Dévoilé en septembre 2023, le Fujifilm GFX 100 II n’est autre que le 3e boîtier moyen format très haute définition du constructeur japonais. S’il reprend la définition de 102 Mpx de ses prédécesseurs, il s’illustre en inaugurant un nouveau couple capteur + processeur. Le but : offrir une excellente qualité d’image… et la marier avec une réactivité supérieure, avec une rafale à 8 i/s et un suivi autofocus bien plus performant.
Sur le terrain, le Fujifilm GFX 100 II tient-il ses promesses ? Les performances de ce boîtier superlatif sont-elles à la hauteur de nos espérances ? Cet hybride moyen format nous a accompagné pendant plusieurs semaines : voici notre test complet du Fujifilm GFX 100 II.
Sommaire
- Présentation du Fujifilm GFX 100 II
- Un boîtier moyen format à l’ergonomie travaillée
- Performances et qualité d’image du Fujifilm GFX 100 II
- Capteur 102 Mpx et X-Processor 5 : duo dynamico
- Pixel Shift : 400 Mpx à portée de main
- Enfin, un autofocus efficace sur un boîtier moyen format !
- Rafale et synchro flash du Fujifilm GFX 100 II
- Stabilisation
- Une autonomie passable… mais sans plus
- Le Fujifilm GFX 100 II côté vidéo : des caractéristiques impressionnantes
- Connectique filaire et sans-fil
- À qui se destine le Fujifilm GFX 100 II ?
- Conclusion
Présentation du Fujifilm GFX 100 II
Le Fujifilm GFX 100 II est le dernier né de la série GFX – et le 3e à se doter d’un capteur stabilisé très haute définition. Il vient se placer dans la lignée du GFX 100 (dévoilé en mai 2019) et du GFX 100S, dont il reprend certains ingrédients en termes de design.
D’emblée, le but de Fujifilm est clair. Le GFX 100 II doit incarner une vraie rupture technologique. Le capteur grand format et haute définition ne doit plus seulement rimer avec qualité d’image – mais aussi avec réactivité et vitesse. Deux caractéristiques jusqu’ici attribuées plus fréquemment aux boîtiers au capteur plus petit (24×36, APS-C ou 4/3’’).
Pour atteindre cet objectif, le GFX 100 II met les petits plats dans les grands. Il s’équipe d’un capteur redessiné, baptisé « GFX 102MP CMOS II HS ». Mesurant 44 x 33 mm (ratio 4:3), il est 1,7x plus grand qu’un capteur « plein format » 24×36 mm. Comparé aux GFX 100 et 100S, la définition demeure inchangée (102 Mpx). Cependant, il se différencie en offrant une vitesse de lecture largement supérieure – dixit Fujifilm. Notez qu’il s’agit ici d’un capteur rétroéclairé – mais pas empilé.
Ledit capteur est associé à un système de stabilisation sur 5 axes pour un gain maximal théorique de 8 stops. Mais surtout, le Fujifilm GFX 100 II est le 1er hybride moyen format de la marque à profiter du X-Processor 5. Ce CPU, inauguré avec la série des X-H2, doit procurer des améliorations notables du côté de l’AF, de la rafale – et de la stabilisation. Autant de points que nous ne manquerons pas de vérifier au cours de ce test.
Fujifilm GFX 100 II | Fujifilm GFX 100S | |
---|---|---|
Capteur | moyen format 102 Mpx BSI-CMOS II HS | moyen format 102 Mpx BSI-CMOS |
Filtre passe-bas | Oui | Oui |
Processeur d’image | X-Processor 5 | X-Processor 4 |
Viseur électronique | 0,64 pouce, 9,44 Mpts, gross. 1x, dégagement oculaire de 21 mm, taux de rafraîchissement jusqu’à 120 fps | 0,5 pouce, 3,69 Mpts, gross. 0,77x, dégagement oculaire de 23 mm, rafraîchissement jusqu’à 85 fps |
Écran | tactile, inclinable, 3,2 pouces, 2,36 millions de points | tactile, inclinable, 3,2 pouces, 2,36 millions de points |
Écran de contrôle | 2,09 pouces, monochrome, 4:3, 320×219 points | 1,80 pouce, monochrome, 4:3, 303 x 230 points |
Autofocus | Hybride et prédictif | Hybride |
Format d’enregistrement (photo) | JPEG (8 bits), HEIF (10 bits), RAW 14/16 bits, TIFF | JPEG (8 bits), HEIF (10 bits), RAW 14/16 bits, TIFF |
Format d’enregistrement (vidéo) | Apple ProRes 422, HEVC, MPEG-4 | MOV, HEVC, MPEG-4 |
Nombre de points AF | 3,76 millions de points (détection de phase) | 3,76 millions de points (détection de phase) |
Couverture AF | 100 % | 100 % |
Sensibilité AF | jusqu’à -2,5 EV (détection de contraste), -5,5 EV (corrélation de phase) | jusqu’à -2,5 EV (détection de contraste), -5,5 EV (corrélation de phase) |
Rafale (obt. mécanique) | 8 i/s | 5 i/s |
Rafale (obt. électronique) | 5,3 i/s | 5 i/s |
Obturation | de 30 sec à 1/4 000s (obturateur mécanique) ; de 30 sec à 1/32 000s (obturateur électronique), mode Bulb jusqu’à 60 min | de 60 min. à 1/4000s (obturateur mécanique) ; de 60 min. à 1/16000s (obturateur électronique) |
Sensibilité ISO | 80 à 12 800 ISO (extensible de 40 à 102 400 ISO) | 100 à 12 800 (extensible de 50 à 102 400 ISO) |
Synchro flash | 1/125s | 1/125s |
Stabilisation | oui, gain jusqu’à 8 stops | oui, gain jusqu’à 6 stops |
Vidéo | 8K 30/24p – 4K60p non recadrée, Full HD 120p | 4K / 30p non recadrée, Full HD 60p avec une limite de 120 min par video |
Stockage | 1x SD UHS-II et 1x CFexpress Type B, possibilité en SSD USB-C jusqu’à 2 To | 2x SD UHS-II |
Connectivité | Wi-Fi 5.0, Bluetooth 4.2, USB-C, HDMI A, micro, casque 3,5 mm | Wi-Fi 4, Bluetooth 4.2, micro HDMI, 2x jack 3,5 mm (micro et casque), télécommande |
Batterie | NP-W235 | NP-W235 |
Tropicalisation | Résistant à l’eau et à la poussière | Résistant à l’eau et à la poussière |
Dimensions (L x H x P) | 152,4 x 117,4 x 46,5 mm | 150 x 104 x 44 mm |
Poids (avec batterie et casque) | 1,03 kg (avec batterie et carte) | 900 g |
Monture | Fujifilm G | Fujifilm G |
Prix au lancement | 7999 € | 5999 € |
Un boîtier moyen format à l’ergonomie travaillée
Loin de se reposer sur ses lauriers, Fujifilm a apporté un certain nombre d’améliorations par rapport au GFX 100S. Trois axes sont ainsi concernés : l’ergonomie générale, la disposition des commandes ainsi que le viseur électronique.
Fujifilm GFX 100 II : compact, robuste et rassurant
Compte tenu de son capteur moyen format, le Fujifilm GFX 100 II s’avère relativement compact. Mesurant 15,2 cm de large et 11,7 cm de haut, il fait penser à un reflex plein format… tout en intégrant un capteur beaucoup plus grand. De même, son poids de 1,03 kg (100 g de plus que le GFX 100S…) est raisonnable. Couplé à un objectif assez lourd comme le GF 45-100 mm f/4, l’ensemble atteint les 2 kg mais reste agréable à utiliser.
Il faut dire que Fuji a apporté un soin particulier à l’ergonomie de son boîtier. La poignée est bien creusée ; le petit repose-pouce à l’arrière est rassurant. À aucun moment le boîtier ne donne l’impression de glisser de la main. Un point que vient renforcer le nouveau matériau antidérapant BISHAMON-TEX. D’une manière générale, la prise en main est très réussie
En outre, le GFX 100 II s’avère très robuste. Son châssis est conçu en alliage de magnésium. Mais surtout, il est entièrement tropicalisé. Sous la pluie ou la neige, aucun souci : le boîtier (et les optiques GFX) s’en tirent avec les honneurs. De ce point de vue, Fuji rend une copie parfaite.
Un capot supérieur incliné
La disposition des contrôles a également été améliorée. En premier lieu, on remarque que l’écran monochrome a été agrandi et offre désormais une meilleure lisibilité. Mais surtout, la tranche supérieure est légèrement inclinée de 11° vers le photographe. Ce qui, sur le terrain, améliore la lecture des informations.
On découvre aussi 3 touches Fn placées au-dessus du déclencheur. Ces touches sont personnalisables – et la fonction qui leur est assignée est rappelée dans l’écran de contrôle. Pratique. Par défaut, elles permettent de régler la correction d’exposition, la détection des animaux/véhicules et la détection des humains. Notez aussi les 2 touches Fn supplémentaires, placées à côté de la monture.
À gauche du viseur très proéminent (voir plus loin), on retrouve la roue PASM avec 6 positions Custom, ainsi qu’un commutateur Movie/Still (Vidéo/Photo).
La face arrière est plus minimaliste – et plus semblable au GFX 100S. La croix directionnelle est toujours aux abonnés absents. Le réglage des options (notamment le choix des collimateurs AF) s’effectuera donc avec le joystick, qui s’avère agréable à utiliser.
Le mode de MAP (Single, Continuous, Manual) peut être changé via un petit commutateur logé juste à gauche du viseur. La touche Q est toujours logée sur le repose-pouce. Pour affecter les différentes options, on peut passer par les menus ou maintenir ladite touche enfoncée quelques secondes. Enfin, 2 molettes de réglage sont présentes.
Un viseur électronique de rêve
Comme indiqué plus haut, le viseur électronique du GFX 100 II s’avère plutôt imposant. Et pour cause. Il intègre une dalle OLED de 9,44 Mpts (avec grossissement de 1x). Soit une belle évolution par rapport au viseur de 5,76 Mpts du premier GFX 100.
Au-delà de ces chiffres, cet EVF est particulièrement impressionnant par la taille de l’affichage et le confort qu’il procure. Il s’agit sans doute de l’un des viseurs les plus agréables du marché. Unique reproche : le dégagement oculaire est un peu juste (21 mm), ce qui risque de pénaliser légèrement les porteurs de lunettes.
Du reste, de nombreuses options sont proposées par Fuji. On peut ainsi régler la saturation ou la tonalité du viseur électronique. Mais aussi (et surtout) passer un taux de rafraîchissement de 120 Hz, pour une fluidité maximale. Revers de la médaille : dans ce mode, le grossissement est de « seulement » 0,7x… ce qui pourrait bien arranger les porteurs de lunettes, finalement.
Point notable : le viseur est… amovible. On peut donc le démonter totalement – et l’utiliser avec l’adapteur permettant de modifier l’angle de visée (noté EVF-TL1).
On retrouve également le grand écran de 3,2 pouces inclinable et orientable sur 3 axes – déjà croisé sur le GFX 100S. On peut ainsi incliner l’écran vers le haut, vers le bas et vers la droite (mais pas vers la gauche). Ce qui, sur le terrain, s’avère très pratique pour cadrer au ras du sol ou en plongée. On apprécie également l’affichage des informations en mode portrait. Toutefois, un double-système de rotule et charnières n’aurait pas été pour nous déplaire…
Performances et qualité d’image du Fujifilm GFX 100 II
Quelle qualité d’image pouvons-nous obtenir avec le Fujifilm GFX 100 II ? Pour le savoir, nous l’avons utilisé notamment avec la focale fixe Fujinon GF 55 mm f/1,7 R WR, ainsi qu’avec le zoom GF 45-100 mm f/4 R LM OIS WR. Sans oublier l’objectif Tilt-Shift GF 30 mm f/5,6 T/S.
N’hésitez pas à cliquer sur chaque image pour les afficher en qualité optimale.
Capteur 102 Mpx et X-Processor 5 : duo dynamico
L’association du capteur GFX 102MP CMOS II HS et du X-Processor 5 est la grande nouveauté du Fujifilm GFX 100 II par rapport à ses prédécesseurs. Dans le détail, ce capteur n’est pas totalement nouveau, mais profite d’un travail d’optimisation des microlentilles des photosites – de même qu’un temps de lecture réduit.
Aussi, l’ajout du X-Processor 5 a le bon goût de booster les performances générales du boîtier. Le GFX 100 II se montre beaucoup plus réactif que son aïeul, tant côté AF que lors de la navigation dans les menus. Tout répond au doigt et à l’œil, sauf exception notable – comme en naviguant dans les menus avec l’œil dans le viseur. Une fois capturée, l’image s’affiche (presque) rapidement.
Les images générées par le boîtier sont au ratio 4:3 et mesurent 11648 x 8736 pixels. En mode non-compressé, les RAW pèsent 200 Mo environ. Pour économiser sur le stockage, on peut opter pour le mode compressé sans perte, où les fichiers pèsent 110 Mo.
Enfin, notez que le boîtier capture (par défaut) des images en RAW 16 bits. Un point sur lequel nous reviendrons un peu plus loin. Enfin, notez que des modes « M » et « S » permettent de diminuer la définition de nos images (51 ou 11 Mpx). Pratique pour économiser de l’espace de stockage.
Qualité d’image : si haut dans le firmament
Disons-le clairement : le Fujifilm GFX 100 II nous a impressionné par sa qualité d’image. Mais est-ce vraiment une surprise ? Le fabricant nous avait habitué à de très bonnes performances avec ses précédents boîtiers – et les optiques en monture GF n’y sont pas pour rien.
Le niveau de piqué des images est stratosphérique. Les photographes d’architecture – et ceux de packshot – apprécieront la restitution très fine des détails.
De même, les portraitistes seront séduits par le modelé des images et l’impeccable rendu du sujet. On déplorera seulement une très légère teinte rosée sur les tons de peau. Un léger défaut qui nécessite d’être corrigé au post-traitement.
La définition ultra-élevée du capteur permet évidemment de rogner très fortement dans l’image, tout en conservant un niveau de détails très élevé. Ceci prend tout son sens en photographie d’architecture ou de paysage, où l’on peut appliquer un crop très important tout en conservant un fichier suffisamment grand pour être tiré en grand format.
D’une manière générale, Fujifilm propose une très bonne restitution des couleurs – neutre sans être froide. Bien évidemment, les simulations de films chères à Fujifilm sont de la partie. Mentionnons le nouveau mode « Reala Ace », aux teintes légèrement bleutées, aux ombres très douces. Nous avons davantage goûté au mode « Acros », pour des noirs et blancs aux contrastes léchés.
Enfin, la mesure automatique de l’exposition est efficace. Pour autant, certaines de nos images en intérieur ont été légèrement sous-exposées, le boîtier s’étant basé sur une zone claire pour faire la mesure.
Retrouvez ci-dessous une galerie de photos capturées avec le Fujifilm GFX 100 II :
Dynamique et montée en ISO : une belle amélioration par rapport au GFX 100S
En termes de monté en ISO, le Fujifilm GFX 100 II est globalement un bon élève. Par défaut, la plage ISO va de 80 à 12 800 ISO, et peut être étendue de 40 à 102 400 ISO – en obturation mécanique uniquement.
Dans les faits, le bruit est bien maîtrisé. Les résultats sont assez similaires à ceux observés avec le GFX 100S. Marginal à 1000 ISO, le bruit fait son apparition à partir de 3200 ISO et monte graduellement. La perte de détails devient plus marquée à 8000 ISO. À 12 800 ISO, le bruit est certes présent mais l’image reste pleinement exploitable – sauf à appliquer un rognage très prononcé.
En revanche, en mode ISO étendu, le grain devient beaucoup plus présent, avec un brouillage des détails les plus fins. Enfin, à 102 400 ISO, point de miracle : la qualité d’image reste tolérable mais le bruit est assez marqué. En revanche, nous n’avons observé d’effet de « quadrillage » comme sur certains boîtiers plein format.
Mais le plus impressionnant est doute du côté de la plage dynamique. Fujifilm corrige ainsi l’un des grands défauts du GFX 100S. Ainsi, il est désormais possible de rattraper une grande quantité d’informations dans les hautes lumières – chose qu’il était très difficile à faire sur les anciens boîtiers moyen format de Fuji.
Quant au débouchage des ombres, il ne pose aucune difficulté, permettant de récupérer une (très) grande quantité d’information. D’autant que l’opération ne génère que peu de bruit numérique. De ce point de vue, la copie livrée par Fujifilm est particulièrement soignée.
Pixel Shift : 400 Mpx à portée de main
Comme ses prédécesseurs, le Fujifilm GFX 100 II dispose d’un mode « Pixel Shift ». Le principe : le boîtier capture une série de 16 images pour livrer un fichier final de 406 Mpx.
Sur le terrain, le mode Pixel Shift permet de scruter tous les détails du sujet. Ainsi, ce mode s’adresse principalement aux services de numérisation de documents ou d’œuvres d’art – mais pourra également être utilisé en photo d’architecture notamment. Pour fusionner les images, on utilisera le logiciel Fujifilm Pixel Shift Combiner (Windows et macOS).
Sans surprise, l’opération nécessite l’emploi d’un trépied (logique)… et une scène parfaitement immobile. Car la moindre vibration, le moindre mouvement d’un objet suffit à générer une erreur lors de l’assemblage du fichier.
Du reste, le constat est identique à ce que nous avions déjà observé lors de notre test du GFX 100S. La fusion des fichiers prend environ 40 secondes (avec un MacBook Pro M1 Pro). À l’arrivée, on obtient un fichier DNG mesurant 23 296 x 17 472 pixels et pesant… 1,5 Go. À ce sujet, attention à la quantité de ressources dont dispose votre ordinateur, Lightroom pouvant occuper jusqu’à 20 Go de RAM en traitant un DNG généré via la fonction Pixel Shift…
Enfin, un autofocus efficace sur un boîtier moyen format !
Lors du lancement du GFX 100 II, Fujifilm a beaucoup insisté sur les performances autofocus de son nouveau boîtier, en nette hausse par rapport à ses prédécesseurs. Et force est de constater que les bénéfices du X-Processor 5 sont bien réels. D’une part, la mesure du point est beaucoup plus rapide et précise que par le passé. D’autre part, le boîtier dispose désormais de la reconnaissance et du suivi du sujet.
On dispose ainsi des mêmes algorithmes que sur les X-H2/X-H2S, X-T5 et X-S20, qui peut ainsi détecter et suivre les sujets suivants :
- Humains (yeux, visage)
- Félins et canidés (tête, yeux, corps)
- Oiseaux (tête, yeux, corps)
- Voitures
- Motos
- Vélos
- Trains
- Avions (carlingue, face avant et cockpit)
Sur le terrain, l’autofocus est en (très) net progrès par rapport à ses prédécesseurs. La mise au point est fiable et efficace. Le pompage est relativement rare – et dépend bien davantage de certaines optiques à l’AF un peu plus lent.
Les photographes de portrait seront particulièrement séduits par la détection et le suivi de l’œil du sujet, qui se montre globalement infaillible. Le nombre de « faux positifs » étant quasi nul. Seule limite : en basse lumière, l’accroche de l’œil est un peu plus aléatoire et l’AF se contente de faire la MAP sur le visage du sujet. Mais du reste, le GFX 100 II est sans aucun doute un excellent boîtier pour la photo portrait, en éclairage naturel comme en studio.
En photo de paysage, l’autofocus peut se montrer impressionnant. En lui laissant le temps, le boîtier parvient à effectuer la mise au point même dans le noir quasi-complet.
Pour autant, le Fujifilm GFX 100 II peut-il vraiment être qualifié de boîtier sportif ? Oui et non. Car lorsque les mouvements du sujet sont trop brusques et/ou trop aléatoires, l’autofocus s’affole et peine à accrocher et suivre le sujet avec suffisamment d’efficacité. De ce point de vue, les boîtiers plein format gardent l’avantage.
Rafale et synchro flash du Fujifilm GFX 100 II
L’autre « grosse » nouveauté du Fujifilm GFX 100 II se situe au niveau de la rafale, qui passe à 8 images par seconde (avec l’obturateur mécanique). Un record dans l’univers du moyen format. Avec l’obturateur électronique, la rafale descend à 5,3 i/s. Notez qu’en rafale, l’enregistrement se fait uniquement en 14 bits.
Sur le terrain, les performances en rafale du GFX 100 II sont étonnantes. En premier lieu, on notera que le déclencheur mécanique s’avère très doux. Mais surtout, le boîtier est doté d’une mémoire tampon de 128 Go. Il devient capable d’endurer une longue rafale à 8 i/s – ou plusieurs rafales consécutives. À la cadence maximale, le boîtier peut capturer jusqu’à 60 RAW non-compressés, et un plus de 130 RAW compressés sans perte – ou 420 en RAW compressés.
Dans le détail, en RAW non-compressé, le boîtier peut capturer des images en continu à la cadence maximale (8 i/s) pendant… 7,5 secondes (et plus de 50s en RAW compressés). Au-delà, la capture continue mais à un rythme plus réduit. Pour autant, nous ne sommes pas parvenus à bloquer le boîtier en utilisant une CFexpress Type B – ou un SSD. En utilisant une carte SD UHS-II, en revanche, le boîtier sature après 5 secondes de rafale environ. Après ce stade, l’enregistrement devient très lent – le temps pour le boîtier de transférer l’image vers la carte.
Cependant, l’utilisation de l’obturateur électronique est plus… hasardeuse. D’une part, le boîtier reste toujours très sensible au rolling shutter. Même en cas de déplacement lent en panning, les verticales s’inclinent et l’image est inexploitable.
De même, le phénomène de banding est très marqué, avec des lignes noires apparaissant nettement sous éclairage artificiel, même à des vitesses assez lentes. Si la vitesse de lecture du capteur a été augmentée, on reste (très) loin des performances d’un capteur global shutter !
Enfin, notez que la synchro flash est toujours de 1/125s maximum. Ce point n’est pas rédhibitoire, mais on aurait aimé une vitesse un peu plus rapide. De ce point de vue, les boîtiers Fujifilm marquent toujours le pas face aux capacités des obturateurs centraux proposés par Hasselblad sur ses objectifs…
Stabilisation
L’arrivée du X-Processor 5 profite aussi à la stabilisation du capteur, qui se montre plus efficace à main levée. D’après Fujifilm, le gain maximal est de 8 stops. Le boîtier utilise les données du gyroscope et celles issues de la visée Live View.
Sur le terrain, nous avons réussi à descendre à 1,5s (à 35 mm, eq. 28 mm en plein format). Des performances honnêtes – mais qui doivent être appréciées à la lumière de la taille et de la définition du capteur. Dans la « vraie vie », on peut ainsi capturer plus facilement des images à des vitesses assez lentes (1/50s) sans craindre pour la netteté du cliché.
Une autonomie passable… mais sans plus
Côté accu, le Fujifilm GFX 100 II reprend la batterie NP-W235. Une bonne nouvelle pour les possesseurs d’un GFX 50S II ou GFX 100S – ou d’un boîtier APS-C de la marque (X-T4/X-T5, X-H2/X-H2S, etc.). Si vous possédez un lot de batteries, vous pourrez les réutiliser sans problème.
En termes d’autonomie, Fujifilm se montrait assez optimiste avec 540 images en mode normal (norme CIPA). En mode boost, nous n’avons jamais dépassé les 300 images environ – quelles que soient les conditions d’utilisation. Une valeur assez basse… et qui contraste considérablement avec nos observations lors de notre première prise en main, où nous avions réussi à capturer presque 800 images sans difficulté.
En clair, l’usage d’une seconde batterie est indispensable en cas d’usage un peu soutenu. L’achat du grip VG-GFX II (qui intègre 2 batteries) peut également être judicieux.
Le Fujifilm GFX 100 II côté vidéo : des caractéristiques impressionnantes
Au rayon vidéo, le Fujifilm GFX 100 II paraît très bien armé. 8K 60p, 4K 60p, 5,8K 60p en mode 2.35:1, ProRes 12 bit, H.265 10 bit, H.264 8 bit… le boîtier est conçu pour se plier aux besoins des vidéastes. Côté colorimétrie, on dispose de toutes les simulations de film, ainsi que le F-Log2 pour l’étalonnage. Via le port HDMI, on peut enregistrer un flux en RAW 12 bit via un enregistreur Atomos ou Blackmagic. Cerise sur le gateau, le GFX 100 II fait partie des rares boîtiers à proposer l’enregistrement sur un SSD externe. À noter que Fujifilm a publié une liste de SSD recommandés.
Cette liste de caractéristiques est impressionnante… mais sur le terrain, quelques compromis sont à prévoir. Le fait de pouvoir filmer en 8K est impressionnant – et le niveau de détails très élevé – mais le boîtier applique un crop assez prononcé (1,3x). Sans oublier un effet de rolling shutter très marqué. En 4K, le boîtier utilise toute la surface du capteur… mais le niveau de détails est moins élevé.
Pour autant, le GFX 100 II se montre très polyvalent. Au-delà des optiques GF, il est compatible avec les optiques 35 mm, anamorphiques et Fujifilm Premista. La possibilité de filmer en ProRes – et d’ajouter le ventilateur externe FAN-001 (compatible X-H2/X-H2S) – sont un vrai plus. Néanmoins, si la vidéo est votre spécialité, certains boîtiers APS-C et plein format semblent plus adaptés, même si moins impressionnants sur le papier.
Pour autant, le GFX 100 II réussit à marier capteur grand format et vidéo – deux spécialités jusqu’ici peu faciles à concilier.
Connectique filaire et sans-fil
Pour être complète, la connectivité du Fujifilm GFX 100 II est… complète ! À droite, on retrouve un double emplacement pour cartes mémoires avec un slot CF Express Type B et un slot SD UHS-II. La prise casque est également présente de ce côté, dissimulée par un petit cache en caoutchouc.
Ce faisant, Fuji gomme l’un des principaux défauts du GFX 100S, qui n’acceptait pas les CFExpress, un comble. En outre, cette disposition est judicieuse, puisqu’elle répond aux besoins de vitesse des photographes/vidéastes, tout en offrant la possibilité d’employer un support de stockage moins onéreux.
Sur la tranche gauche, on découvre un port USB-C (compatible Power Delivery) pour le transfert des données et la recharge du boîtier. Mais aussi un « vrai » port HDMI, ainsi qu’une prise jack 3,5 mm pour casque audio/télécommande filaire. Sans oublier un port Ethernet RJ45 dissimulé sous une trappe floquée du logo « GFX ».
En outre, le boîtier est doté du Wi-Fi 5 et Bluetooth 4.2. Il fait donc l’impasse sur les technologies sans-fil plus récentes (Wi-Fi 6 et Bluetooth 5.0), dommage. Le boîtier est compatible avec la « nouvelle » application Fuji X App (iOS et Android).
La procédure d’appairage est facile et rapide. Le contrôle à distance et le mode Live View sont efficaces, bien qu’un certain lag soit parfois à noter – ce que nous avions déjà observé lors de notre test du Fujifilm X-S20, d’ailleurs. Le téléchargement d’une photo sur le smartphone (en taille d’origine ou en mode « réduit » S ou XS) prend environ 20 secondes par image.
En revanche, l’appli ne permet pas de télécharger les RAW sur un iPhone. Sur un boîtier X-Trans, ceci peut être compréhensible, puisque iOS n’est pas capable d’interpréter les RAW de ce type de capteur. Mais puisque les GFX n’utilisent pas ce type de capteur, il est difficilement compréhensible que cette possibilité ne soit pas présente…
À qui se destine le Fujifilm GFX 100 II ?
Comme son prédécesseur, le Fujifilm GFX 100 II se destine particulièrement aux photographes désirant obtenir la meilleure qualité d’image possible, quelle que soit leur discipline photographique – et sans compromis sur l’ergonomie ou l’autofocus.
Pour autant, il se différencie des précédents boîtiers GFX grâce à sa réactivité largement supérieure. Le « nouveau » capteur grand format et le X-Processeur insufflent une dose de vitalité bienvenue.
D’une part, le boîtier se montre beaucoup plus fluide et rapide, gommant ainsi les « lenteurs » du GFX 100S. D’autre part, ce nouveau tandem capteur + processeur lui permet de coupler très haute qualité d’image, très haute définition et réactivité. À ce titre, on notera que le GFX 100 II est le seul boîtier à grand capteur doté d’un AF réellement moderne et efficace…
Sur le terrain, les photographes de portrait profiteront largement de ces avancées. De même, les photographes de reportage apprécieront la rafale à 8 i/s. En revanche, il est moins à son aise pour la photo de sport et d’action – notamment à cause de l’absence de longues focales et du rolling shutter très prononcé avec l’obturateur électronique.
Au final, le Fujifilm GFX 100 II s’avère séduisant à plus d’un titre. Les photographes de paysage, d’architecture ou de packshot seront particulièrement impressionnés par le rendu des images. Last but not least, les utilisateurs d’un reflex plein format ne seront pas rebutés par son gabarit, qui s’avère étonnamment similaire à celui d’un Nikon D850 ou d’un Canon 5DSR par exemple.
Conclusion
Impressionnant. Voilà, en un mot, comment peut être résumé le GFX 100 II. Fujifilm livre ici le boîtier moyen format de la maturité, avec une copie très maîtrisée.
De son prédécesseur, il reprend le gabarit (presque) compact et la définition de 102 Mpx. Mais le GFX 100 II est bien plus qu’un simple « lifting » du GFX 100S. D’un côté, l’arrivée d’un capteur redessiné et du X-Processor 5 lui permettent de gommer les « points noirs » de son ancêtre. Fluidité d’exécution accrue, compatibilité avec les cartes CFExpress sont au rendez-vous – sans oublier un viseur électronique très, très confortable.
De plus, ce nouveau duo capteur + processeur lui confère une réactivité encore jamais vue sur cette taille de capteur, toutes marques confondues. Grâce à son AF survitaminé et sa rafale montant à 8 i/s, il lorgne vers la photo de sport et d’action : deux disciplines auxquels les capteurs grand format étaient jusqu’ici peu à leur aise. Sans oublier un mode vidéo très complet, qui rebat les cartes du petit monde de la production vidéo professionnelle.
Néanmoins, certains points demeurent perfectibles : les effets de rolling shutter et de banding sont encore très marqués avec l’obturateur électronique, et la synchro flash est de « seulement » 1/125s, entre autres.
Mais à l’heure du bilan, le Fujifilm GFX 100 II est, sans aucun doute, le plus séduisant et le plus polyvalent des boîtiers à grand capteur. Venant titiller bon nombre de références de l’univers du full frame, il est particulièrement agréable à utiliser et offre un savant mélange entre qualité d’image et réactivité. Et à ce titre, nous le recommandons sans la moindre hésitation.
Le Fujifilm GFX 100 II est disponible au tarif de 7999 € chez Digit-Photo, Miss Numérique, Camara, à la Fnac, ainsi que dans les magasins photo spécialisés.