En 2017, Sony complétait la gamme G Master avec un objectif ultra grand-angle. Résolument haut de gamme, le Sony FE 16-35 mm f/2,8 GM vise à offrir des performances optiques d’excellence aux photographes professionnels équipés en hybrides Sony plein format.
Avec son ouverture à f/2,8, il vient également compléter la « sainte trinité des zooms » de la monture Sony E.
Cet ultra grand-angle prometteur est-il à la hauteur de nos espérances ? Nous l’avons utilisé pendant plusieurs semaines, monté sur un Sony A7 IV.
Voici donc notre test complet du Sony FE 16-35 mm f/2,8 GM.
Sommaire
Présentation du Sony FE 16-35 mm f/2,8 GM
Est-il encore besoin de présenter la focale 16-35 mm ? Bien connue des photographes d’architecture et de paysage, elle fait partie des incontournables, au même titre que les 24-70 mm et 70-200 mm.
À ce titre, l’objectif de Sony, dévoilé en mai 2017, vient se ranger aux côtés des excellents objectifs Sony FE 24-70 mm f/2,8 GM et Sony FE 70-200 mm f/2,8 GM (ce dernier ayant été renouvelé par la marque en novembre 2021). Il s’agit également du second ultra grand-angle de Sony en monture FE, qui compte également le Sony Vario-Tessar T* FE 16-35 mm f/4 ZA OSS lancé en 2014.
Membre de la gamme G Master, ce Sony FE 16-35 mm f/2,8 GM se destine avant tout aux professionnels de l’image – et aux amateurs éclairés… et fortunés. De fait, il mise sur une fiche technique très qualitative, à commencer par une ouverture constante à f/2,8 lumineuse.
L’objectif dispose de 16 lentilles réparties en 13 groupes, et fait la part belle aux éléments spéciaux. On retrouve deux lentilles XA (asphérique extrême), 3 lentilles asphériques et 2 lentilles en verre ED (dispersion ultra-faible). Les lentilles reçoivent par ailleurs un traitement Nano afin de lutter contre les effets d’images fantômes (ghosting) et les reflets parasites (flare), et pour limiter la perte de contraste et de clarté, notamment en contre-jour.
Enfin, l’objectif dispose d’un diaphragme circulaire à 11 lamelles, promesse d’un bokeh crémeux. À ce titre, notons également la distance minimale de mise au point de 28 cm (par rapport au capteur).
Côté autofocus, l’objectif utilise un double-système DDSSM (Direct Drive SSM), qui entraînent deux éléments indépendants. À la clé, selon Sony, une mise au point ultra-rapide et totalement silencieuse. Bien évidemment, l’objectif est compatible avec les modes automatiques de suivi et de mise au point des boîtiers Sony.
En revanche, il fait l’impasse sur la stabilisation optique – ce qui ne représente guère un obstacle sur un ultra grand-angle. Dans tous les cas, on se reposera sur la stabilisation du capteur (IBIS) pour les photos en basse lumière à main levée.
Voici les caractéristiques techniques du Sony FE 16-35 mm f/2,8 GM :
- plage focale : 16-35 mm (24-52,5 mm en APS-C)
- ouverture maximale : f/2,8
- ouverture minimale : f/22
- construction optique : 16 lentilles réparties en 13 groupes dont 1 lentille XA, 3 lentille asphérique et 2 lentilles ED
- diaphragme : circulaire, 11 lamelles
- rapport de grossissement maximal : 0,19x
- angle de champ : 107 – 63° (83 – 44° en APS-C)
- distance minimale de mise au point : 28 cm
- diamètre de filtre : 82 mm
- tropicalisation : résistant à la poussière et aux éclaboussures
- autofocus : oui, double-DDSSM
- poids : 680 g
- stabilisation : non
- dimensions : 88,5 x 121,6 mm (D x L)
- monture compatible : Sony E
Prise en main du Sony FE 16-35 mm f/2,8 GM
Le Sony FE 16-35 mm f/2,8 GM impressionne par la qualité de ses finitions, tout simplement irréprochables. Bien sûr, on notera le petit écusson G orangé, qui rappelle son appartenance à la prestigieuse gamme G Master.
Comme tout zoom ultra grand-angle, l’objectif a un poids non négligeable. Il pèse ainsi 680 g, soit 22 de plus qu’un Sony A7 III. Le tandem affiche ainsi un poids totale de 1,3 kg, qui se fait facilement remarquer dans notre sac à dos. Mais nous sommes ici en présence d’une optique professionnelle : ce poids s’explique assez facilement par la plage focale UGA ainsi que l’ouverture f/2,8, avec une formule optique sans concession.
Outre la robe noire très qualitative, on notera aussi les dimensions généreuses de l’objectif : 12,2 cm de long et 8,9 cm de diamètre. Le diamètre de filtre est identique à celui du 24-70 mm f/2,8 GM, soit 82 mm. Enfin, on apprécie la présence de nombreux joints d’étanchéité, qui permettent à l’objectif d’être résistant à l’eau et à la poussière. Voilà qui devrait rassurer les photographes de paysage ou d’urbex, notamment.
Située à l’arrière, la bague de zoom est suffisamment large. Ni trop souple ni trop dure, elle s’avère confortable à utiliser. À l’avant, la bague de mise au point actionne le double-moteur interne et ne possède donc pas de butée. Sur le terrain, elle s’avère un poil déroutante tant sa course (virtuelle) est souple. Il faut donc y aller pianissimo pour effectuer la mise au point manuellement.
On se consolera avec le bouton personnalisé présent sur le fût. Comme sur les autres objectifs Sony, il permet par défaut de conserver la mise au point – ce qui, dans certaines circonstances, s’avère très pratique. Enfin, un unique commutateur vient activer/désactiver la mise au point.
Deux choses encore sont à noter. D’une part, la lentille frontale est particulièrement bombée ; heureusement, elle est protégée par le fût, ce qui limite les risques de chocs et permet de monter nos filtres habituels.
D’autre part, le zoom n’est (hélas) pas à encombrement constant. Qui plus est, le mécanisme de zoom est « à l’envers » : plus on se rapproche de la focale la plus courte (16 mm), plus l’objectif s’allonge. Un fonctionnement que nous avions déjà croisé sur le zoom Canon EF 24-70 mm f/2,8 USM de 1e génération.
L’objectif est fourni avec un pare-soleil amovible, qui rallonge l’objectif de 2,5 cm environ.
Qualité d’image
Nous avions déjà eu l’opportunité de prendre en main le Sony FE 16-35 mm f/2,8 GM en mai 2017, lors de son annonce par la marque japonaise (aux côtés du Sony 12-24 mm f/4 G). La bonne impression que nous avions eu à l’époque est-elle confirmée ? Oui, et pas qu’un peu.
La qualité d’image proposée par cet ultra grand-angle est tout simplement excellente. La sensation de piqué est très présente au centre de l’image, sur toute la plage focale et à toutes les ouvertures. Sur le terrain, l’objectif est d’une remarquable polyvalence et livre de superbes images (presque) à tous les coups.
Comme indiqué précédemment, nous avons testé ce zoom avec un Sony A7 IV. Cliquez sur chaque image pour la voir en meilleure qualité.
À 16 mm, les performances optiques sont remarquables. Dès la pleine ouverture, le piqué est très présent au centre, et très légèrement moins sur les bords. En fermant le diaphragme à f/3,5 voire f/4, l’homogénéité est quasi-parfaite, seuls les extrêmes bords étant légèrement en retrait.
En zoomant à 24 mm. les performances demeurent très bonnes au centre, même si l’on observe un certain manque d’homogénéité. Ainsi, même en fermant le diaphragme à f/4,5, les bords sont un peu mous. Sans vouloir faire la fine bouche, nous aurions souhaité que le rendu soit encore meilleur. On se consolera avec une légère amélioration aux alentours de f/5,6-f/6,3.
À 35 mm, même son de cloche. Le centre est extrêmement piqué, mais on remarque une petite baisse de netteté sur les bords de l’image, même en fermant à f/10. En zoomant à 100 %, on note que contours des objets sont un peu moins précis. Cette différence d’homogénéité est assez peu perceptible à l’œil nu néanmoins.
Heureusement, les aberrations optiques sont très bien gérées par l’objectif. Les différentes lentilles spéciales et les traitements optiques appliqués par Sony font leur effet et nous n’avons jamais remarqué de frange rose ou verte sur nos images. Même chose pour les effets de flare ou de ghosting : ces derniers sont extrêmement bien maîtrisés (à moins de pointer l’objectif vers le soleil, évidemment). La baisse de contraste en contre-jour est inexistante.
De la même manière, nous sommes marqués par la discrétion du vignettage. Ce dernier se manifeste uniquement (et de manière très légère) aux focales les plus larges et à f/2,8, pour disparaître totalement à f/4.
Ultra grand-angle oblige, les distorsions sont hélas assez difficiles à éviter, surtout à 16 mm. On observe une certaine distorsion en barillet, avec une courbure convexe (vers l’extérieur) qui disparaît aux alentours de 20 mm. Sur le terrain, les immeubles situés sur les bords de l’image jouent la jour de Pise.
Comme d’habitude avec les très grands angles, il est possible de les éviter en évitant d’incliner le boîtier vers le haut ou vers le bas.
Heureusement, les distorsions en coussinet sont bien maîtrisées à fond de zoom (35 mm), avec seulement une courbure très discrète sur les objets situés aux extrêmes bords de l’image.
Enfin, l’ouverture à f/2,8 assurée par l’iris à 11 lamelles permet une séparation des plans particulièrement souple et progressive. Couplée à une distance minimale de MAP de 28 cm, on peut obtenir de belles images en gros plan, avec des perspectives très intéressantes.
Naturellement, l’objectif est totalement pris en charge par les boîtiers Sony. On retrouve également un profil de correction dans Lightroom, afin de corriger automatiquement les distorsions et le vignettage.
Retrouvez ci-dessous une galerie de photos capturées avec le Sony FE 16-35 mm f/2,8 GM :
Autofocus du Sony FE 16-35 mm f/2,8 GM
Comme indiqué au début de ce test, cet ultra grand-angle est doté d’une double-motorisation DDSSM (Direct Drive Super Sonicwave Motor), analogue au système USM de Canon. L’objectif a recours à 2 éléments « flottants », qui peuvent être ajustés indépendamment.
On retrouve ce mécanisme DDSSM au sein d’objectifs Sony haut de gamme, comme le zoom transstandard Sony FE 24-70 mm f/2,8 GM, l’UGA Sony FE 12-24 mm f/4 ou encore le super-télézoom Sony FE 200-600 mm f/5,6-6,3 G OSS.
Couplé à l’A7 IV, les performances AF de l’objectif sont bluffantes. De jour comme de nuit, l’accroche au sujet est instantanée, quelle que soit l’ouverture choisie. Même avec les sujets se déplaçant rapidement, nous n’avons pas constaté d’hésitation de l’autofocus, qui s’en tire avec les honneurs en toute circonstance. Enfin, son fonctionnement est totalement silencieux – ce qui devrait plaire aux vidéastes.
À ce titre, notez que le Sony FE 16-35 mm f/2,8 GM est compatible avec la nouvelle fonctionnalité de compensation du focus breathing, disponible sur les Sony A7 IV et FX6. Moyennant un léger recadrage (1,2x environ), le boîtier est capable de gommer totalement la variation du cadrage. Pour en savoir plus, n’hésitez pas à vous référer à notre test du Sony A7 IV.
Le Sony FE 16-35 mm f/2,8 GM face à la concurrence
Le Sony FE 16-35 mm f/2,8 GM ne manque certainement pas d’atouts. Proposé au tarif de 2699 €, il rencontre cependant plusieurs objectifs pertinents (et moins onéreux).
En premier lieu, mentionnons le Sony Vario-Tessar T* FE 16-35 mm f/4 ZA OSS. Lancé en 2014, cet UGA fournit une alternative plus abordable, étant vendu à 1499 €. Si sa qualité de construction est très bonne, elle ne peut rivaliser réellement avec le 16-35 mm f/2,8 de la gamme G Master. D’une part, à cause de son ouverture à f/4. D’autre part, en raison de ses performances optiques qui, loin d’être mauvaises, sont un peu moins bonnes, surtout aux bords de l’image. Néanmoins, cet objectif permet à tous les amateurs d’architecture ou de paysage de disposer d’un ultra grand-angle qualitatif sans trop se ruiner.
En second lieu, citons le Tamron 17-28 mm f/2,8 Di III RXD. Sa plage focale le rend un peu atypique. À la focale la plus courte, l’angle de champ est un peu plus resserré qu’avec un 16-35 mm « classique » : 103,41° vs 107°. À fond de zoom, il est beaucoup plus court, ce qui le rend un peu moins polyvalent, pour du reportage notamment. Avec seulement 420 g sur la balance, il sait ménager nos lombaires.
Sur le terrain, cet objectif offre de très bonnes performances, avec des images très piquées au centre… un peu moins sur les bords. De même, on lui reprochera des distorsions assez présentes à 17 comme à 28 mm. De ce point de vue, l’objectif de Sony fait mieux. Cependant, son tarif de 929 € le rend extrêmement attractif. Si vous recherchez un ultra grand-angle lumineux, performant et abordable, ce 17-28 mm offre à nos yeux le meilleur rapport qualité-prix.
Test Tamron 17-28 mm f/2,8 Di III RXD, zoom ultra grand-angle pour hybrides Sony plein format
Du côté de chez Sigma, notons aussi le 14-24 mm f/2,8 DG DN Art. Lui aussi très lumineux, sa focale est 4 mm plus courte que les 16-35 mm « habituels ». À la clé, un angle de champ encore plus large : 114° vs 107°. Lors de notre test, nous avions particulièrement apprécié sa qualité d’image, quasiment irréprochable. On lui reprochera seulement un léger manque d’homogénéité à la pleine ouverture. Néanmoins, il faudra garder à l’esprit le gabarit de cet objectif, qui atteint 1,1 kg et mesure 13,1 x 8,5 cm. De même, sa lentille frontale bombée ne facilite pas l’utilisation de filtres. Mais à 1529 €, cet ultra grand-angle a de sérieux arguments à faire valoir.
Test Sigma 14-24 mm f/2,8 DG DN Art en monture Sony E, nouvelle référence ultra grand-angle ?
Enfin, pour voir encore plus large, on retrouve également le Sony 12-24 mm f/4 G. Si vous souhaitez capturer des images extra-larges, cet objectif est fait pour vous. Jugez plutôt : son angle de champ atteint 122° ! Sur le terrain, il se montre un excellent compagnon, malgré un certain manque d’homogénéité, surtout à fond de zoom. Heureusement, il se rattrape avec une excellente gestion des distorsions, du vignettage et des aberrations. Certes moins lumineux, ce zoom ultra grand-angle offre une proposition de valeur très intéressante pour les photographes de paysage et d’architecture. Plus compact que le 16-35 mm f/2,8 GM, il est aussi moins cher, étant proposé au tarif de 1749 €.
À qui s’adresse le Sony FE 16-35 mm f/2,8 GM ?
Avec ce 16-35 mm f/2,8 GM, Sony s’adresse principalement aux photographes professionnels d’architecture, de paysage ou d’urbex ne voulant faire aucun compromis sur la qualité d’image. Certes très classique, la plage focale 16-35 mm s’avère d’une remarquable polyvalence, qui permet de varier les cadrages avec un champ beaucoup plus large. À 35 mm, il pourra également convenir pour du reportage.
Avec son ouverture lumineuse à f/2,8, il devrait également séduire celles et ceux voulant jouer avec la profondeur de champ. De même, il servira fidèlement les oiseaux de nuit photographiant à main levée.
Néanmoins, avec un prix d’appel de 2699 €, Sony fait payer (très) cher ses prestations. Cet objectif est ainsi le plus onéreux des 16-35 mm pour hybrides plein format, le Canon RF 15-35 mm f/2,8 L IS USM et le Nikkor Z 14-24 mm f/2,8 S étant tous deux proposés à 2499 €.
Test Canon RF 15-35 mm f/2,8 L IS USM : le zoom ultra grand angle sans faute (ou presque)
Conclusion
Au terme de ce test, le Sony FE 16-35 mm f/2,8 GM nous livre une impression globalement très positive. Le constructeur japonais signe une nouvelle fois une optique d’excellence. Cet ultra grand-angle délivre une très bonne qualité d’image, où les distorsions et les aberrations sont remarquablement maîtrisées. On lui reprochera seulement un très léger manque de peps sur les bords à partir de 24 mm environ. Malgré tout, le niveau de piqué offert par cet objectif est impressionnant. De fait, il accompagnera fidèlement les professionnels de l’image voulant voir plus large qu’avec leur habituel transstandard.
Le Sony FE 16-35 mm f/2,8 GM est disponible au tarif de 2699 € chez Digit-Photo, Miss Numérique, Digixo, Camara, Photo-Univers et à la Fnac.