Test Fujifilm GFX 100S : l’hybride moyen format 100 Mpx (presque) abordable

Ultra défini, compact et abordable : qui dit mieux ?

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sur 10

En janvier 2021, Fujifilm dévoilait le GFX 100S : un GFX 100, en plus petit. Cet hybride moyen format de 100 Mpx reprend le concept du GFX 100 lancé 2 ans plus tôt dans une version plus compacte et plus légère. Avec le slogan « au-delà du plein format », Fujifilm vise ici la clientèle qui échappe à sa monture X, et plus particulièrement les utilisateurs équipés en reflex (ou en hybrides) souhaitant une qualité d’image supérieure.

Quelle niveau de performances le GFX 100S permet-il d’obtenir ? La qualité des clichés est-elle à la hauteur de nos attentes ? Après un mois à ses côtés, voici notre test complet du Fujifilm GFX 100S.

Présentation du Fujifilm GFX 100S

Le GFX 100S est le 4e boîtier de la série GFX et le second à proposer le capteur stabilisé de 102 millions de pixels lancé avec le GFX 100 en 2019. Si le GFX 100 était une prouesse technologique, c’est assurément notre modèle du jour qui retiendra l’attention du marché. D’une part, parce qu’il reprend les atouts de son aîné. Mais surtout, parce qu’il fait ceci en réduisant drastiquement à la fois l’encombrement et le tarif de technologies jusqu’ici réservées à une certaine élite.

Petit capteur (Fujifilm X-T4), grand capteur ( Canon EOS R5), GROS capteur (Fujifilm GFX 100S)

Le tarif audacieux de 6 000 € est ainsi 45 % moins élevé que le GFX 100 à son lancement seulement 2 ans plus tôt. Le GFX 100S se positionne même un chouïa en deçà du niveau habituel des boîtiers plein format très haut de gamme de type Canon EOS 1D-X ou Sony Alpha 1. La communication de la marque « More than Full Frame » annonce clairement son ambition de jouer sur les terres du plein format et nous glisserons divers éléments de comparaison au cours de ce test. Notons également que ce capteur est doté d’une matrice de Bayer « classique » et non X-Trans, très différente de la gamme APS-C. On notera également le format 4/3 et non 3/2 sur ce capteur.

La tarif de 6000 € reste malgré tout un sacré budget. Pour le mettre en perspective, c’est le coût d’un kit intégral APS-C avec un boitier en back-up : 2 Fuji X-T4, un XF 10-24mm f/4 R WR, un XF 33mm f/1.4 R LM WR, un XF 56mm f/1.2 R.

Voici les caractéristiques détaillées du GFX 100S :

  • Capteur : moyen format 102 Mpx BSI-CMOS 43,8 x 32,9 mm
  • Filtre passe-bas : Oui
  • Processeur d’image : X-Processor 4
  • Viseur électronique : 0,5 pouce, 3,69 millions de points, grossissement 0,77x, dégagement oculaire de 23 mm, rafraîchissement jusqu’à 85 fps
  • Écran : Tactile, Inclinable et orientable, 3,2 pouces, 2,36 millions de points
  • Autofocus : Hybride
  • Nombre de points AF : 425 collimateurs
  • Couverture AF : 100 %
  • Plage AF : -2,5 EV (détection de contraste), -5,5 (corrélation de phase) à 20 EV
  • Rafale (obturateur mécanique) : 5 i/s
  • Rafale (obturateur électronique) : 5 i/s
  • Obturation : de 60 min. à 1/4000s (obturateur mécanique) ; de 60 min. à 1/16000s (obturateur électronique)
  • Sensibilité ISO : 100 à 12 800 (extensible de 50 à 102 400 ISO)
  • Stabilisation, gain : Oui, 6 stops
  • Vidéo : 4K / 30p non recadrée, Full HD 60p avec une limite de 120 min par video
  • Stockage : 2x SD UHS-II
  • Connectivité : Wi-Fi, Bluetooth, USB-C, mini HDMI, micro, casque
  • Batterie : NP-W235
  • Tropicalisation : Résistant à l’eau et à la poussière
  • Dimensions : 150 x 104 x 44 mm
  • Poids : 900 g (avec batterie et carte)
  • Monture : Fujifilm G
  • Prix au lancement : 5999 €

Fujifilm n’est pas avare au moment de décliner cette 2e version de son hybride ultra-défini. En dépit de la disparition du grip intégré façon Canon EOS-1D X, la seule véritable concession est le viseur qui passe d’une définition de 5,6 à 3,6 millions de points et est désormais fixe et plus compact. Le reste de sa fiche technique est détaillé dans notre article de présentation.

Il est également possible de réaliser des vidéos avec le GFX 100S, ce qui ajoute à sa polyvalence. Avec une absence de recadrage en 4K 30p, la disponibilité de profils ‘flat’ comme le F-Log et son capteur stabilisé, il n’est pas totalement ridicule d’imaginer des utilisateurs s’en servir pour « dépanner ». Nous insistons sur « dépanner » car avec un rolling shutter proéminent et une limite à 4K30p, ce n’est certainement pas un boitier aussi complet qu’un Sony A7RV (8K25p) ou Canon EOS R5 (8K30p). Toutefois, dans la galaxie moyen format, il se distingue très positivement d’un Hasselblad X2D 100C qui n’a aucune fonction vidéo.

Ergonomie et prise en main

Extérieurement, le GFX 100S ressemble à tout ce qu’on a l’habitude de voir sur un reflex : un grip proéminent, des molettes à l’avant (index) et à l’arrière (pouce) et une commande PASM sur le haut. C’est un boîtier robuste en alliage de magnésium et entièrement tropicalisé. L’approche est très proche de celle d’un reflex numérique, ce qui devrait faciliter son adoption par les utilisateurs d’un boîtier Canon ou Nikon. De fait, l’ergonomie est un peu différente des GFX 50R et 50S, qui conservaient les habituelles molette de contrôle de la vitesse et des ISO.

Le boitier pèse 900 grammes et paraît presque léger. Il est petit et compact pour un moyen format, et se montre plus proche d’un Nikon D850 que d’un Phase One. Le boitier mesure 150 mm (largeur) x 104 mm (hauteur) x 87 mm (poignée)

Le boitier tient bien dans la main. Toutefois, malgré ses belles dimensions, le grip n’est pas aussi profond qu’un Z6 ou un Canon R5, le rendant un poil moins confortable lorsque l’on monte des objectifs de plus d’un kilo dessus, comme le GF 110 mm f/2 ou le GF 45-100 mm f/4. Avec des objectifs plus légers comme le 80 mm f/1,7, la sensation d’équilibre est meilleure. Nous saluons les efforts de miniaturisation effectués par Fujifilm qui améliorent grandement la maniabilité et polyvalence de cet appareil. Mais disons-le, un kit moyen format reste assez lourd sur une longue journée.

Nous sommes particulièrement fans de l’ajout de l’écran pivotable sur un support triaxial. Cela permet au moniteur de se déplacer jusqu’à 90° vers le haut, 45° vers le bas et 60° sur le côté (en haut, en bas mais aussi en vertical). Il reprend le design des X-T3/X-T5 et n’est pas monté sur rotule comme celui du X-T4.

L’écran du GFX 100S dispose d’une dalle LCD 3,2 pouces de 2,36 millions de points. Les fonctionnalités tactiles se limitent cependant à la mise au point. Il n’est toujours pas possible de naviguer dans le menu avec son doigt.

Sur la roue PASM, le boîtier dispose de 6 positions « Custom » pour enregistrer ses paramètres préférés. On peut imaginer se créer un mode pour figer sa vitesse de synchronisation flash en studio par exemple.

En termes de conception, certains choix nous laissent songeurs. Pour un boitier destiné aux professionnels, il y a étonnement peu de boutons. Un X-T4 compte 8 boutons physiques personnalisables en plus des 3 molettes ISO, vitesse et compensation d’exposition. Ce boitier n’en compte que 6 et comme déjà évoqué plus haut, il ne reprend pas les habituelles molettes sur la tranche supérieure. Nous comprenons que cette ergonomie vise une clientèle plus traditionnelle des reflex Canon/Nikon qui seront plus familier de cette prise en main.

Sur le terrain, ce manque de commandes physiques empêche l’usage de raccourcis et s’avère parfois frustrant. Nous avons dû maintenir un bouton pressé puis dérouler une molette pour effectuer une compensation d’exposition. Ou encore passer par le Q-menu pour activer le retardateur de 2 secondes. Ce sont pourtant des opérations très simples, que nous avons l’habitude de réaliser bien plus simplement.

A titre de comparaison, un Canon EOS R5 offre également 8 boutons physiques personnalisables. Ceci n’est pas dramatique, juste un rappel que la pratique de la photographie au moyen format se veut plus posée, plus réfléchie, plus lente.

Toujours au chapitre conception, nous regrettons quelques raccourcis pris par Fujifilm pour distinguer ce boitier de son aîné GFX 100 premier du nom. Pas de grip vertical proposé en option pour aider à tenir les très gros objectifs de cette monture – et surtout un viseur indigne de ce niveau de prestation.

En effet, si le viseur est confortable à 3,69 millions de points (c’est le même que ce qu’on retrouve dans un EOS R ou un Sony A7 IV), il ne rend pas justice au niveau de détails requis pour un capteur de 100 Mpx. Si vous souhaitez zoomer dans l’image pour contrôler la mise au point de façon très fine, vous avez le sentiment d’avoir très peu de piqué. Ce point peut être important pour ceux qui souhaitent adapter un objectif Pentax 645 ou Mamiya et vont exclusivement se reposer sur la loupe et le focus peaking pour réaliser leur mise au point. Dans ce cas de figure, on utilisera bien plus facilement l’écran LCD. Au final, la résolution du viseur n’est pas mauvaise, juste décevante compte tenu de la définition du capteur.

Le taux de rafraichissement de l’EVF est de 85 fps. C’est suffisant pour de la photographie statique mais pas pour des scènes en mouvement. À titre de comparaison, les boîtiers plein format haut de gamme comme le Canon EOS R5 offrent des viseurs de 5,76 millions de points à 120 fps. Idem pour le Fujifilm X-H2S. On aurait aimé un peu plus de réactivité.

Coté connectique, le boitier est assez complet avec des prises micro et casque, une prise synchro flash, un mini HDMI et surtout l’indispensable USB-C qui autorise une recharge via le boitier. C’est un panel complet pour un travail en studio, qui fera notamment la joie de celles et ceux utilisant le boîtier en mode « tethered » (capture depuis un ordinateur).

Enfin, le boîtier dispose de deux slots pour cartes mémoires SD compatibles UHS-II. Hélas, le boîtier n’est pas compatible avec les cartes CFExpress : un comble pour un boîtier générant des fichiers très volumineux.

Le GFX 100S est un beau boitier. Nos seules véritables critiques concernent la résolution du viseur et un nombre de boutons un peu limité. Du reste, la prise en main de ce boitier s’avère très satisfaisante.

Ce n’est pas toujours la taille qui compte… mais parfois si

Qualité d’image du Fujifilm GFX 100S

Nous avons testé le GFX 100S avec des objectifs Fujinon GF 23 mm f/4 R LM WR, GF 80 mm f/1.7 R WR et GF 32-64 mm f/4 R LM WR. Vous pouvez cliquer sur les images pour les voir en meilleure qualité.

Fujifilm GFX 100S, Fujifilm GF 32-64 mm f/4 R LM WR – f/14 – 10s, ISO 100
Fujifilm GFX 100S, Fujifilm GF 80 mm f/1,7 R WR – f/1,7 – 1/500s, ISO 320
Fujifilm GFX 100S, Fujifilm GF 23 mm f/4 R LM WR – f/14 – 30s, ISO 100

Force est de constater que certains des superlatifs qui accompagnent le moyen format sont bien vérifiés. Les images sont particulièrement détaillées, trop diront certains. Avec une taille de 11648 x 8736 pixels , les fichiers pèsent 200 Mo en RAW non compressé, environ 130 Mo en RAW compressé sans perte et 70 Mo en RAW compressé (nous n’avons pas testé cette dernière option). Fujifilm n’offre pas la possibilité de réduire la définition pour économiser de l’espace mémoire à la façon d’un Sony A7R V, d’un Nikon D850 ou d’un Leica M11 – et c’est bien dommage.

Fujifilm GFX 100S, Fujifilm GF 32-64 mm f/4 R LM WR – f/11 – 1/40s, ISO 100

Nous pouvons procéder à des recadrages extrêmes en conservant énormément de détails. En portrait, il devient impératif de passer par la case maquillage, la moindre ride ou le plus petit bouton de fièvre sera très facilement visible. Fort heureusement, le rendu des objectifs Fujifilm est généralement doux, loin du look très clinique proposé par certains constructeurs comme Sigma. Le sujet parait se détacher de l’image. Le « look » moyen format est très flatteur.

Fujifilm GFX 100S, Fujifilm GF 80 mm f/1,7 R WR – f/1,7 – 1/500s, ISO 200

La sensibilité du capteur par défaut va de 100 à 12 800 ISO, et il est possible de l’étendre de 50 à 104 200 ISO. La montée en ISO est sympathique mais n’imaginez pas transformer ce boitier en oiseau de nuit. Nous jugeons le bruit peu perceptible jusqu’à 3200 ISO puis tolérable jusqu’à 8000 ISO – soit 2/3 IL de « gain » par rapport aux plus récents capteurs plein format. Au-delà, le bruit réduit rapidement les détails et on perd le bénéfice de ce très beau capteur. Combiné à l’ouverture relativement modeste de certains objectifs, le GFX 100S donnera son plein potentiel dans des conditions d’éclairage adéquates ou sur trépied. Nul doute que ce boîtier reste plus adapté au studio qu’au reportage en basse lumière.

L’image est beaucoup moins impressionnante à ISO 12800, surtout si l’on souhaite déboucher des ombres – Fujifilm GFX 100S, Fujifilm GF 32-64 mm f/4 R LM WR – f/4 – 20s, ISO 12800

Ci-dessous une illustration de la montée en ISO :

Le GFX 100S devient purement impressionnant lorsque l’on met à l’épreuve sa dynamique. Nous avons initialement été déçus par sa gestion des hautes lumières. Sur le terrain, les blancs sont très vite cramés, comme sur la photo ci-dessous. De ce point de vue, un « simple » Sony A7 III s’en tire beaucoup mieux…

L’image est sympathique mais les hautes lumières dans le ciel sont « cramées ». Fujifilm GFX 100S, Fujifilm GF 32-64 mm f/4 R LM WR – 32 mm, f/14, 1,3, ISO 50

Cependant, on peut compenser ce point en sous-exposant toutes ses scènes – avec l’assurance qu’on pourra déboucher les ombres avec sérénité. En effet, jusqu’à 3 IL de sous-exposition, nous ne notons pas vraiment de souci en post traitement. C’est presqu’un IL de mieux qu’en plein format. Ceci s’est avéré particulièrement bénéfique lors de scènes urbaines nocturnes ou nous souhaitons faire cohabiter des enseignes lumineuses et des trottoirs peu éclairés. Avec cette méthode, nous n’avons jamais eu besoin d’utiliser de bracketing d’exposition pendant la durée de ce test.

Fujifilm GFX 100S, Fujifilm GF 32-64 mm f/4 R LM WR – f/22 – 17s, ISO 100

Nous finirons par évoquer les simulations de film, toujours très appréciées des Fujistes. Le GFX 100S introduit une nouvelle simulation appelée « Nostalgic Neg » que l’on peut caricaturer comme une version plus chaude du Classic Chrome.

Ci-dessous une sélection d’images capturées lors de ce test :

Pixel Shift: 400 Mpx de détails

Comme l’ainé GFX 100 avant lui, le GFX 100S propose un mode « Pixel Shift » qui combine 16 images pour délivrer une définition de 400 millions de pixels. Sur le papier, c’est assez impressionnant pour ceux désirant le maximum de détails. Une telle définition s’accompagne toutefois de quelques contraintes comme l’usage d’un trépied suffisament stable, une scène parfaitement statique et le recours au logiciel Fujifilm Pixel Shift Combiner. Ce dernier est disponible gratuitement pour Windows et macOS.

La moindre vibration ou brise de vent lors de cette procédure suffit à nuire à l’assemblage. Mais le plus difficile est qu’il est impossible de s’en rendre compte sur le terrain. C’est seulement à la case post-traitement que l’on saura si les images s’alignent parfaitement… ou non. Un peu comme à l’époque de l’argentique, on peut avoir de bonnes ou de mauvaises surprises après coup.

MAUVAISE SURPRISE

La fusion des fichiers prend une quarantaine de secondes – sur un Mac M1 récent – ce qui reste très raisonnable compte tenu de la taille des fichiers d’origine. À l’issue du processus, on obtient un fichier DNG pesant 1,63 Go (!) et mesurant 23264 x 17448 pixels. À ce sujet, attention à la quantité de ressources dont dispose votre ordinateur, Lightroom pouvant occuper jusqu’à 20 Go de RAM en traitant un DNG généré via la fonction Pixel Shift.

Les images à 100 Mpx de pixels sont déjà très détaillées ; cependant, le mode Pixel Shift permet d’immortaliser une scène (ou un document) dans ses moindres détails. Un point qui devrait notamment intéresser les photographes numérisant des œuvres d’art.

Rafale et autofocus : une dure réalité terrain

Le GFX 100S est un boitier lent. Tout est lent dans son utilisation, dès l’allumage. Nous avons évoqué plus haut le fait que le faible nombre de boutons limitait les raccourcis d’opération mais tout type d’opération est moins rythmé que sur les propositions APS-C de la marque. C’est la nature du moyen format.

Le GFX 100S partage le même X-Processor 4 que le X-T4 et c’est peut être ce processeur qui n’est pas tout à fait calibré pour ce volume de données. Le balayage des menus se fait avec un peu de latence, lancer le playback d’une photo que l’on vient de prendre se fait avec un peu de latence, rien de dramatique, il faut juste s’y habituer.

Fujifilm GFX 100S, Fujifilm GF 32-64 mm f/4 R LM WR – 64mm – f/4 – 1/320s, ISO 100

La vitesse d’obturation mécanique est de 1/4000 s, un peu juste également avec un 80 mm f/1.7 en pleine journée. Heureusement, l’obturateur électronique permet de pousser jusqu’à 1/16 000 s.

La rafale plafonne à 5 images par seconde : cela peut paraitre faible en 2023 mais c’est largement suffisant pour l’usage envisagé. Compte tenu de la taille des fichiers, c’est déjà une belle prouesse.

Dans la galaxie du moyen format, l’autofocus du GFX 100S est excellent et bien plus vif que d’autres boîtiers moyen format plus onéreux. Malgré tout, comparé à l’AF d’un hybride plein format récent, ce dernier souffre de la comparaison. Difficile de suivre un véhicule en mouvement ou bien même un joggeur dans la rue. La raison est liée au capteur 100 Mpx, au X-Processor 4. En clair, les algorithmes intégrés par Fujifilm dans ce boîtier n’égalent pas ceux des boîtiers de 5e génération, dotés du X-Processor 5. Cela laisse une belle marge d’amélioration pour son successeur.

Fujifilm GFX 100S, Fujifilm GF 32-64 mm f/4 R LM WR – 64mm – f/11 – 1/500s, ISO 125

Ce GFX 100S conserve cependant les défauts de la gamme X (hors X-H2S) lorsqu’il s’agit des algorithmes de détection œil ou visage. C’est imprécis et souvent brouillon. En plein milieu d’une rafale où personne ne bouge, il peut perdre le visage et si vous êtes en ISO auto avec une mesure d’exposition sur le visage, la perte du visage va totalement changer l’exposition de l’image.

Comme un X-T4, il ira chercher des visages où il n’y en a pas. On retrouve ici encore cette notion de lenteur dans l’exécution et la nécessité de prendre son temps pour faire tout manuellement, sans se reposer sur les aides du boitier. On ne bénéficiera du plein potentiel de l’image que si la mise au point est réussie.

L’autofocus est lent et la rafale limitée, il faut en être conscient. Le photographe de mariage qui veut faire la mise au point sur un dancefloor mal éclairé atteindra ses limites et même l’exercice de la mariée remontant vers l’autel produira beaucoup de déchets si vous souhaitez une profondeur de champ très faible.

L’autofocus peine à suivre des mouvements, même à des vitesses très modérées – Fujifilm GFX 100S, Fujifilm GF 80 mm f/1.7 R WR – f/2.8 – 1/340s, ISO 100

La rafale et le suivi ne sont pas exactement le champs d’application à privilégier. Avec 5 images par seconde de 200 Mo en moyenne (en RAW non compressé), chaque seconde génère 1 Go de données. Laissez-nous insister sur ce point : CHAQUE SECONDE, VOUS CREEZ 1 GO DE DONNÉES… Si ceci ne suffit pas à vous dissuader d’un tel usage, le buffer mettra vite fin à vos ambitions (16 RAW ou 42 JPEG).

Stabilisation : efficace mais limitée

100 Mpx est une définition exigeante et le flou de bougé peut être immédiatement perceptible lorsque la vitesse d’obturation n’est pas suffisante.

Fujifilm GFX 100S, Fujifilm GF 32-64 mm f/4 R LM WR – 32mm – f/9 – 1/15s, ISO 160 – A main levée

Fort heureusement, Fujifilm a introduit un mécanisme de stabilisation du capteur qui se révèle bien utile. Mais la promesse de 6IL nous est apparue un peu optimiste. Nous arrivons à réaliser des prises à des vitesses 3 voire 4IL plus lentes. Sur le terrain, nous avons réussi à descendre à 1/4 de seconde à 40 mm. L’image n’est pas toujours impeccable à ce niveau, si vous souhaitez zoomer à 200% et faire des découpes agressives dans l’image, il est préférable de se limiter à 1/10s pour bénéficier du meilleur piqué.

Fujifilm GFX 100S, Fujifilm GF 32-64 mm f/4 R LM WR – 40mm – f/14 – 1/4s, ISO 160 – A main levée

Nous sommes très satisfaits du mécanisme de stabilisation et avouons qu’il permet à ce boitier de ne pas être limité à un usage en studio. Toutefois, pour tirer le maximum de ce capteur de 100 Mpx, il est préférable d’avoir un éclairage suffisant pour assurer des hautes vitesses ou de travailler sur trépied. Rappelons que la stabilisation n’est pertinente que pour des sujets statiques.

Connectivité sans fil du GFX 100S

La connectivité sans fil du GFX 100S est similaire à celle du X-T4, qui dispose du Wifi et du Bluetooth. Dans la pratique, vous pouvez utiliser l’application Camera Remote (disponible pour iOS et Android) pour contrôler le boîtier à distance ou parcourir les images de l’appareil photo et les télécharger sur votre smartphone. L’appli permet également d’ajouter les informations de géolocalisation à vos images, et peut aussi servir comme déclencheur à distance. D’après Fujifilm, Camera Remote peut également permettre la mise à jour firmware de l’appareil photo.

L’application mobile est efficace… mais sans plus, la faute à une ergonomie parfois discutable.

À qui s’adresse le Fujifilm GFX 100S ?

Le GFX 100S est très bien positionné pour séduire 3 types de clientèle. D’une part, les utilisateurs actuels d’un moyen format Pentax ou Hasselblad, qui peuvent être intéressés par le gain de polyvalence apporté par la stabilisation du capteur, une réactivité accrue ou même un écosystème d’objectifs plus riche que de coutume en moyen format.

Fujifilm GFX 100S, Fujifilm GF 32-64 mm f/4 R LM WR – f/16 – 3,7s, ISO 100

Le boîtier vise également les utilisateurs de reflex plein format haute définition comme les Nikon D850 ou Canon 5DSR. Ces derniers sont habitués à ce type d’encombrement et ne valorisent pas nécessairement une dimension sportive dans leur boitier. Les variations de tons dans les couleurs de peau et la restitution détaillée des textures sont bien meilleures. Également, la capacité à déboucher des ombres en contre-jour sans perte de détails est certainement un peu plus avancée qu’un Canon EOS R5 ou Sony A7R IV.

Fujifilm GFX 100S, Fujifilm GF 32-64 mm f/4 R LM WR – f/9 – 1/500s, ISO 250

En bonus, vous pourrez réaliser des affiches dignes des façades du stade de France. Le seul bémol sera la sélection plus limitée d’objectifs comparé à l’univers du plein format. Les professionnels souscrivent à un écosystème, pas seulement à un boitier. Certaines niches comme l’astrophotographie (équivalent 14mm f/1.8) ou l’architecture (objectif tilt-shift) ne sont pas encore adressées. L’absence d’équivalents 35 mm ou 50 mm à très grande ouverture est aussi un frein à la popularité du GFX auprès de photoreporters. Par contre, dans l’univers produit et mode, les zooms 32-64 mm f/4 ou 45-100 mm f/4 ou les focales fixes 80 mm f/1,7 ou 110 mm f/2 font des merveilles et ont couvert l’intégralité de nos besoins. Ces domaines coïncident d’ailleurs avec ceux où le poids et l’encombrement du kit ne sont pas rédhibitoires.

Oldsmobile Holiday 88, 1956 – Fujifilm GFX 100S, GF32-64mmF4 R LM WR – 32 mm, f/18, 27s, ISO 100

Enfin, les Fujistes de longue date qui sont attachés aux simulations de film de la marque seront heureux d’avoir une alternative de meilleure définition qui reste cohérente avec le « look » auquel leurs clients sont habitués.

Fujifilm GFX 100S, Fujifilm GF 80 mm f/1,7 R WR – f/1,7 – 1/200s, ISO 640

Conclusion

Seulement 2 ans après l’introduction du GFX 100, Fujifilm propose une évolution significativement plus compacte et assurément plus abordable. Les performances de ce « petit » boitier GFX 100s sont exceptionnelles et le feraient même passer pour une bonne affaire face au Hasselblad X2D 100C.

Fujifilm GFX 100S, Fujifilm GF 80 mm f/1,7 R WR – f/2,5 – 1/640s, ISO 100

Certes, il est dommage que certaines lenteurs spécifiques au moyen format (et au X-Processor de 4e génération) soient toujours d’actualité. De même, on regrette de ne pouvoir réduire la définition des images façon Leica M11 ou Sony A7RV.

Mais Le GFX 100S délivre encore et toujours cet effet « WOW ». D’une part, Il est aisé de séparer son sujet de l’arrière-plan même avec un zoom f/4 – grâce à la taille du capteur. D’autre part, Les images sont incroyablement détaillées et offrent énormément de latitude (notamment en dynamique) pour pousser les curseurs de son logiciel de post traitement favori. Sans nécessairement avoir besoin d’imprimer une affiche pour le stade de France, il est toujours très appréciable de pouvoir fortement recadrer une photo et n’en retenir qu’un détail, tout en gardant une qualité d’image au top.

Le GFX 100S est disponible au tarif de 5999 € chez Digit-Photo, Camara, Photo-Univers et à la Fnac.

Test Fujifilm GFX 100S : l’hybride moyen format 100 Mpx (presque) abordable
Fabrication / Finitions
9
Ergonomie
8
Qualité d'image
9
Montée en ISO
7.5
Efficacité de l'autofocus
7
Fonctionnalités
8
Vitesse en rafale
7.5
Stabilisation
8
Capacité du buffer
7
Autonomie
8.5
Points forts
Excellente qualité d'image, capture RAW 16 bits
Fabrication et finitions exemplaires
Réactif pour un moyen format
Capteur stabilisé
Très bonne montée en ISO
Excellente autonomie
Points faibles
Latitude de retouche limitée dans les hautes lumières
Détection AF perfectible, suivi AF décevant
Résolution du viseur assez faible
Pas assez de boutons
Parc d’objectifs encore trop limité en 2023
8
sur 10