Interview Canon au Salon de la Photo 2023 : « Nous sommes leader sur le marché de la photo »

L’année 2023 est particulièrement remplie pour Canon. La monture RF poursuit son expansion du côté du plein format ; cependant, la surprise vient de la gamme APS-C, avec déjà 4 boîtiers lancés en un an. Autant d’éléments que nous avons pu explorer lors de notre interview de Claire-Anne Devillard, Directrice Marketing de Canon France au cours du Salon de la Photo 2023. Elle revient ainsi sur la stratégie globale de la marque.

Place à l’interview.

Quel est l’état d’esprit de Canon à l’ouverture de cette édition 2023 du Salon de la Photo ?

Il est très bon (rires) ! C’est un moment très important pour nous, car il nous permet d’être au contact avec les visiteurs, avec nos clients et potentiels clients. Cette année est particulière, puisque l’on fête les 5 ans du système EOS R.

Nous avons lancé énormément de produits ces 5 dernières années : tous les produits de la gamme sont testables et utilisables sur notre stand. Cela nous permet de mettre en avant la prise de vue (photo et vidéo) jusqu’à l’impression, et donc l’aspect « unique » de Canon sur le marché, ce qui est très important pour nous.

Sur le stand Canon, notre slogan est « never break your flow », ce que nous avons traduit en français par « garder le rythme ». L’idée est de ne jamais être arrêté dans son processus créatif. La seule limite, c’est celle de votre créativité.

Le but, c’est que les photographes et vidéastes ne soient jamais freinés par un aspect technique. Les cercles sur notre stand représentent le lien entre l’appareil, l’utilisateur, le sujet pris en photo ou en vidéo.

Quel est l’état du marché selon Canon en 2023 ? Quelles sont les gammes qui marchent le mieux ?

Le marché général est à -9 % en volume, mais à +6% en valeur. Ce qui représente plus de 300 000 pièces en volume. Un peu plus de la moitié est encore incarnée par les compacts. Canon est leader sur le marché total de la photo. De son côté, le marché hybride est à +22 % de janvier à août 2023 (en volume), et à +18 % en valeur.

Sur ce marché, Canon est leader, tant en volume qu’en valeur, avec près de 30 % de parts de marché (toujours entre janvier et août). C’est près de 5 points en plus par rapport à l’an dernier sur la même période. On s’est mis la barre haute et on y est. Canon est également leader en volume. Notre croissance est clairement poussée par le plein format, ainsi que par l’APS-C.

En à peine un an, Canon est passé de 0 à 4 hybrides APS-C en monture RF. Comment expliquer cette soudaine expansion ?

La gamme EOS R avait été lancée avec des boîtiers très haut de gamme. Ce qui nous permet d’avoir un effet de ruissellement pour élargir la gamme. Avec les boîtiers APS-C EOS R, on adresse le grand public, les nouvelles générations de photographes, de vidéastes, de créateurs de contenu, en leur offrant des produits plus abordables. Ils incarnent des portes d’entrée vers le système EOS R avant de migrer vers des produits plus experts ou du plein format.

Quelqu’un qui achète aujourd’hui un EOS R50 pourra peut-être demain acheter un EOS R5, par exemple. C’est d’ailleurs ce que nous proposions déjà à l’époque du reflex : une mise à l’étrier avec notre gamme APS-C.

Cela nous permet d’avoir un vrai phénomène de gamme. En très peu de temps, nous avons construit une gamme entière, avec 14 boîtiers lancés en 5 ans, et 36 optiques. D’ailleurs, le prochain fleuron annoncé par la marque sera un hybride, et il y aura un flagship dans la gamme.

L’EOS R7 est très apprécié par les fans de sport et d’animalier, et l’EOS R50 pour ses fonctions connectées. N’y a-t-il pas un risque que les EOS R10 et R100 restent dans l’ombre ?

Chez Canon, nous essayons de répondre à l’entièreté des besoins, venant de toutes les catégories d’utilisateurs. On propose un produit (boîtier, objectif, imprimante…) pour chaque usage. Et nous estimons qu’il y a de la place pour chaque boîtier.

Aujourd’hui, la gamme est cohérente puisque chaque boîtier est adapté à chaque type de besoin. D’autant plus qu’on ne vend pas forcément les mêmes produits aux mêmes endroits et au même moment, avec la même saisonnalité.

De la même manière, nous maintenons notre gamme EOS M au catalogue. Tant qu’il existe un besoin, nous continuons à y répondre. Comme pour les reflex, la demande reste présente. Je pense notamment à l’EOS M50, qui a hyper bien marché. Il reste donc toujours en gamme.

Aujourd’hui, peut-on considérer que la gamme EOS R est au complet ?

Premièrement, le système EOS R est en constante évolution. Il a été conçu pour répondre à un grand nombre de besoins sur un marché photo/vidéo. Au cours des 5 dernières années, notre objectif est de continuer à faire évoluer la gamme, en particulier sur notre gamme d’objectifs. Cette dernière s’est énormément développée, ce qui nous permet de couvrir un large spectre : débutants, passionnés et professionnels, tant en photo qu’en vidéo.

On peut considérer que la gamme est quasi-complète, en attendant notre futur vaisseau amiral. En partant de l’EOS R100 pour les débutants en allant jusqu’à l’EOS R3 pour les professionnels, on couvre déjà un spectre hyper large. Pour les objectifs, l’effort industriel d’avoir conçu et produit 36 optiques RF en 5 ans est considérable.

On couvre maintenant tous les champs de la prise de vue, en allant du 10 mm au 1200 mm en passant par toutes les focales. De même, nous sommes toujours très attentifs à la demande des professionnels sur l’optique. Et nous nous sommes ouverts à l’entrée de gamme avec la gamme RF-S [les objectifs APS-C en monture RF, NDLR]. 

Cette dernière en est à ses balbutiements : on vient de sortir nos premiers objectifs, et d’autres vont suivre. La gamme RF est déjà large, mais nous allons continuer à la nourrir en fonction des besoins dans les prochaines années. L’idée est aussi de faire jouer les synergies entre RF et RF-S (entre plein format et APS-C).

Enfin, certains boîtiers sont conçus pour être vendus en kit : il était important pour nous d’avoir les objectifs qui leur correspondent, avec une offre clé-en-main.

Quid de l’ouverture de la monture RF à des constructeurs tiers, au-delà de l’objectif Voigtlander aperçu au CP+ de Yokohama ?

Canon Japon examine attentivement les demandes en fonction des stratégies. Il y a évidemment une attention particulière aux demandes des clients. Nous prendrons donc une décision en conséquence.

Quid du marché des reflex ? Existe-t-il toujours une spécificité française, avec une forme de « résistance » du format reflex ?

On vend toujours des reflex. D’ailleurs, Canon doit avoir environ 80 % de parts de marché sur ce segment. En volume, ils représentent encore 30 % du marché des appareils à objectif interchangeable, pareil en valeur. Soit environ 40 000 pièces au cours des 12 derniers mois, rien que pour la France. Quand il existe un besoin, notre objectif est d’y répondre.

Canon continue-t-il toujours de miser sur les compacts experts ? La marque préfére-t-elle miser sur les « nouveaux produits » ? 

La gamme des Powershot G continue d’être un succès chez nous. Ces appareils sont toujours très appréciés, notamment par les créateurs de contenu. De son côté, le Powershot V10 apporte quelque chose d’un peu différent, et on met un peu plus le focus dessus vu qu’on vient de le lancer.

Ce type de nouveaux produits est assez intéressant. Ils permettent de tester de nouvelles technologies, de les amener sur le marché, et elles ruissellent parfois sur certains produits de gammes « classiques ». Cela nous permet donc de tester de nouvelles choses, de rencontrer de nouveaux publics, tant en B2B que B2C.

Ainsi, le marché visé par le Powershot V10 était déjà celui que nous avions adressé avec le Legria Mini. Ce marché a beaucoup évolué depuis quelques années. Nous venons de lancer ce nouveau produit, et les retours sont très prometteurs. C’est un segment d’utilisateurs qui veulent aller plus loin que leur smartphone, sans être déjà au moment où on a envie d’avoir un hybride APS-C ou plein format. C’est une étape.

Avec la pénurie de boîtiers comme le Fujifilm X100V et Ricoh GR III, Canon va-t-il pousser un appareil comme le G1X Mark III ?

Il est toujours en vente, et on l’apprécie pour son zoom optique x3. Il reste dans notre gamme. En termes de communication, on pousse davantage nos nouveautés. Mais il est vrai que l’on a eu de vraies poussées sur Tiktok avec le G7X Mark III.

L’argentique connaît un succès aujourd’hui indéniable. Verra-t-on un jour un boîtier Canon inspiré par l’argentique ?

Canon accorde une très grande importance à son héritage. Les équipes de conception d’aujourd’hui ont d’ailleurs comme idée de se servir du passé. Par exemple, l’Eye-control AF a été introduit en son temps sur l’EOS-5 – et a été énormément amélioré pour être réintroduit sur l’EOS R3.

Nous cherchons à capitaliser sur ce qui a été créé. Nous utilisons des technologies ou des « clins d’œil » du passé, mais en termes de design ou de techniques, nous sommes vraiment davantage orientés vers le futur.

Canon est partenaire de la Coupe du monde de rugby et se prépare pour les Jeux Olympiques de l’an prochain. Comment ce partenariat se matérialise-t-il ?

Sur ce type de grands événements, Canon a une très forte présence avec le CPS (Canon Pro Services). Pour la Coupe du monde, CPS fournit une assistance technique à plus de 800 journalistes, 400 photographes, 300 équipes TV, 300 agences, 70 radios.

Nous avons des équipes CPS France (et d’autres entités) dans plusieurs villes de France pour que plusieurs langues soient représentées. Nous offrons des services de maintenance et de prêts de produits. L’important est que le photographe ait tout à sa disposition pour capturer le moment décisif, et nous allons tout faire pour l’aider en ce sens.

Canon était partenaire de l’émission « La photo parfaite » sur M6. Comment cela s’est-il traduit ?

Canon a fait du parrainage autour de ce programme. Nous avions donc des bandeaux publicitaires avant, pendant et après l’émission. En tant que leaders, nous voulions soutenir cette initiative qui met la photo (avec un appareil photo) en vedette. D’ailleurs, ce concept vient des Pays-Bas, où l’émission a été lancée il y a 8 ans. Et l’impact sur les ventes a été bien réel. Mais pour l’heure, il est trop tôt pour se prononcer côté français.


Merci à Claire-Anne Devillard d’avoir répondu nos questions. Nous tenons également à remercier l’équipe de Canon France pour cette interview.

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