Test Leica D-Lux 8 : aussi séduisant que dépassé techniquement

Un boîtier vendu 6 ans trop tard ?

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Lancé en mai 2024, le Leica D-Lux 8 est la dernière itération du compact expert à capteur 4/3’’ du constructeur germanique. Il reprend bon nombre de caractéristiques de son prédécesseur – à l’instar de son capteur de 17 Mpx et son zoom eq. 24-75 mm. Il s’en démarque par un design subtilement revu.

Sur le terrain, ses performances suffisent-elles à nous faire oublier son grand-frère plein format, l’excellent Leica Q3 ? Nous avons profité d’un séjour en Italie du nord pour mettre à l’épreuve ce compact expert. Voici donc notre test complet du Leica D-Lux 8.

Leica D-Lux 8 : le retour du compact expert à capteur 4/3’’

Chez Leica, les boîtiers se suivent… et ne se ressemblent pas toujours. En à peine un an, la marque de Wetzlar a lancé le SL3, le M11-D – et le D-Lux 8. Hasard du calendrier, ce compact expert a été dévoilé presque un an pile après le Leica Q3, dont il s’inspire – du moins esthétiquement.

Pour autant, la différence de philosophie rend ces deux boîtiers difficiles à comparer. D’une part, Le D-Lux 8 a l’avantage de posséder un zoom optique, là où le Q3 offre une focale fixe que l’on peut coupler à un crop numérique. Mais ce dernier dispose d’un capteur plein format, 2x plus grand que celui du D-Lux 8 ! Sans oublier la question tarifaire, bien sûr, le Q3 étant 4x plus cher que son petit frère

Côté technique, le Leica D-Lux 8 reprend bon nombre d’éléments de son prédécesseur, le D-Lux 7 et celui-ci était déjà un Panasonic LX100 II au design (très) légèrement revu. Dès lors, la fiche technique du D-Lux 8 est celle d’un boîtier datant de… 2018. Il mise donc sur : 

  • Un boîtier en magnésium avec revêtement en similicuir
  • Un capteur CMOS 4/3’’ de 21,77 MPx (17 Mpx effectifs)
  • Un zoom équivalent 24-75 mm
  • Un mode vidéo 4K 30p
  • Un nouveau viseur OLED de 2,36 Mpts
  • Un port USB-C

Autant de points que nous développerons au cours de ce test.

Voici la liste des caractéristiques du Leica D-Lux 8 :

  • capteur : CMOS 4/3’’ 22 Mpx (17 Mpx effectifs)
  • filtre passe-bas : non
  • processeur : N.C.
  • zoom numérique : N.A.
  • viseur électronique : OLED, 2,36 millions de points, grossissement 0,74x, dégagement oculaire 20 mm, rafraîchissement 60 Hz
  • écran LCD : TFT, 3 pouces, 1,84 Mpts, tactile
  • autofocus : détection de contraste
  • nombre de points AF : 49 points
  • couverture AF : N.C.
  • détection et suivi automatique : visages
  • plage de détection AF : N.C.
  • sensibilité ISO : 100 à 25 000 ISO (photo) ; 100 à 6400 ISO (vidéo)
  • rafale : obt. central mécanique : 2 i/s avec suivi AE/AF (RAW 12 bits), 7 i/s sans sans suivi AE/AF (RAW 10 bits) ; obt. électronique : 11 i/s sans sans suivi AE/A (RAW 10 bits)
  • obturation : 60 s – 1/4 000s (mécanique) / 1 s – 1/16 000s (électronique)
  • vidéo : 4K 30p 4:2:0 8 bits
  • profils colorimétriques vidéo : N.A.
  • objectif : Leica Vario-Summilux 10.9-34 mm f/1,7-2,8 ASPH (eq. 24-75 mm en plein format)
  • distance minimale de mise au point : 50 cm (mode normal), 3 cm (mode macro à 24 mm) / 30 cm (mode macro à 75 mm)
  • stockage : 1x SD UHS-II
  • connectivité sans fil : Wi-Fi 4 (2,4 GHz), Bluetooth 5.0 Low Energy
  • batterie : Leica BP-DC15, 1025 mAh
  • rechargement par port USB : oui, USB-C
  • tropicalisation : N.C.
  • dimensions : 69 x 130 x 62 mm
  • poids : 397 g (avec batterie et carte mémoire)
  • prix au lancement (nu) : 1590 €

Un boîtier sobre, efficace… mais pas si compact !

Leica livre ici un boîtier d’une remarquable sobriété. L’appareil, conçu en magnésium avec revêtement en simili cuir, offre une vraie impression de qualité. Les finitions sont très qualitatives : on n’en attendait pas moins d’un boîtier à la pastille rouge – même si ce dernier est, une fois n’est pas coutume, made in China.

En termes de design, le Leica D-Lux 8 ressemble à la fois à son prédécesseur le D-Lux 7… et au Q3. Très sobre, l’appareil s’avère très agréable en main grâce aux bords arrondis. Un petit repose-pouce offre une préhension rassurante. À aucun moment nous n’avons eu l’impression que le D-Lux 8 allait glisser.

Le boîtier s’avère plutôt compact. Sa largeur de 13 cm est identique à celle du Q3, mais il est un peu moins haut (6,9 cm vs 8 cm). En revanche, son poids de 397 g reste largement inférieur à celui de son aîné (743 g). Notez d’ailleurs que le D-Lux 8 réussit à être un poil plus compact que le Fujifilm X100VI – qui est équipé d’un capteur APS-C, il est vrai.

Lorsqu’il est éteint, l’appareil se glisse facilement dans une poche de veste. Une impression qui s’estompe dès que l’on allume, tant le déploiement du zoom est prononcé. De 6,2 cm de profondeur (viseur compris), on passe à 9,7 cm. Autant dire que pour la street photo, le Leica D-Lux 8 peut manquer un peu de discrétion !

Par ailleurs, Leica n’a pas cherché à faire beaucoup évoluer son boîtier. Ainsi, le D-Lux 8 ne profite pas d’un écran LCD orientable. La visée à bout de bras ou en contre-plongée n’est pas forcément évidente. D’autant que la luminosité de la dalle TFT de 3 pouces (1,2 Mpts) n’est pas extraordinaire. L’appareil profite des derniers menus : ils sont bien pensés… même si l’intégration du tactile demeure perfectible.

Le D-Lux 8 intègre un viseur électronique, placé en haut à gauche. Certes, il n’est ni très grand, ni très défini (2,36 Mpts, 0,74x, dégagement oculaire 20 mm, rafraîchissement 60 Hz) mais on observe ici une des seules évolutions ergonomiques par rapport au D-Lux 7. En effet, le viseur profite à présent d’une dalle OLED, gagnant ainsi nettement en qualité d’affichage. Sa présence est un vrai plus sur ce compact expert – et il s’avère plutôt agréable à utiliser sur le terrain.

Le boîtier offre, par ailleurs, une bonne ergonomie. Mêlant sobriété et efficacité, le D-Lux 8 fait mouche. Croix directionnelle (entourée des boutons Play et Menu), roue crantée dédiée à la compensation d’exposition, levier du zoom… tous tombent parfaitement sous le doigt. Sur l’objectif, une bague permet de régler l’ouverture manuellement. Une position Auto est aussi disponible. On découvre 2 petits commutateurs : l’un est dédié au choix du ratio d’image (4:3, 16:9, etc.), l’autre au mode de mise au point : AF, AF macro ou MF.

Malgré sa taille réduite, l’appareil inclut 4 commandes personnalisables. La roue crantée tout à droite est surmontée par un bouton, que nous avons attribué au réglage des ISO. Nous avons aussi configurés les deux boutons au-dessus de l’écran au style d’image et au mode de déclenchement. Seul reproche : le bouton d’allumage/extinction est trop discret. À sa place, on aurait davantage imaginé une commande pour lancer l’enregistrement vidéo…

Au final, le Leica D-Lux 8 est un boîtier bien pensé et agréable à utiliser au quotidien. On prend plaisir à le glisser dans une poche ou dans son sac.

Performances et qualité d’image du Leica D-Lux 8

Sur le terrain, le Leica D-Lux 8 permet-il de capturer de belles images, au quotidien comme en voyage ? Oui… mais à condition d’être conscient de ses limites.

N’hésitez pas à cliquer sur chaque photo présente dans ce test pour les voir en qualité optimale.

L’uomo che cercava informazioni – Leica D-Lux 8 – 34 mm, 1/1000 s à ƒ / 5,0, ISO 500
Baveno heure bleue – Leica D-Lux 8 – 34 mm, 3.2 s à ƒ / 4,5, ISO 200
Serie 1500 – Leica D-Lux 8 – 31.5 mm, ⅛ s à ƒ / 8,0, ISO 4000 – Débruitage via l’outil Accentuer de Lightroom Classic

Capteur CMOS 17 Mpx : un bond dans le passé

Côté capteur, la révolution attendue par certains fans n’aura pas lieu. Le D-Lux 8 reprend le même capteur 17 Mpx que le D-Lux 7 – lui-même repris du Lumix LX100 II. 

On dispose donc d’un capteur CMOS 4/3’’ (18 x 13 mm) assez ancien. Les fichiers mesurent 4736 x 3552 pixels. En clair : la latitude de rognage n’est pas énorme…

Petite nouveauté : l’appareil abandonne les RAW au format RWL et passe au DNG. Notez que ces derniers fichiers sont assez lourds (environ 30 Mo par fichier RAW).

Une bonne qualité d’image… mais une dynamique perfectible

D’une manière générale, les images sont de bonne qualité. La balance des blancs est très juste et la restitution des couleurs soignée. Néanmoins, bon nombre de nos images sont assez sombres – comme si l’image était sous-exposée de -2/3 IL. En outre, nous n’avons pas toujours retrouvé le « rendu Leica » sur nos images.

Rendu Leica-esque – Leica D-Lux 8 – 18.1 mm, ¹⁄₁₀₀₀ s à ƒ / 4,0, ISO 200

De prime abord, le niveau de détails peut paraître élevé. Mais on évitera (à tout prix) de trop zoomer dans ses images, car la petite taille du capteur et les performances optiques (voir plus loin) ont un certain impact sur la qualité d’image.

À flanc de montagne – Leica D-Lux 8 – 27.9 mm, ¹⁄₁₆₀₀ s à ƒ / 5,6, ISO 200

Le 1er vrai problème se situe au niveau de la dynamique du capteur. Les zones claires sont parfois vite brûlées. Le même souci se pose au post-traitement, et les fichiers DNG (12 bits seulement !) n’offrent pas une énorme latitude de retouche.

Le débouchage des ombres permet de récupérer une certaine quantité de détails, mais l’opération génère beaucoup de bruit numérique. Un voile peut d’ailleurs apparaître – quasiment impossible à corriger. Un point d’autant plus complexe que les images sont très souvent sous-exposées, comme indiqué plus haut. Enfin, la récupération des zones surexposées peut aussi être très difficile.

Le capteur n’étant ni rétroéclairé, ni empilé, le rolling shutter et le banding peuvent être assez présents avec l’obturateur électronique. On se consolera avec sa vitesse d’obturation très élevée (1/16 000s, contre 1/4000s max avec l’obturateur central). Pour la plupart des situations, l’obturateur central sera donc à privilégier.

Leica D-Lux 8 – 10.9 mm, ¹⁄₈₀₀ s à ƒ / 10, ISO 25 000 – obturation électronique

Objectif Vario-Summilux 10.9-34 f/1.7-2.8 ASPH : une homogénéité perfectible

Comme indiqué plus haut, le Leica D-Lux intègre un zoom optique équivalent 24-75 mm. Ce qui signifie que Leica applique nativement un léger crop (1,1x) aux images du boîtier, puisque la focale native est équivalent à un 21,8-68 mm en plein format…

Sur le papier, ce zoom est bien plus polyvalent que les focales fixes présentes sur les compacts experts les plus prisés actuellement (Leica Q3, Fujifilm X100VI, Ricoh GR III, etc.).

Néanmoins, ce zoom motorisé présente plusieurs limites. D’une part, l’étendue du zoom n’est pas très impressionnante. En voyage, notamment, les longues focales nous ont fait défaut. Par ailleurs, le zooming est particulièrement lent : passer de 10,9 à 34 mm (ou inversement) prend environ 2 secondes. De quoi rater bêtement certains clichés.

Mentionnons aussi l’ouverture variable, allant de f/1,7 à f/2,8. Ce zoom lumineux est très pertinent en photo de nuit, puisqu’il évite de devoir monter trop haut dans les ISO (voir plus loin). En revanche, le bokeh n’est pas extrêmement prononcé, capteur 4/3’’ oblige – sauf en conditions optimales (sujet placé à grande distance de l’arrière-plan).

Bokeh félin – Leica D-Lux 8 – 34 mm, ¹⁄₁₂₅ s à ƒ / 2,8, ISO 1250

Dans certains cas, le flou d’avant ou d’arrière-plan n’est pas toujours très esthétique, comme sur l’exemple ci-dessous.

Batocontrastes – Leica D-Lux 8 – 13.6 mm, ¹⁄₆₄₀₀ s à ƒ / 2,1, ISO 200

Mentionnons aussi la position Macro – que l’on active via le commutateur placé sur l’objectif. La distance minimale de MAP passe ainsi à 3 cm (à 10,9 mm) ou à 30 cm (à 34 mm). Les images sont intéressantes, mais on reste assez loin d’un « vrai » objectif macro. Notez qu’un mode de focus peaking est présent pour aider à la mise au point manuelle.

Gouttelettes – Leica D-Lux 8 – 10.9 mm, ¹⁄₁₀₀₀ s à ƒ / 1,7, ISO 800

Enfin, les performances de l’optique sont correctes… mais pas éblouissantes. En résumé, l’objectif donne le meilleur de lui-même au centre et aux focales extrêmes, mais il faut fermer de plusieurs crans le diaphragme pour une meilleure homogénéité.

Baveno (2) – Leica D-Lux 8 – 27.9 mm, ¹⁄₁₀₀₀ s à ƒ / 5,6, ISO 200

Dans le détail, au grand-angle 10,9 mm, le piqué est bien présent à f/1,7… mais les bords sont un peu mous jusqu’à… f/5,6. À 22,5 mm, le centre de l’image est un peu moins piqué qu’à 10,9 mm au centre de l’image. Les bords accusent un certain retard jusqu’à f/5,6, là aussi. L’objectif se rattrape (un peu) à fond de zoom, le piqué étant très correct au centre à pleine ouverture (f/2,8). En revanche, les bords sont assez mous jusqu’à f/8. Enfin, les distorsions en barillet sont assez prononcées à 10,9 mm.

Deux soucis optiques sur une seule photo : la restitution des bords est assez brouillonne et on observe un peu de distorsion en barillet. Leica D-Lux 8 – 10.9 mm, ¹⁄₈₀₀ s à ƒ / 5,6, ISO 200

Montée en ISO du Leica D-Lux 8

Autant le dire tout de suite : la montée en ISO du D-Lux 8 n’est pas exceptionnelle. Leica annonce une plage native allant de 100 à 25 000 ISO, mais il apparaît que les valeurs obtenues à 100 ISO et au-delà de 6400 ISO semblent être des valeurs « étendues », obtenues en sur/sous-exposant l’image.

Ainsi, le bruit numérique devient visible à 1600 ISO, et s’avère plus présent à 3200 ISO. À 6400 ISO, les détails les plus petits sont brouillés. Les sujets de la photo paraissent lissés, même si on peut observer un grain toujours assez fin.

Enfin, à haut ISO, point de salut : le bruit numérique est très marqué à 12 500 ISO et omniprésent à 25 000 ISO. À noter que les images capturées à cette valeur sont systématiquement sous-exposées par le boîtier. Au moins, on ne trouve pas trace de bruit chromatique.

Enfin, un léger souci se produit à partir de 3200 ISO (voire de 1600 ISO dans certains cas). Les pixels saturent totalement et les éclairages artificiels sont impossibles à rattraper. En outre, si une source de lumière très puissante est présente dans le champ, une traînée lumineuse peut parasiter une partie de l’image. Un souci que nous avions déjà rencontré sur certains boîtiers Micro 4/3, comme l’OM-5.

Matin brumeux – Leica D-Lux 8 – 13.6 mm, ¹⁄₂₀₀₀ s à ƒ / 4,0, ISO 320

On rencontre ici l’une des limites des capteurs 4/3’’. Combinant un capteur assez ancien et un nombre de pixels relativement élevé (17 Mpx), l’appareil peine à offrir une bonne qualité d’image à haut ISO.

Heureusement, des outils comme DxO PureRAW ou la suppression du bruit par IA font des merveilles et permettent de restaurer avec aisance des fichiers très bruités.

Croisement de deux Serie 1500 – Leica D-Lux 8 – 15.3 mm, ¹⁄₂₅₀ s à ƒ / 2,3, ISO 6400 – Débruitage via l’outil Accentuer de Lightroom Classic

Le D-Lux 8, un régal en mode monochrome

Le boîtier offre 5 styles de films (Standard, Vivid, Natural, Monochrome et Monochrome High Contrast). Déjà croisés sur le Leica Q3, ils permettent de donner un supplément d’âme à ses fichiers.

Si les modes couleur ne brillent pas par leur originalité, les modes de noir et blanc sont particulièrement intéressants, avec de superbes contrastes. Au cours de notre test, nous avons capturé beaucoup de photos de rue avec le mode Monochrome, tant ce dernier est séduisant – et donne envie de se passer des fichiers RAW.

Hélas, Lightroom Classic ne dispose pas de profil Camera Matching pour ce Leica : impossible de retrouver ce rendu au post-traitement sur les RAW. De ce point de vue, l’emploi des simulations de films de Fujifilm est plus satisfaisant. Le boîtier fait l’impasse sur les Leica Looks (Eternal, Contemporary, Classic…), ces derniers étant exclusifs au Q3 et au SL3.

Hommage à Elliott Erwitt – Leica D-Lux 8 – 31,5 mm, 1/125 s à ƒ / 2,8, ISO 200

Enfin, les options de prise de vue ne sont pas très nombreuses. Oui, l’intervallomètre et le mode de bracketing d’exposition sont intéressants. Mais le mode de contrôle de la perspective, introduit avec le Q3 et tellement pratique pour l’architecture, est aux abonnés absents. De même, la disparition du zoom numérique du D-Lux 7 – et des modes Snapshot et rafale 4K – est assez incompréhensible.

Moody – Leica D-Lux 8 – 22,2 mm, 1/2000 s à ƒ / 8,0, ISO 200

Face à d’autres boîtiers (notamment en Micro 4/3), le nombre de modes paraît encore plus limité. Point de Pixel Shift, de filtre ND intégré, de mode dédié à l’astrophoto ou à la pose longue à main levée. Dommage.

Enfin, notez que le D-Lux 8 filme en 4K 30p. Un léger crop 1,25x s’applique dans l’image. Le framerate le plus élevé (60 fps) est réservé à la Full HD. Aucun mode de slow motion n’est présent. Notez que l’appareil fait l’impasse sur les prises micro et casque : attention à la qualité du son, les deux micros situés à côté de la griffe flash n’étant pas les mieux armés.

Autofocus et stabilisation : basiques

Le Leica D-Lux 8 utilise un autofocus daté à détection de contraste basé sur un total de… 49 points, qu’il est toutefois possible de déplacer sur la totalité de l’image.

D’une manière générale, l’autofocus du D-Lux 8 est assez réactif sur les sujets statiques… et en pleine journée. Pour autant, l’AF a parfois tendance à faire la mise au point à côté du sujet, notamment lorsqu’il est en mouvement. Pour la street photo, on a vu mieux. Le suivi AF est efficace… à condition que les déplacements soient assez doux.

L’appareil n’a pas réussi à effectuer la mise au point et a déclenché trop tardivement. Résultat : la photo de cette mini-danse improvisée est totalement ratée.

Le boîtier dispose d’un mode (assez basique) de détection et de suivi du visage des humains. La détection marche plutôt bien… à condition que la personne occupe une large part dans le cadre, qu’elle ne bouge pas et qu’elle ne porte pas de lunettes. Sans surprise, le boîtier fait totalement l’impasse sur les modes « intelligents » de détection/suivi des animaux ou des véhicules.

Rêveuse – Leica D-Lux 8 – 34 mm, ¹⁄₁₂₅₀ s à ƒ / 2,8, ISO 200

La photo de nuit est un exercice plus compliqué. Si l’AF arrive plutôt bien à détecter le sujet, le nombre de ratés est assez élevé, car l’appareil a souvent tendance à « pomper ». Dommage.

Heure bleue – Leica D-Lux 8 – 30.4 mm, 10.0 s à ƒ / 11, ISO 400

Enfin, l’optique Summilux est stabilisée – mais pas le capteur. Le système est efficace… à condition de ne pas avoir bu trop de café. Obtenir des photos nettes à 1/4s (au grand-angle) peut être assez compliqué.

Stazione capolinea Duomo – Leica D-Lux 8 – 10.9 mm, ¼ s à ƒ / 2,8, ISO 200

Rafale et buffer

Le Leica D-Lux 8 n’a pas été spécialement conçu pour la photo de sport ou d’action. Mais ses performances sont intéressantes à étudier.

Le boîtier s’avère relativement réactif, mais le démarrage prend tout de même 1 seconde. L’accès aux photos stockées sur la carte SD est également assez lent (1s là aussi). Comme indiqué plus haut, le vrai souci vient du zoom motorisé, très lent à passer d’une focale extrême à l’autre.

Vitesse d’obturation ultra-courte – Leica D-Lux 8 – 10.9 mm, ¹⁄₁₆₀₀₀ s à ƒ / 1,7, ISO 200

En rafale, le boîtier trahit sa conception assez ancienne. En effet, seule la « rafale » à 2 i/s peut se faire avec suivi AF ! Les modes 7 i/s (obt. central) et 11 i/s (obt. électronique) se font sans suivi, avec la MAP verrouillée sur le point d’origine. Et, dans ce cas-là, les RAW sont capturés en 10 bit (et non en 12 bit). On n’avait pas vu ça depuis… le Canon EOS R, c’est dire.

Enfin, le buffer est extrêmement limité. À 11 i/s, l’appareil s’arrête de capturer au bout de 7 images (!) et se bloque totalement pendant une quinzaine de secondes. Et pendant ce temps, impossible de rétracter l’objectif pour le ranger dans son sac…

Retrouvez ci-dessous une sélection d’images capturées avec le Leica D-Lux 8 :

Connectivité et autonomie du Leica D-Lux 8

La connectivité du Leica D-Lux 8 est assez minimaliste. L’unique slot pour carte SD (compatible UHS-II) est placé sous le boîtier, à côté de la batterie. Seul regret : le pas de vis pour trépied est placé trop près de la trappe : il est donc nécessaire d’ôter la semelle pour pouvoir y accéder.

Les rares connecteurs sont regroupés sur le côté gauche du boîtier. On dispose d’un port micro HDMI et…. d’un port USB-C. Ce dernier est sans doute l’une des grandes nouveautés du D-Lux 8. Il permet de recharger l’appareil et de transférer ses photos vers un ordinateur. En revanche, impossible de l’utiliser comme une webcam, le D-Lux 8 n’étant pas compatible avec les protocoles UVC/UAC.

Le boîtier est compatible Wi-Fi et Bluetooth. L’appairage avec un smartphone est simplissime. La connexion est très stable… à condition de ne pas quitter l’application Leica Fotos. Heureusement, l’interface de l’appli est agréable à utiliser.

Enfin, l’appareil emploie la même batterie BP-DC15 que le D-Lux 7. Fabriquée par Panasonic, elle offre une capacité de 1025 mAh. L’autonomie est très correcte. Nous avons réussi à capturer 602 photos au cours de la même journée (sans rafale). De ce point de vue, le D-Lux 8 ne déçoit pas.

Conclusion : Leica D-Lux 8, un compact au design séduisant mais à la base technique dépassée

Après un Q3 particulièrement réussi, le Leica D-Lux 8 devient-il la nouvelle référence des compacts experts ? Pas vraiment. Ce boîtier a le mérite de ressusciter la gamme D-Lux, dont nous étions sans nouvelle depuis plusieurs années. Leica surfe ainsi sur la vague des compacts experts.

Cet appareil peut se montrer pertinent en voyage. Les JPEG capturés en mode Monochrome ont un charme fou. Les commandes sont bien pensées. L’autonomie est très correcte. Ses finitions très soignées. On déplore « seulement » que l’écran soit fixe.

Néanmoins, le D-Lux 8 trahit bien vite une conception assez ancienne. Ainsi, la qualité d’image est loin d’être impressionnante tant au niveau du capteur que de l’optique. L’autofocus à détection de contraste (!) manque franchement de peps, notamment avec des sujets en mouvement et/ou de nuit. La rafale monte à 11 i/s… mais sans suivi AF !

Le zoom équivalent 24-75 mm est intéressant, mais sa plage focale est un peu courte et sa motorisation est trop lente. De plus, il s’allonge considérablement (même à la plus courte focale), lui faisant perdre de son charme… et de sa discrétion. Dommage, tant ce petit compact semblait taillé pour la street photography !

Le D-Lux 8 tente de compenser ces quelques défauts en étant le boîtier le plus abordable de la marque de Wetzlar. Néanmoins, il se positionne sur le même créneau que la série X100 de Fujifilm ou le Ricoh GR III – deux boîtiers à focale fixe – mais au capteur APS-C plus grand et autrement plus performants.

Le Leica D-Lux 8 aurait pu être une excellente alternative (plus abordable) au Q3. S’il s’avère agréable à utiliser, Leica se contente ici de rafraîchir en façade un boîtier à la base technique dépassée. Dommage, on attendait mieux du constructeur.

Le Leica D-Lux 8 est disponible en précommande au tarif de 1590 €.

Vous pouvez le retrouver chez Miss NumériqueIPLN, à la Fnac, ainsi que sur le store et en boutique.

Test Leica D-Lux 8 : aussi séduisant que dépassé techniquement
Fabrication / finitions
8.8
Ergonomie
8.5
Qualité d'image
4
Montée en ISO
7
Efficacité de l'autofocus
6
Fonctionnalités
7
Vitesse en rafale (AF-C)
2
Capacité du buffer
2
Autonomie
8.5
Vidéo
7
Rapport qualité-prix
6.5
Points forts
Fichier JPEG de bonne qualité, mode Monochrome extrêmement plaisant
Très bonne prise en main, commandes manuelles bien placées
Léger et compact
Commandes personnalisables
Mini flash cobra fourni
Mode macro intéressant
Autofocus performant avec sujets statiques
Autonomie très correcte, port USB-C
Points faibles
Qualité d'image perfectible
Capteur daté, gestion de la dynamique limitée, débouchage des ombres très compliqué
Autofocus capricieux avec sujets en mouvement, pas de modes de détection/suivi avancés du sujet
Mode vidéo limité
Bruit numérique présent dès 1600 ISO
Rafale à 2 i/s seulement avec suivi AF
Viseur assez étroit
6
sur 10