Canon EOS R5 C : une imposante déclinaison vidéo de l’EOS R5 capable de filmer en 8K RAW 60p

Canon dévoile aujourd’hui un nouveau boîtier hybride dans la gamme EOS Cinema. Destiné aux vidéastes confirmés et aux professionnels, le Canon EOS R5 C est capable de générer des séquences vidéo jusqu’en RAW 8K 60p. Il reprend également le gabarit du Canon EOS R5 et sa monture RF – tout en lui ajoutant un système de dissipation thermique actif pour contrer toute surchauffe. Et, comme l’EOS R5, il est capable de capturer des photos de 45 Mpx à 20 i/s. Retour sur toutes ses caractéristiques.

Introducing the Canon EOS R5 C - Ready For Anything

Canon EOS R5 C : fusion entre les écosystèmes EOS Cinéma et EOS R

Lors de son lancement en juillet 2020, le Canon EOS R5 avait fait couler beaucoup d’encre en étant le 1er boîtier « grand public » (et orienté photo) capable de filmer en 8K RAW. Malheureusement, l’ardeur des vidéastes avait été légèrement douchée par les soucis de surchauffe dont a été victime l’EOS R5 à ses débuts.

Le Canon EOS R5 C est donc une nouvelle « variante » de l’EOS R5, résolument orienté vidéo. Avec ce nouveau modèle, la marque japonaise cible prioritairement les créateurs de contenus, les cinéastes indépendants, les reporters vidéo, les tournages en entreprise, ou encore les réalisateurs spécialisés dans l’événementiel ou les documentaires.

Une cible assez vaste, mais dont le dénominateur commun est de plébisciter des produits à la fois axés photo et vidéo, comme les boîtiers de Sony… ou de Panasonic (coucou les séries GH5 et A7S).

L’EOS R5 C incarne donc un rapprochement certain entre la gamme cinéma de Canon EOS C et l’écosystème EOS R. À l’instar de la récente EOS C70, ce nouveau boîtier reprend la monture RF – qui supplante définitivement la « vieille » monture EF, pourtant toujours une référence dans le domaine de la production vidéo.

Canon EOS R5 et R6 : la vidéo RAW 8K et la stabilisation capteur 5 axes relancent la machine

Un EOS R5 doté d’un système de ventilation

Extérieurement, la parenté entre l’EOS R5 et l’EOS R5 C est évidente. Le boîtier conserve le même gabarit compact, avec 14,2 cm de large et 10,1 cm de haut. Cependant, le constructeur a apporté un certain nombre de modifications à ce boîtier vidéo. L’habituel logo R des hybrides Canon est remplacé par le sigle C des boîtiers Cinéma.

On notera évidemment le déclencheur rouge, mais aussi la petite lampe témoin sur le coin supérieur gauche du boîtier. À l’arrière, pas moins de 13 touches personnalisables sont présentes, auxquelles il est possible d’assigner l’une des 80 fonctions disponibles.

Sur la tranche supérieure, on remarque également la griffe « nouvelle génération », que nous avions déjà croisée sur l’EOS R3. Dotée de connecteurs supplémentaires, elle rend l’EOS R5 C compatible entre autres avec les accessoires Tascam pour l’enregistrement du son en haute qualité.

Mais la plus grosse différence se situe à l’arrière de l’appareil. Pour régler définitivement les problèmes de surchauffe ayant affecté l’EOS R5, le nouveau boîtier Canon EOS R5 C se pare d’un système de ventilation active, qui prend place à l’arrière du boîtier (à la manière du Panasonic S1H).

Lumix S1H vs Canon EOS R5 C

L’EOS R5 est donc (beaucoup) plus épais que son grand frère (11,1 cm d’épaisseur contre 8,8 cm). Heureusement, le poids reste plutôt contenu (680 g).

Grâce à ce système de ventilation active, on devrait a priori pouvoir réaliser de très longues séquences ininterrompues. À ce titre, notons que l’EOS R5 C vient aussi gommer la limite de durée des vidéos, qui était (hélas) de 30 minutes sur l’EOS R5 en raison d’une taxe imposée par l’UE sur les caméscopes (aujourd’hui supprimée).

De chaque côté de l’écran, une grille permet le passage de l’air pour dissiper la chaleur générée par le capteur. On notera aussi la disposition des boutons et des molettes, identique à celle de l’EOS R5.

Du reste, l’EOS R5 C reprend bon nombre d’éléments de son grand frère. On retrouve ainsi le viseur OLED de 0,5 pouces de 5,76 millions de points, ainsi que le petit écran de contrôle sur la tranche supérieure. Comme sur l’EOS R5, l’écran arrière de 3,2 pouces est monté sur rotule, et compte 2,1 millions de points. À noter que ce dernier pourra être utilisé comme moniteur de forme d’onde ou de « fausses couleurs », afin de visualiser plus facilement l’exposition. Un mode Zebra est également disponible.

En outre, l’EOS R5 C reprend également les 3 ingrédients-clé de l’EOS R5 : son capteur CMOS haute résolution de 45 Mpx (ici non-stabilisé), son processeur Digic X, ainsi que la monture RF. Trois éléments qui autorisent à la fois la capture de vidéos en 8K et de photos de 45 Mpx à 20 i/s en rafale (avec l’obturateur électronique).

Autre point marquant : les fonctions photo et vidéo sont totalement séparées, faisant de l’EOS R5 C une caméra bicéphale. La preuve : la molette de sélection de modes impose d’éteindre le boîtier avant de passer de la photo à la vidéo (et inversement).

Encore mieux : le firmware « photo » et celui pour la vidéo sont totalement séparés – et différents. En photo, on retrouve exactement la même structure de menus que sur l’EOS R5. En vidéo, en revanche, on découvre une nouvelle interface tactile, de prime abord très esthétique et intuitive. Les modes d’autofocus sont également différents (voir ci-dessous). Idem, le Wifi est uniquement disponible en mode photo : en vidéo, il faudra recourir à un accessoire séparé !

Cette séparation aussi nette entre les fonctions photo et vidéo au sein d’une même caméra est étonnante, tant on a l’impression de se retrouver avec 2 appareils différents au sein du même boîtier.

Canon EOS R5 C : vidéo RAW 8K 60p en interne

Mais au-delà de ces considérations, l’EOS R5 C est une véritable machine de guerre au service des vidéastes, capable de filmer en RAW en 8K à 30p en interne – en utilisant tout la largeur du capteur. À la clé, des images de 8192 x 4320 pixels (avec oversampling) avec un débit maximal de 2140 Mbps.

Mieux encore, l’appareil est capable d’atteindre les 60 fps… mais à condition d’être branché à une source d’alimentation externe. Autrement, l’enregistrement reste possible, mais sans les fonctions « motorisées » (diaphragme, mise au point, zoom). À noter que l’EOS R5 C dispose aussi de modes « crop », permettant de filmer en Super 35 et Super 16. Notons aussi que le boîtier est aussi capable de générer des images en 4K (ou en 2K) en suréchantillonnant des images capturées en 8K.

Les images sont enregistrées en 12 bit et au format Cinema RAW Light. Pour mémoire, ce dernier offre la même souplesse de calibrage colorimétrique que le format Cinema RAW « classique », mais avec des fichiers moins volumineux. Canon indique également avoir intégré « 3 variations de RAW nouvellement développées » : le RAW HQ, RAW Standard et RAW Light.

On notera cependant que l’enregistrement en RAW 8K 60p est uniquement disponible au format RAW Light. De même, le RAW 8K 25p est absent en RAW HQ : ce dernier autorise uniquement l’enregistrement en 5,9K à 25p ou en 3K à 25/50p. Du côté des durées maximales d’enregistrement, comptez 31 minutes en 8K 50p, 63 minutes en 8K 25p (en RAW light), 41 minutes en 8K 25p (en RAW standard) et 38 minutes en 5,9K en 25p (en RAW HQ). Bien évidemment, ces durées s’accroissent considérablement en diminuant la qualité, la taille ou la fréquence des images (jusqu’à 8 heures en continu en 2,9K à 25p en RAW light).

Enfin, l’EOS R5 C permet aussi d’enregistrer des images en RAW 8K via la sortie HDMI. Interrogée par Phototrend, la marque nous confirme la possibilité d’utiliser un Atomos Ninja V+ pour capturer des séquences en ProRes RAW avec l’EOS R5 C.

Une multitude d’options pour les vidéastes

En plus du format Cinema RAW Light 12 bits, l’EOS R5 C gère également le format Canon XF-AVC 10 bits (jusqu’à 810 Mbps). L’enregistrement en MP4 est également proposé (HEVC 4:2:2 10 bits et H.264 en 4:2:2 8 bits), notamment pour la création de fichiers vidéo proxy. À ce titre, notez que l’EOS R5 C permet de réaliser deux enregistrements simultanés, grâce à la présence d’un slot SDXC (compatible UHS- II) aux côtés de l’emplacement pour carte CFexpress.

Par ailleurs, l’EOS R5 C sera capable de livrer des séquences en slow motion en 4K à 120p maximum (avec autofocus) en 4:2:2 10 bits. Côté colorimétrie, le boîtier offre la possibilité de filmer en Canon Log 3, et est compatible HLG et HDR PQ (Perceptual Quantization) pour celles et ceux voulant filmer en HDR. En revanche, point de filtres ND intégrés : ces derniers demeurent l’apanage de la caméra EOS C70. On se consolera avec la prise en charge des tables LUT utilisateur, et la possibilité de créer ses propres LUT personnalisés.

En parallèle, le Canon EOS R5 C est capable de prendre en charge les objectifs anamorphiques en décompressant électroniquement l’image dans le viseur et sur les moniteurs connectés. Les trois formats anamorphiques 2x, 1,8x et 1,3x sont disponibles.

Le capteur de l’EOS R5 C n’est pas stabilisé, mais le boîtier dispose d’un stabilisateur d’image électronique (IS) intégré au boîtier, qui prend en charge la correction du flou de bougé sur 5 axes. Un système inauguré fin 2020 par Canon avec l’EOS C500 Mark II. Avec les optiques RF, le boîtier tire parti de la puce gyroscopique intégrée aux objectifs pour améliorer la stabilisation en roulis et en tangage. L’usage de la stabilisation électronique impose un crop de 10 % en mode standard, et de 30 % en mode « stabilisation renforcée ».

Pour l’AF, L’EOS R5 C hérite de l’autofocus Dual Pixel. En vidéo, la caméra exploite la technologie EOS iTR AF X, avec détection et suivi automatique du visage et de la tête du sujet (même lorsque ce dernier tourne le dos ou est masqué par un obstacle). Le boîtier doit offrir 10 paliers de réglage de la vitesse et 8 paliers de réglage de la réactivité de l’AF. En mode photo, en revanche, l’AF se comporte comme sur l’EOS R5, avec détection et suivi de l’œil du sujet.

En mode photo, le Canon EOS R5 C reprend la même structure de menus que l’EOS R5 (les options vidéos en moins).

Enfin, Canon tient à rassurer ses utilisateurs historiques en mettent en avant la possibilité d’utiliser les bagues d’adaptation EF-RF pour continuer à utiliser vos objectifs en monture EF. À ce titre, on notera que le boîtier est compatible avec la bague d’adaptation EF-EOS R 0.71x, prévue à l’origine pour le format Super 35 mm. Et, last but not least, l’EOS R5 C devient le second boîtier à être compatible avec son objectif RF 5,2 mm f/2,8L Dual Fisheye et sa plateforme de réalité virtuelle.

Canon EOS VR System : un double objectif fisheye pour la réalité virtuelle 180°

Une connectique complète – et la même batterie que sur l’EOS R5

En termes de connectique, l’EOS R5 C ne se montre pas avare. Au-delà des 2 prises jack 3,5 mm « classiques » pour le casque et le micro, on retrouve un port micro-HDMI et un port USB Type C 3.2. On dispose également d’un connecteur DIN Time Code et un port N3 pour télécommande filaire. Et, comme indiqué précédemment, on retrouve également la griffe flash multifonction, compatible avec l’adaptateur Tascam CA-XLR2dc-C pour le branchement de 4 câbles XLR pour l’audio haute qualité.

Le boîtier dispose d’un logement pour cartes CFexpress 2.0 Type B. La bonne surprise vient de la présence d’un slot pour cartes SDXC, très pratiques pour les enregistrements en proxy, comme mentionné ci-dessus.

Du côté des accumulateurs, l’EOS R5 C reprend la même batterie LP-E6NH que l’EOS R5. En revanche, il faudra attendre les premiers retours terrain concernant l’autonomie réelle, Canon indiquant une durée de tournage maximale de 50 minutes en 8K RAW 25p ou de 35 minutes en 4K XF-AVC 50p.

L’EOS R5 C reprend la même batterie LP-E6NH que l’EOS R5. On notera aussi la présence du connecteur destiné au grip vertical.

Il est cependant possible d’utiliser l’appareil en filaire avec l’adaptateur USB-C PD-E1, ou avec le coupleur secteur DR-E6 (qui a le mérite d’alimenter le boîtier même lorsque ce dernier est allumé). À noter que l’appareil est également compatible avec le grip BG-R10 de l’EOS R5 pour doubler l’autonomie.

Côté connectique sans fil, l’EOS R5 C est compatible Bluetooth et Wifi (2,4 et 5 Ghz). Comme indiqué précédemment, le mode vidéo impose l’emploi du grip WFT-R10 pour disposer du Wifi et transférer des images vers un serveur.

À ce titre, notons que l’EOS R5 C inaugure une nouvelle application Canon CTM. Disponible uniquement pour iOS, elle permet de connecter le boîtier à un iPhone en USB ou en Wifi pour transférer les vidéo et les métadonnées vers un serveur externe. De même, l’EOS R5 C est compatible avec une fonction « browser remote », qui permet de piloter la caméra à distance via son adresse IP, via un simple navigateur. Enfin, la caméra est compatible avec le service image.canon, inauguré il y a 2 ans.

Prix et disponibilité du Canon EOS R5 C

Le Canon EOS R5 C sera disponible à partir du 17 mai 2022 au tarif de 4999,99 € chez Fnac, Miss Numérique, Digit-Photo et IPLN.

Pour mémoire, l’EOS R5 avait été lancé en juillet 2020 à 4499 € nu.

Notre premier avis sur le Canon EOS R5 C

Pour qui réalise de nombreuses productions vidéos, le Canon EOS R5 C ne manque pas d’atouts. La marque japonaise place la barre très haut avec la possibilité de filmer – sans crop ! – en 8K 60p au format RAW en interne. Quelques limitations demeurent cependant, notamment au niveau de l’autonomie, nettement inférieure à celle des autres caméras de la gamme EOS Cinéma – qui sont certes plus encombrantes et plus chères.

La conception « bicéphale » de ce boîtier est également assez intrigante, les fonctions photo et vidéo étant totalement séparées – et avec une structure des menus différente. De même, le form factor est intéressant à noter, Canon ayant rajouté un ventilateur à son EOS R5 pour supprimer définitivement les soucis de surchauffe.

Proposant une foultitude d’options pour la vidéo, le Canon EOS R5c est cependant moins « lisible » que son concurrent le Sony A7S III. Certes, ce dernier n’est pas capable de filmer en 8K, étant doté d’un capteur de « seulement » 12 Mpx. Mais cette définition raisonnable du capteur lui permet d’offrir de très bonnes performances en basses lumières – ce qu’il faudra vérifier sur l’EOS R5 C. Et surtout, l’A7S III demeure incomparablement plus compact que le dernier-né de Canon.

La bataille des hybrides orientés vidéo est donc lancée, et il nous tarde de voir quelle solution sera la plus plébiscitée par les principaux intéressés.