Comme chaque année, le Festival Visa pour l’Image présente des expositions dédiées au photojournalisme et mettant en avant des conflits et guerres, des problématiques sociales et des enjeux environnementaux. En parallèle, différents prix photo sont remis, avec les 7 Visa d’Or, 4 bourses et 5 Prix. Voici les lauréats.
L’Ukraine au cœur du propos
Cette année, l’Ukraine constituait une nouvelle fois un sujet majeur du festival Visa pour l’Image. Tyler Hicks remporte en effet le Visa d’or de la Presse Quotidienne pour son travail sur Bakhmout, une ville-martyre située dans la région de Donbass, et qui a su résister plusieurs fois aux attaques militaires russes avant de succomber.
Virginie Nguyen Hoang remporte quant à elle le Visa d’or de l’Information numérique franceinfo pour son webdocumentaire La vie, sous le feu de la guerre. Pour La Libre Belgique, la photographe est allée à la rencontre de familles d’Ukrainiens tentant de survivre depuis maintenant plus d’un an, malgré l’épuisement causée par la guerre.
Anastasia Taylor-Lind a également travaillé sur les conséquences de la guerre sur les civils, et notamment les familles ukrainiennes. Elle s’est notamment intéressée aux familles vivant le conflit depuis 2014, et qui ont pu assister à l’évolution de celui-ci jusqu’à l’invasion russe en février 2022. Elle remporte la Bourse Canon de la Femme Photojournaliste.
La guerre, sujet majeur du Festival
Les photoreporters exercent un métier essentiel en parcourant le monde, et en mettant souvent leur vie en danger, afin de couvrir des conflits parfois méconnus ou ignorés. Le festival Visa pour l’Image est ainsi l’occasion de revenir sur des événements du monde entier, de découvrir ou redécouvrir l’actualité des dernières années, tout en ouvrant son regard sur le monde.
Ainsi, Siegfried Modola remporte le Visa d’or News pour son reportage sur la révolution armée en Birmanie, tandis qu’Ebrahim Noroozi repart avec le Visa d’or Magazine pour son travail en Afghanistan – où la famine et la présence des talibans offrent des conditions de vie terribles aux Afghans, et notamment pour les femmes et enfants, particulièrement oppressés.
Emily Garthwaite donne quant à elle un point de vue unique sur l’Irak à travers un reportage réalisé le long du fleuve Tigre, donnant ainsi à voir la culture et l’architecture de l’Irak, de part et d’autre du fleuve. Elle repart avec le Visa d’or de la Ville de Perpignan Rémi Ochlik.
Enfin, Noël Quidu s’est trouvé récompensé pour l’ensemble de sa carrière par le Visa d’or d’honneur du Figaro Magazine. Photoreporter pour l’agence Gamma de 1988 à 2009 et désormais photographe indépendant, il a passé sa vie à photographier les combattants et les victimes des pays en guerre, couvrant de multiples conflits en Afghanistan, en Irak, en ex-Yougoslavie, au Rwanda, au Congo, au Tchad, en Haïti, au Cambodge ou encore en Syrie.
Récompenser des photographes engagés
Le Festival vise également à mettre en avant des travaux photographiques réalisés autour de problématiques sociales aux quatre coins du monde. Ainsi, le Visa d’or humanitaire du Comité International de la Croix-Rouge est attribué à Federico Rios Escobar pour son reportage sur les migrants d’Amérique du Sud tentant de traverser la région du Darién, à la frontière entre la Colombie et le Panama, afin d’atteindre les Etats-Unis.
Juan Vicente Manrique Gomez remporte quant à lui la Bourse Canon du documentaire vidéo court-métrage pour son reportage sur la répression des opposants au régime vénézuélien tandis que Paolo Manzo remporte le Prix Pierre et Alexandra Boulat pour son projet Naples, la ville invisible, mettant en avant les inégalités sociales et économiques, les injustices et la ségrégation urbaine que l’on peut observer au cœur de la ville italienne. Karine Pierre, de son côté, remporte le Prix ANI-PixTrakk pour son travail autour d’un caïd du quartier chiite au sud de Beyrouth, au Liban.
Les problématiques liées à l’environnement ne sont pas laissées en reste. Le Prix Photo – Fondation Yves Rocher est attribué à Gaël Turine pour son travail photographique sur les forêts sacrées datant de millénaires au Bénin et au Nigéria. Anas Aremeyaw, Muntaka Chasant et Bénédicte Kurzen sont quant à eux récompensés par le Prix Carmignac du photojournalisme pour leur reportage sur les flux de déchets électroniques au Ghana.
Mettre en avant les travaux au long cours
Enfin, le Festival récompense également des photoreporters pour l’importance de leur carrière et pour leurs travaux photographiques au long cours. La Bourse Saif / Benoît Schaeffer pour l’édition photographique, qui encourage la création d’une monographie d’un photographe professionnel, revient ainsi à Alfred Yaghobzadeh. Photographe iranien pour Sipa Press depuis 1983, il a couvert les conflits à Cuba, en Afghanistan, en Somalie, en Tchétchénie où il a été blessé et au Liban où il a été pris en otage.
Cinzia Canneri voit son travail photographique au long cours autour des violences faites aux femmes au Tigré et en Érythrée récompensé par le Prix Camille Lepage. Valentin Goppel, voit quant à lui son travail photographique encouragé et soutenu par la Bourse de la nouvelle photographie urbaine soutenue par Google. Jeune photographe de 23 ans, il explore des problématiques sociales et avait notamment remporté le Prix Leica Oskar Barnack Newcomer pour sa série sur l’impact de pandémie de 2020 sur les jeunes.
Ainsi, la 35e édition du Festival Visa pour l’Image permet une fois de plus de découvrir ou de redécouvrir le travail de photoreporter, mais également d’avoir une nouvelle vision des enjeux humains, sociaux, et environnementaux à travers le monde.