Test Sigma 50 mm f/1,4 DG DN Art : optique lumineuse, bien construite et bien piquée

8.5
sur 10

En février 2023, Sigma dévoilait son Sigma 50 mm f/1,4 DG DN Art, une nouvelle focale fixe pour boîtiers hybrides plein format en monture E et L. Son but : remplacer l’un des objectifs phare de l’époque reflex et proposer une optique à même d’encaisser les fortes définitions des derniers hybrides. Avec ce nouveau venu, Sigma souhaite confirmer le positionnement sans compromis de la gamme Art tout en conservant une tarification attractive face aux équivalents Sony/Lumix/Leica.

L’essai est-il transformé ? Nous avons essayé cet objectif pendant plusieurs semaines et voici notre test complet du 50 mm f/1,4 DG DN Art.

Présentation du Sigma 50 mm f/1,4 DG DN Art

Le 50 mm de Sigma a popularisé la désignation Art. En effet, le Sigma 50 mm f/1,4 DG HSM Art est le second objectif constitutif de la série Global Vision Art, introduite en 2013 avec le 35 mm f/1,4. Cette gamme « Art » a donné à Sigma l’image d’un constructeur d’optiques de haute qualité, tout en demeurant accessibles.

Elle incarne aujourd’hui une alternative sérieuse aux modèles premium de Canon, Sony et Nikon. On distingue ainsi chez Sigma les optiques DG HSM pour reflex et DG DN pour hybrides. On notera cependant que ce nouveau Sigma 50 mm f/1,4 DG DN Art est affiché au tarif de 949 €, soit une hausse de 20 % par rapport à la version pour reflex.

Le remplacement d’un tel pilier n’est pas neutre pour le fabricant japonais, car Sigma promet que le nouveau venu améliore en tout point un objectif déjà très performant. Cela passe par une réduction notable du poids, en baisse de 145 g (670 g pour le 50 mm f/1,4 DG DN contre 815 g pour le 50 mm f/1,4 DG HSM).

Dimensions similaires au 35 mm f/1.4 DG DN Art (à gauche) et réduites lorsque comparées au 50 mm f/1.4 DG HSM Art avec sa bague d’adaptation (à droite)

En outre, l’objectif est moins encombrant, avec seulement 11 cm de long. Le diamètre maximal est également moins large (hors pare-soleil) avec 78,2 mm de diamètre, contre 85,4 mm pour la version pour reflex. En conséquence, l’objectif utilise un diamètre de filtre de 72 mm (contre 77 mm auparavant) et c’est ici que va apparaitre notre première critique.

Comme on peut le voir sur l’image ci-dessus, les dimensions sont identiques au 35 mm de la même gamme mais les diamètres de filtres diffèrent (67 contre 72 mm). L’absence de logique de gamme pourrait en agacer certains, surtout dans un contexte où la production vidéo et le recours à des filtres ND est de plus en plus courante. L’intégralité de la gamme de zooms f/4 de Canon propose la même taille de filtre (77 mm). C’est également le cas des toutes les focales fixes f/1,8 Lumix (67 mm) ou de la quasi totalité des objectifs Tamron en monture E de Sony (67 mm). Sigma loupe ici une occasion de faciliter la vie des photographes/vidéastes.

Malgré les dimensions plus contenues, la formule optique est plus complexe. Nous comptons désormais 14 éléments répartis en 11 groupes, dont 3 lentilles asphériques ainsi qu’une lentille SLD (très faible dispersion). Cet enrichissement devrait permettre de corriger les aberrations chromatiques et le flare reprochés à la première version. Le diaphragme est aussi revu : 11 lamelles contre 9 auparavant. L’ambition est ici clairement de travailler la douceur du bokeh. Nous détaillerons plus bas si ces objectifs sont atteints.

Voici la liste des caractéristiques du Sigma 50 mm f/1,4 DG DN Art : 

  • focale : 50 mm (équivalent 75 mm en APS-C)
  • objectif pour capteur plein format
  • ouverture max : f/1,4
  • ouverture min : f/16
  • angle de champ : 46,8°
  • construction optique : 14 éléments répartis en 11 groupes dont 3 lentilles asphériques et 1 lentille SLD
  • diaphragme : circulaire, 11 lamelles
  • distance minimale de mise au point : 45 cm
  • stabilisation d’image : non
  • tropicalisation : résistant à la poussière et aux éclaboussures
  • grossissement max : 0,15x
  • mise au point : autofocus, motorisation HLA (High-response Linear Actuator)
  • diamètre du filtre : 72 mm
  • dimensions : ø 78,2 x 109,5 mm (D x L)
  • poids : 670 g
  • accessoires fournis : pare-soleil, bouchons avant et arrière
  • monture compatible : Sony E, monture L
  • prix de lancement : 949 €

Prise en main du Sigma 50 mm f/1,4 DG DN Art

La qualité de fabrication et de finition des objectifs Sigma est certainement le premier point que l’on note à la prise en main. La sensation premium est indéniable,

Si nous avons loué la réduction d’encombrement, l’objectif de 670 grammes n’est pas léger pour autant. Il ne passe pas inaperçu sur une longue journée et dans l’univers Sony, l’équivalent Sony FE 50 mm f/1,4 GM est autrement plus sympathique (516 grammes), le fût métallique en moins.

Une fois cet encombrement digéré, le Sigma 50 mm f/1,4 DG DN Art est un délice. Nous retrouvons à la base du fût la bague d’ouverture métallique désormais habituelle chez Sigma, qu’il est possible d’opérer avec ou sans clic à chacune des positions, avec une position A pour gérer l’ouverture depuis le boîtier.

En plus du traditionnel commutateur AF/MF, on retrouve également un bouton AFL (verrouillage de l’autofocus), auquel on peut assigner la fonction de son choix depuis le menu du boitier.

Le caoutchouc est judicieusement déployé dans la construction. D’abord sur la bague de mise au point à l’avant. Proéminente et bien texturée, elle tourne sans butée mais confère un ressenti correct en mise au point manuelle.

L’objectif, contrairement à la version reflex, dispose de plusieurs joints d’étanchéité, offrant une protection contre l’humidité et la poussière, un très bon point.

Le Sigma 50 mm f/1,4 DG DN Art est assurément très élégant et bien fini. Le recours au métal pénalise un peu son poids et le rend aussi plus sensible aux rayures, mais les détails et l’application dans la construction sont toujours aussi flatteurs. Et ceci jusqu’au pare-soleil, verrouillable et de très belle facture.

Qualité d’image du Sigma 50 mm f/1,4 DG DN Art

Nous avons testé cet objectif sur le très exigeant Sony A7R IV au capteur 24×36 de 61 Mpx. Vous pouvez cliquer sur chaque image pour l’afficher en plus grande résolution.

Sony A7R IV – Sigma 50 mm f/1,4 DG DN Art – f/1,4 – 1/125 s – ISO 320
Sony A7R IV – Sigma 50 mm f/1,4 DG DN Art – f/1,4 – 1/30 s – ISO 12800
Sony A7R IV – Sigma 50 mm f/1,4 DG DN Art – f/1,4 – 1/500 s – ISO 100
Sony A7R IV – Sigma 50 mm f/1,4 DG DN Art – f/8 – 1/500 s – ISO 250

Le Sigma 50 mm f/1,4 DG DN Art est un digne membre de la série Art et délivre une image de très bonne qualité dès sa pleine ouverture. Le centre est très bon et les coins également.

Sony A7R IV – Sigma 50 mm f/1,4 DG DN Art – f/1,4 – 1/30 s – ISO 1000

Il faut attendre f/2 pour arriver à l’excellence avec une homogénéité de l’image de bord à bord. On sent bien que les 61 Mpx du capteur sont pleinement mis à contribution. Même en observant l’image dans son ensemble, le gain entre f/1,4 et f/2 est assez perceptible.

Sony A7R IV – Sigma 50 mm f/1,4 DG DN Art – f/2 – 1/250 s – ISO 125

Le niveau de piqué à f/2,8, f/4 et f/5,6 est particulièrement élevé. Nous avons du détail sur toute l’image. Le Sigma 50 mm f/1,4 DG DN Art délivre une prestation de haute volée.

Sony A7R IV – Sigma 50 mm f/1,4 DG DN Art – f/2,8 – 1/500 s – ISO 160
Sony A7R IV – Sigma 50 mm f/1,4 DG DN Art – f/4 – 1/500 s – ISO 125

À f/8, les performances régressent légèrement. Nous ne sommes pas encore en territoire de diffraction, mais nous sommes en-dessous des pics atteints à f/4. Si cela reste très satisfaisant, nous recommandons de ne pas aller au-delà.

Sony A7R IV – Sigma 50 mm f/1,4 DG DN Art – f/8 – 1/500 s – ISO 250

Distorsions, aberrations chromatiques : un bon élève ; pour le flare un peu moins

Au chapitre des aberrations, le Sigma 50 mm f/1,4 DG DN Art s’en sort avec les honneurs. Il résiste plutôt bien au flare dans le sens où il ne laisse pas souvent apparaître d’artefact dans l’image, mais il y a bien une petite perte de contraste et un voile autour de la source lumineuse. C’est un point où il fait moins bien que les équivalents de la concurrence.

Sony A7R IV – Sigma 50 mm f/1,4 DG DN Art – f/8 – 1/125 s – ISO 8000

Vous notez sur l’image ci-dessus à quel point le bruit numérique du capteur est perceptible dans les coins de l’image. Ceci est le reflet d’un vignettage important. Certes, le profil le corrige assez bien à bas ISO. Mais si vous êtes à haut ISO, comme sur l’image ci-dessus, vous risquez une véritable dégradation dans les coins. Nous vous laissons juge de la quantité de vignetage et de la qualité de la correction sur un niveau d’ISO beaucoup plus raisonnable – ISO 1600

Enfin, les aberrations chromatiques étaient une véritable faiblesse de la version pour reflex. Sur ce point, cette version DG DN pour hybride est véritablement améliorée et on perçoit ici tout l’intérêt de cette nouvelle formule optique. Une scène avec des chromes comme ci-dessous n’a rien révélé de troublant.

Sony A7R IV – Sigma 50 mm f/1,4 DG DN Art – f/1,4 – 1/4000 s – ISO 100

Précisons toutefois que la gestion n’est pas absolument parfaite. Sur un capteur ultra-défini (et à la pleine ouverture), on peut apercevoir des aberrations de temps en temps si l’on zoome fortement dans l’image.

Toutefois, dès f/2, ces franges magenta disparaissent. Avec ce nouveau 50 mm, Sigma conserve son statut de challenger des références du marché. Seul un soupçon d’aberrations chromatiques à f/1,4 et un piqué un peu en retrait à la pleine ouverture le distinguent des meilleurs élèves.

Autofocus rapide, silencieux, mais pas sans défaut

Sony A7R IV – Sigma 50 mm f/1,4 DG DN Art – f/2 – 1/8000 s – ISO 100

Sigma a doté son nouveau 50 mm d’une motorisation linéaire HLA (High-response Linear Actuator). Inaugurée par le super télézoom 60-600 mm f/4,5-6,3 DG DN OS, il s’agit de la technologie la plus haut de gamme du fabricant. Rapide, silencieuse et très précise.

Nous confirmons que les opérations de mise au point approchent les références Canon Série L ou Sony GM. Détection et suivi sont instantanés et ceci même lors de nos sorties nocturnes. Nous sommes très loin de l’époque où les focales fixes étaient hésitantes et imprécises.

Sony A7R IV – Sigma 50 mm f/1,4 DG DN Art – f/1,4 – 1/125 s – ISO 200

Les vidéastes noteront cependant que cet objectif souffre du focus breathing – comme beaucoup d’autres objectifs comparables. Par contre, ils apprécieront que les opérations se déroulent en parfait silence et que les transitions se font avec douceur.

L’objectif ne dispose pas de stabilisation. Ce n’est pas un problème pour cette focale, d’autant plus que la majorité des boîtiers plein format récents disposent d’une stabilisation capteur, qui peut être complétée par une stabilisation électronique en vidéo.

Quelles sont les alternatives au Sigma 50 mm f/1,4 DG DN Art ?

La monture Sony E est riche en propositions de qualité à 50 mm et cet objectif Sigma affronte une concurrence particulièrement affutée à commencer par son cadet 50 mm f/2 DG DN Contemporary, arrivé sur le marché à peine 3 mois plus tard.

À 699 €, le Sigma 50 mm f/2 est 25% moins cher et offre une alternative de qualité, superbement construite et très piquée. Outre la différence en termes d’ouverture, très peu de points vont distinguer ces 2 objectifs. La version f/1,4 a un bokeh plus doux à ouverture identique, la version f/2 est significativement plus légère, plus résistante au flare – mais pas totalement tropicalisée. Au seul chapitre du piqué, les performances sont identiques. La différence entre ISO 6400 et ISO 12 800 est énorme si vous avez un usage professionnel ; autrement, la légèreté et aisance d’utilisation favorisent la version f/2.

Le FE 50 mm f/1,4 GM de Sony est probablement l’alternative la plus évidente et pour cause, Sony a mis les petits plats dans les grands lors de sa conception. Il ne souffre d’aucun défaut optique, est bien plus léger et notablement plus piqué à la pleine ouverture si utilisé sur un capteur de très haute définition. Il n’est pénalisé que par son tarif de 1700 € qui financerait presque deux équivalents Sigma.

Un professionnel qui utilise un A7R V ou A1 sur de longues journées peut justifier et apprécier le gain de poids et de résolution ; le commun des mortels probablement moins. Rappelons que Sony réserve la compensation du focus breathing et la rafale à 30 i/s (dans le cadre de l’Alpha 1) à ses objectifs propres uniquement : un argument additionnel pour nous inciter à casser notre tirelire.

Si vous jugez le bokeh f/1,4 insuffisant, l’ouverture à f/1,2 est faite pour vous ! Le FE 50 mm f/1,2 GM reprend toutes les caractéristiques évoquées plus haut avec un arrière-plan encore plus crémeux et de meilleures performances par basses lumières. Attention toutefois à ses 778 grammes qui se font sentir dans votre sac et son tarif de 2299 €.

Chez Samyang, l’objectif AF 50 mm f/1,4 FE II offre une alternative plus abordable et légère (420 g). Un peu moins piqué sur les bords, il est un chouia meilleur au centre à la pleine ouverture et globalement un peu moins performant aux ouvertures moyennes. C’est toutefois une excellente option à cette focale même si son autofocus et sa construction plastique sont un peu moins plaisants. Il est commercialisé au tarif de 699 €.

Lancé en 2013, le Sonnar T* FE 55 mm f/1,8 ZA de Sony, n’est plus spécialement jeune mais possède lui aussi un fût métallique. En revanche, il n’offre aucun bouton, stabilisation ou tropicalisation. Ses performances sont largement perfectibles, avec un piqué bien en retrait avant f/5,6 et un autofocus plus hésitant. Affiché à 809 € neuf et aux alentours de 450 € d’occasion, c’est aujourd’hui un cailloux assez difficile à recommander.

À qui s’adresse le Sigma 50 mm f/1,4 DG DN Art ?

Une focale 50 mm est largement plébiscitée par la communauté des photographes pour sa polyvalence. Cette proposition de Sigma nous parait bien indiquée aux portraitistes et photographes événementiels pour qui cette ouverture f/1,4 est essentielle.

Sony A7R IV – Sigma 50 mm f/1,4 DG DN Art – f/1,4 – 1/500 s – ISO 100

La photographie de rue nocturne est aussi un champ d’application intéressant. On pourra ici associer les performances du Sigma 50 mm f/1,4 DG DN Art à la stabilisation des capteurs Sony.

Sony A7R IV – Sigma 50 mm f/1,4 DG DN Art – f/1,4 – 1/125 s – ISO 1250

Conclusion

À n’en point douter, ce 50 mm f/1,4 DG DN Art de Sigma en monture E et L est une franche réussite. Il est considérablement plus léger que son aïeul pour reflex, ajoute la tropicalisation et améliore la gestion des flare et aberrations chromatiques – même s’il n’atteint pas tout à fait la perfection. Le piqué à la pleine ouverture et les performances autofocus s’améliorent grandement eux aussi.

Le paysage est toutefois bien différent de l’ère des reflex. Si cet objectif Sigma est très réussi, il n’est pas seul sur le marché et des alternatives chez Sony GM sont meilleures, même si bien plus coûteuses. Samyang est également monté en gamme tout en offrant un tarif encore accessible, sans compter la concurrence interne de la version f/2 chez Sigma.

Notre objectif du jour est handicapé par une hausse de tarif de 20 % (par rapport à la version reflex) et un gabarit au-dessus de la concurrence. Ainsi, ce Sigma 50 mm f/1,4 DG DN Art ne s’impose plus tout à fait comme l’évidence qu’il a pu être autrefois, même si vous ne serez pas déçu par ses prestations.

Le Sigma 50 mm f/1,4 DG DN Art est disponible en monture E et L au tarif de 939 € chez Digit-PhotoMiss Numérique, Digixo, Camara, Photo-Univers, IPLN et à la Fnac.

Test Sigma 50 mm f/1,4 DG DN Art : optique lumineuse, bien construite et bien piquée
Qualité d'image
8.6
Fabrication / finitions
9.2
Fonctionnalités
8.6
Vitesse autofocus et précision
8.5
Qualité du bokeh
8.8
Ergonomie
8.5
Taille et poids
8
Rapport qualité/prix
8
Points forts
Ouverture lumineuse f/1,4
Excellente construction
Bokeh doux et propre
Bague d'ouverture manuelle décrantable
Autofocus rapide, précis et silencieux
Points faibles
Encombrement perceptible
Focus breathing en vidéo
Vignettage très prononcé
Tarif en hausse
Piqué en retrait à la pleine ouverture sur les capteurs de très haute définition
8.5
sur 10