Le Prix James Barnor 2022 récompense Sènami Donoumassou pour sa première édition

Lancé par la Fondation James Barnor, le Prix James Barnor souhaite récompenser un artiste confirmé africain ou issu de la dispora, et ainsi augmenter la visibilité de la culture africaine à l’internationale. Le 8 juillet durant les Rencontres d’Arles, James Barnor a annoncé que la première édition 2022 de ce prix était remis à Sènami Donoumassou, artiste plasticienne béninoise.

Prix James Barnor, pour valoriser la culture africaine

C’est à 93 ans que le photographe James Barnor crée un prix à son nom à travers sa fondation. Né au Ghana et résident depuis plus de trente ans en Angleterre, il est aujourd’hui considéré comme un pionnier du photojournalisme et de l’utilisation de la couleur en photographie. Il met son expérience au service des nouvelles générations, partage ses pratiques, enseigne, et transmet avec toujours cette volonté de promouvoir la photographie africaine à travers le monde. À noter que les archives de ses décennies de travail sont actuellement exposées au festival d’Arles avant d’entrer dans la collection de la fondation Luma.

Photos de James Barnor exposées à la Fondation Luma – © Damien Roué

La création de ce prix est née d’un constat : le manque de prix consacrés aux artistes africains dans le champ des récompenses photographiques. Pour James Barnor et sa fondation, valoriser et visibiliser le travail de photographes africains devient alors une nécessité. Inauguré cette année, le prix sera accordé chaque année à un artiste d’une région différente : Afrique de l’Ouest pour l’édition 2022, avant de se consacrer successivement à l’Afrique du Sud, du Nord, de l’Est, à l’Afrique centrale et à la diaspora.

© Sènami Donoumassou, Honvinontchinou, 2022, « Akɔ mla mla », série de photogrammes

Entre photographie et art visuel, la Béninoise Sènami Donoumassou récompensée

Pour cette première édition, le prix James Barnor a récompensé la photographe béninoise Sènami Donoumassou. À la frontière entre photographie et art visuelle, ses images monochromes dévoilent des figures emblématiques de la culture panafricaine : figures spectrales, objets de culte hérités de la tradition animiste… les empreintes deviennent des masques sur les visages des modèles dont elle tire le portrait. Sur d’autres images, les mots viennent s’imprimer sur le visage, remplace ses formes, empêche de distinguer la bouche, le nez, les yeux, et efface totalement l’identité de la personne.

© Sènami Donoumassou, Bibliothèque de cellules, 2019, série de photogrammes

Par transparence ou superposition de couches successives, les images de Sènami Donoumassou s’inscrivent dans une démarche figurative ou symbolique des choses – loin des carcans du photojournalisme –, dans la lignée directe des pratiques ancestrales en termes de représentation du réel. Sur la surface sensible devenue fresque, les mains viennent se poser et déposer leurs marques, geste presque enfantin, instinctif.

© Sènami Donoumassou, Ayatɔ́, 2022, « Akɔ mla mla », série de photogrammes

Fatoumata Diabaté, Mention Spéciale du Prix James Barnor

Mention spéciale pour Fatoumata Diabaté, présidente de l’Association des Femmes Photographes et Artistes du Mali. Tout comme dans le travail de la lauréate du prix, le masque apparaît sur toutes les images, élément central des légendes et de l’imaginaire malien. Différentes manières de se cacher, de se transformer, de devenir un autre voire de l’incarner, le masque devient un intermédiaire entre soi et le monde ; parfois nécessaire dans la structuration individuelle quand on a dû faire face à des traumatismes personnels ou collectifs.

© Fatoumata Diabaté, Untitled, 2020, Série « MiroirVide20 »

Fatoumata Diabaté est impliquée dans la lutte contre l’excision, encore pratiquée dans son pays, le Mali, et part ainsi à la rencontre de ses pairs en reconstruction d’identité. Encore une fois, un travail aux interrogations partagées entre le poids de l’héritage et les changements inhérents aux progrès des sociétés.

© Fatoumata Diabaté, Untitled, 2021, Série « Nimissa »

Toutes les informations sur James Barnor et sa Fondation sont à retrouver sur son site internet