute sa place sur le marché. Il maintient un bon niveau de ventes, tandis que la FX3 s’adresse à un public plus professionnel et exigeant.
Pendant les Jeux olympiques, on a vu sur le terrain un type de zoom un peu nouveau chez Canon, le RF 100-300mm f/2,8 L IS USM, et son équivalent reflex chez Nikon, qui est le Nikkor 120-300mm f/2,8 E FM ED SR VR. Ces deux optiques semblaient très demandées. Est-ce que selon vous, Sony doit envisager un objectif de ce type ?
Je pense qu’il y a beaucoup de demandes, notamment de la part des photographes professionnels et sportifs, pour que Sony développe des télézooms. Les ingénieurs de chez Sony sont à l’écoute et gèrent les priorités en fonction de la faisabilité et de la production.
Le 100-300 mm f/2,8 de Canon est certes une focale intéressante, mais de notre côté, le 300 mm f/2,8, bien que ce ne soit pas un zoom, offre des avantages majeurs pour les photographes professionnels : légèreté, qualité d’image et maniabilité. Avec un poids de moins de 1,4 kg, il se distingue vraiment dans sa catégorie.
On ne propose pas exactement les mêmes objectifs et les mêmes avantages, mais aujourd’hui, le 300 f/2,8 fait de très bonnes ventes.
En 2024, le marché des compacts experts est en plein essor, encore plus qu’en 2023. Le Fujifilm X100 VI connaît un énorme succès commercial, tandis que Pentax peine à répondre à la demande pour le GR III. De son côté, Leica a lancé un nouveau Q3 avec une focale de 43 mm. Avec les 10 ans du RX1R Mark II en 2025, est-ce qu’il ne serait pas pertinent d’envisager un nouveau compact expert chez Sony ?
C’est vrai que les performances commerciales des produits que vous venez de citer, du moins les envies des consommateurs, sont assez fortes.
En tant que photographes et experts du marché, on trouve que cette dynamique est remarquable et témoigne de l’intérêt toujours présent pour les appareils photo.
L’année dernière, vous nous disiez que c’était une “niche” à remplir. Mais il semble, avec le X100VI, que cette demande ne désemplit pas.
C’est une observation pertinente, et je pense que de nombreux ambassadeurs et photographes professionnels ont déjà transmis ce type de retour aux ingénieurs de Sony. Quant à ce que l’avenir nous réserve, je ne peux pas le prédire.
D’un autre côté, certains utilisateurs de boîtiers APS-C se sentent un peu abandonnés. Hormis le Sony A6700 de l’an dernier, il n’y a plus grand-chose à se mettre sous la dent : par exemple, l’A6400 commence à prendre de l’âge… Est-ce un segment délaissé par Sony ?
Non, c’est un segment qui reste pertinent. Bien que la gamme plein format soit aujourd’hui plus développée avec davantage de nouveautés, la gamme APS-C n’est pas en reste. Le lancement de l’A6700, qui intègre les technologies du plein format, comme la puce IA, les nouveaux menus et le double processeur Bionz XR, en est un exemple.
À des prix plus abordables, l’A6400 reste une option très performante, avec son autofocus sur les yeux et sur le visage. En France, il se vend bien en kit grâce à son tarif accessible. Donc, la gamme APS-C n’est pas du tout abandonnée, elle est dynamisée et est placée au niveau de prix auquel elle doit être.
Pensez-vous que l’on verra dans un avenir proche de nouvelles optiques très lumineuses ? Comme des focales fixes ouvrant à f/1,2 ou des zooms à f/2, ou moins ?
Je n’ai aucune information sur les sorties produit. Après, personnellement, je trouve qu’un 50 mm f/1.2 c’est quand même extrêmement niche, dans l’absolu. On a d’ailleurs déjà un FE 50 mm f/1,2 GM, un 50 mm f/1,4. Et avec le 85 mm f/1.4 GM II, que nous venons de sortir, nous pouvons combler tous les besoins des portraitistes sur cette focale.
Merci à Fabrice Abuaf d’avoir répondu nos questions. Nous tenons également à remercier l’équipe de Sony France pour cette interview.
Pour en savoir plus, retrouvez tous nos articles sur Sony.