Test Sony E 15 mm f/1,4 G, focale fixe premium, compacte et lumineuse

8.6
sur 10

Sony dévoile une nouvelle focale fixe pour ses hybrides APS-C : le Sony E 15 mm f/1,4 G. Très originale, elle devient l’optique la plus large et la plus lumineuse conçue par Sony pour ses hybrides à capteur APS-C. Elle vise ainsi à séduire les photographes de paysage à la recherche d’une focale polyvalente (équivalent 22,5 mm en plein format), qui permet de jouer aisément avec la profondeur de champ. Quelle qualité d’image permet-elle d’obtenir ? Parvient-elle à justifier un positionnement résolument premium ? Nous avons eu l’opportunité de prendre en main cette nouvelle focale fixe de Sony avant sa sortie : voici donc notre test complet du Sony E 15 mm f/1,4 G

Présentation du Sony E 15 mm f/1,4 G

Le Sony E 15 mm f/1,4 G arrive dans un contexte particulier pour la marque japonaise. Depuis plusieurs années, la marque semble se concentrer particulièrement sur ses hybrides plein format – avec un indéniable succès. À tel point que la gamme APS-C de Sony s’en trouve quelque peu éclipsée

Certes, la marque a dévoilé son ZV-E10 en juillet 2021, mais ce dernier est davantage orienté « vlogging » que photo. De fait, le dernier boîtier APS-C, l’excellent A6600, remonte à 2019. Il en va de même du côté des objectifs, avec les focales premium E 16-55 mm f/2,8 G et E 70-350 mm f/4,5-5,6 G OSS. Sans oublier la concurrence de Tamron et Sigma, qui commence à s’intensifier.

Ce nouveau Sony E 15 mm f/1,4 G – ainsi que les objectifs Sony E 11 mm f/1,8 et Sony E PZ 10-20 mm f/4 G – signent ainsi le grand retour de la marque sur le format APS-C. Mais avec un prix de vente conseillé montant à 850 € pour cette focale fixe, le pari de Sony est osé

Mettant les petits plats dans les grands, ce nouveau 15 mm décroche d’emblée la palme de l’objectif grand-angle le plus lumineux pour les hybrides APS-C en monture E, jusqu’ici détenue par le « petit » Sony E 16 mm f/2,8, lancé il y a déjà 12 ans. Un objectif « pancake », certes beaucoup plus compact mais aussi bien moins lumineux. 

À ce titre, on notera aussi qu’il s’agit de l’unique focale fixe à rejoindre la prestigieuse série G de Sony. De fait, sa fiche technique est ambitieuse. L’objectif est composé de 13 lentilles réparties en 12 groupes. Afin de réduire les aberrations en tout genre et accroître la qualité d’image, au centre comme sur les bords, il fait la part belle aux lentilles spéciales. On dénombre ainsi 3 lentilles asphériques, une lentille ED à extra faible dispersion et une lentille Super ED

L’ouverture très lumineuse à f/1,4 est assurée par un diaphragme circulaire à 7 lamelles, promesse d’un bokeh crémeux aux mille et une bulles lumineuses. 

Enfin, l’autofocus est assuré par 2 moteurs linéaires, qui doivent apporter souplesse, réactivité et précision à l’objectif, tant en photo qu’en vidéo. 

Voici les caractéristiques techniques du Sony E 15 mm f/1,4 G : 

  • focale : 15 mm (équivalent 22,5 mm en plein format)
  • objectif pour capteur APS-C ou Super 35 mm
  • ouverture max : f/1,4
  • ouverture min : f/16
  • angle de champ : 87° (en APS-C)
  • construction optique : 13 éléments répartis en 12 groupes, dont 3 lentilles asphériques, 1 lentilles ED et 1 lentille Super ED
  • diaphragme : circulaire à 7 lamelles
  • distance minimale de mise au point : 20 cm (AF activé) / 17 cm (AF désactivé)
  • stabilisation d’image : non
  • tropicalisation : construction résistante à l’humidité et à la poussière
  • grossissement max : 0,15x
  • mise au point : motorisation AF linéaire
  • diamètre du filtre : 55 mm
  • dimensions : 66,6 mm x 69,5 mm (D x L)
  • poids : 219 g
  • accessoires fournis : pare-soleil et bouchons d’objectif
  • monture compatible : Sony E
Abstractions métropolitaines – Sony A6400, Sony E 15 mm f/1,4 G – 15 mm, f/1,4, 1/80s, 100 ISO

Prise en main du Sony E 15 mm f/1,4 G

Au premier abord, le nouvel objectif de Sony renvoie une impression de qualité… et de légèreté. Certes, l’objectif fait la part belle au plastique, mais ce dernier est de bonne facture et ne fait absolument pas « cheap ». D’autant plus que ce matériau permet de diminuer singulièrement le poids de la bête. 

Car l’objectif ne pèse que 235 grammes. Ce qui est assez remarquable, compte tenu de son ouverture lumineuse à f/1,4. On l’oublie souvent, mais c’est l’une des forces du format APS-C

Une fois monté sur notre Sony A6400, le tandem atteint 638 grammes et peut prendre place dans n’importe quel sac photo. Côté dimensions, l’objectif mesure 7,5 cm de long (avec pare-soleil), pour un diamètre maximal de 6,1 cm. Des mensurations qui nous rappellent beaucoup le trio de focales fixes ultra-compact (24, 40 et 50 mm) lancé par Sony en mars 2021 pour ses hybrides plein format. 

Côté ergonomie, l’objectif se distingue avec sa bague d’ouverture manuelle, jusqu’ici réservée à certaines focales fixes ultra-premium comme le Sony FE 50 mm f/1,2 GM. À ce titre, notez que cette bague est « décliquable » grâce à un petit commutateur bien caché sous le fût. Un détail que devraient apprécier les vidéastes. Petite subtilité : cette bague actionne un moteur interne : si le boîtier est éteint, le diaphragme ne varie pas d’un iota.

À l’avant, la bague de mise au point est assez large, facilitant ainsi la mise au point en mode manuel. Comme sur la quasi-totalité des objectifs pour hybrides, elle actionne (elle aussi) un moteur interne et ne possède pas de butée. La course virtuelle de la bague est assez progressive et la mise au point se fait de manière non linéaire (plus ou moins rapide selon la vitesse de rotation de la bague).

En outre, on retrouve sur le côté gauche de l’objectif un commutateur AF/MF, ainsi qu’un bouton paramétrable. Par défaut, ce dernier est attribué au rappel de la mise au point. 

Enfin, on apprécie particulièrement la présence de nombreux joints d’étanchéité, qui permettent à l’objectif d’être à l’abri des infiltrations d’eau et de poussière. Celles et ceux aimant capturer des photos sous la pluie ou dans des environnements poussiéreux devraient être rassurés. 

Dans tous les cas, cette nouvelle focale fixe nous séduit. Légère et équilibrée, cet objectif haut de gamme APS-C coche de nombreuses cases

Qualité d’image du Sony E 15 mm f/1,4 G

Pour mesurer la qualité d’image du Sony E 15 mm f/1,4 G, nous l’avons utilisé au quotidien, monté sur un hybride Sony A6400. Pour mémoire, ce boîtier de 2019 est basé sur un capteur (non stabilisé) de 24,2 Mpx. N’hésitez pas à cliquer sur les images pour les afficher en qualité optimale. 

Douceur printannière – Sony A6400, Sony E 15 mm f/1,4 G – 15 mm, 1,4, 1/3200s, 100 ISO
Going up – Sony A6400, Sony E 15 mm f/1,4 G – 15 mm, f/7,1, 1/30s, 1600 ISO
Je vois Saint-Germain, mais où sont passés les prés ? – Sony A6400, Sony E 15 mm f/1,4 G – 15 mm, f/9, 1/400s, 100 ISO

D’une manière générale, nous sommes agréablement surpris par la qualité des images obtenues avec cette nouvelle focale fixe grand-angle. Avec son angle de champ très large et son ouverture ultra-lumineuse, ce 15 mm f/1,4 permet d’obtenir des images très créatives, qui donnent du peps à notre pratique photo

Dès la pleine ouverture, la sensation de piqué est très présente, au centre comme sur les bords de l’image. Nous sommes étonnés par la restitution des coins, déjà très propres à f/1,4. 

Rouge passion – Sony A6400, Sony E 15 mm f/1,4 G – 15 mm, 1/,4, 1/4000s, 100 ISO

En fermant un peu le diaphragme, les performances deviennent tout à fait remarquables. À f/2,2, le piqué est déjà excellent au centre. Aux environs de f/3,5, l’homogénéité est excellente, avec une réelle sensation de netteté au centre comme dans les coins. En revanche, la diffraction se fait sentir à partir de f/11, avec une petite baisse du niveau de détails. Quoi qu’il en soit, les performances optiques de ce 15 mm f/1,4 sont très honorables. 

Je n’ai pas vu la Seine, mais j’ai vu Saint-Denis – Sony A6400, Sony E 15 mm f/1,4 G – 15 mm, f/8, 1/400s, 100 ISO

Sur le terrain, les images sont très nettes, au centre comme sur les bords. Finalement, la seule limite vient du capteur APS-C, qui produit des images un peu moins détaillées que celles obtenues avec un boîtier plein format…

Avec cette ouverture à f/1,4, nous étions également très curieux quant à la gestion du bokeh. Et sur ce point, l’objectif de Sony répond largement à nos attentes. Les transitions entre le sujet et l’arrière-plan sont d’une grande douceur.

Bajaj auto – Sony A6400, Sony E 15 mm f/1,4 G – 15 mm, f/2,2, 1/400s, 100 ISO

Les bulles de bokeh sont particulièrement esthétiques, même si les esprits chagrins noteront un peu d’œil de chat sur les bords et à la pleine ouverture. 

Bokehlicious – Sony A6400, Sony E 15 mm f/1,4 G – 15 mm, f/1,4, 1/20s, 100 ISO

Du côté des aberrations, le résultat est assez satisfaisant. Globalement, les images sont très propres… mais on observe, ici et là, un fin liseré rose sur certains motifs complexes. L’objectif se rattrape au niveau du flare et du ghosting, puisque nous n’avons pas réussi à obtenir d’artefact parasite sur nos images. 

Bel arbre et jolies aberrations chromatiques sur les bords de l’image – Sony A6400, Sony E 15 mm f/1,4 G – 15 mm, f/1,6, 1/800s, 100 ISO

Pour l’heure, l’objectif n’est pas pris en charge par Lightroom. L’analyse des fichiers RAW pour les distorsions et le vignettage n’est pas possible. En revanche, l’observation des JPEG permet plusieurs constatations. D’une part, le vignettage est assez bien géré. Si l’assombrissement des bords est assez important à f/1,4, il diminue rapidement. Ainsi, il devient difficile à percevoir dès f/2,2. 

Gennevilliers, le village – Sony A6400, Sony E 15 mm f/1,4 G – 15 mm, f/13, 1/100s, 100 ISO

En matière de distorsions, le résultat est honorable – grâce aux corrections automatiques appliquées par les hybrides Sony. On observe cependant une légère distorsion en barillet – qui se remarque particulièrement sur les sujets placés à courte distance.

Boulainvilliers (1) – Sony A6400, Sony E 15 mm f/1,4 G – 15 mm, f/6,3, 1/30s, 2500 ISO

Malgré tout, on constate ici et là une petite courbure des lignes droites placées en périphérie de l’image. En revanche, prenez garde à ne surtout pas désactiver les corrections automatiques appliquées par le boîtier, au risque d’obtenir des images aux distorsions extrêmement prononcées. 

Boulainvilliers (2) – Sony A6400, Sony E 15 mm f/1,4 G – 15 mm, f/6,3, 1/200s, 100 ISO

Au final, Sony livre un objectif aux performances très honorables, avec une sensation de piqué très présente et un rendu du bokeh particulièrement esthétique. Celles et ceux aimant jouer sur la profondeur de champ devraient être ravis. 

Autofocus et réactivité

Du côté de l’autofocus, Sony mise sur 2 moteurs linéaires. Et sur le terrain, les performances sont excellentes. La mise au point est effectuée sans délai – et dans un silence complet. De ce point de vue, la maîtrise de Sony est totale

Escaliers – Sony A6400, Sony E 15 mm f/1,4 G – 15 mm, f/6,3, 1/30s, 400 ISO

Nous avons cependant rencontré quelques soucis d’autofocus sur les scènes faiblement éclairées et/ou avec peu de contraste. Mais il semble que ce souci soit davantage lié à l’autofocus du Sony A6400 qu’à l’objectif. Dans tous les cas, les performances du Sony E 15 mm f/1,4 G sont très satisfaisantes.

Nuit à main levée – Sony A6400, Sony E 15 mm f/1,4 G – 15 mm, f/9, 1/20s, 6400 ISO

De ce point de vue, il devrait être un bon compagnon pour les vidéastes. Ces derniers devraient apprécier le silence de fonctionnement de l’objectif, ainsi que la bague d’ouverture décliquable en un tour de main. Sans oublier l’excellente gestion du focus breathing, qui semble totalement absent. 

Face à la concurrence

L’offre de Sony pour ses boîtiers APS-C est moins pléthorique que du côté du plein format. De fait, ce nouveau Sony E 15 mm f/1,4 G est loin d’être soumis à une forte concurrence. 

Chez Sony, on ne trouve pas grand-chose à se mettre sous la dent. Certes, le constructeur propose son objectif pancake E 16 mm f/2,8. Mais les deux objectifs ne jouent clairement pas dans la même catégorie, le « petit » 16 mm étant certes plus compact, mais aussi (beaucoup) moins lumineux et moins performant. Il est vendu au tarif très doux de 229 €.

La concurrence vient davantage du Sigma 16 mm f/1,4 DC DN Contemporary, qui adopte une ouverture à f/1,4. De plus, l’objectif de Sigma offre une bonne qualité d’image, même si l’on déplore un certain manque d’homogénéité à toutes les ouvertures. On notera également que le poids du Sigma est plus élevé (405 g vs 235 g). Néanmoins, impossible de passer à côté de la différence tarifaire : le Sigma 16 mm f/1,4 DC DN Contemporary est vendu 379 €, soit deux fois moins cher que l’objectif signé Sony.  

À qui s’adresse le Sony E 15 mm f/1,4 G ?

Avec sa focale équivalent 22,5 mm en plein format, le nouvel objectif de Sony offre un équilibre un tantinet surprenant, étant à mi-chemin entre un 20 et un 24 mm. Concrètement, cette focale s’avère très polyvalente, puisqu’elle permet de bénéficier d’un champ assez large, tout en restant plus polyvalent que le Sony E 11 mm f/1,8, par exemple. 

Son ouverture à f/1,4 le destine aux amoureux du bokeh, avec une séparation des plans d’une très grande douceur. À la pleine ouverture, il pourra également servir à celles et ceux aimant capturer des images de nuit à main levée (à conditions de ne pas inclure de lumière directe dans le champ, ces dernières étant très mal gérées par les capteurs APS-C). 

It’s finger lickin’ bokehlicious – Sony A6400, Sony E 15 mm f/1,4 G – 15 mm, f/1,4, 1/20s, 100 ISO

De plus, le Sony E 15 mm f/1,4 G se destine aussi bien à un usage photo que vidéo. Un point que vient confirmer sa bague d’ouverture décliquable, ainsi que la maîtrise du focus breathing. On pense notamment au format Super 35 sur certains boîtiers plein format comme l’A7S II ou le dernier A7 IV, qui permet de filmer avec un crop en 4K60p avec des optiques APS-C, plus compactes, plus légères et également moins chères.

Cependant, avec son tarif de 849 €, l’objectif n’est pas exactement à la portée de toutes les bourses. Si les photographes et vidéastes exigeants pourront apprécier cette montée en gamme, certains pourraient regretter que le tarif adopté par Sony soit aussi élitiste.  

Saint-Denis, le canal – Sony A6400, Sony E 15 mm f/1,4 G – 15 mm, f/8, 1/400s, 100 ISO

Conclusion

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Sony ne fait pas les choses à moitié. Pour célébrer dignement son retour sur le format APS-C (et, au passage, sa 70e optique en monture E), la marque nous livre avec le Sony E 15 mm f/1,4 G optique remarquable à de nombreux points de vue

On apprécie particulièrement sa large ouverture à f/1,4, la qualité du bokeh et la douceur des transitions. On notera la très belle qualité d’image, avec une sensation de piqué déjà très présente à la pleine ouverture et une remarquable homogénéité. La polyvalence de l’objectif, pensé à la fois pour la photo et la vidéo, est aussi un véritable atout. 

Mais avec son tarif aussi élevé, cet objectif a aussi valeur de test. La marque japonaise semble vouloir tester le créneau du haut de gamme en APS-C, avec une optique ultra-premium. Si le pari est réussi d’un point de vue technique, il reste à voir si la cible visée par Sony sera au rendez-vous. 

Le Sony E 15 mm f/1,4 G est disponible à 849 € chez Digit-Photo, Miss Numérique, IPLN et dans votre magasin photo préféré. L’optique devrait être disponible à la mi-juin.

Test Sony E 15 mm f/1,4 G, focale fixe premium, compacte et lumineuse
Fabrication / finitions
8.5
Qualité d'image
8.6
Ergonomie / praticité
8.8
Points forts
Ouverture lumineuse à f/1,4
Très léger et compact
Bague d'ouverture décliquable
Focus breathing très réduit
Qualité d'image, piqué très présent dès f/1,4
Bokeh très plaisant
Points faibles
Légères aberrations chromatiques
Gestions des distorsions encore perfectible
Tarif élevé pour une prime APS-C
8.6
sur 10