Festival Circulation(s) 2020 : le festival réouvre et se prolonge jusqu’au 26 juillet

Mise à jour du 04/06/20 : le festival Circulation(s) 2020 réouvre à partir du 5 juin et prolonge cette édition un peu particulière jusqu’au 9 août prochain. Pour vous y rendre, il faut réserver votre créneau de visite sur la billetterie du Centquatre. Pour rappel, une visite virtuelle est également disponible sur le site du Festival.

Mise à jour du 14/03/2020 : suite aux annonces du gouvernement, le festival Circulation(s) qui se déroule au Centquatre-Paris est fermé au public jusqu’à nouvel ordre.

Le Festival Circulation(s) fête ses 10 ans et se réinstalle au Centquatre avec 45 artistes de 16 nationalités. Festival incontournable de la jeune photographie européenne et contemporaine, il se déroulera du 14 mars au 10 mai 2020. Depuis sa création en 2011 par l’Association FETART, Circulation(s) sélectionne des artistes européens émergents et agit comme un tremplin en les présentant à un public international. Un panorama de la scène européenne autour de thématiques contemporaines à découvrir dans les grands espaces d’exposition du Centquatre pendant 2 mois.

Circulation(s)

Au programme de cette édition, cinq sections thématiques mettant en lumière l’injustice sociale, l’angoisse face au monde de demain, la question de l’identité et l’expérimentation formelle du médium. Ils informent, imaginent, envisagent de nouvelles perspectives, pointent leur objectif sur des sujets au centre des préoccupations de notre temps sous des angles particuliers, immersifs et créatifs. Chaque année, le Festival fait un focus sur un pays européen afin de présenter les scènes européennes encore dans l’ombre. Après la Roumanie en 2019, c’est la Biélorussie qui a été sélectionnée pour cette édition 2020 pour sa photographie avant-gardiste en plein essor.

En parallèle des expositions, Le Festival propose des lectures de portfolio, projections et conférences et un espace dédié aux enfants. Voici les séries que vous pourrez découvrir lors de cette édition 2020.

Ceux qu’on ne voit pas

Pour ce premier thème Circulation(s) a choisi des photographes qui «placent le médium et leur pratique au service d’une cause ». Joan Alvado avec le titre post-apocalyptique de sa série « The Last Man on Earth » explore la « Laponie espagnole » surnom donné à cette région car la densité de sa population est une des plus faibles d’Europe. Il pose la question, à travers sa série, de ce qu’il restera de ces paysages désertifiés si la population continuait à décroître.

Maxime Franch tire le portrait des « Invisibles ». Des photographies d’identité, qui représentent les sans domiciles fixes de France (estimés à 143 000 personnes) — prenant le contre-poids de la déshumanisation de ces personnes fragilisées et abîmées.

The Last Man on Earth © Joan Alvado

Ce thème sous lequel Circulation(s) a regroupé Joan Alvado, Maxime Franch, Marinka Masséus, Schore Mehrdju, Maroussia Prignot & Valerio Alvarez, Anita Scianò et Anton Shebetko présente de nombreux aspects de l’invisibilité des êtres dans nos sociétés abordés par la photographie : Le statut social des femmes au Tadjikistan, les centres d’asile pour réfugiés de la Belgique, les femmes martyrs, la communauté gay ukrainienne — offrant un panorama et une réflexion sur nos modes de pensées et d’exclusion.

© Anita Scianò

Le monde de demain

« Pour les artistes de cette section, l’avenir est sans conteste plus passionnant. » (que le passé que l’on attribue souvent à la photographie qui fige ses instants dans le temps) déclare le Festival.

Pour questionner les conséquences de nos actes, nos existences, et prendre du recul sur nos modes de vie, ils utilisent l’observation, l’auto-dérision, le scénario d’anticipation, la provocation. Ils dénoncent les dérives de nos sociétés : Debbie Schoone va au plus près des innovations alimentaires en franchissant les portes du monde de la pisciculture, Henrike Stahl représente nos mauvaises consciences face au monde que nous laissons à nos enfants avec des photographies délavées représentant le futur.

Toija Leevi capture les « Consumers in Wonderland » (consommateurs au pays des merveilles) – en référence à Alice au Pays des Merveilles – pour représenter la consommation de masse. Tammi Maija explore les limites de nos existences et Felix Von Der Osten l’industrie agro-alimentaire. Eugene Martikainen s’intéresse aux algorithmes et à l’écart entre le traitement et la réalité, et Marie Lukasiewicz à la destruction des récifs coralliens. 

L’image à l’excès

Différentes approches autour de ce thème, qui présente les Questions-réponses de l’humain à la machine de Chiara Caterina. Elle oppose ses diapositives personnelles à des images en masse trouvées sur la toile pour questionner les dérives de cette immersion dans la grande archive numérique publique qu’est Internet.

Simon Menner, quant à lui, s’intéresse à la surveillance par les moyens digitaux et technologiques avancés dans sa série sur l’art du camouflage et du déguisement avec second degré.

© Simon Menner

« Nous le savons, nous évoluons dans un monde saturé par l’image. Malgré tout, nous continuons déraisonnablement à l’alimenter de photographies, pour la majeure partie inutiles, qui se perdent dans les limbes de la toile. » C’est également sur cette réalité que se penchent les séries de Norman Behrendt et Arjan De Nooy & Anne Genne.

En quête de soi

Ils viennent de France, d’Italie, de Suisse, de Bulgarie, de Grèce, de Pologne, d’Angleterre pour présenter leurs séries qui questionnent les mondes imaginaires de l’enfance qui évoluent avec l’âge comme Chiara Avagliano. Marwan Bassiouni s’est intéressé à la représentation de l’Islam en Occident à travers cette série témoignant du contraste architectural de la Hollande. En photographiant le paysage de l’intérieur des mosquées se dévoile l’illustration de nos sociétés dans lesquelles plusieurs cultures cohabitent.

© Marwan Bassiouni

Exploration des identités, fragilité du souvenir pour Nathalie Déposé qui face aux différentes versions sur le parcours de son grand-père — arrivé en France en 1932 alors qu’il fuit l’Espagne — décide de retracer son parcours en photo.

Marvin Bonheur a capturé des images de la vie en banlieue, tandis que « With the name of a flower » de Vera Hadzhiyska enquête sur les changements de noms imposés à la population musulmane en Bulgarie entre 1912 et 1989. À découvrir également, les séries de Ioanna Sakellaraki, Nicolas Serve, Michal Solarski & Tomasz Liboska, Alba Zari qui questionnent le deuil, l’état de transition de la désintoxication, la reconstruction de son passé en revenant dans la ville de son enfance.

« Si la photographie a pour faculté première de nous positionner en tant qu’observateur du monde extérieur, elle sait aussi pousser à se tourner sur soi. »

© Marvin Bonheur

Explorations photographiques

Plusieurs expérimentations du médium sont à découvrir autour de ce thème — allant de la représentation de zones aussi inaccessibles que la partie du cerveau qui stocke les souvenirs traumatiques par Jeroen De Wandel, aux taxis-motos fantastiques de Nairobi customisés pour attirer la clientèle qui sous le regard de Jan Hoek qui deviennent des héros grandeur nature dignes de Mad Max.

« Chacune de ces explorations vise à accroître le caractère sensoriel de la photographie. Il s’agit là de déployer le geste artistique et de veiller à ce que cette action ne prenne en aucun cas le pas sur le sens de l’œuvre ». Ces expérimentations sensorielles de la photographie sont au coeur également des séries de Ville Kumpulainen, Vincent Levrat, Lana Mesic, Weronika Perlowska, Cyrille Robin, Margaux Senlis et Niina Vatanen, à découvrir dans cette section du Festival.

Focus sur la Biélorussie

4 artistes biélorusses d’horizons différents…Masha Svyatogor, Maxim Sarychau, Pavel Grabchikov et Ihar Hancharuk investissent des sujets de leur pays mais également universels.

Examen de certains aspects des mécanismes de l’Etat qui « vont parfois au-delà des lois, de l’éthique et de l’humanité » par Maxim Sarychau qui montre dans « Blind Spot » (angle mort) : ces populations exposées à un pouvoir illimité. Pavel Grabchikov interroge l’illusion de l’image en bouleversant nos repères : quelles sont les véritables photographies de la Révolution de Maïdan et lesquelles sont les parodies mimées dans les manifestations populaires ?

© Pavel Grabchikov

La Galerie Persons Projects installée à Berlin en 2005 est l’invitée de cette édition. Chaque année, le Festival reçoit une école européenne dédiée à la photo — dans ce cadre, l’école FAMU de Prague présentera 2 artistes.

Un tour d’horizon de la photographie émergente européenne initié par Circulation(s) qui multiplie les points de vue. « C’est un privilège que de s’adresser à la jeunesse. Quels horizons promis ? Quelles envies pour demain ? » a déclaré Audrey Hoareau, directrice artistique de l’édition 2020. « Recréer du lien », donner « une alternative aux médias de masse, au web aux réseaux », c’est le message et les actions que le Festival souhaite mettre en place. « Le festival, fort de son esprit fédérateur, n’a pour seules vocations que de soutenir la création contemporaine et d’accompagner le public dans ses découvertes et son enrichissement » a t-elle conclu.

Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site du Festival.

Informations pratiques :

Du 14 mars au 10 mai 2020
au Centquatre-Paris
5 rue Curial
75019 Paris
Du mercredi au dimanche
De 14h à 19h

Expositions gratuites : La nef Curial, la halle Aubervilliers et Little Circulation(s)
Tarif plein : 6 euros
Tarif réduit : 4 euros