Lancé début 2024 à l’occasion du salon CP+ de Yokohama, le Laowa 10 mm f/2,8 Zero-D FF vise à concilier très grand angle, distorsions maîtrisées et gabarit compact. Décliné en monture Sony E, Nikon Z, Canon RF et Leica L, il se distingue aussi (et surtout !) en étant le premier objectif Laowa à être doté d’une motorisation AF.
Sur le terrain, quelles performances optiques pouvons-nous obtenir ? L’autofocus (disponible uniquement en monture E et Z) est-il à la hauteur de nos espérances ? Laowa livre-t-il la nouvelle référence des ultra grand-angle pour hybrides plein format ? Nous l’avons utilisé pendant plusieurs mois : voici notre test complet du Laowa 10 mm f/2,8 Zero-D FF.
Sommaire
Présentation du Laowa 10 mm f/2,8 Zero-D FF
Depuis plusieurs années, Venus Optics propose de nombreuses focales fixes macro et ultra grand-angle. Avec un même dénominateur commun : une mise au point manuelle. Un point que le constructeur chinois entend bien changer avec ce Laowa 10 mm f/2,8 Zero-D FF, premier objectif de la marque à embarquer l’autofocus. Soit une vraie révolution copernicienne pour Laowa.
Cette focale fixe ultra grand-angle pour hybrides plein format se distingue également en offrant une focale très courte (angle de champ de 130,4°) et une ouverture lumineuse à f/2,8. À ce titre, il se destine particulièrement aux photographes d’architecture, de paysage – et à l’astrophotographie. Il se décline en monture Sony E, Nikon Z, Canon RF et Leica L. Attention : seules les versions E et Z sont dotées de l’autofocus.
Nous ne reviendrons pas en détail sur la fiche technique de cet objectif, que nous avons déjà développée lors de son annonce. Mentionnons cependant la formule optique très complexe (15 éléments répartis en 9 groupes). L’objectif se dote de 2 lentilles asphériques pour améliorer l’homogénéité, et de 3 lentilles LD pour supprimer les aberrations.
L’ouverture lumineuse à f/2,8 est assurée par un diaphragme à 5 lamelles. Une déclinaison spéciale, proposée par Venus Optics, intègre 14 lamelles. La distance minimale de MAP est de 12 cm, avec un rapport de grossissement de 0,24 x. Enfin, l’objectif arbore la mention « Zero-D » : les distorsions doivent être très contenues.
Voici la liste des caractéristiques du Laowa 10 mm f/2,8 Zero-D FF :
- focale : 10 mm (équivalent 15 mm en APS-C)
- objectif pour capteur : plein format
- ouverture max : f/2,8
- ouverture min : f/22
- angle de champ : 130,4°
- construction optique : 15 éléments répartis en 9 groupes (dont 2 lentilles asphériques et 3 lentilles ED)
- diaphragme : 5 lamelles
- distance minimale de mise au point : 12 cm
- stabilisation d’image : non
- tropicalisation : non
- grossissement max : 0,24x
- mise au point : motorisation autofocus (Sony E, Nikon Z) / manuelle (Canon RF, monture L)
- diamètre du filtre : 77 mm
- dimensions : ø 82 x 70,8 mm (D x L)
- poids : 420 g
- accessoires fournis : N.C.
- monture compatible : Sony E, Nikon Z, Canon RF, monture L
- tarif au lancement : 979 €
Ergonomie et prise en main
Pour son premier objectif autofocus, Laowa inaugure de nouveaux codes esthétiques. Le fût, toujours en métal, s’avère plus sobre, plus moderne, avec une couleur gris bleu. La bague de mise au point arbore un striage oblique assez original. Le liseré bleu, en revanche, est toujours de la partie. La sérigraphie est plus moderne. Sur les versions en monture RF et L, en revanche, le look est un peu moins moderne – mais on gagne une bague d’ouverture manuelle.
L’objectif se distingue aussi (et surtout) par sa compacité. Il mesure 7,08 cm de long – pour un diamètre maximal de 8,2 cm et un poids de 420 g. Compte tenu de la présence de l’AF, de la complexité de la formule optique et de l’ouverture à f/2,8, on aurait pu s’attendre à beaucoup plus. En outre, on apprécie beaucoup la lentille frontale plane, qui permet de monter des filtres circulaires de 77 mm de diamètre. Un pare-soleil en corolle, particulièrement discret, est fourni avec l’objectif.
Le nombre de contrôles manuels est limité au strict minimum. Un commutateur est dédié à l’autofocus et la bague de MAP, assez large, offre une bonne préhension.
Enfin, les finitions sont très bonnes… même si l’on regrette l’absence de joints d’étanchéité sur le fût (uniquement au niveau de la baïonnette). Prudence si vous prenez beaucoup de photos dans des environnements humides ou poussiéreux…
Performances et qualité d’image
Nous avons utilisé le Laowa 10 mm f/2,8 Zero-D FF sur un Nikon Z8, dont le capteur plein format compte 45 Mpx. Mais également sur un Nikon Z6 III et un Nikon Zf, équipés d’un capteur de 24,5 Mpx.
N’hésitez pas à cliquer sur chaque image pour l’afficher en qualité optimale.
Sensation de piqué et netteté de l’image
En termes de qualité d’image, le Laowa 10 mm f/2,8 Zero-D FF est un très bon élève. Le rendu des couleurs est plaisant – même si elles tirent parfois légèrement vers le bleu. La sensation de piqué est bien présente au centre de l’image. On veillera cependant à ne pas placer son sujet trop au bord du cadre aux ouvertures les plus larges, l’homogénéité étant parfois en retrait.
Dans le détail, les performances optiques sont correctes à la pleine ouverture (f/2,8) – mais il est nécessaire de fermer un peu pour obtenir une meilleure netteté. Le sweet spot est atteint à partir de f/4.
Compte tenu de la largeur du champ (130,4° !), la restitution des bords de l’image était l’un des points qui nécessitaient une attention particulière. Sans grande surprise, les bords de l’image souffrent d’une belle mollesse à la pleine ouverture. Le piqué s’améliore à partir de f/7,1, pour un niveau de performances satisfaisant à f/8. Néanmoins, même à f/14, les extrêmes bords de l’image ne peuvent rattraper le centre de l’image.
Ainsi, le comportement de l’objectif est très cohérent compte tenu de sa focale ultra-courte et du type d’utilisation visée. Les meilleures performances optiques s’obtiennent à partir de f/8 – soit l’ouverture la plus utilisée en photo d’architecture ou de paysage, justement.
Et sur le terrain ? Clairement, le Laowa 10 mm f/2,8 Zero-D FF permet d’obtenir de superbes images. Naturellement, un champ aussi large peut demander un certain temps d’adaptation. Une grande rigueur dans le cadrage et la composition sont également nécessaires. Au-delà, l’objectif ravira les amateurs – comme les professionnels – d’architecture, tant le niveau de détails peut être élevé. De ce point de vue, l’opticien chinois réussit largement son pari.
Distorsions et aberrations : élève Laowa, mention bien
Du côté des aberrations optiques, la copie rendue par Laowa s’avère très soignée. Les effets de flare sont particulièrement discrets. La perte de contraste en contre-jour et le ghosting sont inexistants. On apprécie beaucoup les belles étoiles à 10 branches qui apparaissent dès que l’on ferme un peu le diaphragme.
De même, les aberrations chromatiques sont plutôt bien maîtrisées. À f/2,8, on discerne cependant une petite frange violette sur des détails situés tout au bord de l’image. Heureusement, elle se corrige facilement.
Le vignetage, de son côté, est cohérent au vu de la largeur du champ. En effet, les objectifs ultra grand-angle sont connus pour leur propension à assombrir naturellement les coins. Ainsi, sans surprise, le vignetage est très présent à la pleine ouverture. Pour autant, l’assombrissement se fait plus léger à f/5,0, et devient nettement moins perceptible à f/8. Heureusement, le profil de correction de Lightroom corrige tout cela très bien.
Enfin, l’objectif arbore fièrement la mention « Zero-D » (pour « zéro distorsion »). Et sur le terrain, force est de constater que les déformations du champ sur les bords sont particulièrement bien maîtrisées. Les distorsions en barillet sont quasiment imperceptibles. La promesse de Laowa est donc parfaitement remplie – pour la plus grande joie des photographes d’architecture ou d’immobilier.
On notera seulement que les objets placés aux 3/4 de l’image sont légèrement étirés – ce qui paraît inévitable compte tenu de la focale.
Distance minimale de mise au point ultra-courte
À l’instar des autres objectifs du constructeur, le Laowa 10 mm f/2,8 Zero-D FF s’illustre par une distance minimale de MAP ultra courte. Elle est de 12 cm seulement par rapport au capteur. En clair : il est possible de coller le pare-soleil au sujet – au risque d’être gêné par son ombre.
Sans surprise, en s’approchant aussi près du sujet, les résultats obtenus sont très surprenants – et encore plus en photo de portrait. Pas sûr que cet objectif soit le plus indiqué pour valoriser vos proches ! En revanche, la séparation des plans est harmonieuse.
Néanmoins, compte tenu de l’homogénéité en retrait, on réservera les ouvertures les plus larges aux photos en (très) basse lumière à main levée…
Autofocus du Laowa 10 mm f/2,8 Zero-D FF
Comme indiqué plus haut, le Laowa 10 mm f/2,8 Zero-D FF est le premier objectif de l’opticien chinois à profiter d’une motorisation AF. Côté technique, il s’agit d’un autofocus pas-à-pas très classique. Sur le terrain, cet AF s’avère silencieux… et plutôt réactif.
Globalement, en plein jour, les performances AF de cet objectif Laowa sont correctes. La mise au point est effectuée sans hésitation. Dans ce cas de figure, le nombre de déchets liés à l’autofocus est très bas.
Les choses se compliquent davantage en basse lumière. Malheureusement, l’objectif a parfois tendance à « pomper » et laisse le boîtier déclencher… avec une MAP ratée. Une limite dont il faudra avoir conscience.
Notez que seules les déclinaisons en monture Sony E et Nikon Z sont équipées de l’autofocus. Les utilisateurs d’un hybride en monture RF (Canon) ou L (Leica, Panasonic, Sigma) resteront sur leur faim. Pour la monture RF, ce point est assez facile à comprendre, Canon n’ayant partagé les protocoles de sa monture hybride (AF, stabilisation…) qu’avec un nombre très restreint de constructeurs « tiers ». Côté monture L, en revanche, l’absence d’AF est plus difficile à expliquer.
Enfin, l’objectif fait l’impasse sur la stabilisation optique et se repose entièrement sur l’IBIS du boîtier. Un point (très) prévisible, la distance focale ultra-courte étant moins contraignante à main levée.
Retrouvez ci-dessous une sélection de photos capturées avec le Laowa 10 mm f/2,8 Zero-D FF :
Le Laowa 10 mm f/2,8 Zero-D FF face à la concurrence
Compte tenu de sa focale ultra courte et de son ouverture lumineuse, le Laowa 10 mm f/2,8 Zero-D FF ne rencontre pas beaucoup de concurrents sur sa route.
En monture Sony E, la seule véritable alternative est le Sony FE 14 mm f/1,8 GM. Évidemment, son angle de champ est moins large (114°) mais l’objectif présente plusieurs arguments (très) séduisants : une excellente qualité d’image, un AF très réactif, un poids contenu (460 g). Il est proposé au tarif de 1600 €. Mentionnons également le Sigma 14 mm f/1,8 DG HSM Art, lui aussi pertinent mais très gros et lourd.
Du côté des zooms, on retiendra surtout le Sony FE 12-24 mm f/2,8 GM, qui s’avère très judicieux pour les professionnels de l’architecture. Si sa plage focale 12-24 mm lui confère une plus grande polyvalence, son gabarit et son tarif de 3299 € doivent aussi être appréciés en conséquence.
En monture Nikon Z, le choix est considérablement plus limité. Mentionnons cependant les Nikkor Z 14-24 mm f/2,8 S et Nikkor Z 14-30 mm f/4 S. S’ils ne peuvent rivaliser en termes de largeur de champ, ils compensent par une excellente qualité d’image et un autofocus réactif. Ils sont proposés au tarif respectif de 2679 € et 1549 €.
En monture Canon RF, on retrouve le Canon RF 16 mm f/2,8 STM. Avec son angle de champ de 98° « seulement », il ne peut concurrencer l’objectif de Laowa. Pour autant, sa focale 16 mm est peut-être plus facile à maîtriser. Il profite également d’un gabarit plus réduit… et de l’autofocus (contrairement à la version RF de l’objectif de Laowa !). Il est proposé au tarif doux de 349 €.
Mentionnons aussi le Canon RF 10-20 mm f/4 L IS STM. Sa plage focale 10-20 mm lui confère une dose de polyvalence supplémentaire, mais son ouverture à f/4 est plus réduite. Cependant, son gabarit et son prix de 2699 € sont loin d’être négligeables…
Côté monture L, le choix est également très restreint. On retrouve le Sigma 14 mm f/1,8 DG HSM Art. Il profite de l’autofocus, contrairement à la version L de l’objectif de Laowa… mais son gabarit est considérablement plus élevé. Il est proposé à 1599 €.
Finalement, les seuls vrais concurrents viennent de Laowa lui-même. On retiendra particulièrement le Laowa 12 mm f/2,8 Zero-D, le Laowa 15 mm f/2 Zero-D (lire notre test), ainsi que les Laowa 9 mm f/5,6 FF RL et Laowa 14 mm f/4 FF RF Zero-D (en monture L, adaptables via une bague fournie). Mais tous ces objectifs ont un point commun : il s’agit d’objectifs manuels, sans communication avec le boîtier – et dont les performances optiques ne sont pas forcément aussi bonnes que ce Laowa 10 mm f/2,8 Zero-D FF.
Laowa 10 mm f/2,8 Zero-D FF : une étape majeure pour le constructeur chinois
Cette focale fixe ultra grand-angle est assurément une étape majeure pour Laowa. En tant que premier objectif autofocus de la marque, il confirme les (grandes) ambitions de l’opticien Venus Optics, qui vise à concurrencer frontalement les acteurs coréens ou japonais.
Et sur le terrain, force est de reconnaître que le Laowa 10 mm f/2,8 Zero-D FF ne manque pas d’atouts. Grâce à son angle de champ ultra-large (130°), on peut redécouvrir son environnement sous un aspect totalement différent. Mieux encore, l’objectif marie cet aspect avec une bonne qualité d’image et un gabarit très maîtrisé (420 g seulement). Les distorsions sont très bien contrôlées et l’autofocus – réservé aux versions en monture E et Z – s’avère convaincant (en plein jour).
Bien sûr, certains points demeurent perfectibles. Ainsi, il est nécessaire de fermer franchement le diaphragme (f/8) pour profiter d’une meilleure restitution des bords de l’image. Le vignetage à f/2,8 est très prononcé. Mais ces deux défauts ne sont absolument pas surprenants compte tenu de la largeur du champ. Et ils s’effacent bien rapidement devant le soin apporté par Laowa à cet objectif.
Enfin, son tarif – identique pour les versions équipées de l’AF (monture E et Z) et pour celles démunies de l’AF (montures L et RF) – s’avère raisonnable, surtout face aux propositions concurrentes. Offrant un solide rapport qualité-prix, il séduira sans difficulté les spécialistes de la photographie d’architecture et de paysage. Et il est certainement l’un de nos coups de cœur de l’été 2024.
Le Laowa 10 mm f/2,8 Zero-D FF est proposé au tarif de 979 € en monture Sony E (AF), Nikon Z (AF), Canon RF et Leica L
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