© Johanna-Maria Fritz

Like a bird : Johanna-Maria Fritz photographie le cirque dans le monde musulman

Alors que les Rencontres de la Photographie battent leur plein à Arles, la Galerie arlésienne Anne Clergue propose de découvrir le travail de la photographe allemande Johanna-Maria Fritz jusqu’au 26 septembre prochain.

Like a Bird (Comme un Oiseau) est une série poétique empreinte de fantaisie. Ce récit photographique nous emmène de l’Iran à Afghanistan, de la bande de Gaza à l’Inde et rend hommage à celles et ceux qui font partie de la grande famille du cirque tout en vivant dans des territoires agités par les tensions ou des conflits armés.

Kafountine, Sénégal, 2019 – © Johanna-Maria Fritz & A. Clergue Galerie

Une vie en équilibre

Acrobates, funambules, jongleurs, danseurs ou équilibristes semblent prendre leur envol pour quitter l’ancrage d’une terre lourde. Au cœur de la bande de Gaza, au Daghestan, en Afghanistan, en Iran ou au Sénégal, Johanna-Maria Fritz s’équipe de son seul appareil argentique pour accompagner les troupes dans leur parade, vivant à leurs côtés dans une caravane durant plusieurs mois.

De 2014 à 2019, la photographe, aujourd’hui âgée de 23 ans, a enrichi ses séries : un travail au long cours à la rencontre de ceux qui font le choix de la liberté et de la légèreté avec sourire et fierté, malgré des conditions de vie précaires.

Cette émancipation est autant individuelle que collective. La photographe n’immortalise pas qu’un spectacle, mais aussi – et surtout – les liens puissants établis au sein de la troupe, devenue une famille à part entière.

Khalil, 25 ans, Daghestan, Russie, 2018 – © Johanna-Maria Fritz

Le spectacle doit continuer

Like a Bird souligne les contrastes : celui offert entre les sourires et tenues de gala des saltimbanques et l’environnement où ils proposent, à ciel ouvert, leurs numéros. On perçoit également le contraste entre la rigueur d’une vie religieuse en ces régions du monde et la fantaisie offerte par le spectacle de ces clowns, dresseurs et acrobates.

Ni proscrit par l’islam ni mentionné par les textes, l’art du cirque devient une respiration, une invitation à la liberté. Son sujet, l’artiste ne l’a pas choisi au hasard : « Pour moi, le cirque représente LA LIBERTÉ. La religion, la couleur de peau, la nationalité n’ont aucune importance. La cohésion de cette communauté m’a toujours inspirée. » À Gaza ou à Kaboul, plus qu’ailleurs peut-être, ces divertissements sont plus que nécessaires.

« Pour moi, le cirque représente LA LIBERTÉ. La religion, la couleur de peau, la nationalité n’ont aucune importance. La cohésion de cette communauté m’a toujours inspirée. » 

Jongleurs, équilibristes, danseurs musiciens… chaque adolescent se sent comme un oiseau, like a bird, alors qu’il participe à la grande parade du cirque à ciel ouvert.

À la rencontre des oubliés

Un pied à Berlin, l’autre au Moyen-Orient, Johanna-Maria Fritz travaille à l’Hasselblad. Récompensée par le prix Inge Morath (2017) et le Peace Prize for Photography, elle est membre de l’agence Ostkreuz. La photographe avait précédemment exposé son travail au sein de la galerie arlésienne qui l’accueille à nouveau cette année.

Au fil de ses voyages, Johanna-Maria Fritz met en lumière le quotidien de populations marginales (femmes héroïnomanes, personnes sans domicile fixe…) qu’elle rencontre principalement en Europe de l’Est et au Moyen-Orient. Son travail l’amène aussi à confronter le regard de son spectateur à la réalité des rues berlinoises. Ses photographies ne sont jamais voyeuristes, mais plutôt marquées d’un respect et d’une douceur perceptibles.

Avec Like a Bird, Johanna-Maria Fritz nous propose un témoignage au cœur des ultimes zones de liberté qui puissent rester à l’Homme : l’imagination.

L’exposition a été réalisée sous la curation de Charlotte Schmitz. Johanna-Maria Fritz y propose également son livre CIRCUS publié en juin dernier aux éditions L’Artière.

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Infos pratiques :
Exposition Like a Bird de Johanna-Maria Fritz
du 5 juillet au 26 septembre 2021
Galerie Anne Clergue
4 Plan de la Cour, 13200 Arles.
Du mardi au samedi, de 11h à 13h et de 15h à 19h.
Entrée libre

Plus d’informations sont disponibles sur le site de la galerie arlésienne et sur le site de l’artiste.