Lancé en janvier 2024, l’objectif Panasonic Lumix S 100 mm f/2,8 Macro est un sacré coup de force de la part du constructeur japonais. Long de seulement 8,2 cm – et doté d’une mise au point interne – il devient le téléobjectif plein format macro 1:1 le plus compact du marché.
Cet objectif au gabarit très réduit cherche à s’imposer comme la référence des optiques macro en monture L. Sobre, mais se voulant efficace, ce 100 mm macro tient-il ses promesses ? Après plusieurs semaines d’utilisation, voici notre test complet du Panasonic Lumix S 100 mm f/2,8 Macro.

Sommaire
Présentation du Panasonic Lumix S 100 mm f/2,8 Macro
Ce 100 mm macro, dévoilé début 2024, est la 15e optique Lumix en monture L. Elle fait suite à 6 focales fixes au gabarit identique – dont 5 ouvrant à f/1,8 (18, 24, 35, 50 et 85 mm).

Cette stratégie offre une belle rationalisation de gamme, qui permet à Panasonic de disposer d’optiques très cohérentes et bien moins encombrantes que la plupart des objectifs en monture L.
Grâce à son rapport de reproduction 1:1, cet objectif obtient l’appellation macro. Notez que ce 100 mm est le téléobjectif dédié le plus compact du marché, toutes montures confondues. Pour atteindre cette taille très ramassée, Panasonic a choisi une formule optique condensée de 13 éléments répartis en 11 groupes (avec 1 lentille ED, 3 lentilles asphériques et 2 lentilles UED), dont la plupart installés à l’arrière de l’objectif.

« Nous avons utilisé des lentilles asphériques en plastique moulé », nous expliquait M. Toshiyuki Tsumura, directeur de la division Imaging Business chez Panasonic Corp. lors de notre interview au CP+ 2024.
L’ouverture à f/2,8, assez classique, est assurée par un diaphragme à 9 lamelles, gages de transitions souples entre le sujet et l’arrière-plan. La distance minimale de mise au point – par rapport au capteur – est de 20,4 cm, soit environ 12 cm de l’objectif.

L’autofocus est assuré par un nouveau moteur baptisé Dual Phase Linear Motor (linéaire à double phase). Un moteur permettant, en théorie, de supprimer le focus breathing.

Panasonic cible avec cet objectif aussi bien les amateurs que les professionnels de la macrophotographie qui ne veulent pas s’encombrer. Certes, on pourrait déplorer l’absence de stabilisation optique, mais cette dernière est aujourd’hui compensée par le capteur stabilisé des Lumix S5 et S5 II, par exemple.

Avec sa focale 100 mm et son ouverture relativement lumineuse à f/2,8, cette optique Lumix s’avère également être un atout précieux pour les portraitistes. La longueur focale favorise une excellente séparation du sujet par rapport à l’arrière-plan, quand ses capacités macro autorisent une mise au point minutieuse sur des éléments spécifiques du sujet, tels que les yeux, la bouche, etc.

Comme il bénéficie du même encombrement que la gamme compacte f/1,8, c’est aussi un partenaire de choix des vidéastes (et on sait qu’ils sont nombreux chez Panasonic). Ceci évite de devoir rééquilibrer son gimbal entre chaque optique.
Ainsi, cet objectif s’avère plus polyvalent qu’il n’y paraît, parvenant à associer longues focales, rapport macro 1:1 et compacité.
Voici la liste des caractéristiques du Panasonic Lumix S 100 mm f/2,8 Macro :
- focale : 100 mm (équivalent 150 mm en APS-C)
- objectif pour capteur : plein format
- ouverture max : f/2,8
- ouverture min : f/22
- angle de champ : 24°
- construction optique : 13 éléments répartis en 11 groupes (dont 1 lentille ED, 3 lentilles asphériques et 2 lentilles UED)
- diaphragme : circulaire à 9 lamelles
- distance minimale de mise au point : 20,4 cm
- stabilisation d’image : non
- tropicalisation : construction résistante à l’humidité, à la poussière et au froid (-10 °C – 40 °C)
- rapport de grossissement maximal : 1:1
- mise au point : autofocus, moteur linéaire à double phase
- diamètre du filtre : ø 67 mm
- dimensions : ø 73,6 x 82 mm (D x L)
- poids : 298 g
- accessoires fournis : pare-soleil, bouchons d’objectif
- monture compatible : L (Panasonic, Leica, Sigma)
- prix au lancement : 1099 €
Ergonomie et prise en main
Il est bien connu que les téléobjectifs macros plein format sont assez longs, surtout lorsque la focale dépasse les 90 mm. Et, s’ils sont plus courts, leur fût à tendance à s’allonger lors de la mise au point, ce qui peut engendrer dans certains cas un choc de l’avant de la lentille.

Ici, Panasonic a réussit le tour de force de proposer avec le Lumix S 100 mm f/2,8 Macro un téléobjectif macro compact, et à encombrement constant. En effet, peu importe la distance de mise au point, tout se fait en interne et l’optique mesure toujours 8,2 cm de long, pour un diamètre de 7,3 cm seulement. Un record.

Avec 298 g, il s’agit aussi d’une optique assez légère. Ainsi, montée sur un boîtier comme le Lumix S5 II, le 100 mm macro s’intègre parfaitement. Elle ne déséquilibre pas du tout l’ensemble et on peut se permettre à rêver d’une utilisation d’un macro à une seule main sans trop de problèmes.
Cette compacité serait aussi due à la nouvelle carte électronique embarquée dans l’objectif. Celle-ci permet de conserver le petit gabarit malgré la focale plus longue et la complexité de la formule optique. Finalement, on a plus l’impression d’avoir entre les mains une optique macro 50 mm comme le Nikkor Z MC 50 mm f/2,8 ou encore le Sony FE 50 mm f/2,8 Macro.


Esthétiquement, l’objectif ressemble donc à s’y méprendre aux focales fixes Panasonic ouvrant à f/1,8. Seul le flocage et un limiteur de distance de mise au point (Full, 0,5 m – ∞, 0,204 – 0,5 m) permet de différencier le 100 mm de ses « faux-jumeaux ».

On retrouve aussi l’habituel commutateur AF / MF. Plus en avant, on dispose d’une large bague de MAP. Celle-ci est assistée d’un capteur dit « magnétorésistant » qui doit assurer une mise au point très précise.
Dans les faits, il est vrai qu’en mise au point manuelle, la bague répond vite et bien. La course n’est pas trop fluide et offre la bonne dose de résistance pour ajuster précisément son point.
Enfin, l’objectif Lumix S 100 mm f/2,8 Macro bénéficie de nombreux joints d’étanchéité pour une résistance aux projections d’eau et à la poussière. Panasonic le présente aussi résistant au gel jusqu’à -10°C.

Performances et qualité d’image du Panasonic Lumix S 100 mm f/2,8 Macro
Nous avons testé le Lumix S 100 mm f/2,8 Macro avec l’hybride Panasonic Lumix S5 II. Le boîtier est doté d’un capteur plein format de 24,2 Mpx.
À la vue de nos différents essais, nous pouvons ainsi affirmer que nous sommes en présence d’une optique proposant des images très piquées.
N’hésitez pas à cliquer sur chaque image pour les voir en qualité optimale.



Dès la pleine ouverture à f/2,8, le niveau de détails est très bon au centre de l’image. Les contrastes sont bien marqués et on peut tout à fait exploiter les images sans réserve. En fermant d’un stop à f/4, le piqué passe au niveau supérieur et le rendu devient réellement impressionnant. Les couleurs sont vives et le niveau de contrastes renforcé.

En périphérie à f/2,8, les performances ne sont pas aussi bonnes, et une sensation de léger voile peut apparaître. Néanmoins, à la pleine ouverture au centre, comme sur les bords, les performances dépassent de loin ce que peuvent offrir des optiques macro plus anciennes. À f/4, même constat : toute mollesse s’est dissipée.

C’est à f/5,6 que l’objectif donne le meilleur de lui-même. L’image au centre devient cliniquement précise et on se prend à rêver d’utiliser cet objectif sur un capteur plus défini. Le niveau de détails se maintient sans problème à f/8 et demeure excellent à f/11. Un point d’autant plus pertinent pour un objectif macro.

À f/5,6, f/8 et f/11, le piqué est aussi élevé au centre que sur les bords. Rares sont les optiques à manifester une aussi bonne homogénéité. On voit ici que le travail des opticiens de Panasonic a payé. Le fabricant nous propose une optique macro optiquement très qualitative.

Pour s’assurer de la zone de netteté la plus complète possible sur un objet ou un insecte, un photographe devra trouver le bon compromis entre piqué et profondeur de champ et cela impliquera souvent de fermer le diaphragme. Mais il faudra faire alors attention à son éclairage, sous peine de voir ses ISO s’envoler.

Ici, on pourra utiliser l’optique à f/8 ou f/11 sans craindre pour le piqué de son image. À f/16, sans surprise, le cliché est un peu plus mou, sans que cela ne soit vraiment rédhibitoire.
Heureusement, certains boîtiers, comme le Lumix S5 II, disposent du focus stacking pour éviter de trop fermer le diaphragme et obtenir la netteté la plus étendue.

Sa fonction macro lui ouvre des horizons très variés. Pour les portraits comme nous le mentionnons, outre le visage, cela permet de se concentrer sur des parties bien spécifiques. Et pour le reste : reproduction de documents, photo d’objets, d’horlogerie, d’insectes, etc. Le Lumix S 100 mm f/2,8 Macro et son rapport de reproduction 1:1 est un redoutable allié, surtout avec une telle précision.


De plus, sur trépied, outre le focus stacking, vous pouvez aussi l’associer au mode pixel shift du Lumix S5 II. Ce mode fournit des images assemblées (RAW et JPEG) en interne de 96 Mpx. Avec le bon sujet, on obtient alors des résultats très impressionnants, où l’on prend plaisir à zoomer dans l’image.


Vous aurez noté que le 100 mm de Panasonic n’est pas doté de la stabilisation optique, ce qui explique aussi sa compacité. Pour compenser, le téléobjectif se repose sur la stabilisation interne des boîtiers. D’ailleurs, avec le Lumix S5 II, on arrive à de résultats très probants. Mais pour assurer le coup, surtout en mise au point très rapprochée à main levée, on restera, a minima entre 1/200 et 1/100 s – même si rien n’interdit d’aller en dessous.


Bien entendu, les experts de la macrophotographie auront vite fait de monter leur matériel sur des trépieds ou autres cages stabilisées. Néanmoins, il demeure tout à fait possible d’utiliser le Lumix S 100 mm f/2,8 macro sans accessoire pour de la proxyphotographie.


Les esprits chagrins argumenteront que le Sigma 105 mm f/2,8 DG DN Macro Art la surclasse toujours un peu. Mais, ce dernier, pesant près de 2,4 fois plus lourd, se devait d’offrir des performances encore plus élevées.

Il faut aussi remarquer l’excellent travail de Panasonic pour limiter les aberrations chromatiques. Ces dernières sont virtuellement invisibles à f/2,8. De même il n’y en a qu’une très légère trace à f/4, mais il faut vraiment zoomer à fond pour le noter. Puis dès f/5,6, l’image retrouve une colorimétrie idéale.



De même, nous notons un peu de vignettage dans les coins à f/2,8, mais cela reste raisonnable. Il ne s’agit pas d’une optique extrêmement lumineuse, où l’on déplore souvent un assombrissement important à la pleine ouverture. Dès f/4, le vignettage disparaît.

Tout n’est pas idéal au niveau des distorsions. On observe en effet de légères déformations en coussinet. Ceci étant dit, les défauts sont aisément corrigés par le boîtier sur les JPEG et par Lightroom avec les RAW.


Ce 100 mm de Panasonic est, par sa focale, une optique très indiquée pour les portraits. En effet, malgré l’ouverture maximale à seulement f/2,8, la compression de l’arrière-plan permet de bien mettre en avant le sujet.

Le rendu du sujet est assez flatteur et le fond s’efface délicatement dans un joli flou. La démarcation entre le sujet et l’arrière-plan est ainsi moins impressionnante esthétiquement qu’avec une focale très lumineuse, mais aussi moins surréaliste.

Concernant les bulles de bokeh, on peut remarquer quelques compromis opérés par Panasonic. Avec son diaphragme à « seulement » 9 lamelles, le Lumix S 100 mm macro ne produit pas de belles bulles bien rondes. Elles restent assez polygonales. Cela chagrinera peut-être un peu les photographes, mais saura tout à fait contenter les vidéastes.

Comme tous ses concurrents, l’objectif est également capable de faire la mise au point à l’infini. De par ses (très) bonnes performances aux ouvertures médianes, il peut être utilisé sans difficulté pour des photos d’architecture de paysage.

Autofocus
Le Panasonic Lumix S 100 mm f/2,8 Macro et son nouveau moteur « linéaire à double phase » se montre très performant. Panasonic le dit 3 fois plus véloce que ses moteurs conventionnels. Dans les faits, il se montre rapide, précis et silencieux. L’optique accroche vite et bien les sujets.

Le taux de déchet est assez limité et le caillou est bien secondé par le système autofocus du Lumix S5 II, le boîtier plein format le plus performant sur le sujet de la monture L.

Pour les sujets rapprochés, on utilisera naturellement le limiteur de mise au point (20,4 – 50 cm), ce qui permettra de gagner en précision.

Pour autant, nous ne sommes pas en présence d’une optique sport et en mode rafale à 30 i/s, le risque de ratés est plus important.

Même si la mise au point demeure interne, le 100 mm de Panasonic – optique macro oblige – n’échappe pas à un certain focus breathing en vidéo, même s’il est assez bien contrôlé par rapport à la concurrence. Le nouveau moteur devait limiter ce phénomène, mais il faut constater que tout n’est pas encore parfait.

Voici une sélection de photos capturées avec le Panasonic Lumix S 100 mm f/2,8 Macro :






















Face à la concurrence
Les objectifs macro avec autofocus, peu importe les montures, ne sont pas légion. Ainsi sur la monture L, on trouve tout de même trois références – et une seule avec une focale similaire.
On dispose ainsi du très bon Sigma 105 mm f/2,8 DG DN Macro Art. Une optique premium dont les qualités ne sont plus à démontrer. À 829 €, c’est un rival de choix pour notre 100 mm macro de Panasonic. Très piquée dès f/2,8, c’est une valeur sûre, bien connue des amateurs depuis des années. Elle est cependant plus encombrante et plus lourde…

Elle est secondée par le Sigma 70 mm f/2,8 DG Macro Art. Plus modeste, cet objectif s’allonge lorsque l’on fait le point mais s’avère performant. Et, affiché à 519 €, il offre un rapport qualité-prix intéressant.

Enfin, la dernière optique avec autofocus est moins connue. Il s’agit du Leica APO-Macro-Elmarit TL 60 mm f/2,8 ASPH. Dévoilé en septembre 2016 et vendu à 2250 €, ce caillou est bien destiné à la monture L, mais pensé pour les boîtiers à capteur APS-C comme le Leica T. Monté sur un hybride plein format, il offrira un rendu équivalent à un 90 mm pour un rapport de reproduction supérieur à 1:1. Encore faut-il le trouver.

Parmi les alternatives, on trouve de nombreux objectifs macro manuels, notamment du côté de Laowa qui propose plusieurs références, notamment en monture L. On se concentrera davantage sur le 100 mm f/2,8 2:1 Ultra Macro APO affiché à 599 €. Ainsi que sur le 90 mm f/2,8 2x Ultra Macro APO, lui aussi proposé à 599 €. Ici, plus que les longueurs focales similaires, c’est le rapport de reproduction de 2:1 qui est très intéressant pour capturer des sujets de (très) petite taille.
Panasonic Lumix S 100 mm f/2,8 Macro : l’optique macro idéale à plus d’un titre
Les objectifs macro sont essentiels dans l’offre d’un fabricant d’optiques. Avec déjà trois objectifs macro disponibles pour la monture L, Panasonic n’était cependant pas contraint d’en sortir un quatrième. Pourtant, nous sommes ravis que le fabricant nippon l’ait fait.

Ce Lumix S 100 mm f/2,8 Macro est une excellente surprise. Très compact, il bouleverse ainsi les codes des téléobjectifs macro – et s’intègre parfaitement dans la série de focales fixes de Panasonic.
Il s’emporte très facilement et on est toujours bluffé de pouvoir compter sur un rapport de reproduction 1:1, le tout dans un format aussi réduit. Cette combinaison justifierait à elle seule l’investissement de 1099 €. Sans oublier le pouvoir de compression des perspectives d’un 100 mm, toujours intéressant en photo d’architecture ou de paysage.

Mais, ce n’est pas tout. À ce petit gabarit, Panasonic allie piqué de haute volée. La qualité d’image est bonne dès la pleine ouverture et tutoie les sommets vers f/5,6.
De cette façon, Panasonic livre un objectif macro d’une grande polyvalence, aussi à l’aise en photo qu’en vidéo – et qui devrait trouver sans peine sa place dans le sac des photographes en monture L.
Le Panasonic Lumix S 100 mm f/2,8 Macro est proposé au tarif de 1099 € chez Digit-Photo, IPLN, Miss Numérique, Photo-Univers, Fnac ainsi que dans les magasins photo spécialisés.