© Mark Stone/University of Washington

Une caméra si petite qu’elle tient sur le dos d’un scarabée

Des scientifiques de l’université de Washington ont réussi à créer une caméra sans fil si petite qu’elle peut être transportée sur le dos d’un scarabée. Une étape importante dans la miniaturisation des robots pour le futur, qui s’inspire de la vision des insectes.

C’est dans le magazine Science Robotics que les scientifiques d’une université de Washington ont publié leurs recherches en cours depuis l’automne 2018. Ces scientifiques ont réussi l’exploit de créer une caméra qui pèse 248 mg seulement et capable de pivoter à 60 degrés. Elle est non seulement capable de filmer en noir et blanc dans une définition de 160 x 120 px jusqu’à 5 fps mais aussi de retransmettre la vidéo vers un smartphone sans fil via Bluetooth jusqu’à une distance de 120 mètres. La petitesse de cette caméra a surtout permis aux scientifiques de la positionner sur le dos d’un scarabée.

Grâce à un système d’accéléromètre – qui active la caméra uniquement lorsque l’insecte bouge – la caméra est capable de fonctionner de manière autonome pendant jusqu’à 6h avec une batterie de 10 mA.

Wireless Steerable Vision for Live Insects and Insect-scale Robots

Mais en quoi est-ce une avancée à l’heure où la plupart des modules d’appareil photo sont souvent plus petits encore ?

La plupart des modules photo et vidéo, aussi petits soient-ils, sont alimentés par des batteries et des processeurs généralement assez gros et ne sont pas réellement sans fil, puisqu’ils sont connectés à une autre puce interne au téléphone. Le progrès dans la miniaturisation des caméras sans fil pourrait donc apporter beaucoup à la robotique de façon générale.

En effet, « la vision est un élément important sur de nombreux systèmes robotiques conséquents, tels que les drones ou les voitures autonomes par exemple » indique Vikram Iyer, l’un des chercheurs sur ce projet de miniaturisation. « La vision sans fil devient plus difficile sur de très petits systèmes pour des raisons évidentes de tailles et de puissance. Une vision qui pourrait pourtant s’avérer très utile via l’exploration d’espaces confinés. »

Vikram Iyer, a ainsi émis l’hypothèse que les caméras montées sur des insectes vivants pourraient avoir des avantages applicables dans le monde réel. Les insectes sont effectivement capables de se promener pendant des heures – contrairement aux robots artificiels qui nécessitent d’être rechargés – et peuvent s’immiscer dans de tout petits espaces. De quoi collecter de précieuses données multiples et variées.

Un chercheur monte de manière méticuleuse la caméra sur le dos d’un scarabée – © Mark Stone/University of Washington

Le scarabée a donc été choisi pour sa force et parce qu’il est facilement manipulable, ne mord pas et ne pique pas. Deux spécimens ont été utilisés pour ces essais : le Eleodes Nigrina et l’Asbolus Laevis. Les scientifiques explorent à présent l’idée de mettre leur caméra sur d’autres insectes tels que des mites ou des araignées. D’autre recherches sont en cours pour évaluer l’installation d’une caméra sans fil sur des oiseaux, un challenge plus compliqué, puisque les oiseaux ne peuvent pas supporter beaucoup de poids en vol.

Une avancée technique en tout cas très intéressante qui pourrait être exploitée dans de nombreux domaines : scientifiques, high tech, cinéma, etc… et qui ouvre le champ des possibles sur notre vision du monde et sur notre capacité à enregistrer des images.