À l’occasion du Salon de la Photo 2024, nous avons pu échanger avec Jean-Christophe Thiry, président de Tamron France, pour faire le point sur la stratégie du constructeur et ses ambitions sur les montures hybrides Nikon Z et Canon RF. Nous avons également abordé le retour du constructeur sur la macro avec le lancement de la focale fixe 90 mm f/2,8 Di III Macro VXD. Place à l’interview.
Quel est l’état d’esprit de Tamron à l’ouverture du Salon de la Photo 2024 ? Et comment se porte l’entreprise ?
Comme chaque année, Tamron aborde le Salon avec un état d’esprit très positif. C’est toujours un plaisir pour nous de rencontrer le public, de sonder le marché ou encore d’échanger avec la presse.
À l’échelle mondiale, l’entreprise enregistre des chiffres d’affaires et des profits records. Nous vivons des années remarquables.
Observez-vous des différences entre l’Europe et les autres marchés ?
En Europe, et particulièrement en France, la transition du reflex vers l’hybride est encore en cours, ce qui rend les marchés légèrement moins dynamiques que ceux d’Asie. On ressent toujours de la part de nos clients français un fort attachement pour le reflex.
Et donc, il y a encore de la demande pour des optiques pour reflex ?
Il existe effectivement une certaine demande. En France, on estime qu’environ 85 % de nos ventes concernent des objectifs pour appareils hybrides et 15 % pour les optiques reflex. À l’échelle mondiale, ces chiffres seraient plutôt de l’ordre de 97 % pour les objectifs hybrides et de 3 % pour les reflex, bien que ces pourcentages restent approximatifs.
Les reflex sont de bons appareils, mais les dernières technologies apportées par les hybrides, notamment pour les professionnels, sont tellement supérieures qu’il est logique qu’ils soient bientôt totalement remplacés.
Quel a été votre plus gros succès de ces 12 derniers mois ?
L’optique reine chez nous, c’est le 28-75 mm f/2,8 Di III VXD G2. C’est celle qui se vend le mieux, notamment grâce à sa disponibilité en montures Sony E et désormais Nikon Z. De son côté, la star de l’an dernier, le 35-150 mm f/2-2.8 Di III VXD, est aussi toujours très performant.
Ce sont des objectifs qui représentent des volumes de vente très importants, parce qu’ils arrivent à se différencier du marché classique, en étant aussi attrayants pour la photo que pour la vidéo.
Le lancement du 90 mm f/2,8 Di III Macro VXD pour hybrides marque le retour des focales fixes chez Tamron. Peut-on s’attendre à d’autres focales fixes ? Et à grande ouverture ?
Je pense que le lancement du 90 mm f/2,8 Di III Macro VXD est ce qui est arrivé de plus romantique à la marque depuis de nombreuses années. Nous avions initialement investi le marché des hybrides Sony avec des focales fixes compactes ouvrant à f/2,8, mais c’étaient des optiques pour mettre le pied à l’étrier des utilisateurs, pour avoir une première approche dans le domaine des focales fixes.
À présent, nous lançons une optique qui est déjà iconique, car elle incarne toute l’histoire de la marque. Elle fait écho au Tamron 90 mm f/2,5 SP Macro, lancé en 1979, encore reconnu pour ses qualités optiques et son bokeh. Ce nouveau 90 mm est une optique qui était attendue et qui saura convaincre. De plus, Tamron a été très pertinent en optant pour un prix inférieur à celui des objectifs concurrents.
Cette optique macro intègre les dernières technologies, les derniers traitements de l’optique et la compatibilité avec l’application Tamron Lens Utility 4 qui va s’avérer très pertinent en macro-photographie. Chez Tamron, c’est un véritable souffle d’enthousiasme.
Quid du développement de focales fixes lumineuses ?
Je n’ai pas d’informations qui vont dans ce sens. Chez Tamron, la stratégie est à la différenciation. On propose des zooms qui n’existent pas ailleurs, là est notre cœur de métier. Ces objectifs sont piqués d’une manière homogène à toutes les focales et disposent d’un très bon autofocus.
Cela serait évidemment intéressant d’annoncer des objectifs comme des 24 mm f/1,4, 35 mm f/1,4, ou encore un 85 mm f/1,2, ce sont des objectifs qui font rêver. Mais aujourd’hui, d’un point de vue commercial, il y a déjà un grand nombre d’acteurs qui proposent ce type d’optiques et nous essayons plutôt de jouer la carte de l’agilité. Nous nous concentrons donc sur nos forces avec nos zooms.
Avez-vous une idée de la date de commercialisation du premier zoom Tamron en monture Canon RF, et plus particulièrement du côté du plein format ?
Le 11-20 mm f/2,8 Di III-A RXD pour Canon RF devrait arriver d’ici la fin de l’année. C’est vrai qu’il a été annoncé au printemps, mais je n’ai pas d’explication quant aux délais entre l’annonce et la commercialisation.
Ce petit zoom APS-C se vend déjà très bien en monture Sony E et Fujifilm X, on estime qu’il marchera aussi très bien en monture RF-S.
Sony représente toujours la plus grosse part du marché ?
Honnêtement, je n’ai pas les chiffres exacts, mais les ventes d’objectifs pour monture E de Sony représentent, peut-être, un peu moins de 50 % du total. Mais il ne faut pas sous-estimer l’APS-C chez Fujifilm et l’émergence de Nikon.
Par exemple, notre objectif Tamron 50-400 mm f/4,5-6,3 Di III VC VXD, que l’on a annoncé cette année, se vend 10 fois mieux en monture Nikon Z qu’en Sony E. Le fait est que la monture Z dispose de moins d’offres, ce qui permet de nous démarquer plus facilement.
Si l’on devait comparer les ventes d’optiques hybrides entre Sony et Nikon, où trouverait-on la plus forte demande ?
La demande reste toujours plus forte en Sony, le parc est bien plus installé, avec bien plus de boîtiers en circulation. Mais, à l’époque du reflex, on avait plus de ventes en monture Nikon qu’en monture Canon.
En début d’année, le 28-75 mm f/2,8 Di III VXD G2 a été lancé en monture Z. Peut-on s’attendre à ce que les autres zooms de la gamme soient également déclinés dans cette monture ? On pense notamment au 70-180 mm f/2,8 DI III VC VXD G2.
Nous sommes à l’écoute de nos clients et nous allons continuer de développer, avec beaucoup d’insistance, notre line-up en monture Z, en visant ce qui est le plus pertinent. Ainsi, dans ce qu’on va annoncer l’année prochaine, il y aura peut-être des optiques qui existent déjà en monture Sony.
Pensez-vous que Tamron doive développer un zoom polyvalent comme le 28-105 mm f/2,8 DG DN Art de Sigma ou encore le 24-105 mm f/2,8L IS USM Z de Canon ?
Ce sont des zooms intéressants, mais nous avons déjà le Tamron 35-150 mm f/2-2,8 Di III VXD qui est tout aussi polyvalent. Ensuite, c’est une question de choix. Préfère-t-on au plus grand-angle avoir un 28 mm f/2,8 ou un 35 mm f/2 ? Notre 35-150 mm est sorti il y a déjà plus d’un an et il a rencontré un large succès, en monture E comme Z. On arrive à faire une vraie différence avec nos optiques aux focales atypiques.
Merci à Jean-Christophe Thiry d’avoir répondu nos questions. Nous tenons également à remercier l’équipe de Tamron France pour cette interview.
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