© Dana Scruggs

Rencontres de la Photographie d’Arles : le festival incontournable revient sur le devant de la scène

Pour les amateurs de photographie, l’été annonce l’arrivée des festivals, dont les immanquables Rencontres de la Photographie d’Arles.

Jusqu’au 26 septembre, Arles accueille l’édition 2021 de son festival international dédié à la photographie. Annulé l’année dernière, l’édition 2020 n’est pas effacée. Prix et expositions se font une place dans cette nouvelle programmation estivale.

Les Rencontres d’Arles proposent, sous la première direction de Christoph Wiesner, une programmation étendue. En complément du parcours de la cité arlésienne, des expositions hors les murs dans plusieurs villes et institutions du Grand Sud se tiennent jusqu’au MuCEM et au Centre Photographique Marseille.

Sans titre, 1985, Masculinités, La libération par la photographie – © Rotimi Fani-Kayode

Fluidités et perceptions identitaires sur le devant de la scène photographique

La programmation de cette 52e édition des Rencontres de la Photographie d’Arles interroge les notions d’identités et de fluidités des genres. Sébastien Lifshitz expose Garçons Sensibles, voyage dans les archives de l’homosexualité tue ; aux côtés de la célébration du corps noir à l’honneur avec The New Black Vanguard. Avec Masculinités, 50 photographes proposent leur interprétation de la masculinité et de son image des années 60 à nos jours. Clarisse Hahn arpente quant à elle Barbès pour capturer derrière son objectif les corps et gestuelles.

Nyadhour, Elevated, Vallée de la Mort, Californie, 2019 – © Dana Scruggs

Thème exerçant une fascination incessante sur nos artistes, l’espace et la mythologie du spatial guident le travail de Smith au fil de sa série Désidération (Anamanda Sîn). 25 écritures photographiques réunies au sein de l’exposition Puisqu’il Fallait Tout Repenser explorent le pouvoir de l’Art en période d’isolement et sa place dans le monde à venir.

Sans titre, série Désidération (Anamanda Sîn), 2000-2021. – © Smith, Avec l’aimable autorisation de la galerie Les Filles du Calvaire.

La nouvelle scène artistique largement représentée

Le volet Émergences est richement incarné notamment grâce aux lauréats du Prix Découverte Louis Roederer. Les 11 projets retenus sont présentés lors d’une unique exposition enrichie par la multiplicité des points de vue qui nous porte de Dubaï (Farah Al Qasimi) à la Géorgie où Ketuta Alexi-Meskhishvili s’intéresse à l’usage et esthétique du sac plastique, ce « fossile du futur ».

S et A au téléphone, série Mirage de la vie, 2020 – © Farah Al Qasimi, avec l’aimable autorisation de Third Line, Dubaï, et Helena Anrather, New York.

Quant à Mariana Hahn elle propose une installation protéiforme où les matériaux et techniques s’entremêlent, hommage aux procédés d’héliographie et au corps enseveli à Pompéi : l’inspiration de sa série Éros et Thanatos eurent un enfant.

Illanit illouz explore à son tour la fossilisation en transformant le sable du désert de Judée en sculptures, figées pour l’éternité sur sa pellicule. Une poésie artistique qui n’est pas sans souligner l’assèchement et l’érosion de la région face à la menace climatique.

Sans titre, installation Eros et Thanatos eurent un enfant, 2020-2021. Photographie de Chroma. – © Mariana Hahn

Massao Mascaro a quant à lui sillonné la Méditerranée sur les traces d’Ulysse pour mieux photographier sa jeunesse, qu’elle soit installée sur ces terres ou simplement de passage. En revisitant l’œuvre d’Edward Weston en y mettant en scène son corps de femme latino-américaine, Tarrah Krajnak établit un dialogue avec les images de l’artiste comme avec son spectateur.

Jonas Kamm, Zora J Murff, Aykan Safoğlu, Andrezej Steinbach, Maria Tomanova et Lebogang Tlhako exposent également le fruit de leur travail photographique.

Autoportrait en Weston/en Bertha Wardell, 1927/2020, série Rituels de maîtres II : les Nus de Weston, 2020. – © Tarrah Krajnak, avec l’aimable autorisation de l’artiste.

Lauréate du prix Jimei x Arles Discovery Award, Sim Chi Yin convoque les fantômes de la Malaisie en menant un véritable travail d’enquête photographique guidée par les archives et les témoignages des survivants de l’état d’urgence (1948-1960) qui embrasa la région. La photographe espagnole Almudena Romero, lauréate de la résidence BMW, expérimente sur l’objet image grâce aux propriétés de plantes dont les pigments donnent vie à une série en 4 chapitres.

Arles, tournée vers le monde

Arles célèbre également les 40 ans de sa reconnaissance au patrimoine de l’UNESCO. Pourtant, elle n’oublie pas de se tourner vers l’ailleurs. Du Soudan à la Corée, les photographes portent jusqu’à Arles la vérité d’autres mondes. 8 photographes acteurs-témoins du soulèvement du Soudan, documentent la résistance devant l’oppression.

Parfois l’autorité plie face à la pugnacité, ainsi le photographe français Stephan Gladieu est parvenu à réaliser une série de portraits individuels en Corée du Nord, un projet révolutionnaire pour un régime totalitaire n’exprimant que le collectivisme. Pieter Hugo, Anton Kusters, Stefen Chow et Huiyi Lin et Enrique Ramírez font également partie des photographes exposant pour cette nouvelle édition arlésienne.

Portraits de Nord-Coréens, Corée du Nord, Pyongyang, juin 2017 – © Stéphan Gladieu, avec l’aimable autorisation de School Gallery / Olivier Castaing.

Les Rencontres de la Photographie d’Arles : célébration des talents de demain, hommages aux talents d’hier

Le festival fête aussi notre patrimoine artistique en proposant des relectures de l’œuvre de Charlotte Perriand comme de Sabine Weiss à l’occasion de son 97e anniversaire. Jazz Power ! célèbre l’avant-gardisme de Jazz Magazine publié de 1954 à 1974 dans une époque en pleine lutte contre la ségrégation. Entre histoire et mythologie, le destin en image de l’Orient Express n’a de cesse de prôner l’aventure et l’évasion et s’expose à l’Espace Van Gogh d’Arles.

Orient Express & Co : un voyage en images à bord du train mythique

Enfin, les Rencontres de la Photographie d’Arles rendent un vibrant homme à Raymond Cauchetier, photographe phare de la Nouvelle Vague disparu cette année.

À bout de souffle, Jean-Luc Godard, 1959 – © Raymond Cauchetier

Artistes-photographes renommés et scène émergente confirment la réputation artistique et le rayonnement de la cité arlésienne qui célèbre cet été l’inauguration de Luma.

Lancées le 4 juillet, les Rencontres de la Photographie d’Arles attendent leurs visiteurs jusqu’au 26 septembre prochain à Arles comme dans bon nombre de villes et lieux d’exposition voisins.

Plus d’information sur le festival et sa programmation sont disponibles sur le site du festival.