MP #173 : comment éviter les photos floues et obtenir des images nettes ?

La photo sans le flou, ce n’est pas la photographie. Si le flou peut parfois permettre d’obtenir des rendus réussis, notamment lorsqu’il est appliqué en arrière-plan ou en avant-plan, il est généralement combattu car synonyme de photo ratée. Flou de bougé, flou de mouvement ou flou de mise au point sont les principaux ennemis.

Dans ce Mercredi Pratique, nous allons voir ensemble comment éviter les photos floues en appliquant les bons réglages et les bonnes techniques. Vous allez voir, ce n’est pas sorcier, il suffit de savoir diagnostiquer le problème et d’utiliser les bons réglages de votre appareil photo.

Ma photo a un flou de bougé

Le flou de bougé est sûrement le premier que l’on rencontre. Il se caractérise par un bougé ou tremblement du photographe lors de prise de vue. On l’appelle ainsi « flou de bougé » car c’est le photographe qui bouge, et non son sujet.

Voici un exemple de photo avec un flou de bougé.

Photo prise à 18mm, f/3.5, 0,4s, ISO 400 - Cliquez sur la photo pour la voir en grand
Photo prise à 18mm, f/3.5, 0,4s, ISO 400 – Cliquez sur la photo pour la voir en grand

Sur cette photo, l’ensemble de la scène est floue.

Comment identifier qu’il s’agit d’un flou de bougé ?

En regardant l’image de près, on remarque qu’aucune zone de l’image n’est nette, même sur les bâtiments. À certains endroits, on voit même deux images se superposer, un peu comme une image fantôme.

Pour corriger ce problème pour les photos suivantes, il y a plusieurs solutions : utiliser la stabilisation de l’appareil photo, bien tenir son appareil photo, augmenter la vitesse d’obturation ou utiliser un trépied ou un support.

Utiliser la stabilisation de l’appareil photo

Si votre appareil photo ou votre objectif est doté d’une stabilisation optique ou numérique, vous devez l’activer pour limiter les risques de flou de bougé. Dans ce cas, lorsque vous tenez votre appareil photo à main levée, la stabilisation compense les micromouvements de votre main et de votre corps grâce à un système interne très sophistiqué. De plus en plus d’appareils photo disposent de cette stabilisation et certains modèles sont même très efficaces, avec une stabilisation sur 5 axes qui permet de photographier à main levée à des vitesses très lentes.

Bien tenir son appareil photo

Avant de toucher aux réglages de votre appareil photo, vous pouvez réduire le flou de bougé en améliorant votre prise en main de l’appareil. Si vous photographiez à bout de bras, vous aurez plus de chance d’avoir un flou de bougé car votre appareil n’est pas stable.

Essayez de rapprocher votre appareil photo de votre visage. Oui c’est tout bête, mais cela permet d’être bien plus stable. Si vous avez un viseur optique, pourquoi utiliser l’écran pour viser ? Pour aller plus loin, il est important de tenir ses bras et coudes le long du corps pour stabiliser l’appareil.

Pour aller plus loin, nous avons aussi partagé 4 techniques pour bien tenir son appareil photo.

Augmenter la vitesse d’obturation

Parlons d’ailleurs de vitesse. En regardant les EXIFs de ma photo, je vois que j’ai photographié à 0,4s, soit presque une demi-seconde. Je tenais l’appareil photo à main levée, et même à 18mm, cette vitesse est généralement trop lente pour obtenir une photo nette.

De manière générale, pour connaître la vitesse d’obturation en dessous de laquelle vous ne devez pas aller, il existe une règle simple : la règle de l’inverse de la focale. Dans mon cas, la focale est 18mm. Si je ne descends pas en dessous de 1/18s (l’inverse de la focale) en vitesse d’obturation, il y a de fortes chances pour que ma photo soit nette. Attention, cette règle ne s’applique que si vous-même n’êtes pas en train de bouger. Si c’est le cas, il faudra augmenter davantage la vitesse.

Cette règle de l’inverse de la focale est aujourd’hui un peu dépassée, notamment grâce à la stabilisation présente dans certains appareils. Avec la stabilisation activée, il est possible de descendre un peu voire beaucoup plus bas que cette limite, à tester selon le type de stabilisation et votre appareil photo.

Utiliser un trépied ou un support stable

S’il est possible d’augmenter la vitesse d’obturation, au bout d’un moment, vous allez devoir faire un choix : augmenter la sensibilité ISO ou bien obtenir une photo sous-exposée. En effet, plus vous augmentez la vitesse d’obturation, moins il y a de lumière qui arrive sur le capteur. Pour compenser cela, vous allez devoir monter en ISO, ce qui implique du bruit numérique.

Pour éviter cela, il vous est possible de réduire la vitesse d’obturation tout en ayant une photo floue, à condition d’utiliser un trépied. Le trépied va stabiliser votre appareil photo et permettre des poses de 1/4s jusqu’à plusieurs dizaines de secondes sans générer de flou de bougé. Sur trépied, pensez bien à désactiver la stabilisation de l’objectif.

Ma photo a un sujet qui bouge : flou de mouvement

La seconde cause de flou dans une photo est le flou de mouvement. Ce flou se caractérise par un élément en mouvement sur votre photo. Dans certains cas, ce flou de mouvement est souhaité et assumé, mais bien souvent, cela gâche complètement la photo.

Voici un exemple de photo avec un flou de mouvement

Photo prise à 24mm, f/5, 1/3s, ISO 5600 - Cliquez sur la photo pour la voir en grand
Photo prise à 24mm, f/5, 1/3s, ISO 5600 – Cliquez sur la photo pour la voir en grand

Sur cette photo, les personnes qui marchent sont floues.

Comment identifier qu’il s’agit d’un flou de mouvement ?

L’image, prise dans un cryptoportique (galerie romaine) a été prise dans de faibles conditions de lumière. Pour bien exposer la scène, j’ai dû utiliser une vitesse lente ainsi que des ISO élevés. Heureusement, le boîtier étant un D800, le bruit numérique est plutôt bien contenu, sans traitement supplémentaire. Malheureusement, la vitesse lente a transformer les personnes sur la photo en trainée sombre. Le décor étant net et seuls quelques sujets étant en mouvement, on peut conclure à un flou de mouvement.

Pour corriger ce problème, il y a plusieurs solutions : utiliser une vitesse d’obturation plus rapide, augmenter les ISO, utiliser un flash.

Augmenter la vitesse d’obturation et les ISO

Comme pour le flou de bougé, il est possible d’utiliser une vitesse plus rapide afin de figer le mouvement. Ici, la vitesse ne va pas empêcher les mouvements de mon corps, mais plutôt le mouvement du sujet. Attention, en augmentant la vitesse d’obturation, vous assombrissez votre scène. Il vous faudra donc augmenter les ISO ou utiliser une plus grande ouverture (f/) pour garder une scène correctement exposée.

On rencontre souvent le problème du flou de mouvement en prenant en photo des sujets mobiles (voitures, passants, trains, etc.). Plus le sujet est rapide, plus il faut utiliser une vitesse rapide pour figer le mouvement. Par exemple pour photographier une voiture à 140km/h, une vitesse de 1/2000s est nécessaire. Pour un enfant qui court ou une voiture en ville, 1/500s. Pour une personne qui marche, 1/250s permet de s’assurer qu’elle est bien nette et figée.

Utiliser un flash

Pour figer un sujet, le flash est très utile. Mais attention, la photographie au flash doit être maitrisée afin de ne pas donner ce rendu très peu apprécié de « flash dans la figure ». À ce sujet, nous vous conseillons notre article sur le strobisme et l’usage du flash déporté.

Bonus : utiliser le mouvement dans vos photos

Dans certains cas, le mouvement est recherché et peut être accentué. C’est notamment le cas avec la technique du filé qui consiste à suivre son sujet en mouvement afin d’obtenir un joli flou directionnel en arrière plan mais le sujet bien net.

Ma photo n’est pas nette : flou de mise au point

La dernière cause de flou possible en photo, c’est le flou de mise au point. Tout simplement, mon image est floue parce que la mise au point n’est pas effectuée au bon endroit.

Voici un exemple de photo avec un flou de mise au point

Photo prise à 44mm, f/3.5, 1/160s, ISO 1600 - Cliquez sur la photo pour la voir en grand
Photo prise à 44mm, f/3.5, 1/160s, ISO 1600 – Cliquez sur la photo pour la voir en grand

Sur cette image, il n’y a pas de flou de bougé, il n’y a pas de flou de mouvement, mais l’image est floue. C’est parce que la mise au point n’a pas été faite correctement.

Comment identifier un flou de mise au point ?

À moins d’avoir de sérieux problème de vue, vous verrez très rapidement qu’une photo n’est pas nette dans ce cas là. Par contre, dans certains cas, il est possible que la mise au point ne soit pas exactement au bon endroit, mais un tout petit peu avant ou après, et il vous faudra zoomer pour comprendre que le point n’est pas bon.

Pour corriger ce problème, il y a plusieurs solutions : choisir le bon collimateur de mise au point, choisir le bon mode autofocus et utiliser une ouverture plus petite.

Choisir le bon collimateur de mise au point

Lorsque l’on débute, on a tendance à utiliser le mode de mise au point automatique. Dans ce mode, l’appareil définit lui-même la zone ou l’élément qui doit être net, à partir de calculs et d’analyses de la scène. Dans certains cas, cela fonctionne, mais il est souvent plus précis et plus rapide d’utiliser un seul collimateur : le collimateur central.

Pour approfondir le sujet, je vous invite à consulter l’article sur les différents collimateurs et modes de sélection de zone AF.

Choisir le bon mode autofocus

Selon la scène à photographier, il est nécessaire de choisir le bon mode autofocus pour ne pas se retrouver avec un sujet flou. Par exemple, si le sujet est statique, la mise au point ponctuelle est suffisante. Par contre, si votre sujet est mouvant et qu’il avance par exemple vers l’appareil photo, il est conseillé d’utiliser la mise au point continue. Tant que vous gardez votre doigt sur le déclencheur à mi-course, la mise au point s’effectue, jusqu’à ce que vous déclenchiez.

Pour approfondir le sujet sur les différents fonctionnements de la mise au point, je vous invite à lire le Mercredi Pratique #76.

Utiliser une ouverture plus petite

À pleine ouverture, certains objectifs offrent une profondeur de champ très faible. Par exemple, un objectif ouvrant à f/1.8 n’offre que quelques centimètres de profondeur de champ. La zone nette est donc très limitée. En photographie de portrait, faire la mise au point sur le nez entraînera un flou sur les oreilles et les yeux.

Pour corriger cela, il est conseillé de faire la mise au point sur l’oeil de votre sujet, ou bien d’utiliser une ouverture plus petite. En passant de f/1.8 à f/2.8, vous allez ainsi gagner en netteté sur votre image, mais perdrez un peu cet effet de flou que certains recherchent.

À noter également qu’en utilisant une ouverture plus petite, votre photo aura plus de détails, c’est ce que l’on appelle le piqué d’une image. Sur la majorité des objectifs, le piqué optimal ne se situe jamais à pleine ouverture, mais plutôt fermé de quelques crans.

Conclusion

Comme nous avons pu le voir, le flou a plusieurs causes. Pour chaque problème, il existe une solution qui permet d’obtenir une image nette. Prenez le temps d’expérimenter avec ces 3 situations et vous verrez qu’au bout de quelques essais vous serez à l’aise et obtiendrez des photos nettes.

N’oubliez pas également que le flou est un élément fort dans une photo : pour qu’un sujet soit net, il faut qu’un autre soit flou.

Mise à jour : depuis l’écriture de cet article, un logiciel nommé Sharpen AI permet de récupérer de la netteté sur des photos qui manquent de piqué, mais aussi sur celles où il y a un flou de bougé ou un flou de mise au point. Découvrez notre test de Topaz Sharpen AI.

Test de Topaz Sharpen AI : l’intelligence artificielle au secours de vos photos floues