Nouveau rebondissement dans l’affaire opposant Nikon à RED. Les deux constructeurs abandonnent leurs actions en justice, Nikon ayant été accusé d’avoir violé certains brevets de RED concernant des technologies de compression d’image vidéo. En clair, la marque jaune et noire peut donc continuer à proposer le RAW compressé en vidéo sur son Nikon Z 9 (et ses prochains modèles).
Acte I : le dépôt de plainte de RED à l’encontre de Nikon
En mai 2022, RED avait déclenché une mini-tornade dans le petit monde de la vidéo. La marque américaine, très connue pour ses caméras vidéo (très) haut de gamme, avait intenté un procès à Nikon, l’accusant d’avoir utilisé sans autorisation ses technologies de compression vidéo.
Suite à la mise à jour 2.0 du Nikon Z 9, RED avait ainsi porté plainte pour la violation de 7 de ses brevets portant sur « une caméra vidéo proposant une compression vidéo élevée sans perte de qualité visuelle ».
En septembre dernier, Nikon avait contre-attaqué en remettant en cause le bien-fondé des brevets de RED, arguant que ces derniers n’auraient jamais dû être octroyés à la marque américaine. Selon Nikon, les faits dénoncés par RED étaient « invalides », étant donné qu’ils ne remplissaient pas les conditions pouvant mener à un dépôt de brevet.
En effet, au regard de bon nombre d’observateurs, le brevet déposé par RED s’avère beaucoup trop vague, empêchant tout autre constructeur de proposer une caméra disposant d’un format d’enregistrement vidéo RAW compressé, quel que soit le codec utilisé.
Il faut dire que RED est également connu pour avoir intenté plusieurs actions en justice – notamment contre Sony et DJI. Ainsi, la fonction d’enregistrement RAW du DJI Ronin 4D, prévu à son lancement, a été retiré à la dernière minute par le constructeur, non pour des raisons techniques, mais sûrement pour des raisons juridiques.
Acte II : les deux marques abandonnent conjointement leurs actions en justice
Le 25 avril 2023, nouveau coup de théâtre : Nikon et RED annoncent l’abandon de leurs actions en justice – une procédure connue aux États-Unis sous le nom de « Rule 41 dismissal ». En conséquence, la Cour du District Central de la Californie a classé sans suite l’affaire opposant les deux marques.
Pour autant, on ignore le contexte entourant cette décision conjointe des deux marques. Un accord a probablement été signé entre les deux parties – évitant aux deux marques une longue (et coûteuse) action en justice.
Pour Nikon, cet accord s’avère ô combien bénéfique, la marque pouvant continuer à proposer la compression N-RAW, qui permet au Nikon Z 9 de proposer « un enregistrement vidéo RAW haute efficacité jusqu’à 8K et 60p ». Un point essentiel pour éviter que les cartes et disque durs ne soient engorgés par un flux massif de données (et pour éviter toute surchauffe du boîtier).
Acte III : plongée dans l’inconnu
Certains analystes voient dans cet accord une manière pour RED d’éviter que ses brevets ne soient annulés par un tribunal. En signant un deal avec Nikon, la marque américaine « lâche du lest »… et protège ses précieux brevets – lui évitant ainsi un effet en cascade.
Car si cette décision autorise Nikon à proposer la compression vidéo RAW sur ses boîtiers, elle n’indique en rien que les autres marques (Sony, DJI…) pourront la proposer au sein de leurs caméras. Le cas du récent DJI Inspire 3 est à ce titre intéressant, le drone étant capable de filmer jusqu’en 8K 75 fps. Un accord entre DJI et RED aurait-il été signé ? Il n’est pas interdit de le penser – même si aucun élément ne permet de le corroborer.
Nous avons également remarqué que depuis fin mars 2023, la licence Apple ProRes RAW pour le DJI Ronin 4D était disponible à l’achat sur le site DJI, au tarif de 999 €. Coïncidence ?
In fine, cet accord entre Nikon et RED est largement bénéfique pour les vidéastes utilisant du matériel vidéo de la marque jaune et noire. En revanche, les autres marques souhaitant proposer cette « fameuse » technologie de vidéo RAW compressée continueront d’être confrontées aux brevets déposés par RED.
