8 ans après le dernier modèle, Tamron décline sa focale fixe phare, le 90 mm macro, en une version pour appareils photo hybrides plein format en monture E et Z. Le Tamron 90 mm f/2,8 Di III Macro VXD dispose d’une formule optique améliorée, d’un moteur AF linéaire performant et d’un nouveau pare-soleil, tout en conservant son gabarit compact.
Sur le papier, cet objectif a tout pour séduire les amateurs et professionnels de la macrophotographie, mais aussi de portrait ou de paysage. Mais qu’en est-il sur le terrain ? Nous avons eu l’occasion d’utiliser cet objectif pendant plusieurs semaines, et voici notre test complet du Tamron 90 mm f/2,8 Di III Macro VXD.
Sommaire
90 mm macro : une longue histoire chez Tamron
Dévoilé le 26 septembre 2024, le Tamron 90 mm f/2,8 Di III Macro VXD s’inscrit dans une longue tradition d’objectifs macro de la marque, débutée en 1979 avec le SP 90 mm f/2,5 (52B). À une époque où la macrophotographie était encore réservée à des usages spécifiques, avec notamment des contraintes d’usages, cet objectif révolutionnaire a permis aux photographes de capturer des détails impressionnants tout en restant polyvalent pour le portrait.
Tamron a ensuite continuellement amélioré cette série, intégrant des innovations telles que l’autofocus en 1990 et un rapport de grossissement 1:1 en 1996, répondant ainsi aux besoins des photographes passionnés de macro.
En 2012, Tamron a introduit la stabilisation optique (VC) avec le SP 90 mm f/2,8 Di Macro VC USD, facilitant la capture d’images nettes même en conditions de faible luminosité. Cette évolution s’est poursuivie en 2016 avec une version redessinée pour une meilleure ergonomie.
Aujourd’hui, le nouveau 90 mm f/2,8 Di III Macro VXD pour appareils hybrides incarne cet héritage de qualité et d’innovation, selon Tamron. Il arrive ainsi sur les montures Sony E et Nikon Z. Pour la monture L et la monture Canon RF, il faudra malheureusement encore attendre.
Nous ne reviendrons pas en détail sur la fiche technique de cet objectif, que nous avons déjà développée lors de son annonce.
Mentionnons cependant la nouvelle formule optique plus complexe (15 lentilles réparties en 12 groupes, contre 14 pour 11 sur la précédente version). Cette version fait cependant la part belle aux lentilles LD, des verres à faible dispersion, réduisant les aberrations chromatiques.
L’ouverture lumineuse à f/2,8 est cependant assurée par un diaphragme à 12 (!) lamelles, ce qui devrait offrir un bokeh d’une douceur exceptionnelle, à la fois en macro et en portrait.
D’ailleurs, cet objectif macro offre la distance minimale la plus courte de toutes les optiques macro équivalentes sur le marché, avec seulement 23 cm.
Voici la liste des caractéristiques du Tamron 90 mm f/2,8 Di III Macro VXD, comparé au précédent modèle reflex :
Caractéristiques | Tamron 90 mm f/2,8 Di III Macro VXD | Tamron SP 90 mm f/2,8 Di MACRO 1:1 VC USD |
---|---|---|
focale | 90 mm (équivalent 135 mm en APS-C) | 90 mm (équivalent 135 mm en APS-C) |
objectif pour | capteur plein format | capteur plein format |
ouverture max | f/2,8 | f/2.8 |
ouverture min | f/16 | f/32 |
angle de champ | 27,2° | 27°2′ |
construction optique | 15 lentilles réparties en 12 groupes, dont 4 lentilles LD | 14 lentilles réparties en 11 groupes, dont 2 lentilles XLD, 1 lentille LD |
diaphragme | circulaire, 12 lamelles | circulaire, 9 lamelles |
distance minimale de mise au point | 23 cm | 30 cm |
stabilisation d’image | non | oui (sauf monture Sony A) |
tropicalisation | résistant à l'humidité et à la poussière | résistant à l'humidité et à la poussière |
grossissement max | 1:1 | 1:1 |
mise au point | interne, motorisation AF VXD | interne, motorisation USD |
diamètre du filtre | 67 mm | 62 mm |
dimensions | ø 79,2 x 126,5 mm (monture E) / ø 79,2 x 128,5 mm (monture Z) | ø 79 x 117,1 mm |
poids | 630 g (monture E) / 640 g (monture Z) | 610 g sur Canon, 600 g sur Nikon |
accessoires fournis | bouchons avant et arrière, pare-soleil | bouchons avant et arrière, pare-soleil |
monture compatible | Sony E, Nikon Z | Canon EF, Nikon F et Sony A |
prix au lancement | 699 € | 749€ |
année de lancement | 2 024 | 2 016 |
Ergonomie et prise en main
Dès la première prise en main, on retrouve l’ergonomie des optiques Tamron. Ce 90 mm reprend ainsi le design très sobre des dernières optiques du constructeur japonais, avec un fût en polycarbonate de très bonne facture.
En termes d’encombrement, le Tamron 90 mm f/2,8 Di III Macro VXD est le plus compact des téléobjectif macro en monture Z et E, avec respectivement une longueur de 12,6 et 12,8 cm. Comparé à la précédente version pour reflex Nikon F, l’objectif est environ 1 cm plus long.
Si l’on rajoute la bague FTZ pour adapter le tirage mécanique, l’ensemble optique reflex + FTZ est 1,5 cm plus long que cette nouvelle optique hybride. De plus, pour le nouveau modèle, la mise au point se fait en interne.
On apprécie ici le travail de Tamron pour conserver un objectif au poids relativement contenu, avec 630 g en monture E et 640 g en monture Z. C’est ainsi quasiment le même poids que l’optique Nikkor Z MC 105 mm f/2,8 VR S (640 g).
Comparé à son prédécesseur, cet objectif dispose d’une bague de mise au point manuelle un peu plus étroite, mais toujours aussi pratique à utiliser. Sa rotation est parfaitement fluide. Exit la fenêtre affichant l’échelle de mise au point, puisque la bague actionne ici un moteur interne sans butée.
Cette bague de mise au point manuelle peut être configurée grâce au Tamron Lens Utility (sur ordinateur ou mobile) pour fonctionner de manière linéaire ou non-linéaire (par défaut).
Côté commandes, l’objectif est minimaliste (en apparence). On dispose ainsi d’un commutateur permettant de limiter la plage de mise au point (0,23 m à 0,30 m, 0,7m à l’infini et Full).
Ici, pas de commutateur AF/MF : Tamron a opté pour un bouton personnalisable positionné sur le côté gauche. Par défaut, ce dernier se comporte comme une touche L-Fn sur un boîtier Nikon. Il est aussi possible de lui assigner diverses fonctions grâce au Tamron Lens Utility (choix AF/MF, mise au point A-B, AF infini pour l’astro, limiteur personnalisé plage MF, rappel de mise au point).
Bonne nouvelle : Tamron utilise ici et encore un diamètre de filtre de 67 mm pour son optique macro, permettant d’utiliser le même filtre sur quasiment toutes les optiques hybrides du constructeur.
Un nouveau pare-soleil – plus long que sur la précédente version reflex – ajoute 7 cm à l’ensemble. Il dispose d’une fenêtre permettant de manipuler les filtres circulaires sans le retirer. Lorsqu’il est replié sur l’optique, cette ouverture permet également de tourner la bague de mise au point, ce qui est bien utile. À la distance minimale, l’usage du pare-soleil vient faire de l’ombre sur l’image.
Enfin, l’objectif dispose d’un port USB-C et de plusieurs joints d’étanchéité qui font qu’il résiste aisément aux projections d’eau et à la poussière, un gage de sureté pour l’utiliser, notamment dans la nature.
Performances et qualité d’image du Tamron 90 mm f/2,8 Di III Macro VXD
Nous avons testé le Tamron 90 mm f/2,8 Di III Macro VXD avec l’hybride plein format Nikon Zf ainsi que le Nikon Z8, dotés d’un capteur plein format de 24 Mpx pour l’un et de 45 Mpx pour l’autre.
Autant le dire tout de suite, la qualité d’image et le piqué tant apprécié sur la version reflex se retrouve ici sur le modèle pour hybride plein format.
N’hésitez pas à cliquer sur chaque image pour les voir en qualité optimale.
Sensation de piqué et netteté de l’image
Dès la pleine ouverture, on retrouve un très bon niveau de piqué au centre de l’image, et celui-ci ne s’améliore que marginalement en fermant le diaphragme. À partir de f/13, la sensation de netteté commence à diminuer, mais reste très correcte.
En périphérie, les performances sont bonnes à la pleine ouverture, mais s’améliorent en fermant.
Ainsi, l’objectif donne le meilleur de lui-même dès f/4 et le niveau de détails se maintient jusqu’à f/11, offrant une homogénéité exemplaire sur l’ensemble de la plage d’ouverture. Et bonne nouvelle, l’objectif est capable d’encaisser sans broncher les capteurs à haute définition. À noter, l’optique ne ferme qu’à f/16, contre f/32 sur la version reflex.
Les images capturées avec cet objectif Tamron sont très plaisantes, avec des clichés très contrastés.
Distorsions et aberrations
En termes de vignettage, on peut voir le verre à moitié vide ou à moitié plein. Avec les corrections de vignettage intégrées au boîtier, le vignettage est peu dérangeant, même s’il est présent à pleine ouverture et jusqu’à f/5,6. Par contre, en désactivant les corrections intégrées au boîtier (ici le Nikon Z8), les bords sont nettement assombris à la pleine ouverture et jusqu’à f/4. Ensuite, entre f/4,5 et f/5, le vignettage diminue, pour disparaître à f/6,3.
Ainsi, au rapport macro 1:1 (f/5,6), le vignettage est presque totalement absent, un très bon point.
Sur le plan des distorsions et aberrations chromatiques, celles-ci sont tout simplement imperceptibles, sans doute grâce aux 4 lentilles LD présentes.
Bokeh et flou d’arrière-plan
D’une optique macro, on attend souvent un très haut niveau de détails ainsi qu’un flou d’arrière-plan doux et progressif. Ici, l’objectif de Tamron propose un flou d’arrière-plan très diffus au rapport 1:1, avec également un bokeh très agréable, sans effet “onion ring” au sein des bulles de lumière.
Aux plus grandes ouvertures, et en raison du vignettage “naturel” de l’optique, on note un peu d’œil de chat aux extrémités de l’image.
Dans une utilisation plus polyvalente, par exemple en photographie de portrait, on note cependant que, malgré le flou, les éléments en arrière-plan sont très présents, même à pleine ouverture. Comparé à une optique portrait 85 mm f/1,4 réglée à l’ouverture f/2,8, le flou d’arrière-plan est ainsi beaucoup moins doux.
Ce 90 mm reste une très bonne option pour du portrait, à condition de soigner ses arrières-plans. Un fond uni sera idéal, mais réaliser du portrait de rue avec cet objectif nécessitera de trouver un arrière-plan très épuré.
Performances autofocus
La première chose que nous avons noté lors de ce test ont été les performances autofocus de l’objectif. En intégrant une motorisation VXD (Voice-coil eXtreme-torque Drive) à son 90 mm f/2,8 macro, Tamron a fait un pas de géant en termes d’autofocus, comparé à son précédent 90 mm macro pour reflex.
Ainsi, nous avons été véritablement surpris par la vélocité de l’autofocus, qui arrive à faire le point de manière très rapide et précise sur le sujet, que ce soit au rapport macro 1:1 ou pour un sujet plus éloigné. D’ailleurs, là où le limiteur de plage de mise au point est très utile sur certaines optiques macro pour accélérer l’AF, ici c’est presque accessoire. Même en plage complète, la transition entre un sujet à distance MAP minimale de 23 cm et à plusieurs mètres se fait très rapidement.
On utilisera cependant le limiteur pour éviter de faire le point de manière accidentelle sur des sujets en avant ou arrière-plan.
La motorisation VXD est également quasiment inaudible, à moins de coller l’oreille sur l’objectif et dans le silence absolu. On s’est d’ailleurs parfois demandé si nous n’étions pas en mode MF tellement l’optique était silencieuse.
Pour les cinéastes amateurs de plans très rapprochés, cet objectif sera ainsi particulièrement adapté, d’autant plus que le phénomène de focus breathing est très bien contrôlén.
Mentionnons ici une fois encore les différentes options de personnalisation de l’autofocus permises par le Tamron Lens Utility, utiles en photo mais aussi et surtout en vidéo, pour par exemple effectuer des transitions fluides entre deux points AF.
Seul point négatif ? L’absence de stabilisation intégrée à l’objectif. Certes, la majorité des boîtiers plein format Sony et Nikon sont désormais équipés d’un capteur stabilisé, ou cette optique sera utilisée en macro sur un trépied. Mais si vous êtes habitués à faire de la macro à main levée, l’absence de compensation de vibration (VC) est à noter. Sur ce point, les modèles haut de gamme de chez Sony et Nikon font mieux, mais pour un tarif bien plus élevé.
Voici une sélection de photos capturées avec le Tamron 90 mm f/2,8 Di III Macro VXD :
Face à la concurrence
En monture E et Z, plusieurs objectifs macro 1:1 autofocus et plein format sont disponibles. Face à ce Tamron 90 mm f/2,8, on retrouve notamment des options à focale équivalente proposée par Sony, Nikon ou encore Sigma.
En monture Nikon Z, le concurrent direct est le Nikkor Z 105 mm f/2,8 S MC VR. Combinant excellente qualité d’image et finitions exemplaires, cet objectif a un atout majeur face à Tamron : la stabilisation optique. Par contre, l’AF est un peu moins réactif – lire notre test – et l’optique est aussi un peu plus imposante, bien que quasiment aussi lourde. Enfin, son tarif de 1149 € peut faire réfléchir face à cette alternative Tamron.
En monture Sony E, plusieurs alternatives existent également. On notera ainsi le Sigma 105 mm f/2,8 DG DN Macro Art, sorti en 2020, qui constitue un rival de choix pour ce Tamron. Les performances optiques sont très bonnes dès f/2,8. Pour autant, si l’objectif est très bien construit, il est plus lourd et n’est lui aussi pas stabilisé. Il est proposé à 829 €.
Enfin, le Sony FE 90 mm f/2,8 Macro G OSS est lui aussi toujours dans la course avec deux atouts de taille : une stabilisation optique et un poids planché de 602 g. Pour autant, si ses performances optiques sont très correctes, il commence à accuser son âge (il est sorti en 2015) et sa conception optique, comme son autofocus sont en retrait face aux objectifs présentés plus haut. Disponible à 1099 €, son prix n’a presque pas varié en bientôt 10 ans.
Des solutions manuelles sont également intéressantes chez Laowa ou Samyang.
Tamron 90 mm f/2,8 Di III Macro VXD : un objectif performant et abordable pour les amateurs de macro et de portrait
Le Tamron 90 mm f/2,8 Di III Macro VXD en montures Sony E et Nikon Z est un objectif qui parvient à conjuguer haute performance optique, ergonomie compacte et un tarif attractif, le tout en bénéficiant des dernières avancées technologiques de Tamron.
Fidèle à la réputation de la marque pour les optiques macro, ce 90 mm répondra aux attentes des photographes pour de la prise de vues très rapprochées, des portraits bien contrastés ou même du paysage.
Sa qualité de construction, son bokeh soigné et son système autofocus très performant en font une optique polyvalente, adaptée aux boîtiers modernes à haute définition. Tamron a fait un choix judicieux en intégrant un moteur AF linéaire VXD, rapide et silencieux, tout en ajoutant des options de personnalisation via le Tamron Lens Utility, une touche appréciable pour les photographes et vidéastes.
Toutefois, l’absence de stabilisation optique peut être un inconvénient pour ceux qui font de la macro à main levée, bien que les boîtiers actuels équipés de capteurs stabilisés pallient en partie cette lacune.
En résumé, le Tamron 90 mm f/2,8 Di III Macro VXD est un excellent choix pour les amateurs et professionnels en quête d’un objectif macro performant et abordable. À ce titre, nous le recommandons sans la moindre hésitation.
L’objectif Tamron 90 mm f/2,8 Di III Macro VXD est proposé au tarif de 699 € en monture Sony E et Nikon Z.
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