Mesnographies 2023 : un festival éclectique autour de la maternité, de l’environnement et du genre

Depuis 2021, le festival Mesnographies est devenu l’un des temps forts de la programmation culturelle francilienne. Au cœur de la forêt de Rambouillet, le village de Les Mesnuls accueille du 3 au 25 juin 2023 une programmation riche et éclectique autour de trois thématiques : la maternité, l’environnement et le genre. Un événement en plein air gratuit et accessible à tous.

Mesnographies : une programmation internationale pour une balade artistique en plein air

Le festival est né d’une volonté de redonner de l’importance à la balade urbaine et paysagère, après les différents confinements de 2020 et 2021. Depuis, il s’empare chaque année du Parc des Mesnuls pendant trois semaines, et croise les regards de différents photographes sur le monde. Enfin, chaque année, un focus est choisi sur un sujet dont la femme est le centre.

Parrainé par Marion Hislen, fondatrice du festival Circulation(s), cette 3e édition s’articule autour de trois thèmes principaux : la maternité, l’écologie, et le genre. Les travaux présentés vont néanmoins au-delà de ces thématiques et sont le résultat des choix de la direction artistique du festival, aux mains de Claire Pathé et Consuelo Chozas. 21 artistes de 13 pays différents (dont l’Italie, la Belgique, la Pologne, le Maroc, l’Afrique du Sud, le Japon…) ont ainsi été invités à exposer.

Pour illustrer les trois thématiques phares de cette édition, nous avons choisi de mettre en lumière les travaux de trois artistes exposés: Charlotta Hammar, Yasmine Hatimi et Sofia Busk.

La nature urbaine comme lieu d’exposition

Pour cette troisième édition, le festival propose un nouveau parcours hors les murs dans le parc naturel régional de la Haute Vallée de la Chevreuse. Nommé « Le jardin n’est pas clos », il constitue une invitation à s’immerger dans la nature et dans son potentiel artistique.

All shelters are marked with a sign © Charlotta Hammar

L’occasion de découvrir la série All shelters are marked with a sign de Charlotta Hammar. Elle met en scène des paysages de Göteborg et des archipels alentours.  Capturés avec un Rolleiflex, les images colorisées ont illustré la brochure gouvernementale If War or Crisis Comes distribuée à l’ensemble de la population suédoise pour diffuser les bonnes pratiques en cas d’évènement climatique ou géopolitique majeur.

Les photographies de Charlotta Hammar sont tantôt rassurantes, tantôt angoissantes. On y voit les paradoxes d’une nature encore fertile, disponible, accessible, et pourtant à bout de force suite aux exploitations humaines. On ressent la finitude des ressources naturelles et la possibilité d’une catastrophe prochaine.

All shelters are marked with a sign © Charlotta Hammar

Ce que la photographie dit du genre : explorer une masculinité vulnérable

Si l’écologie est en effet un des enjeux phares de l’édition, les problématiques liées au genre sont également centrales dans la programmation choisie. Après plusieurs années de vie et d’études à Madrid, Yasmine Hatimi est retourné à Casablanca, sa ville d’origine. Ce retour aux sources est synonyme d’un renouveau dans son travail, et elle décide de tourner son objectif vers les jeunes hommes marocains.

La chasse aux papillons © Yasmine Hatimi

La série présentée pour les Mesnographies, nommée La chasse aux papillons, explore la thématique de la masculinité dans un contexte et un environnement politique et social marqué par le patriarcat. La photographe montre les contrastes ou parfois les résonnances entre les lieux de la sociabilité, à savoir la rue et les espaces publics, et les lieux de l’espace intime, un jardin secret où tout est encore possible.

Elle montre en quoi les jeunes hommes photographiés oscillent entre représentation publique et recherche intime de soi. Elle révèle par ses images les faces vulnérables de la masculinité, souvent mises sous silence ou dissimulées dans les lieux publics.

La chasse aux papillons © Yasmine Hatimi

Focus sur la maternité, une expérience au féminin

Dans la lignée d’une réflexion sur le genre et ses implications, le focus du festival Mesnographies est cette année dédiée à la maternité : cette expérience intense qui révolutionne le corps autant que l’esprit de la femme qui met au monde. Un spectacle et une conférence, programmés le jeudi 15 juin au soir, accompagnent plusieurs travaux sur cet enjeu sociétal. Ce focus propose une réflexion autour de la responsabilité, du choix, et des états émotionnels qu’engendre la maternité.   

Daughters of Nairobi © Sofia Busk

L’une des photographes exposées sur ce thème, Sofia Busk, propose une série intitulée Daughters of Nairobi.  Un travail d’immersion dans les bidonvilles de Nairobi dénonçant les abus et viols de jeunes filles qui s’y sont multipliés durant le Covid-19. Les clichés racontent la maternité forcée, celle qui est issue de la violence. Au Kenya, les violences sexuelles à l’égard des femmes a augmenté de 93 % au cours de la seule année 2020, selon une enquête gouvernementale. Les images nous font réfléchir sur la systématisation de la violence et son exacerbation durant les périodes de crise, au Kenya et partout ailleurs.

Daughters of Nairobi © Sofia Busk

À travers les nombreux travaux présentés, le festival Mesnographies parvient à consolider une approche transversale des principaux enjeux sociétaux contemporains. La programmation ne se limite pas à une vision uniquement européenne, mais ouvre la voie à des photographes internationaux et aux réalités multiples qu’ils documentent.

Tous les artistes exposés dans le cadre de la 3e édition des Mesnographies sont à retrouver sur le site du festival.

Informations pratiques
Festival Mesnographies
Parc municipal de Les Mesnuls
Du 3 au 25 juin 2023
13 Grande Rue, 78490 Les Mesnuls
Du lundi au dimanche de 9h à 19h
Accès libre et gratuit