Lancé en novembre 2024, le Viltrox AF 135 mm f/1,8 LAB concentre tout le savoir-faire du constructeur chinois. Inaugurant la gamme LAB, il n’est autre que le plus ambitieux – et le plus cher – des objectifs plein format Viltrox.
Imposant, bien doté en options, il vise à offrir la meilleure qualité d’image pour les amateurs (et les professionnels) du portrait utilisant des hybrides en monture Sony E ou Nikon Z.
Durant plusieurs semaines, nous avons pu utiliser cet objectif en monture Sony E. Voici notre test complet du Viltrox AF 135 mm f/1,8 LAB.
Sommaire
- Présentation
- Construction et ergonomie
- Bluetooth et port USB-C : une connectivité étendue… et inattendue !
- Qualité d’image du Viltrox AF 135 mm f/1,8 LAB
- Autofocus du Viltrox AF 135 mm f/1,8 LAB
- (Absence) de stabilisation du Viltrox AF 135 mm f/1,8 LAB
- Face à la concurrence
- Viltrox AF 135 mm f/1,8 LAB : un coup de maître
Présentation
Viltrox est peut-être le constructeur chinois disposant du parc optique pour hybride le plus développé, et certainement le plus ambitieux.
Précurseur sur le marché des optiques pour hybrides dotées de l’autofocus (par rapport aux autres fabricants de l’Empire du Milieu), Viltrox passe désormais à la vitesse supérieure et entend concurrencer encore plus frontalement les poids lourds du secteur, qu’ils soient japonais ou européens.
C’est dans cette logique qu’a été développée la nouvelle gamme LAB, dont l’AF 135 mm f/1,8 LAB est le premier représentant. Un choix stratégique intéressant, puisqu’il s’agit d’une focale peu courante en monture E comme en monture Z, où la concurrence est essentiellement incarnée par des objectifs très premium de Sony ou Nikon destinés aux professionnels du portrait.
Au-delà, il vise à offrir une excellente qualité d’image grâce à une formule optique (très) complexe. Il se distingue aussi par des commandes manuelles élaborées. Autant d’éléments que nous étudierons au cours de ce test.
Voici la liste des caractéristiques du Viltrox AF 135 mm f/1,8 LAB :
- focale : 135 mm (équivalent 202,5 mm en APS-C)
- objectif pour : capteur plein format
- ouverture max : f/1,8
- ouverture min : f/16
- angle de champ : 19,04°
- construction optique : 14 lentilles réparties en 11 groupes, dont 4 lentilles ED et 2 lentilles HR
- diaphragme : circulaire, 11 lamelles
- distance minimale de mise au point : 72 cm
- stabilisation d’image : non
- tropicalisation : joints d’étanchéité
- grossissement max : 0,25x
- mise au point : AF, moteurs Hyper VCM
- diamètre du filtre : 82 mm
- dimensions (D x L) : ø 92 x 145,7 mm
- poids : 1235 g
- accessoires fournis : pare-soleil, bouchons avant et arrière, housse souple de transport
- monture compatible : Sony E, Nikon Z
- prix au lancement : 999 €
Construction et ergonomie
D’emblée, le Viltrox AF 135 mm f/1,8 LAB se démarque par son gabarit. Affichant plus de 14,5 cm de long, pour 9,2 cm de diamètre et surtout un poids de 1,23 kg, il se paye le luxe d’être plus long et plus lourd que le Nikkor Z 135 mm f/1,8 S Plena, qui n’est pourtant pas un modèle de compacité ! À titre de comparaison, le Samyang AF 135 mm f/1,8, plus court de quelques centimètres, pèse « seulement » 772 g, quand les rivaux chez Nikon et Sony font tous deux moins d’un kilogramme.
Bien entendu, sur un hybride type Sony A7 IV / A1, l’encombrement de la bête se fait sentir et il faudra tenir bien fermement le duo pour réussir ses clichés. La manipulation à une main est ici un peu risquée pour votre appareil… et votre canal carpien.
L’utilisation avec un petit boîtier type Sony A7C R ne sera guère pratique. Pour plus de facilité, un grip sera pertinent. Sur des hybrides comme les Nikon Z8 ou Z9, ce sera moins un problème… mais l’ensemble pèsera dans votre sac à dos !
Le niveau de finition est très bon. En optant pour des matériaux et un revêtement finement texturé assez similaire au Sony FE 135 mm f/1,8 GM, il se montre bien supérieur à la proposition de Samyang. Une fois la question du poids mise de côté, nous trouvons que la prise en main du Viltrox (comme ses finitions) sont même meilleures que celles du Nikkor Z Plena.
L’objectif dispose également de nombreuses commandes. On note ainsi :
- une bague de mise au point
- une bague personnalisable (décrantable et par défaut assignée à l’ouverture)
- un commutateur AF / MF
- un limiteur de plage de mise au point : 1,5 m – ∞ ; 0,7 – 2 m ; Full
- deux boutons paramétrables
On découvre aussi un petit écran OLED (couleurs !) servant à afficher les données d’exposition. Ce petit gadget rappelle certaines optiques Zeiss Batis, ou encore les premiers objectifs haut de gamme en monture Z.
Cette fonctionnalité n’est pas forcément indispensable… mais elle pourra s’avérer utile à certains. Dans notre cas, elle fut surtout pratique pour contrôler à la volée la valeur du diaphragme, puisque la bague paramétrable ne dispose pas de marquage dédié.
À ce sujet, si on apprécie que la bague soit crantée, on aurait pu espérer une plus forte résistance entre chaque cran. Souvent, en l’ayant tout juste frôlée, on peut passer – sans s’en rendre compte immédiatement – de f/1,8 à f/2,2 ou f/2,8, voire plus. En tournant la bague complètement vers la droite, on atteint une position « Auto« , indiquée sur le mini moniteur, mais qui n’offre pas de résistance plus marquée.
La bague de mise au point offre, quant à elle, une course à la fois fluide et précise. Un soupçon de résistance supplémentaire n’aurait cependant pas été pour nous déplaire.
Enfin, plusieurs joints d’étanchéité garantissent une certaine résistance aux éclaboussures et à la poussière.
Mentionnons également le pare-soleil de la bête. Plutôt long, son revêtement intérieur est en feutrine noire absorbante, et les bords sont recouverts de silicone pour protéger des chocs. Il est très qualitatif, mais la fixation aurait pu être plus solide !
Globalement, exception faite du poids – qui reste un inconvénient important – l’ergonomie de ce 135 mm de Viltrox est excellente. Très bien construit, richement doté en contrôles manuels et en options de personnalisation, il rivalise aisément avec les cadors du genre et on a vraiment l’impression d’avoir une optique pro entre les mains.
Bluetooth et port USB-C : une connectivité étendue… et inattendue !
Point notable chez Viltrox, l’optique est dotée du Bluetooth ! On peut ainsi relier son objectif à un smartphone via l’application Viltrox Lens. Celle-ci permet de mettre à jour l’optique et d’attribuer une fonction au bouton personnalisable (car un seul est modifiable depuis le boîtier).
Petite coquetterie, il est possible d’afficher une image et même un message sur l’écran OLED au démarrage de l’optique. Cela ne sert à rien – si ce n’est à personnaliser son caillou.
Pour appairer l’objectif, il faut que celui-ci soit alimenté : soit en allumant le boîtier avec l’optique montée, soit en branchant directement un câble d’alimentation au port USB-C situé près de la baïonnette. Dernier point notable : une alimentation en continu (via un adaptateur secteur ou une powerbank) est indispensable pour mettre à jour le firmware de son objectif !
Qualité d’image du Viltrox AF 135 mm f/1,8 LAB
Pour mesurer les performances de cette optique Viltrox, nous l’avons utilisé avec un Sony A1 et son capteur plein format de 50,1 Mpx, ainsi qu’avec un Sony A7 IV, doté d’un capteur de 33 Mpx.
N’hésitez pas à cliquer sur chaque image pour l’afficher en qualité optimale.
Avec ce Viltrox 135 mm f/1,8, il devient particulièrement intéressant d’explorer ses capacités de séparation des plans. Le modelé, ou « l’effet 3D » est vraiment au rendez-vous. De même, grâce à la distance minimale de MAP à 72 cm, on peut s’approcher assez près du sujet et jouer encore plus avec la faible profondeur de champ.
Cela peut aussi se montrer très pertinent pour la photo de paysage ou d’objet. À f/1,8, la très courte profondeur de champ, associée à la longue focale, permet de donner un effet miniature assez saisissant.
Cet objectif est indubitablement un atout pour les portraitistes – mais pas seulement. Une fois que l’on a appréhendé la longue distance focale (et le gabarit de l’engin), il est possible de faire de ce 135 mm une optique « du quotidien », aussi à l’aise pour de la photo de sport (rapproché), que de l’animalier ou encore du reportage.
Netteté
Disons-le d’emblée : les performances optiques du Viltrox AF 135 mm f/1,8 LAB sont tout simplement éblouissantes ! Au centre, dès la pleine ouverture f/1,8, le piqué atteint un niveau exceptionnel. Nul besoin de fermer le diaphragme pour gagner en netteté.
Les plus tatillons, souhaitant des coins parfaits, pourront fermer le diaphragme à f/2,8, mais pour une optique portrait, cela apparaît presque superflu.
La netteté demeure quasi-parfaite jusqu’à f/8, avant de décroître assez logiquement. Mais elle demeure tout à fait correcte, même à f/16.
Le crop à 100 % dans les images permet de contempler les moindres détails, aspérités ou autres ridules du sujet. Les clichés obtenus sont vraiment riches en détails, avec un contraste marqué et une restitution des couleurs particulièrement réussie.
Comme durant notre test du Sigma 24-70 mm f/2,8 DG DN II Art, nous avons aussi apprécié utiliser les « creative looks » de Sony, comme « FL » (Film Look, pour un rendu proche de l’argentique) ou encore le « B&W » maison, qui permettent de magnifier des clichés déjà exceptionnels.
Peu importe la scène choisie, la qualité optique permet de valoriser tous les sujets.
Distorsions
Les longues focales sont rarement les plus sujettes aux fortes distorsions. Ici, en étant très attentif, on peut observer de (très) légères déformations en coussinet, mais cela frôle l’imperceptible. Notons que Lightroom comprend deux profils de correction en fonction la monture.
Sony A1 – Viltrox AF 135 mm f/1,8 LAB FE – 1/12 800 s – ƒ / 1,8 – ISO 160
Aberrations chromatiques
Il faut reconnaître que les ingénieurs de Viltrox ont aussi bien travaillé pour éliminer les aberrations chromatiques. On relève bien des aberrations longitudinales à f/1,8, ce qui est assez commun, mais le phénomène s’atténue grandement à f/2, et a déjà presque disparu à f/2,8 et les clichés retrouvent un excellent niveau de contraste.
Sur des images en plan rapproché, sauf à être vraiment en contre-jour, on ne peut que constater l’absence d’aberrations.
Vignettage
La gestion du vignettage est aussi satisfaisante. Certes, on remarque un bel assombrissement des coins à la pleine ouverture, mais dès f/2,8 il s’estompe de manière radicale, pour disparaître totalement à f/4.
Si vous activez les corrections du boîtier, le problème est même parfaitement corrigé en interne. Concrètement, le vignettage ne viendra pas dégrader durablement vos clichés. À la limite, certains pourront même choisir de le laisser apparaître, pour bien encadrer les sujets.
Bokeh
Avec un tel objectif, nous attendions beaucoup du bokeh. Et nous n’avons pas été déçus, bien au contraire.
L’effet bokeh est très intense, crémeux, avec des transitions douces entre le sujet et l’arrière-plan. À la pleine ouverture, le pouvoir séparateur de l’optique est tel que, même avec un sujet un peu lointain, le fond s’efface de façon aussi prononcée qu’élégante.
Le découpage est très esthétique, presque surréaliste par moment, et représente un véritable allié pour mettre en valeur n’importe quel sujet !
Les bulles de bokeh sont par ailleurs bien dessinées, bien rondes sur la majorité de l’image et sans “onion rings” prononcés. Néanmoins, on observe un léger effet d’œil de chat sur les bords.
Autofocus du Viltrox AF 135 mm f/1,8 LAB
Viltrox annonce une mise au point ultra-rapide grâce au moteur Hyper VCM. Sur le terrain, l’AF est rapide, silencieux, avec un équilibre convaincant entre vitesse et précision. En portrait ou photographie de rue, ou encore même avec des animaux ou des insectes, le suivi reste efficace, même avec des boîtiers ne disposant pas des derniers algorithmes de Sony.
Évidemment, déplacer de si grosses lentilles ne va pas sans un léger ralentissement – et on n’ira pas jusqu’à affirmer que ce 135 mm f/1,8 se montre aussi véloce qu’un zoom sportif. Mais il ne démérite pas, loin de là.
Il n’y a bien que par très basse luminosité que l’objectif peut se montrer plus hésitant, mais rien qui ne soit totalement surprenant.
Notre seul regret concerne – encore et toujours – les limitations imposées par Sony en termes de rafales. En effet, avec des boîtiers types A9 III ou A1 II, il sera impossible de dépasser les 15 i/s en rafale avec suivi du sujet. Soit des valeurs assez éloignées du maximum atteignable par ces boîtiers.
Pour qui souhaiterait utiliser l’objectif pour du sport ou de l’animalier (avec ces boîtiers haut de gamme), ce point reste un peu frustrant. En monture Z toutefois, aucune limitation.
(Absence) de stabilisation du Viltrox AF 135 mm f/1,8 LAB
Sans grande surprise, le Viltrox AF 135 mm f/1,8 LAB n’est pas doté de la stabilisation optique. Il n’est d’ailleurs pas le seul. Ni le Sony FE 135 mm f/1,8 GM, le Samyang AF 135 mm f/1,8 FE, ou encore le Nikkor Z 135 mm f/1,8 S Plena n’en disposent. A ce niveau, seul le Canon RF 135 mm f/1,8 IS USM est stabilisé.
Aussi, le Viltrox se reposera sur la seule stabilisation capteur de votre appareil (s’il en est équipé). Avec les Sony A1 / A7 IV, le gain maximal théorique serait de 5 à 5,5 stops.
Dans les faits, en se gainant bien, on peut atteindre environ 3 stops – en étant généreux. En effet, de par l’encombrement de la bête, il est assez difficile de rester parfaitement immobile. Cela ne surprendra donc personne si l’on affirme que le 135 mm de Viltrox n’est pas le meilleur outil pour de la pose longue à main levée.
Peut-être qu’avec un boîtier plus moderne nous aurions pu approcher réellement des 5 stops annoncés par le constructeur.
Pour s’assurer de la bonne netteté de ses clichés, on aura même tendance à opter pour un temps de pose d’au moins 1/250 s, voire 1/320 s si on veut garder une marge d’erreur. La grande ouverture permet ici de limiter (jusqu’à un certain point) la montée en sensibilité.
Retrouvez ci-dessous une sélection d’images capturées avec le Viltrox AF 135 mm f/1,8 LAB :
Face à la concurrence
Sur la monture E, le principal rival est le Sony FE 135 mm f/1,8 GM. Cette focale fixe de référence se distingue par une excellente qualité d’image et un autofocus très rapide. Elle pêche seulement par son effet « œil de chat » à la pleine ouverture. Affiché à 1799 €, l’objectif est certes plus cher que le Viltrox, mais aussi plus compact et léger.
Le Samyang AF 135 mm f/1,8 FE est aussi un concurrent de choix. Presque deux fois plus léger, il compense une ergonomie moins élaborée par une qualité d’image qui n’a rien à envier à celle du Viltrox. Son prix de 749 € le rend doublement attractif.
Sur la monture Z, la seule alternative est de taille puisqu’il s’agit du Nikkor Z 135 mm f/1,8 S Plena. Plus volumineux (mais moins lourd), c’est un objectif tout aussi extravagant et offrant un piqué et un modelé ahurissants. Pour autant, la qualité optique du Viltrox est équivalente et l’objectif chinois dispose d’une ergonomie plus aboutie.
Et surtout, avec un tarif approchant les 3000 € (hors promotions), le Plena n’offre pas vraiment un excellent rapport qualité-prix face au Viltrox…
Viltrox AF 135 mm f/1,8 LAB : un coup de maître
Venant inaugurer la nouvelle gamme LAB, le Viltrox AF 135 mm f/1,8 LAB est un vrai coup de maître. Il se range instantanément au même niveau que les meilleures références du genre, sans dépasser la barre des 1000 €.
Il offre une excellente qualité d’image, dès la pleine ouverture. Les diverses imperfections optiques sont par ailleurs très limitées ou bien corrigées. De plus, Viltrox a travaillé son ergonomie et ce 135 mm LAB ne se montre pas avare en contrôles et autres options.
Son seul vrai inconvénient est son poids élevé. Ce point pourrait freiner certains photographe. D’autant que la concurrence s’en sort mieux – même chez Nikon ! Pour autant, ses atouts l’emportent largement sur cette contrainte.
Au-delà, le Viltrox AF 135 mm f/1,8 LAB est un objectif redoutablement performant. Il devrait pleinement répondre aux aspirations de ses utilisateurs, qu’ils soient amateurs ou professionnels.
Le Viltrox AF 135 mm f/1,8 LAB est disponible en monture Sony E ou Nikon Z, au tarif de 999 €.
Vous pouvez retrouver cet objectif chez Digit-Photo, Miss Numérique, Digixo, Panajou, IPLN et dans les boutiques spécialisées.
