Présenté en avril 2024, le Sigma 24-70 mm f/2,8 DG DN II Art succède à l’un des zooms les plus prisés de la marque pour les hybrides plein format en montures Sony E et L.
Plus léger et compact, il bénéficie des dernières avancées du constructeur en matière de construction optique ou d’autofocus, afin de répondre aux besoins des photographes et des vidéastes chevronnés ou professionnels.
Durant plusieurs semaines, nous avons pu tester cet objectif en monture Sony E et L de l’Angleterre au Japon. Voici notre test complet du Sigma 24-70 mm f/2,8 DG DN II Art.

Sommaire
- Un transstandard modernisé
- Construction et ergonomie : une compacité bienvenue
- Qualité d’image du Sigma 24-70 mm f/2,8 DG DN II Art
- Autofocus du Sigma 24-70 mm f/2,8 DG DN II Art : rapide, précis et silencieux
- (Absence de) stabilisation du Sigma 24-70 mm f/2,8 DG DN II Art
- Face à la concurrence
- Sigma 24-70 mm f/2,8 DG DN II Art : un excellent zoom, à tous niveaux
Un transstandard modernisé
En novembre 2019, Sigma lançait son 24-70 mm f/2,8 DG DN Art. Il s’agissait alors de son deuxième zoom pour hybrides plein format. Cet objectif apportait une alternative bienvenue au Sony FE 24-70 mm f/2,8 GM, seul transstandard « classique » de la monture E à l’époque. De même, il venait seconder une (lourde) optique équivalente chez Panasonic en monture L.

Cinq ans plus tard, la marque renouvelle donc son zoom transstandard de référence, et livre donc le Sigma 24-70 mm f/2,8 DG DN II Art. Une chose est sûre : Sigma ne s’est pas contenté d’un simple rafraîchissement. Ce zoom se repose sur une formule optique entièrement nouvelle, avec 19 lentilles réparties en 15 groupes.

Il inclut à présent 6 lentilles FLD, 2 lentilles SLD et 5 lentilles asphériques (contre deux sur le premier modèle). Les aberrations chromatiques, la distorsion et le vignettage doivent ainsi être bien mieux corrigés. De même, le piqué doit être bien supérieur, y compris sur les capteurs plein format les plus définis.

L’autofocus utilise un moteur linéaire HLA (High-response Linear Actuator), que l’on retrouve sur les dernières optiques Sigma. Il promet une mise au point rapide, précise et fiable, parfaitement adaptée aux hybrides plein format en montures Sony E ou Leica L.
Sans grande surprise, on ne dispose pas de la stabilisation optique. Un choix assumé, qui contribue à la compacité de l’ensemble.

Enfin, contrairement à certains de ses concurrents, ce zoom demeure fidèle à la plage focale « classique » 24-70 mm. Très polyvalente, elle est appréciée tant par les photographes de reportage, de paysage ou de portrait.



Voici la liste des caractéristiques du Sigma 24-70 mm f/2,8 DG DN II Art :
- plage focale : 24-70 mm (36-105 mm en APS-C)
- objectif pour : capteur plein format
- ouverture max : f/2,8
- ouverture min : f/22
- angle de champ : 84,1° – 34,3°
- construction optique : 19 éléments répartis en 15 groupes (dont 6 verres FLD (F Low Dispersion), 2 verres SLD (Special Low Dispersion) et 5 lentilles asphériques)
- diaphragme : circulaire à 11 lamelles
- distance minimale de mise au point : 17 cm (GA) – 34 cm (Télé)
- stabilisation d’image : non
- tropicalisation : construction résistante à l’humidité, à la poussière et au froid (0 –40 °C)
- grossissement max : 0,37x (GA) – 0,25x (Télé)
- mise au point : autofocus, moteur linéaire
- diamètre du filtre : ø 82 mm
- dimensions : ø 87,8 x 122,2 mm (monture E) – 120,2 mm (monture L) (D x L)
- poids : 735 g (E) – 745 g (L)
- accessoires fournis : pare-soleil, bouchons d’objectif
- monture compatible : Sony E, Leica L
- prix au lancement : 1349 €
Construction et ergonomie : une compacité bienvenue
Par rapport à la première version, le nouveau Sigma 24-70 mm f/2,8 DG DN II Art gagne en compacité. Il mesure 12,2 cm de long (contre 12,5 mm pour la version précédente) et pèse 745 g, soit une cure d’amaigrissement de 10 % environ. Une amélioration bienvenue, qui améliore la maniabilité de l’ensemble, même lorsqu’utilisé avec un hybride compact comme le Sony A7C R.

L’absence de grip d’un Sigma BF ou d’un Panasonic Lumix S9 rend toutefois plus délicat l’usage du zoom avec ces boîtiers, même si cela ne fut pas trop dérangeant lors de nos essais au Japon. Globalement, ce nouveau venu ressemble assez nettement au Sony FE 24-70 mm f/2,8 GM II, en étant légèrement plus lourd. En revanche, il est bien plus compact et léger que des rivaux comme les Lumix S Pro 24-70 mm f/2,8 ou Leica Vario-Elmarit-SL 24-70 f/2,8 ASPH.

Le design général conserve la philosophie Sigma Art : sobre, avec une finition en métal du plus bel effet. Les bagues de zoom et de mise au point sont un peu moins larges que par le passé, sans que cela n’impacte l’ergonomie générale. Leur course propose le juste équilibre entre résistance et fluidité.

Lorsque l’on zoome, l’objectif se déploie sur quatre à cinq centimètres environ.


En outre, par rapport au premier modèle, Sigma ajoute une bague d’ouverture crantée et débrayable, ainsi que deux boutons personnalisables. L’objectif est aussi doté d’un loquet de verrouillage de zoom.

Le fût résiste bien aux chocs et l’objectif est protégé contre les intempéries, avec des joints d’étanchéité répartis sur toute la structure.

Qualité d’image du Sigma 24-70 mm f/2,8 DG DN II Art
Lors de nos différents tests, nous avons pu étrenner ce zoom aussi bien avec des boîtiers plein format en monture E ou L. Nous avons pu l’essayer avec le Sony A7C R et son exigeant capteur de 60 Mpx, ainsi qu’avec le Panasonic Lumix S1R II (44,3 Mpx), le Sigma BF ou encore le Leica SL3-S (tous deux dotés d’une cellule de 24 Mpx).
N’hésitez pas à cliquer sur chaque image pour l’afficher en qualité optimale.



Notez que nous avons parfois utilisé les « creative looks » de Sony, comme « FL » (Film Look, pour un rendu proche de l’argentique) ou encore « IN », qui produit une image au rendu mat. Il en va de même avec le Sigma BF et les effets « Teal & Orange ».
Sensation de piqué et netteté de l’image
Dès les premières images, le Sigma 24-70 mm f/2,8 DG DN II Art impressionne par sa netteté. À la pleine ouverture, le piqué est déjà très bon au centre sur toute la plage focale. Les bords s’améliorent nettement en fermant à f/4.

À 50, puis 70 mm, le comportement est similaire, toujours avec un léger gain de netteté à f/4. À f/5,6, le piqué est excellent d’un bord à l’autre du cadre. On apprécie les contrastes bien marqués et les couleurs vives.

Sigma propose ici un zoom très intéressant pour le reportage ou le portrait. Le niveau de détails est saisissant, ce qui en fait un outil redoutable pour les photographes exigeants.


Grâce à au capteur très défini du Sony A7C R ou même du Lumix S1R II, il est possible de recadrer allégrement dans l’image et d’observer les bonnes performances de l’optique, même à 100 %.

Distorsions
En ce qui concerne les déformations optiques, ce Sigma 24-70 mm se comporte de façon assez prévisible. On observe ainsi des distorsions en barillet au 24 mm. Le phénomène s’atténue grandement à mi-zoom, avant que les déformations ne prennent une forme de coussinet à 70 mm.


Notez par ailleurs que Ligthroom comprend deux profils de corrections pour ce zoom. Le premier corrige simplement le vignettage, quand le second corrige aussi les distorsions.
Aberrations chromatiques
Les aberrations chromatiques sont virtuellement inexistantes au plus grand-angle. Par contre, à mesure que l’on zoome, les dérives colorimétriques deviennent plus présentes. En effet, on en trouve surtout trace à 70 mm et f/2,8.


Même en fermant le diaphragme à f/4 ou f/5,6 on les décèle encore. Il faut finalement attendre f/8 pour qu’elles disparaissent totalement et que l’image retrouve une couleur et des contrastes homogènes.
Vignettage
Le vignettage est bien présent à la pleine ouverture. Le phénomène est très marqué à 24 mm, et s’atténue un peu à f/4, avant de se faire vraiment plus discret à f/5,6.
L’assombrissement des coins se montre moins marqué à 35 mm, et on observe un comportement similaire à fond de zoom. Le vignettage est toujours bien notable à la pleine ouverture, mais il est moins présent.


Dans tous les cas, les profils de corrections intégrés aux boîtiers ou aux logiciels de développement font un bon travail pour corriger le vignetage – comme les distorsions, d’ailleurs.
Distance minimale de mise au point et bokeh
Le rendu du flou d’arrière-plan est très réussi, s’effaçant très délicatement et intensément à 70 mm. Les bulles ont une forme assez esthétique, même si elles ne sont parfaitement rondes – mais nous pinaillons.

Le bokeh est très prononcé et à fond de zoom, il est possible de réaliser des portraits assez impressionnants, en isolant assez nettement le sujet de l’arrière-plan.

Bien entendu, le phénomène est moins prononcé à 24 mm, mais il est plus vraisemblable que l’on utilisera le zoom à 70 mm pour réaliser des portraits ou des plans semi-rapprochés.

Néanmoins, la distance minimale de mise au point de seulement 17 cm au grand-angle permet de se rapprocher assez près de son sujet. D’autant que c’est à 24 mm que l’on obtient le plus grand rapport d’agrandissement (0,37x).

Autofocus du Sigma 24-70 mm f/2,8 DG DN II Art : rapide, précis et silencieux
Sigma dote cet objectif du moteur HLA (High-response Linear Actuator), déjà utilisé sur le 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS Sports et sur de nombreux zooms depuis quelques années. Ce moteur autofocus linéaire offre une mise au point très rapide, précise et silencieuse.

En photo, la réactivité est exemplaire, même en basse lumière. Le suivi des sujets fonctionne parfaitement avec les algorithmes de détection de l’œil de Sony ou Panasonic. En vidéo, l’autofocus est fluide, sans pompage, avec un breathing très limité. Il s’agit d’un net progrès par rapport à la première version.

Notre unique frustration demeure liée – une fois de plus – aux restrictions fixées par Sony en matière de prise de vue en rafale. Même avec des boîtiers haut de gamme comme l’A9 III l’A1 II, la cadence maximale reste plafonnée à 15 images par seconde en rafale avec autofocus continu, ce qui reste bien en-deçà des performances théoriquement atteignables.

Notez que ce souci ne concerne pas les autres hybrides Sony et leur rafale à 10 i/s – et encore moins les boîtiers en monture L qui accrochent les 30 i/s, comme le Leica SL3-S ou les Panasonic Lumix S5 II ou S9.

(Absence de) stabilisation du Sigma 24-70 mm f/2,8 DG DN II Art
Comme la plupart des zooms transstandards f/2,8 du marché, cette optique Sigma n’est pas dotée de la stabilisation optique. Ce n’est globalement pas un souci dans l’énorme majorité des cas.

Au grand-angle, il sera rare de rencontrer des problèmes de flou de bougé. Grâce à la stabilisation du capteur du Sony A7C R, nous avons réussi à obtenir 5 à 6 stops de gain, avec 2 secondes de pose à main levée et à 28 mm.

Retrouvez ci-dessous une sélection d’images capturées avec le Sigma 24-70 mm f/2,8 DG DN II Art :



























Face à la concurrence
Le zoom transstandard est un exercice incontournable pour tous les constructeurs. De fait, le Sigma 24-70 mm f/2.8 DG DN II Art rencontre de nombreux concurrents sur sa route.
On trouve tout d’abord le Sony FE 24-70 mm f/2,8 GM II. Ce dernier fait jeu égal en termes de piqué et d’autofocus, avec un léger avantage pour le Sony sur la compacité (695 g) et la compatibilité avec les rafales les plus rapides sur les boîtiers du constructeur. Cependant, son tarif est nettement plus salé (2399 €).
Le Tamron 28-75 mm f/2,8 Di III G2 constitue une alternative plus abordable, avec une plage focale plus originale et une construction moins premium. Il compense avec un piqué exceptionnel et un excellent rapport qualité-prix, puisqu’il est affiché sous la barre des 950 €.
La monture L dispose également de deux références. On trouve tout d’abord le Leica Vario-Elmarit-SL 24–70 f/2.8 ASPH. Lancé en mai 2021, ce transstandard allemand reprend un certain nombre des caractéristiques du premier 24-70 mm f/2,8 de Sigma et veut être le zoom couteau suisse de la firme de Wetzlar. Il reste toutefois dur à trouver et son prix frôlant les 3000 € n’en fait pas le meilleur allié des photographes économes.
Du côté de Panasonic, on trouve également le Lumix S PRO 24-70 mm f/2,8. Officialisé en 2019, il s’agit d’un des tout premiers objectifs plein format de Panasonic. Il offre un bon piqué mais pêche un peu par un encombrement massif et un autofocus un peu daté. Affiché à près de 1900 €, presque 6 ans après son lancement, il ne propose pas non plus le meilleur rapport qualité-prix !
Notez que Panasonic a dévoilé en mai 2025 un nouveau zoom transstandard : le Lumix S 24-60 mm f/2,8. Certes, sa plage focale est tronquée à fond de zoom, mais son poids de 544 g le rend intéressant. Si les performances optiques sont au rendez-vous, nul doute qu’il fera de l’œil aux aficionados de la monture L…
Enfin, et si Sigma se faisait lui-même concurrence ? Sur la monture L et E, l’opticien japonais commercialise depuis 2021 le 28-70 mm f/2,8 DG DN Contemporary. Ce petit zoom, un peu moins ambitieux que notre test du jour, offre un piqué tout à fait honorable, un autofocus précis, le tout dans un gabarit réduit et un tarif maitrisé de 809 €.
Mais selon nous, le principal « danger » vient du Sigma 28-105 mm f/2,8 DG DN Art. Lancé en septembre 2024, il dispose d’une plage focale allongée, tout en demeurant aussi lumineux. Certes un peu plus encombrant – et plus cher (1599 €) – il représente peut-être tout ce qu’un transstandard nouvelle génération devrait être…
Sigma 24-70 mm f/2,8 DG DN II Art : un excellent zoom, à tous niveaux
Avec cette 2e version de son 24-70 mm f/2,8, Sigma joue unepartition sans fausses notes. L’objectif gagne en compacité, en rapidité et en performances optiques, tout en conservant un tarif très compétitif.
Sur le terrain, il s’impose comme un outil polyvalent, idéal pour les photographes professionnels et/ou exigeants cherchant un zoom transstandard lumineux sans compromis. Les seuls vrais points négatifs concernent des défauts optiques inhérents aux objectifs lumineux modernes, comme le vignettage ou les aberrations chromatiques. Rien qui ne puisse être corrigé – ou même simplement ignoré.

Face à un Sony 24-70 mm f/2,8 GM II plus onéreux, ce zoom Sigma fait bien plus que se défendre et conviendra à un large public, aussi bien en photo qu’en vidéo. Sigma confirme ici son savoir-faire – et réussit même la prouesse de s’autoconcurrencer, avec un 28-105 f/2,8 mm lui aussi très séduisant…
Le Sigma 24-70 mm f/2,8 DG DN II Art est disponible, en monture E ou L, au tarif de 1339 €.
Vous pouvez retrouver cet objectif chez IPLN, Digit-Photo, Miss Numérique, Digixo, Camara, Photo-Univers, Panajou, à la Fnac et dans les boutiques spécialisées.