Archives de la planète Albert Kahn

Les Archives de la Planète d’Albert Kahn, promenade photo dans le Paris du début du XXe siècle

En 1909, Albert Kahn, banquier, mécène, humaniste et pacifiste, lance un projet pharaonique, nommé les Archives de la Planète. Pendant plus de 27 ans, une incroyable collection de photographies couleurs et de films a été constituée, dans le but « d’établir un dossier de l’humanité prise en pleine vie ».

Ainsi, le fonds « Paris » constitue un témoignage unique des transformations de la ville au début du XXe siècle. Il fait l’objet d’une exposition, Paris 1910-1937, Promenades dans les collections Albert-Kahn, qui se tient jusqu’au 11 janvier 2021 à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine à Paris. 

Albert Kahn, mécène et humaniste

Albert Kahn (1860-1940) était un banquier mécène profondément humaniste qui fit fortune en bourse et s’engagea dans la création de nombreuses activités de philanthropie. Albert Khan présentait les images et films réalisés à sa demande à l’élite culturelle et politique de l’époque, invitée dans son sublime jardin et domaine de Boulogne-Billancourt. Il s’efforça toute sa vie durant de prôner la paix et le rapprochement des peuples.

Archives de la planète Albert Kahn
Auguste Léon, Exposition des Arts Décoratifs, l’une des trois péniches de Paul Poiret, 1925 © Département des Hauts-de-Seine, Musée départemental Albert-Kahn, Collection des Archives de la Planète

Dresser l’inventaire d’un siècle de mutation

Les archives de la Planète est un projet démesuré lancé en 1909 à la demande d’Albert Khan, lui-même grand voyageur. Le documentaire visuel visait à « établir un dossier de l’humanité prise en pleine vie » et ce, à travers le monde.

C’est cette période, marquant l’avènement du XXe siècle, porteur de mutations profondes, que l’équipe entourant Albert Khan souhaitait immortaliser. Son but : « fixer une fois pour toutes des aspects, des pratiques et des modes de l’activité humaine dont la disparition fatale n’est plus qu’une question de temps ».

Stéphane Passet, Le Moulin Rouge,1914 © Département des Hauts-de-Seine, Musée départemental Albert-Kahn, Collection des Archives de la Planète

Un projet précurseur universaliste

Documentaire de la géographie humaine et témoignage de l’empreinte de l’Homme sur son milieu, les Archives de la Planète donnent à voir les cultures, rites et coutumes qui parsèment notre Terre en ce siècle décisif. La visée anthropologique du projet, véritable inventaire de notre civilisation, est indéniable. Cette approche globale, curieuse de tout, explique les 72 000 autochromes, 4 000 plaques stéréoscopiques et la centaine d’heures de film ainsi rassemblées.

L’avènement de la photographie couleur

C’est grâce au cinématographe et à l’autochrome, invention de 1903 des frères Lumière et premier procédé industriel de photographie couleur, que la douzaine d’opérateurs mandatée par Albert Khan engagea ce vaste projet qui dura près de trente années. Jean Brunhes, spécialiste de la géographie humaine était le directeur scientifique de cette équipe.

Archives de la planète Albert Kahn
Auguste Léon, Angle des rues Brisemiche et Saint-Merri, 1928 © Département des Hauts-de-Seine, Musée départemental Albert-Kahn, Collection des Archives de la Planète

Les Archives de la Planète était une entreprise pionnière, la première à employer ces procédés à grande échelle avant même leur commercialisation. L’autochrome requiert un long temps de pose et restitue ensuite la couleur par l’association sur plaques de verre de grains de fécules de pomme de terre teintées en orange, vert et bleu violet.

Ces images, qui ne sont pas sans rappeler les cartes postales de l’époque, engagent le premier pas vers la photographie en couleurs, un procédé d’avant-garde qui comptait d’autres adeptes tels Antonin Personnaz.

Exposition : Antonin Personnaz, collectionneur et photographe impressionniste

Paris immortalisé en pleine mutation

Bien qu’universel, le projet place Paris et sa mutation urbaine, entre passé et futur, en son cœur. Les rues du vieux Paris, plutôt que ses récentes artères haussmanniennes, ont été inlassablement filmées et photographiées. Plus de 5 000 autochromes et 90 000 mètres de films donnent à voir Paris dans ce fonds riche et confidentiel aujourd’hui enfin présenté aux yeux de tous. S’y dévoile la Ville lumière, entre patrimoine et ouverture à l’avenir, assoiffée de progrès et de modernité.

Archives de la planète Albert Kahn
Auguste Léon, Gare de l’Est, transformation de l’ancienne gare, 1930 © Département des Hauts-de-Seine, Musée départemental Albert-Kahn, Collection des Archives de la Planète

De la première guerre mondiale aux années folles en passant par les crues de la Seine et transformation des gares parisiennes, les films noirs et blancs révèlent un Paris animé, bruissant de sa foule de passants. Les autochromes couleurs présentent une cité comme vidée de ses habitants, presque fantasmagorique dans ses nuances diaphanes. Ces images ne sont d’ailleurs pas sans rappeler les photographies ayant pu être faites durant le confinement.

Frédéric Gadmer, Crue de la Seine à la pointe de l’île de la Cité, square du Vert-Galant, 1924 © Département des Hauts-de-Seine, Musée départemental Albert-Kahn, Collection des Archives de la Planète

Ruiné par le krach de 1929, Albert Khan continua de soutenir le projet des Archives de la Planète au côté d’une équipe menée par Georges Chevalier. Ce dernier réalisa de l’exposition universelle de 1937 de précieuses images.

L’exposition Paris 1910-1937, Promenades dans les collections Albert-Khan

Albert Khan lègue son nom au musée départemental des Hauts de Seine dont l’inauguration est prévue pour 2021. Prémices à cette ouverture, l’exposition Paris 1910-1937, Promenades dans les collections Albert-Khan a tenté de sélectionner les images incontournables de ce fond riche pour mettre en lumière un autre Paris.

La plupart de ces images n’avaient à l’époque pas été mises à l’honneur, des destinations plus exotiques ayant volé la vedette à Paris, pourtant plus photographiée.

Les clichés et planches méticuleusement choisis commencent avec l’avènement du projet en 1910 jusqu’à 1937, année de l’exposition universelle et de la construction du Palais de Chaillot où son aujourd’hui présentées ces archives.

Informations pratiques

Paris 1910-1937, Promenades dans les collections Albert-Khan
Du 16 septembre au 11 janvier 2021
Cité de l’Architecture & du Patrimoine
Palais de Chaillot
1, place du Trocadéro, Paris 16e
Ouvert tous les jours, sauf le mardi de 11h à 19h
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h

En savoir plus sur le site de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine