Avez-vous déjà pensé à vivre vos rêves dans la réalité aussi décousus soient-ils, ou encore vos pire cauchemars ? C’est l’expérience qu’a proposé Arthur Tress à des enfants en leur donnant l’opportunité de mettre en scène ces représentations tout droit sorties de leur inconscient, le temps d’une séance photo.
C’est à la fin des années 60, qu’Arthur Tress commence son étude de l’inconscient, à présent largement connue. Le corps de son travail a été publié dans son livre majeur The Dream Collector de 1972, mais le photographe a ensuite étendu ce travail pendant plusieurs années.
Cette série est basée sur la représentation des rêves des enfants et se mêle aux intérêts du photographe pour les cérémonies de rituels, les archétypes de Jung et les allégories sociales.
Le photographe new-yorkais a voulu explorer la façon dont l’imagination créatrice de l’enfant transforme constamment son existence en symboles « magiques » pour exprimer des états émotionnels ou des états d’âme qu’il n’a pas encore la capacité de formuler.
« Dans la recréation de ces fantaisies, il y a souvent une combinaison de rêves actuels, d’archétype mythiques, de contes de fées et de films d’horreur, d’accroche comique et de jeu imaginatif. Ces inventions reflètent souvent la vie intérieure de l’enfant, ses espoirs et ses peurs. » Arthur Tress
Les photographies en Noir et Blanc de Arthur Tress sont mythologiques et surréalistes, elles nous font entrer dans l’univers mi-réel mi-fictionnel du rêve et du cauchemar, traduisant la peur de la mort, du vide, des monstres ou encore nos désirs d’enfants les plus enfouis.
Le photographe a débuté cette série en allant dans les parcs d’enfant muni d’un microphone en leur demandant de raconter leurs rêves et leurs cauchemars.
Né en 1940, Arthur Tress a grandi à Brooklyn, New York. Son père lui met un Kodak entre les mains alors qu’il est âgé de 12 ans. Ce sont d’abord les cirques et ses « freaks », les parcs vides et les immeubles délabrés près de Coney Island qui passionnent l’enfant qu’est alors Arthur Tress.
Après avoir obtenu son diplôme des Beaux-Arts en 1962 au Bard College où il prend également des cours d’ethnographie, il déménage à Paris pour étudier le cinéma.
Ses voyages au Japon, au Mexique, en Afrique et à travers l’Europe alors qu’il quitte ses cours de cinéma lui donnent une certaine ouverture d’esprit et le photographe se fascine pour le rôle joué par les chamanes sur les différents groupes de personnes. Le monde mystique sera une grande inspiration dans son travail alors qu’il quitte son approche documentaire directe avec cette série sur les rêves des enfants. C’est en effet la photographie de rue et le photojournalisme (qui trouve son énergie dans la guerre du Vietnam et le changement social) qui priment dans les années 1960/70.
Dans la même veine que son ami et photographe Duane Michals qui pratique également la photographie de mise en scène, fictionnelle, ces deux-là ont ouvert la voie à une génération de photographes comme Jeff Wall et Cindy Sherman.
À partir de 1980, Arthur Press commence à shooter en couleur, il réalise des installations sculpturales d’équipement médical dans un hôpital abandonné de New York, Welfare Island. Il explore tout au long de sa carrière des thèmes plus formels, surtout à partir de 2002 dans le style moderniste de l’époque, en combinant déclenchement spontané et sens du constructivisme dans ses compositions architecturales, ainsi que les formes abstraites. Plus récemment il a photographié les skateparks de Californie. On peut dire que cette série a été un tournant dans l’histoire de la photographie alors que la période était à l’âge d’or du photo-journalisme.
Pour voir les autres photographies de Arthur Press, rendez-vous sur son site. Vous pouvez également retrouver ses livres photos sur Amazon.fr.