Prise en main Canon RF 200-800 mm f/6,3-9 IS USM : un (gros) super-télézoom pour la monture RF

Début novembre 2023, Canon dévoilait en grande pompe 3 nouveaux zooms. Parmi eux, le Canon RF 200-800 mm f/6,3-9 IS USM se distingue en proposant une plage focale très étendue, conçue spécialement pour les photographes animaliers. Lors de la dernière édition du festival de Montier-en-Der, nous avons eu l’occasion de prendre en main (en avant-première) ce nouveau super-téléobjectif prometteur. Voici nos premières impressions sur le Canon RF 200-800 mm f/6,3-9 IS USM.

Le 3e objectif Canon à (très) longue focale en monture RF

L’expansion de la monture RF continue à marche forcée. Ce nouveau zoom 200-800 mm vient compléter le RF 100-400 mm f/5,6-8 IS USM, lancé en novembre 2021. Il vient aussi offrir une alternative au RF 100-500 mm f/4,5-7,1 L IS USM, dont les ambitions sont différentes (tant en termes de focales que de tarif).

Avec sa plage focale ultra-étendue 200-800 mm, cet objectif s’adresse en priorité aux amateurs éclairés ferrus de sport et d’animalier – et en particulier les fans d’ornithologie

À ce titre, ce nouveau télézoom Canon vise ni plus ni moins à remplacer les superzooms reflex comme les Tamron SP 150-600 mm f/5-6,3 Di VC USD G2 et Sigma 150-600 f/5-6,3 DG OS HSM Contemporary, que bon nombre de canonistes continuent d’utiliser via une bague d’adaptation.

Côté hybrides, il rivalise également avec le Sony FE 200-600 mm f/5,6-6,3 G OSS, ainsi qu’avec le Nikkor Z 180-600mm f/5,6-6,3 VR.

L’objectif est compatible plein format. Naturellement, ce 200-800 mm peut également être monté sur un hybride APS-C comme l’EOS R7 : on obtient ainsi un équivalent 320-1280 mm (!). Sans oublier qu’il est compatible avec les téléconvertisseurs de Canon 1,4x et 2x. En couplant ce 200-800 mm (avec téléconvertisseur 2x) à un boîtier APS-C, on obtient un équivalent… 640-2560 mm f/12,6-18. Excusez du peu.

Plage focaleOuverture
Plein format200-800 mmf/6,3-9
APS-C (crop factor 1,6x)320-1280 mmf/6,3-9
Plein format + TC 1,4x280-1120 mmf/9-12
Plein format + TC 2x400-1600 mmf/12-18
APS-C + TC 1,4x448-1792 mmf/9-12
APS-C + TC 2x640-2560 mmf/12-18

Côté technique, le Canon RF 200-800 mm f/6,3-9 IS USM repose sur 17 lentilles réparties en 12 groupes. On dénombre 3 lentilles en verre UD, pour limiter les aberrations chromatiques). L’autofocus est assuré par un (unique) moteur Nano USM. L’objectif est – heureusement ! – équipé de la stabilisation optique, qui doit offrir un gain théorique maximal de 5,5 IL.

On notera enfin qu’il s’agit du 1er téléobjectif blanc de Canon « non-L ». Néanmoins, ce super-téléobjectif en monture RF doit consentir à quelques sacrifices pour conserver un tarif suffisamment attractif. En témoigne son ouverture glissante f/6,3-9, passablement limitée.

Voici la liste des caractéristiques du Canon RF 200-800 mm f/6,3-9 IS USM

  • plage focale : 200-800 mm (équivalent 320-1280 mm en APS-C)
  • objectif pour capteur plein format
  • ouverture maximum : f/6,3-9
  • ouverture minimale : f/32-54
  • construction optique : 17 lentilles réparties en 12 groupes (dont trois lentilles UD)
  • diaphragme : circulaire, 9 lamelles
  • rapport de grossissement maximal : 0,25x (à 200 mm) 
  • angle de champ : 12° – 3° 05′
  • distance de mise au point minimale : 80 cm à 200 mm, 3,3 m à 800 mm
  • diamètre du filtre : 95 mm
  • tropicalisation : oui, joints d’étanchéité
  • autofocus : oui, moteur USM
  • stabilisation : oui, IS
  • dimensions : ø 102,3 x 314 mm réplié (D x L)
  • poids : 2050 g
  • accessoires fournis : Bouchons avant, arrière, pare-soleil intégré et collier de pied
  • montures compatibles : Canon RF
  • prix au lancement : 2399 €

Ergonomie et prise en main du Canon RF 200-800 mm f/6,3-9 IS USM

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le Canon RF 200-800 mm f/6,3-9 IS USM ne passe pas inaperçu. La bête mesure en effet 31,4 cm de long (replié) pour un diamètre maximal de 10,2 cm.

De même, difficile de faire abstraction de son poids de 2 kg. D’autant plus que les lentilles les plus lourdes (car les plus grosses) sont situées à l’avant. En zoomant, ce point se fait de plus en plus sentir, le centre de gravité se déplaçant vers l’avant.

Certes, le poids de ce 200-800 est équivalent à celui de ses rivaux Sony et Nikon – tout en proposant une plage focale plus étendue. Mais pour les longues séances photo, un monopode (ou un trépied) est clairement à prévoir (à moins d’être taillé comme Rambo).

D’autant que l’objectif s’allonge considérablement en zoomant : à la focale extrême (800 mm), l’objectif prend d’environ 12 cm – et autant avec le pare-soleil fourni. De ce point de vue, Canon fait moins bien que Sony, dont le 200-600 mm est à encombrement constant (zooming interne).

Au-delà, on mentionnera la robe blanche de ce zoom – une première pour un objectif ne faisant pas partie de la prestigieuse série L. Le but : lutter contre les hausses de températures qui pourraient altérer les performances optiques en plein soleil.

Notez aussi que l’objectif est résistant à la poussière et à l’humidité. On peut donc l’utiliser sans crainte sous une petite averse. Enfin, les plastiques employés par Canon sont très qualitatifs et les finitions sont excellentes. De ce point de vue, difficile de reprocher quoi que ce soit à ce 200-800 mm.

La bague de zoom est située vers le milieu du fût. Sa dureté peut être réglée grâce à une fine bague « smooth/tight ». Malgré cela, la bague de zoom manque de souplesse. D’autant que sa course est assez longue : il faut s’y prendre à 2 reprises pour passer de 200 à 800 mm. Passer rapidement d’un sujet assez proche à un sujet plus lointain n’est pas forcément facile.

On notera aussi que la bague de mise au point est « combinée » à la bague de contrôle. Sur le papier, ce choix est un chouïa étrange, puisque le fût est (largement) assez long pour abriter une bague supplémentaire de mise au point. Mais dans la pratique, ceci n’est pas vraiment gênant (qui va s’amuser à passer en MAP manuelle sur un zoom de cet acabit ?). En revanche, ce zoom est le 1er à faire l’impasse sur l’habituel commutateur pour changer facilement le comportement de la bague.

D’une manière plus globale, le nombre de commandes manuelles est plus limité que sur les optiques L. Ainsi, on dispose seulement de 2 commutateurs (AF/Control/MF et stabilisation). Heureusement, 2 touches programmables sont présentes, et sont assignées par défaut au rappel de la mise au point.

Premières impressions en termes de qualité d’image et d’autofocus

À première vue, le Canon RF 200-800 mm f/6,3-9 IS USM semble offrir un bon niveau de performances. Le piqué est au rendez-vous – ce que nous devrons vérifier dans un test plus poussé.

On apprécie la distance minimale de mise au point raccourcie : seulement 80 cm à 200 mm. Les fans de proxiphotographie seront aux anges.

Au-delà, la focale maximale de 800 mm peut être extrêmement gratifiante, car elle permet d’obtenir des (très) gros plans avec une aisance déconcertante. Ce que tout fan de sport ou d’animalier appréciera immédiatement. Lors de notre voyage à Montier-en-Der, nous avons ainsi pu immortaliser des sujets très lointains – avec un rendu des images très soigné.

Malheureusement, cette focale maximale à 800 mm vient au prix d’une ouverture maximale à… f/9 seulement. D’autant que l’objectif « ferme » assez vite, puisque l’on passe à f/7,1 dès 300 mm. Clairement, cette ouverture maximale très réduite est l’un des points les plus saillants de ce super-téléobjectif. Dès que la lumière vient à baisser, elle contraint le boîtier à monter (très) haut dans les ISO.

Ceci peut déjà être un vrai problème dans un sous-bois. La situation devient beaucoup plus « risquée » par gros temps ou en début/fin de journée. Certes, les EOS R6 (Mark I et II et EOS R3) possèdent une bonne montée en ISO – mais jusqu’à un certain point. À 102 400 ISO, point de salut. De même, sur un EOS R7, par exemple, l’exercice peut devenir périlleux.

Des grues… et du bruit !

Ainsi, l’ouverture maximale est un indicateur très net de la vocation de cet objectif. Le Canon RF 200-800 mm f/6,3-9 IS USM se destine avant tout à un usage en pleine journée, sous un soleil assez généreux. Un point qui se vérifie également du côté de l’autofocus, (l’unique) moteur Nano-USM étant un peu à la peine en basse lumière, même sur un Canon EOS R3 !

Cela étant, soulignons que l’AF est pleinement compatible avec les modes de détection/suivi automatique du sujet (et de leur œil). Ainsi, les grues, cormorans et autres mouettes ont été impeccablement détectés par notre boîtier. Le suivi est très efficace, même à travers des branches d’arbustes.

Mentionnons aussi la stabilisation optique. Canon ne dément pas son (excellente) réputation, et offre ici une prestation de haute volée. Nous avons ainsi réussi à descendre à 1/10s (!) à 200 mm – le corps des grues étant parfaitement net.

À ce titre, on notera que le Canon RF 200-800 mm f/6,3-9 IS USM est pleinement compatible avec la double stabilisation boîtier + objectif (à condition d’utiliser un boîtier stabilisé). On touche ici à une différence majeure entre cet objectif signé Canon et les anciens zooms reflex de Tamron et Sigma, dont la stabilisation ne se synchronise pas avec celle du boîtier.

Canon promet ainsi un gain maximal de 7,5 IL : un chiffre que nous ne manquerons pas de vérifier lors d’un prochain test – même si les premiers résultats que nous avons obtenus à Montier semblent très prometteurs dans ce domaine.

Tato matinal

Retrouvez ci-dessous une sélection d’images capturées avec le Canon RF 200-800 mm f/6,3-9 IS USM :

Prix et disponibilité du Canon RF 200-800 mm f/6,3-9 IS USM

Le Canon RF 200-800 mm f/6,3-9 IS USM est disponible en précommande, au tarif de 2399 €. Les livraisons doivent débuter à la fin du mois de novembre.

À ce titre, on notera que l’objectif de Canon est vendu 400 € plus cher que le Nikkor Z 180-600 mm f/5,6-6,3 VR (1999 €) – et 640 € plus cher que le Sony FE 200-600 mm f/5,6-6,3 OSS (1759 €) !

L’objectif est disponible chez Digit-Photo, Miss Numérique, Digixo, Camara, Photo-Univers, IPLN, StudioSport, à la Fnac et dans les boutiques spécialisées.

L’objectif est également proposé en kits avec les multiplicateur RF 1,4x et RF 2x et bénéficie de remises.

Notre avis sur le Canon RF 200-800 mm f/6,3-9 IS USM

Pour qui aime les longues focales, difficile de ne pas être immédiatement attiré par ce super-télézoom. Si vous trouvez que la portée offerte par le RF 100-400 est trop limitée, ce nouveau RF 200-800 mm est fait pour vous !

Cependant, à l’heure du choix, certains aspects sont clairement à prendre en compte. L’ouverture maximale (très) limitée impose un certain nombre de compromis pour la photo d’action ou d’animalier. D’autant que ses concurrents de Nikon et Sony se permettent d’être plus lumineux pour un tarif moins élevé.

Ainsi, l’objectif est beaucoup plus à l’aise sous un grand soleil que dans une zone ombragée (ou en basse lumière). De même, faire disparaître totalement l’arrière-plan est assez compliqué, malgré une focale maximale très lointaine.

Par ailleurs, difficile de faire abstraction du poids et de l’encombrement de ce super-télézoom, qui pèse 2 kg et frôle les 50 cm de long à fond de zoom (et les dépasse allègrement avec le pare-soleil).

Mais une fois ces points clairement énoncés, ce nouveau super-télézoom est prometteur. Le niveau de piqué semble (à première vue) élevé, avec un bon rendu des détails. La distance minimale de MAP très courte (à 200 mm) ouvre des horizons créatifs intéressants. L’autofocus est réactif (sauf en basse lumière). Sans oublier la stabilisation, capable de se montrer extrêmement efficace.

En clair : nos premières impressions au sujet du Canon RF 200-800 mm f/6,3-9 IS USM sont assez contrastées. Certains points sont très maîtrisés – mais l’objectif impose un certain nombre de concessions. Autant d’aspects que nous ne manquerons pas de vérifier lors d’un prochain test terrain.

Responsable éditorial

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  1. Bonjour
    Samedi matin jainou l’essayer au bord du lac du Der avec mon R7.
    Piqué au rendez-vous sans être foufou (avant j’ai testé le Canon 100-300) sur du statique comme l’église ou des oiseaux posés.
    Pour les oiseaux en vol au dessus de 400mm avec les conditions météo (ciel gris et pluie) je n’ai jamais réussi à avoir la mise au point et un suivi.
    Aucun soucis avec le Canon 100-300 ou avec mon Sigma 120-300mm ou mon Canon 500 f4L.

    1. Bonjour Rob, plusieurs réponses à votre question :
      1) l’espace de stockage d’un serveur n’est pas illimité
      2) chaque photographe reste titulaire des droits de ses photos. Dès lors, nous ne pouvons communiquer les RAW à des tiers distants sans risque.

  2. Pas convaincu du tout par ce zoom qui n’est ni un L ni un objectif abordable. Autant je comprends les positionnements des 600 et 800 f11 ou du 100-400 autant celui-ci est bien trop cher pour de l’amateur et pas si pro que ça du tout. L’ouverture n’est pas satisfaisante pour un pro et le poids est également trop important pour l’amateur sans un monopod. Dommage qu’ils ne remplacent pas le 400 f5.6 par une version RF qui permettrait certainement de biens meilleurs résultats pour celui qui veut partir léger en ayant un minimum d’ouverture. Un EF 400 f5.6 c’est 1,250 kg, donc là on nous bourre de techno en tous genres mais on est à plus de 2 kg et + de 2000 € et une ouverture vraiment pas top, surtout pour de l’animalier. En conditions réelles je trouve qu’on gagne bien plus avec de l’ouverture et du FF avec une bonne montée ISO qu’en multipliant les artifices APS-C, doubleur et mega zoom pour au final un résultat bof bof bof…

    1. C’est bien résumé. Après, il est certain que les conditions dans lesquelles nous avons testé cette optique l’ont mise à rude épreuve. Elle sera sans doute plus à l’aise pour du plane spotting, par exemple. Mais il est certain qu’une utilisation pour de l’animalier dans un sous-bois risque d’être compliquée…

  3. Bonjour, je suis amateur et je possède depuis 4 ans un 100-400mm Sigma Contempory, très content mais limité en focal en animalier. J’ai pu aussi essayer le 200-800mm à Montier et malgré les 30 minute j’ai pu l’essayer malgré les conditions à main levé (un monopod ou un trépied est évident) et avec du vent latéral, mais c’était pour moi un bel exercice pour voir la stabilisation et le suivit du sujet, j’ai été ravis et surpris du résultat l’objectif suivait très bien le sujet, maintenant la focal f9, ne ma pas gêner car je possède le R6 et ont peut monté un peu en iso sans trop de souci, bon maintenant pour les pros c’est peut-être juste mais perso cela me convient très bien 🙂 Point de vue finition c’est excellent. Maintenant je n’ai eu que 30 minute mais cela ma permis toute même de me faire un avis et pour moi il est en commande 😉