En 2023, Nikon a dévoilé de nombreuses nouveautés, avec notamment de nouveaux boîtiers plein format comme le Z 8 et le Z f, ainsi que plusieurs optiques dont le fameux 135 mm f/1,8 S Plena présenté en exclusivité sur le stand Nikon au Salon de la Photo 2023. Pour faire un point d’étape, nous avons parlé avec Nicolas Gillet, Directeur Marketing et Communication chez Nikon France.
Découvrez notre interview.
Dans quel état d’esprit Nikon France aborde-t-elle cette nouvelle édition du Salon de la Photo ?
Ce salon s’ouvre sur une petite note de tristesse avec la disparition d’Agnès Grégoire, rédactrice en chef du magazine Photo. Cela nous fait beaucoup de peine. Photo a cependant maintenu son stand ouvert avec Didier Bizos qui fait des portraits. Il faut y aller pour faire vivre sa mémoire.
Cela étant dit, nous sommes contents de retrouver cet événement qui semble reprendre du poil de la bête, avec une queue à l’entrée assez impressionnante. Les passionnés sont présents et Nikon est là pour les accueillir.
2023 a été une année importante pour Nikon, avec la sortie du Nikon Z 8, un boîtier très séduisant. Quel a été l’accueil pour ce boîtier ?
C’était une surprise, et l’accueil du Nikon Z 8 est excellent. Et à juste titre, puisque c’est la première fois que nous lançons un boîtier dans ce niveau de gamme qui est à ce point proche du modèle haut de gamme, le Z 8 étant pratiquement identique au Z 9.
Le Z 8 est une bête parce qu’il est capable de tout faire, dans une très belle compacité, avec une excellente résistance mécanique et une étanchéité sur le terrain. Cela permet de faire tout ce que l’on peut imaginer, aussi bien pour les photographes que les vidéastes.
Est-ce que ce sont les mêmes utilisateurs qui sont intéressés par le Z 8 ?
Le Z 8 vient toucher un public plus large, par sa compacité et son côté plus abordable. C’est un point positif, là où le Z 9, avec son côté monobloc, offre plus de résistance et d’autonomie, mais pour un encombrement et un poids supérieur.
Ce sont des points qui pouvaient freiner certains photographes ou vidéastes sur le Z 9. Le Nikon Z 8 séduit donc tous ceux à qui le Z 9 faisait un petit peu peur de ce point de vue.
Mais, il y a également certains qui se disent « du coup, je revendrai bien mon Z9 pour acheter un Z8, parce que justement, moi, j’avais fait le compromis d’avoir cette performance malgré l’encombrement et le poids. Le Z 8 me séduit ».
Maintenant, on vend toujours des Z 9, justement pour ce côté baroudeur extrême : c’est le boîtier le plus résistant qu’on ait jamais conçu. Il est très résistant, n’a pas de problème mécanique et, sur la fiche technique, peut descendre à -10°C, ce qu’on n’avait jamais proposé jusque-là.
Il dispose également du GPS, d’une plus grande autonomie, de la prise RJ45 et il possède encore plein de petites choses qui peuvent encore le justifier. Mais évidemment, le gros des utilisateurs va se diriger sur un Z 8 aujourd’hui.
On pourrait même dire que vous avez lancé un nouveau Nikon Z 9 avec la mise à jour 4.00 qui ajoute la fonction Déclenchement Automatique.
C’est effectivement une grosse évolution, également pour notre politique de mise à jour de boîtier depuis les premiers Z. Et le Z 9 en bénéficie de façon extrême avec la mise à jour v2.00 qui était déjà très importante. Annoncée dès le lancement du boîtier, elle apportait la 8K et la vidéo RAW en interne.
La v3.00 était également très intéressante. La v4.00, avec l’Auto Capture, offre de nouvelles perspectives et une nouvelle façon d’utiliser le boîtier en mode piège photo, hyper ajustable et personnalisable. C’est une bonne politique.
Et la mise à jour v4.10 a apporté un mode de détection des oiseaux au Z 9. Est-ce que le marché des photographes nature et animalier est une cible importante ?
Oui, cela a toujours été pour nous des utilisateurs très fidèles et très intéressants parce qu’ils sont exigeants et ils nous font nous dépasser.
Ce type de fonctionnalités – comme l’Auto Capture et le pré-déclenchement– ainsi que les optiques que l’on développe pour des usages nature, sont finalement assez proches des photographes de sport. C’est un public hyper motivant et qui est très proche de nous. On les rencontre notamment au festival de Montier-en-Der en fin d’année, entre autres.
Nikon dévoile sur le Salon de la photo le Z f, un hybride plein format avec un condensé de technologies dans un boitier vintage. Quelle demande ce boîtier vient-il satisfaire ?
Lorsque nous avons lancé le Z fc, il y a quelque temps déjà, nous avons eu beaucoup de très bons retours en disant ce boîtier était magnifique, qu’il rappelait cette filiation à la gamme FM2. Il y a un côté émotion qui est hyper important en photo.
Peut-être d’autant plus aussi auprès de nos utilisateurs qui ont une dimension très émotionnelle avec la marque, qui se transmet de génération en génération. Ce design a vraiment beaucoup plu et il y a tout de suite eu une demande pour un plein format.
Le Nikon Z f satisfait cette clientèle qui a envie d’avoir un bel objet, qui ne va pas dans le sens de ce que j’appelle le Cameraness [la meilleure ergonomie possible, selon Nikon, NDLR] en termes d’ergonomie, mais plutôt du plaisir d’avoir un beau boîtier entre les mains, et surtout autour du cou pour partir faire des images avec.
Et là, pour la première fois je pense, nous avons mis dans le corps d’un boîtier au design un peu rétro toute la technologie moderne, notamment le processeur Expeed 7, celui du Z 8 et du Z 9. Il va permettre de gérer aussi bien tout ce qui va être autofocus, mais aussi le traitement d’image, la gestion des balances des blancs, l’analyse de l’exposition et toute la gestion du traitement du bruit.
Tout cela, le processeur le gère, et le Z f en bénéficie sur un tarif bien plus abordable qu’un Z 8 ou un Z 9.
En parlant de vintage, est-ce que Nikon va continuer à décliner certaines optiques en Special Edition comme le 28 mm et le 40 mm, justement pour s’adapter un peu au look and feel de ce genre de boîtier ?
Nikon est à l’écoute de ses utilisateurs et nous développons notre gamme en conséquence.
En attendant, le Nikon Z 6II n’a pas encore reçu de mise à jour. Est ce qu’un Z 6III reprenant les caractéristiques du Z f serait envisageable ?
Je ne peux malheureusement pas parler de nos prochains appareils.
Nikon vient de dévoiler le 135 mm f/1,8 Plena. Comment choisissez-vous les optiques qui ont le droit à un petit nom ?
C’est une bonne question. Il n’y en a pas beaucoup, et j’espère que vos tests le confirmeront, au-delà de votre prise en main.
J’ai la prétention de croire que ce Plena sera la meilleure optique autofocus qu’on ait jamais conçue, comme le Noct 58mm f/0,95 était aussi l’optique la plus parfaite jamais conçue, mais manuelle.
Le Plena a ce petit nom pour le positionner, et lui donner une place à part. Le 85mm f/1,2 S a déjà une performance assez dingue. Il aurait pu avoir un nom, mais on avait déjà le 135 mm f/1,8 dans les cartons, et on savait qu’il serait encore au-dessus en termes de qualité d’image.
C’est une optique pro, évidemment, par sa précision, sa performance. Et pas seulement optique : l’autofocus est aussi redoutable. C’est aussi une optique plaisir, parce qu’on va avoir un vrai bijou entre les mains.
Ça marie les deux, et c’est le genre d’optique qu’on achète aussi sur un coup de cœur, même si elle n’est pas forcément hyper abordable pour tout le monde.
C’est une optique d’exception, mais qui est vraiment utilisable sur le terrain, ce qui est moins le cas d’un Noct, évidemment, par ses contraintes de poids et l’absence d’autofocus.
La roadmap est quasiment complète, il ne manque plus qu’un 35 mm ?
Exact. C’est vrai qu’on ne l’a pas remise à jour avec d’autres indices et autres préannonces. Mais ce n’est pas fini, évidemment, il y a d’autres objectifs à venir [depuis l’interview, Nikon a dévoilé le Nikkor Z 600 mm f/6,3 VR S qui n’était pas présent dans la roadmap, NDLR].
De notre côté, on sent une demande de focales fixes lumineuses, mais plus compactes.
Oui, nos focales fixes f/1,8 sont un petit peu longues mais elles offrent des performances inédites. Et on a déjà plusieurs modèles beaucoup plus compacts comme le 26 mm ou les 28 mm f/2,8 et 40 mm f/2,0.
Bien sûr, on part de tellement loin sur la gamme F, où on avait à la fois les optiques vraiment de niche, ultra précises, comme les optiques à décentrement, qu’on n’a pas en monture Z.
Il y a clairement encore de petits trous à remplir. Mais on commence à avoir un système qui est performant. On a une quarantaine de références, donc ça commence à être assez sérieux. Et puis encore une fois, ce n’est pas fini.
L’an prochain, les JO se tiendront à Paris. Comment Nikon s’organise pour cet événement ?
En tant que pays hôte, on est assez impliqué. Depuis pratiquement un an, on discute avec le CIO. Notre partenariat mondial nous aide également à mettre en place des choses avec l’AFP.
On discute et on organise les positions des photographes, notamment au moment de la cérémonie d’ouverture, qui va être assez dingue, pour les aider à être présents où il faut, quand il faut.
Et puis c’est aussi organiser la venue de tout le staff japonais et international qui viendra en assistance aux photographes dans le centre de presse, qui sera au Palais des Congrès. Le Nikon Plaza sera aussi une petite antenne de relais intramuros, boulevard Raspail, pour accueillir les photographes qui auront besoin de soutien pendant cette période.
Un mot sur le Nikon Film Festival ?
Oui, nous avec le Nikon Film Festival qui arrive très vite. On devrait annoncer prochainement le jury et les dates pour la cérémonie, qui aura lieu le 27 avril au Grand Rex. On s’apprête à annoncer un jury très sympa.
C’est toujours un petit moment à la fois de stress et d’excitation de finaliser ce jury. Ils sont hyper motivés pour nous soutenir et pour soutenir les participants en donnant un peu de leur temps, regarder les films et donner leur avis dessus.
Merci Nicolas Gillet d’avoir répondu à nos questions. Nous tenons également à remercier l’équipe de Nikon France pour cette interview.
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