Test Nikon Z8 : l’hybride plein format pro infaillible

Mais que reste-t-il au Z9 ?

9.1
sur 10

En mai 2023, Nikon jetait un pavé dans la mare avec son nouvel hybride plein format. S’il reprend la quasi-totalité des fonctions de son grand frère le Z9, le Nikon Z8 s’adresse plus particulièrement aux reporters en recherche d’un boîtier ultra-polyvalent et ultra-réactif.

Sur le terrain, l’hybride « tout terrain » de Nikon réussit-il à tenir ses promesses ? Les premières impressions que nous avaient laissées ce boîtier lors de sa sortie sont-elles confirmées ? Nous avons utilisé ce boîtier au quotidien et lors de différents événements depuis plusieurs semaines. Voici donc notre test complet du Nikon Z8.

Test Nikon Z8 Phototrend

Nikon Z8 : le boîtier des photoreporters

Tout juste un an et demi après le lancement du très sportif Z9, Nikon dévoilait son « petit frère », le Z8. Mais peut-on vraiment employer cette expression ? À part pour son gabarit réduit, le Nikon Z8 reprend à l’identique la formule employée par le vaisseau amiral de la marque jaune et noire, excepté le mode « Auto Capture » dévoilé avec la v4.00 du Z9.

On dispose ainsi d’un hybride « tout terrain », conçu pour être capable de capturer virtuellement n’importe quel sujet, dans n’importe quelles conditions. Ce qui rappelle évidemment le reflex Nikon D850, dont il prend la relève.

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La fiche technique est, à la virgule près, celle du Nikon Z9. Dans les faits, le Nikon Z8 mise donc sur : 

  • Un capteur CMOS plein format stacked BSI (empilé et retroéclairé) de 45,7 Mpx, doté d’une mémoire DRAM intégrée – et couplé au processeur Expeed 7
  • Une rafale sans voile noir dans le viseur ou à l’écran grâce à la technologie Dual-stream
  • Une rafale 100 % électronique à 20 i/s avec suivi AE/AF et jusqu’à 120 i/s (en jpeg 11 Mpx)
  • Un AF « hybride » (phase + contraste) nourri à l’IA avec reconnaissance et suivi intelligent du sujet
  • La vidéo 8K jusqu’à 60 fps en N-RAW
  • Un boîtier relativement compact avec 2 slots pour cartes mémoire, écran multi-orientable et de (très) nombreux boutons et commandes physiques.

Autant d’éléments que nous ne manquerons pas de développer au fil de ce test.

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Prise en main du Nikon Z8

Il existe 2 façons de voir le Nikon Z8. La première amène à se concentrer sur le « cameraness » tant vanté par Nikon. La seconde revient à se focaliser sur son gabarit.

Une ergonomie extrêmement travaillée

En termes d’ergonomie, Nikon signe un boîtier très soigné. En premier lieu, on note le grip bien dessiné et les lignes arrondies. La prise en main est ainsi très sécurisante. Un point essentiel pour les pro utilisant des objectifs volumineux et/ou sur des terrains accidentés. De plus, toutes les commandes tombent très naturellement sous le doigt. 

La sensation de robustesse est indéniable. Comme le Z9, le Nikon Z8 est construit tel un roc, avec le même niveau de tropicalisation. À plusieurs reprises, nous l’avons utilisé sous la pluie et dans le froid – et aucun souci n’est à noter (et heureusement). Lorsqu’on éteint le boîtier, un rideau vient protéger le capteur (à condition d’activer l’option).

On apprécie la profusion de commandes manuelles – et les nombreuses commandes personnalisables. Il est possible d’adapter le boîtier à ses besoins – et aux différents scénarios d’utilisation. Le rétroéclairage des touches est très pratique quand il fait sombre.

Test Nikon Z8

En outre, on notera la présence du petit écran monochrome, qui résume les principaux réglages. Point de roue PSAM ici, comme sur les Z7 / Z6, mais un trèfle de sélection installé sur l’épaule gauche, à l’instar du Z9 ou encore du reflex D6.

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Du reste, le boîtier propose de très nombreuses options, que l’on prendra soin d’explorer dans les menus. À tel point que certains pourraient se sentir noyé. Mais est-ce un mal ? Nikon propose une foule de détails pratiques pour les professionnels, tant pour la capture, l’édition en interne des images et des métadonnées, et l’envoi des images (sur un serveur FTP par exemple).

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Un boîtier pas si compact que ça

Le revers de la médaille, c’est que le Z8… n’est pas si compact que cela. Oui, son poids de 910 g (avec carte mémoire et batterie) est moins élevé que celui du Z9 (1340 g). Cependant, le boîtier demeure assez gros et assez lourd – surtout si on le compare à un Z6 II. D’autant qu les optiques Nikkor ouvrant à f/2,8 ne brillent pas spécialement pour leur poids plume… En emportant un Z 8 avec un objectif Nikkor Z 24-70 mm f/2,8 S et un téléobjectif Nikkor Z 70-200 mm f/2,8 S, le trio atteint la barre des 3 kg.

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Nikon Z6 II vs Z 8
Z 8 avec le Nikkor Z 70-200 mm f/2,8 S

Pour autant, le Z8 procure une indéniable sensation d’équilibre. Au bord du terrain, l’hybride est très agréable à utiliser, même après 2 h de match. On aimerait en dire autant de certains autres boîtiers… En outre, ce gabarit est nécessaire pour abriter toute l’électronique embarquée – mais aussi l’écran multi-orientable hérité du Z9.

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On peut ainsi incliner l’écran sur un axe vertical, mais aussi horizontal. Seul petit reproche : l’écran se déploie beaucoup plus vers la droite (45°, voire 90° en poussant l’écran contre la charnière) que vers la gauche (25°). Ceci ne facilite pas la visée à la verticale à bout de bras – sauf à tenir le boîtier « à l’envers », déclencheur vers le sol.

De ce point de vue, l’écran orientable et inclinable du Sony A7R V nous semble plus pertinent. D’autant plus qu’il permet de replier l’écran vers l’intérieur du boîtier – ce que ne permet pas le Z 8. On se consolera avec l’affichage de l’interface à la verticale – y compris au niveau du menu i. Sans oublier le « dark mode », où l’affichage complet se fait en nuance de rouge – pratique pour l’astrophoto, par exemple.

Au sommet du boîtier, le viseur électronique est assez imposant – mais procure un confort indéniable. Directement hérité du Z9, là aussi, il repose sur une dalle VGA de 1,27 cm affichant 3,69 Mpts (couvrant 100 % du champ). La luminosité monte à 3000 cd/m2.

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Et sur le terrain, ce viseur est une franche réussite. Selon nous, il s’agit tout simplement de l’un des viseurs les plus confortables du marché (malgré une définition moindre que la concurrence). Le dégagement oculaire est de 21 mm : même en portant des lunettes, l’œil peut voir toute la surface du viseur. Aucun scintillement, aucun effet métallique ne sont à noter. Tout est limpide, tout est fluide.

D’autant que la technologie Dual-stram permet de s’affranchir totalement du blackout entre 2 images pendant la rafale. Pour mémoire, 2 flux sont transmis par le capteur au processeur : l’un est envoyé au buffer (puis à la mémoire), l’autre au viseur ou à l’écran arrière. De cette façon, la visée n’est jamais interrompue, ce qui permet de se concentrer totalement sur l’action en cours.

En clair : Nikon livre un boîtier certes un peu lourd, mais particulièrement maîtrisé. Et qui s’avère très agréable à utiliser en reportage ou au bord d’un terrain. De ce point de vue, le Nikon Z8 est une réussite.

Performances et qualité d’image du Nikon Z8

Quelle qualité d’image pouvons-nous obtenir avec le Nikon Z8 ? Pour le vérifier, nous l’avons utilisé avec une portion non-négligeable du parc optique en monture Z : Nikkor Z 24-70 mm f/2,8 S, Nikkor Z 70-200 mm f/2,8 S, Nikkor Z 40 mm f/2,8 SE, Nikkor 14-30 mm f/4 S… et bien plus encore.

N’hésitez pas à cliquer sur chaque image pour les afficher en qualité optimale.

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Action ! Nikon Z8 – Nikkor Z 70-200mm f/2,8 VR S – 200 mm, ¹⁄₅₀₀ s à ƒ / 2,8, ISO 3200)
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Porte de Saint-Cloud, heure de pointe – Nikon Z8 – NIKKOR Z 50mm f/1.8 S – 50 mm, 4.0 s à ƒ / 16, ISO 400
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Goutte de paradis – Nikon Z8 – Nikkor Z MC 50 mm f/2,8 – 50 mm, ¹⁄₃₂₀₀ s à ƒ / 4,8, ISO 3200

Capteur 45,7 Mpx et processeur Expeed 7 : le duo de choc

Le Z8 profitant du même couple capteur + processeur que le Z9, nous sommes ici en terrain connu. On notera cependant que le boîtier mise sur un capteur rétroéclairé et empilé (BSI stacked ) – et non pour un capteur global shutter comme le récent Sony A9 III. Pour autant, le rolling shutter est virtuellement absent (voir plus loin).

Les images générées par le boîtier mesurent 8256 × 5504 pixels. Par défaut, le boîtier livre des RAW compressés sans perte (aucun mode RAW non-compressé n’étant disponible). Les RAW pèsent environ 55 Mo. Pour réduire un peu le poids des fichiers, il est possible d’opter pour le RAW « efficacité élevée ★ » – la perte d’informations étant très limitée dans ce mode.

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Malgré un rognage très prononcé, les détails de ce cormoran sont parfaitement restitués. Nikon Z8 – Nikkor Z 600 mm f/6,3 VR S – 600 mm, ¹⁄₁₀₀₀ s à ƒ / 6,3, ISO 4000 

Certains photographes auraient sans doute préféré un capteur moins défini. Cependant, le poids des fichiers s’avère plutôt raisonnable – et l’on apprécie beaucoup de pouvoir rogner sans crainte dans ses images. Enfin, notez qu’un mode « DX » permet d’obtenir un crop APS-C (1,5x).

Qualité d’image : la perfection ?

Mettons fin à un insupportable suspense : oui, le Nikon Z8 offre une très bonne qualité d’image, de jour comme de nuit. Le niveau de piqué est particulièrement élevé. Les optiques Nikkor de la série S n’y sont pas pour rien.

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Passion – Nikon Z8 – Nikkor Z 85 mm f/1,2 S – 85 mm, ¹⁄₁₂₅₀ s à ƒ / 1,3, ISO 3200

Une nouvelle fois, Nikon propose une restitution des couleurs et des contrastes particulièrement plaisante. Au global, le boîtier offre une colorimétrie un peu plus chaude, plus vibrante que la concurrence – ce que nous apprécions.

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Bokeh légèrement tournoyant – Nikon Z8 – Nikkor Z 85 mm f/1,2 S – 85 mm, ¹⁄₃₂₀₀ s à ƒ / 1,2, ISO 3200

On déplore seulement quelques aléas liés à la balance des blancs automatique. Avec, de temps à autre, des photos tirant un peu vers le bleu. Pour autant, ce souci est nettement plus rare que sur le Z6 II. En revanche, en photo sportive, nous avons eu quelques photos franchement sous-exposées, le boîtier s’étant basé sur une zone (trop) claire pour faire la mesure de l’exposition.

Dynamique et montée en ISO

En termes de montée en ISO, le Nikon Z8 est globalement un excellent élève. Et ce, malgré son capteur très défini – n’en déplaise aux esprits chagrins. Par défaut, la plage ISO s’étend de 64 à 25 600 ISO, et peut être étendue de 32 (Lo 1,0) à 102 400 ISO (Hi 2,0). 

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Verrière – Nikon Z8 – Nikkor Z 70-200mm f/2,8 VR S – 200 mm, 1,6s s à ƒ / 14, ISO 1800

Par ailleurs, le boîtier profite du double-ISO natif : 800 – 4000 ISO en vidéo et 64 – 500 ISO en photo. Une valeur qui s’applique également au Nikon Z 9… mais que la marque n’avait jamais dévoilée jusqu’à présent.

Et dans les faits, il serait tentant de dire que le bruit numérique est impeccablement maîtrisé, de 64 à 25 600 ISO. Soit une performance assez exceptionnelle. Dans le détail, le bruit fait une (très) timide apparition à 2 000 ISO. Il devient un peu plus présent à 8 000 ISO, et monte graduellement jusqu’à devenir assez palpable à 20 000 ISO. Mais pour qui n’applique pas un crop démesuré, les images à 51 200 ISO sont toujours exploitables.

Enfin, à 102 400 ISO (Hi 2,0), le bruit numérique dessine parfois un « quadrillage » assez étrange, difficile à rattraper au post-traitement sans recourir à l’IA. Un point que l’on observe également en cas de débouchage des ombres très, très violent.

Avant qu’elles ne s’en aillent – Nikon Z8 – Nikkor Z 70-200mm f/2,8 VR S – 160 mm, 1/320 s à ƒ / 2,8, ISO 102400 ISO

Du côté de la plage dynamique, les résultats sont (là aussi) très bons. D’une manière générale, il est possible de récupérer une grande quantité d’informations dans les ombres. D’autant que l’opération génère assez peu de bruit numérique. De la même manière, il est possible de récupérer une bonne quantité d’informations dans les zones surexposées – à condition qu’elles ne soient pas totalement « cramées », bien sûr.

Les détails de ce bâtiment sont correctement restitués, mais l’arrière-plan est pratiquement perdu. Nikon Z8 – Nikkor Z 14-30 mm f/4 S – 30 mm, ¹⁄₁₂₅ s à ƒ / 4,0, ISO 1250 

De ce point de vue, le Nikon Z8 fait beaucoup mieux que le Canon EOS R3, dont le capteur est pénalisé par la technologie Dual Pixel (les photosites étant divisés en 2 parties). Seuls deux de ses rivaux parviennent à faire encore mieux : le Canon EOS R5 – et surtout l’excellent Sony A7R V. Mais ces deux boîtiers ne peuvent prétendre à une réactivité équivalente.

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Lightspeed – Nikon Z8 – Nikkor Z 14-30 mm f/4 S – 30 mm, 3.0 s à ƒ / 6,3, ISO 800

Ainsi, le pari de Nikon – marier qualité d’image et vélocité – est pleinement réussi.

Notez que depuis la mise à jour 2.00 du firmware datant de février 2024, le Nikon Z8 supporte un mode haute définition (ou pixel-shift). En assemblant des clichés via le logiciel pour ordinateur NX Studio, on obtient une image très définie de 180 Mpx.

Autofocus du Nikon Z8

Le Nikon Z8 bénéficie du même système AF que son aîné. On retrouve donc un autofocus hybride, doté de 493 collimateurs couvrant 90 % du capteur. Le suivi 3D (3D tracking), cher aux nikonistes, est également de la partie.

V de vol – Nikon Z8 – Nikkor Z 600 mm f/6,3 VR S – 600 mm, ¹⁄₁₀₀₀ s à ƒ / 6,3, ISO 25600

On retrouve aussi les mêmes algorithmes que le Z9 – ainsi que les améliorations apportées par les MàJ firmwares majeures que le boîtier a reçu depuis son lancement. Comme ses principaux concurrents, le boîtier propose la détection et le suivi intelligent du sujet pour les sujets suivants :

  • Humains (yeux, visage, torse)
  • Félins et canidés (tête, yeux, corps)
  • Oiseaux (depuis la MàJ 2.00 de février 2024)
  • Voitures
  • Motos
  • Vélos
  • Trains
  • Avions (carlingue, face avant et cockpit).

Et sur le terrain, l’autofocus du Nikon Z8 est impressionnant. La détection du sujet est instantanée, et le suivi particulièrement efficace. Les portraitistes seront ravis par la détection de l’œil du sujet. Les spécialistes des sports mécaniques apprécieront la précision du suivi.

Pour mettre le boîtier à l’épreuve, nous avons couvert un match de hockey sur glace. Un exercice particulièrement exigeant pour le boîtier, les joueurs effectuant des mouvements très rapides et aléatoires.

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Poursuite – Nikon Z8 – Nikkor Z 70-200mm f/2,8 VR S – 200 mm, ¹⁄₅₀₀ s à ƒ / 2,8, ISO 2500

D’une manière générale, le boîtier s’en sort haut la main. Nous avons principalement utilisé le téléobjectif Nikkor Z 70-200 mm f/2,8 S – et ce dernier s’est montré pleinement à la hauteur. En revanche, nous avons eu quelques difficultés avec le Nikkor Z 85 mm f/1,2 S – une optique à portrait – lors des transitions entre un sujet très lointain et un sujet très proche. Pour autant, le suivi est impeccable et la scène parfaitement restituée, malgré la rapidité de l’action.

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Disputé – Nikon Z8 – Nikkor Z 85 mm f/1,2 S – 85 mm, ¹⁄₅₀₀ s à ƒ / 1,2, ISO 320

Même avec leur casque, même situés à grande distance, le visage des joueurs est détecté sans difficulté. Le suivi est d’une rare précision. Nous avons seulement rencontré quelques soucis lorsqu’un autre joueur masquait totalement le sujet pendant plus d’une demi-seconde.

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Dégagement – Nikon Z8 – Nikkor Z 70-200mm f/2,8 VR S – 200 mm, ¹⁄₆₄₀ s à ƒ / 2,8, ISO 1600

Autre point notable : lorsque plusieurs joueurs sont présents dans le cadre, le boîtier a parfois tendance à « favoriser » le sujet le plus éloigné. Étrange. Heureusement, ce phénomène est assez rare. D’autant que la sensibilité de l’AF peut être affinée via les menus.

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Glace – Nikon Z8 – Nikkor Z 70-200mm f/2,8 VR S – 200 mm, ¹⁄₆₄₀ s à ƒ / 2,8, ISO 1100

Au global, le nombre de déchets liés à l’AF est très réduit. En clair : l’autofocus du Nikon Z8 peut parfaitement encaisser les usages sportifs les plus exigeants.

Retrouvez une série de photos capturées lors de ce match de hockey sur glace (qui s’est soldé par une triste défaite à domicile pour Boulogne-Billancourt, qui s’incline 9 à 3 contre Cergy) :

Rafale du Nikon Z8 : vers l’infini et au-delà

Sans surprise, ces excellents performances AF prennent tout leur sens avec la rafale ultra-rapide du Nikon Z8.

À ce titre, on notera (si besoin en est) que les Z8 et Z9 font totalement l’impasse sur l’obturateur mécanique. Un petit « clic » (désactivable) vient imiter le bruit du déclencheur. Lorsque ce bruit est coupé, le boîtier devient totalement silencieux. Heureusement, un petit cadre blanc indique (visuellement) la capture de la photo. Pratique… même si cet indicateur visuel est parfois bien trop discret. Le boîtier peut déclencher de 30 s à 1/32 000s.

Concrètement, le boîtier peut monter à 20 i/s avec suivi AE/AF – ce qui permet déjà de bien décomposer les mouvements du sujet. Mais le Z8 ne s’arrête pas là. Il permet d’atteindre 30 i/s – en JPEG uniquement – voire 60 i/s – toujours en JPEG mais en mode DX, avec un crop 1,5x.

Rafale 20 i/s

Et comme si cela ne suffisait pas, le Z8 peut atteindre la cadence astronomique de… 120 i/s, générant des fichiers JPEG de 11 Mpx. Certains photographes grognons jugeront sans doute cette fonction « peu utile ». Pourtant, en l’associant au mode « Pré-déclenchement », on peut décortiquer (et sauvegarder) le moment le plus intéressant d’une séquence extrêmement rapide. L’envol d’un oiseau ou d’un insecte, par exemple. Ou le moment précis où le hitter au baseball frappe la balle de sa batte.

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Rafale … 120 i/s

L’avantage, c’est que le buffer est un non-sujet. En effet, le boîtier permet de capturer plusieurs (longues) rafales sans broncher. En clair, cette mémoire tampon, virtuellement illimitée, permet de déclencher sans arrière-pensée. On aurait aimé en dire autant de certains boîtiers chez la concurrence (coucou l’EOS R6 Mark II) !

Notez toutefois que ce buffer « illimité » ne s’applique qu’en utilisant des cartes CFexpress de type B performantes. Avec des cartes SD, la mémoire tampon sature très vite (après environ 28 clichés).

Enfin, nous avons été très surpris par l’absence de banding sous éclairage artificiel. De même, le rolling shutter est absent – alors même que le boîtier n’est pas équipé d’un capteur à obturation globale. De ce point de vue, la prouesse de Nikon est assez époustouflante.

Pas de rolling shutter – Nikon Z8 – Nikkor Z 70-200mm f/2,8 VR S – 170 mm, ¹⁄₅₀₀ s à ƒ / 2,8, ISO 1800 

Last but not least, le boîtier dispose d’un intervallomètre et d’un mode de timelapse. Les amateurs du genre seront ravis. En revanche, au vu de ses capacités, l’absence d’un mode Pixel Shift est difficile à comprendre !

En février 2024, une mise à jour du micrologiciel apporte un mode auto-capture. Cette option autorise la programmation du déclenchement en fonction de paramètres précis (mouvement, distance, type de sujet).

Stabilisation : peut faire mieux

La perfection n’étant pas de ce monde, le Nikon Z8 possède un (petit) talon d’Achille : la stabilisation. La marque jaune et noire promet un gain (théorique) de 6 stops ; hélas, nous n’avons jamais réussi à nous approcher de cette valeur.

Métro-cité – Nikon Z8 – NIKKOR Z 50mm f/1.8 S – 50 mm, ⅓ s à ƒ / 4,0, ISO 320

En mode Sport, nous n’avons jamais réussi à descendre en-dessous de 1/2 s avec l’objectif 14-30 mm f/4 S. Et d’une manière générale, la majorité de nos photos capturées en-dessous de 1/15s sont floues. De ce point de vue, le Z8 fait (nettement) moins bien que certains de ses concurrents. On pense notamment au Canon EOS R3, capable de monter à 3s à main levée. Espérons que Nikon pourra améliorer l’IBIS de son boîtier via une future MAJ firmware.

Panorama – Nikon Z8 – Nikkor Z 14-30 mm f/4 S – 22 mm, 0,5s s à ƒ / 4,0, ISO 640

Une autonomie très confortable

Bonne nouvelle côté accu : le Nikon Z8 hérite de la batterie EN-EL15C. Cette dernière est très répandue dans l’univers de Nikon, puisqu’on la retrouve dans bon nombre de reflex (dont le D850, notamment), ou encore sur les Nikon Z6 et Z7 (I et II). Si vous possédez déjà un stock de batteries, vous pourrez donc les réemployer sans souci. Par contre, les batteries de marque tierces comme Patona ne sont pas acceptées.

En termes d’autonomie, Nikon ne se montrait pas très optimiste, affichant seulement 340 vues (norme CIPA). Heureusement, sur le terrain, les résultats sont largement meilleurs. Au cours du match de hockey mentionné ci-dessus, nous avons pu capturer la bagatelle de 4000 images (!) avec une seule batterie– en usant (voire en abusant) de la rafale, il est vrai.

Dans la « vraie vie », le nombre de photos dépend d’un certain nombre de facteurs (utilisation viseur/écran, objectif stabilisé ou non, entre autres). Cependant, une moyenne de 700 photos avec une batterie est largement atteignable sans recourir aux modes d’économie d’énergie.

Pour aller au-delà, Nikon propose son grip MP-N12, qui permet de monter à 770 photos (norme CIPA). Soit le même nombre qu’un Z9, soit dit en passant.

C’est incongru : le Nikon Z 8 (ici à droite) est plus haut que le Nikon Z 9 une fois muni du grip MP-N12 !

Enfin, le boîtier peut être rechargé via l’un de ses 2 ports USB-C – ce qui est toujours très pratique sur le terrain. En utilisant le port Power Delivery (et un câble compatible), il est possible de recharger la batterie tout en utilisant l’appareil. Pratique pour la vidéo, la diffusion en live ou les timelapses.

D’autant que le petit témoin de charge est bien visible. Prends-en de la graine, Sony !

Mode vidéo Nikon Z8 : l’artillerie lourde pour les vidéastes

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Nikon pense (aussi) aux vidéastes. Le Z8 est capable de filmer jusqu’en 8K à 60 fps ou en 4K à 120 fps. On retrouve le format N-RAW (compression sans perte), qui permet de filmer en RAW 12 bits en interne. Ainsi, le boîtier est capable de générer des séquences en :

  • RAW 8,3K jusqu’en 60p (DCI) en interne – avec un débit maximal de 5780 Mb/s, excusez du peu
  • 4K UHD 60p 10 bits suréchantillonné à partir du format 8K
  • ProRes RAW HQ 12 bits jusqu’en 4K 60p en interne
Noël aux Grands Magasins | Nikon Z8 8K 30 fps

Au vu des capacités du boîtier en vidéo, il est assez dommage que le boîtier ne soit pas en mesure d’enregistrer les fichiers directement sur un SSD – à l’instar du Panasonic Lumix S5 II et S5 IIx. Autre point notable, le format N-RAW n’est pas lisible nativement par Premiere Pro. On doit ainsi utiliser un logiciel comme Da Vinci Resolve ou Assimilate Play Pro.

Naturellement, le boîtier dispose d’une foule d’options dédiées à la vidéo : cadre REC rouge indiquant l’enregistrement vidéo, focus peaking, zebra, waveform, menu i personnalisé, réglage sensibilité et vitesse AF, atténuateur audio, synchro timecode, fichiers RAW proxy (entre autres). En revanche, certains vidéastes pourraient être déçus par l’absence de modes dédiés à l’anamorphique, par exemple.

Vitrines de Noël | Nikon Z8 4K 30 fps

Sur le terrain, la qualité d’image est particulièrement bonne. La restitution des couleurs et des contrastes est impeccable. En revanche, si vous filmez en 8K, attention aux effets de wobbling, liés à la stabilisation et à la très haute définition des images.

Connectivité filaire et sans-fil

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la connectivité du Nikon Z8 est complète. À droite, on retrouve un double emplacement pour cartes mémoire avec un slot compatible CFExpress Type B et un slot SD UHS-II. Un point qui nous rappelle beaucoup le Z 6II. Très judicieux, ce choix permet à Nikon de répondre aux besoins des photographes/vidéastes souhaitant utiliser un support de stockage plus abordable.

La tranche gauche dispose d’une connectique complète. Un « vrai » port HDMI. Deux prises jack (micro et casque). Et… 2 ports USB-C. Pourquoi 2 ? Parce que l’on peut ainsi transférer ses photos vers un ordinateur, tout en rechargeant le boîtier. Mais à ce petit jeu, on déplore toujours que le boîtier ne soit pas capable d’enregistrer les vidéos sur un SSD externe. La prise synchro flash du Z9 a été retirée, laissant seule la prise 10 broches pour la télécommande à gauche de la monture.

En outre, certains professionnels regretteront la disparition du port RJ45 – même si un adaptateur permet de le remplacer. D’autant que le boîtier regorge d’options pour le transfert d’images vers un serveur FTP. Du reste, le boîtier est compatible avec le Wi-Fi 6 et le Bluetooth 5.0. Le boîtier se contrôle via l’application Snapbridge (iOS et Android). Et cette dernière est une très bonne surprise.

La procédure d’appairage est facile et rapide. La prise de vue à distance est fiable, sans coupure ni latence. Et on peut transférer ses images vers son smartphone, en JPEG/HEIF… et en RAW ! Certes, le transfert n’est pas ultra-rapide, mais cette fonctionnalité est bien pratique pour visualiser/récupérer ses images immédiatement après son shooting.

À qui s’adresse le Nikon Z8 ?

Alors que certains constructeurs aiment segmenter leurs gammes (parfois assez artificiellement), Nikon, au contraire, se montre particulièrement généreux avec son Z8. En effet, il reprend à l’identique la fiche technique de son vaisseau amiral… mais dans un boîtier autrement plus léger et abordable que le Z9.

Nikon s’offre ici une jolie concurrence en interne. Le Z9 a certes été annoncé 18 mois plus tôt mais il a subi des retards de livraison dus au Covid. Il ne fait guère de doute qu’à la sortie du Z8, certains photographes ou agences cherchant à s’équiper en Z9 ont du détourner leur attention vers le nouveau venu.

Le Nikon Z8 vise également les photoreporters ou les photographes de nature et d’animalier, pour qui la réactivité est tout aussi essentielle – mais qui n’ont pas besoin d’un boîtier monobloc.

Atterrissage – Nikon Z8 – Nikkor Z 600 mm f/6,3 VR S – 600 mm, ¹⁄₁₀₀₀ s à ƒ / 6,3, ISO 22800

Et à ce titre, la formule proposée par le Z8 est très cohérente. D’une part, il rappelle beaucoup le D850 (et ses prédécesseurs) – avec un niveau de performances bien supérieur. D’autre part, il offre une dose de polyvalence virtuellement inédite… tout en s’affichant 1400 € moins cher que son grand frère Z9.

D’autant plus que le Nikon Z8 s’inscrit dans un « entre-deux » où la concurrence est peu présente. Même en tenant compte de l’EOS R6 Mark II, Canon ne dispose d’aucun hybride aussi performant que l’EOS R3. L’EOS R5 (rival du Nikon Z7 II), qui offre une définition très élevée… n’a pas les mêmes ambitions côté réactivité. Chez Sony, l’A7R V fait des merveilles côté AF et qualité d’image… mais sa rafale à 10 i/s (avec blackout) est plus restrictive.

Le Sony A1 et le Nikon Z8

Finalement, ses uniques « vrais » rivaux ne sont autres que le Sony A1… et le nouveau Sony A9 III – et son capteur global shutter. Deux boîtiers relativement compacts et ultra-réactifs… mais dont le tarif atteint des sommets (7299 € pour l’A1, 6999 € pour l’A9 III) contre 4599 € pour le Z8.

Pour autant, le Nikon Z8 ne pourra pas répondre à tous les photographes. Compte tenu de son poids et de son tarif, certains photographes équipés d’un Z9 ne le choisiront peut-être pas comme boîtier « secondaire », préférant attendre l’arrivée prochaine d’un boîtier Nikon encore plus compact, pourquoi pas un Nikon Z6 III. De même, certains prosumers n’ayant pas besoin d’un tel niveau de performances privilégieront l’excellent Nikon Zf, qui offre un rapport qualité-prix très séduisant.

Conclusion

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le Nikon Z8 remplit sa mission avec brio.

Le constructeur réalise l’exploit de préserver des performances exceptionnelles tout en conservant une taille compacte. Ainsi, la marque parvient à marier réactivité, haute définition, qualité d’image exceptionnelle et AF ultra véloce.

Concrètement, l’hybride « tout terrain » de Nikon offre une impeccable restitution des couleurs et un niveau de détails très élevé (sans que les images n’aient un rendu « clinique » pour autant). La montée en ISO est une franche réussite, et le boîtier dispose d’une foule d’options pour l’adapter aux différents scénarios de prise de vue.

Béton filant – Nikon Z8 – Nikkor Z 14-30 mm f/4 S – 30 mm, 3.0 s à ƒ / 9,0, ISO 320

Mais surtout, l’autofocus s’avère ultra-rapide et précis. Couplé à une rafale à 20 i/s avec suivi AE/AF – et jusqu’à 120 i/s en JPEG – il permet de capturer virtuellement n’importe quel sujet, quelles que soient les conditions de luminosité. Sans oublier un buffer illimité et l’absence de rolling shutter. Enfin, les vidéastes y trouveront un fidèle allié.

Bien sûr, on pourrait lui adresser quelques reproches à la marge. Sa stabilisation montre assez vite ses limites. L’absence de mode Pixel Shift est difficile à comprendre. Au-delà, le poids assez conséquent (910 g) pourrait être un frein pour les photographes équipés d’un Z9 et voulant un boîtier pro « secondaire ».

Cependant, cet hybride « à tout faire » s’avère extrêmement agréable à utiliser, au bord du terrain ou au quotidien. Nikon signe ici un boîtier d’une rare polyvalence, idéal pour les photoreporters (et pas seulement). Véritable coup de cœur de la rédaction, il saura accompagner les professionnels (et les amateurs éclairés) fidèlement, en toute circonstance.

Le Nikon Z8 est disponible au tarif de 4599 € sur le Nikon Store, chez Digit-Photo, Miss Numérique, Camara, Photo-Univers, IPLN, à la Fnac et dans les boutiques spécialisées.

Un kit incluant le boîtier et l’objectif Nikkor Z 24-120 mm f/4 S est également proposé au tarif de 4999 €.

Test Nikon Z8 : l’hybride plein format pro infaillible
Fabrication / finitions
9
Ergonomie
8.5
Qualité d'image
9.5
Montée en ISO
8.6
Efficacité de l'autofocus
9.1
Fonctionnalités
9
Vitesse en rafale
9.8
Stabilisation
8.3
Capacité du buffer
9.5
Autonomie
8
Rapport qualité-prix
8.5
Points forts
Excellente qualité d'image
Ergonomie très travaillée
Viseur très confortable (même s'il n'est pas le plus défini du marché)
Rafale stratosphérique et buffer plus que généreux
Mode vidéo très complet
Double slot CFExpress Tpe B + SD UHS-II
Rolling shutter virtuellement inexistant
Ultra polyvalent
Écran multi-orientable pratique (mais qui aurait pu l'être encore plus)
Points faibles
Un peu gros et lourd
Stabilisation pas si impressionnante que ça
Pas d'enregistrement des vidéos sur SSD
Pas de mode PIxel Shift
Ne fait pas le café (peut-être dans une prochaine MAJ firmware ?)
9.1
sur 10
Responsable éditorial

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  1. Bonjour
    Votre article met en cause une stabilisation pas très performante. Les photos prises en basse lumière sont donc souvent flou, mais la cause pourrait en être également l’autofocus qui ne suit pas en basse lumière.
    Avez-vous des tests qui infirme l’une ou l’autre hypothèse ?
    Continuez, vos informations sont très riches, merci de ce bon travail
    Vous souhaitant à tous de très bonnes fêtes de fin d’année
    Bien cdlt
    Dominique

    1. Bonjour Dominique, merci pour votre commentaire. Pour le coup, l’autofocus est l’une des vraies forces du Z8, même en basse lumière, même en mode AF spot. En revanche, même en se stabilisant au maximum, difficile de descendre à 1/2s sans obtenir des photos floues. C’est donc l’IBIS du boîtier (nommé VR par Nikon) qui montre ses limites. Et j’espère vraiment qu’une MAJ firmware pourra améliorer ce point !

  2. Vos commentaires sont très appréciés.C’est un véritable charme que produit la description du Z8 /Z9.On ne peut s’empêcher de vivre une sensation d’enchantement à l’appropriation de cette merveilleuse technologie.
    JEROME DOMINIQUE.

  3. Bonjour
    Article complet qui met en avant toutes les qualités de ce boitier surtout pour l’autofocus et la partie vidéo au top.
    Je mets un bémol sur l’autonomie… je ne vois pas comment vous pouvez attendre ce nombre de déclenchements si ce n’est en désactivant pas mal de choses. SI j’arrive à 500 – 600 déclenchements c’est le maximum. Je précise que je fais beaucoup de bracketing avec le retardateur.

  4. Le point noir chez Nikon est la taille et le poids des objectifs à focale identique comparé avec Canon et surtout Sony, les maitres de la compacité.

    Quelqu’un qui souhaite se lancer dans la photographie devrait en premier lieu choisir ses optiques en fonction de sa pratique photo et ensuite, chercher le boitier qui est l’élément que l’on peut être amené (rien avoir aevc un téléphone en terme de fréquence ..) à changer (ou pas)

  5. J’ajoute : il faudrait trouver autre chose que le qualitatif « pro » car si seuls les professionnels vivant de la photographie achetaient des boitiers estampillés par la presse « pro », les fabricants fermeraient boutique.

    Le pire, c’est pour le téléphone ou tablettes dites « pro » : MDR ….