© Paula Bronstein / Getty Images

30e Prix Bayeux : Siegfried Modola et Paula Bronstein récompensés pour leurs photos de la guerre en Birmanie et en Ukraine

Le 30e Prix Bayeux Calvados-Normandie des correspondants de guerre, rendez-vous incontournable du journalisme, vient de dévoiler les différents trophées de son prix lors de sa soirée de remise de prix. Retour sur les lauréats des prix photo.

Prix Bayeux : hommage aux journalistes de guerre

Le Prix Bayeux Calvados-Normandie des correspondants de guerre est un événement annuel renommé qui rend hommage aux journalistes du monde entier pour leur couverture courageuse et exceptionnelle des conflits. Depuis sa création, il a vu défiler des figures éminentes du journalisme, des reporters passionnés par leur mission de relater les réalités des terrains de guerre, souvent au péril de leur vie.

Les délibérations, toujours riches en émotions, ont eu lieu cette année encore pour départager les différents candidats aux Prix Bayeux dans les catégories photo, presse écrite, radio, télévision, télévision grand format, jeune reporter (presse écrite) et image vidéo.

« Les deux jours de délibérations ont été riches. Stressants au départ – notamment samedi matin pour moi avec la Catégorie Photo – mais captivants », a indiqué Don McCullin, président du jury international 2023.

Cette année, le Prix Bayeux a été perturbé par le conflit israélo-palestinien, avec notamment l’offensive du Hamas sur Israël le 7 octobre dernier. Ainsi, de nombreux reporters se sont rendus sur place pour témoigner et n’ont pas pu se rendre à Bayeux.

Prix Nikon, catégorie photo : au coeur de la rébellion birmane par Siegfried Modola

Cette année, c’est le travail du photographe indépendant Siegfried Modola qui a été récompensé par le grand prix photo. Sa photo, capturée avril 2023 dans l’État de Kayah en Birmanie, remporte le Prix Nikon, catégorie photo. Elle est le reflet cru de la guerre civile qui déchire le pays. Le cliché montre des soldats Karenni se réfugiant dans un fossé, pendant qu’un obus de mortier explose à proximité, enveloppant le village de Daw Nyay Khu d’un nuage de poussière et de fumée. Le regard intense d’un soldat, tourné vers l’objectif, résume le désespoir et la détermination de ces hommes.

Des soldats Karenni se réfugient dans un fossé de drainage alors qu’un obus de mortier explose à proximité lors de violents affrontements le 16 avril 2023, dans le village de Daw Nyay Khu, dans l’État de Kayah (Karenni), dans l’est du Myanmar (Birmanie). Deux ans après que le Myanmar a plongé dans la guerre civile, l’armée du pays a pris de plus en plus de mesures drastiques pour détruire le soulèvement, avec un lourd tribut pour la population civile. En avril de cette année, une frappe aérienne de la junte a tué 168 hommes, femmes et enfants. L’année dernière, l’armée a frappé une école avec des hélicoptères d’attaque, tuant plusieurs enfants. Le même mois, un bombardement aérien d’un concert a tué environ 50 personnes. © Siegfried Modola

Ce qui rend cette image particulièrement marquante, c’est son contexte. La Birmanie connaît depuis 2021 une guerre civile sans précédent, avec une armée nationale de plus en plus brutale. Les frappes aériennes, les bombardements d’écoles et de concerts, ont coûté la vie à des centaines de civils. L’œuvre de Modola capture non seulement l’urgence du moment, mais aussi l’ampleur tragique du conflit. Elle rappelle à la communauté internationale l’importance de ne pas détourner le regard, et souligne la valeur inestimable du journalisme en temps de guerre.

Le photographe a remporté le Visa d’or News lors de la dernière édition du festival Visa pour l’Image. C’est ainsi la troisième année consécutive que le le Visa d’or News et le Prix Photo Nikon à Bayeux sont remportés par le même photographe.

Prix du Public : les conséquences de la guerre en Ukraine, par Paula Bronstein (Getty Images)

Paula Bronstein, de Getty Images, nous propose une photographie qui a su toucher le cœur du public, lui valant le Prix du Public dans la catégorie Photo. Capturé à Kharkiv, en Ukraine, le 15 mars 2023, ce cliché révèle la triste réalité des conséquences de la guerre en Ukraine. Le ciel embrasé par un coucher de soleil colore un cimetière militaire, où les tombes récentes témoignent de la lourdeur des pertes humaines. Les drapeaux ukrainiens flottent fièrement au-dessus des tombes, rappelant la bravoure de ces soldats tombés au champ d’honneur.

Un coucher de soleil coloré est vu sur des tombes militaires qui remplissent un cimetière bondé le 15 mars 2023 à Kharkiv, en Ukraine. Le grand cimetière rappelle combien de personnes ont été récemment tuées à Bakhmut alors que les soldats ukrainiens sont durement touchés de trois côtés par les forces russes, faisant de nombreuses victimes. © Paula Bronstein / Getty Images

La juxtaposition du ciel flamboyant, symbole d’espoir et de résilience, avec le sol terne et la solennité des sépultures, rend cette image d’autant plus poignante. Elle met en lumière le contraste entre la beauté naturelle et la dureté de la réalité humaine. Le contexte fourni renforce la gravité de l’image : de nombreux soldats ukrainiens ont trouvé la mort à Bakhmut, encerclés par les forces russes.

Cette photographie de Paula Bronstein est un témoignage marquant du coût humain de la guerre, capturant la douleur, le sacrifice et la résilience du peuple ukrainien.

A noter que cette année, les photos lauréates ont été réalisées avec des appareils photo hybrides plein format, un Sony A7 IV + Sigma 24-70 mm f/2,8 DG DN Art pour Siegfried Modola et un Canon EOS R5 + RF 24-70 mm f/2.8 L IS USM pour Paula Bronstein.

Retrouvez le palmarès complet du 30e Prix Bayeux Calvados-Normandie des correspondants de guerre.