Images de presse, scènes du quotidien ou évènements historiques, Thomas Demand réalise et photographie d’impressionnantes maquettes en papier grandeur nature. L’exposition Le bégaiement de l’histoire, présentée au Jeu de Paume de Paris jusqu’au 28 mai 2023, réunit les énigmatiques clichés grand format de l’artiste allemand. L’occasion de découvrir un artiste à la démarche unique, qui interroge notre rapport à la petite et à la grande histoire.
Thomas Demand effectue un travail de précision et de patience étonnant en reproduisant des clichés historiques – tels que des images de presse – sous forme de maquettes. Il assemble ainsi papier et carton afin de reconstituer des scènes à échelle réelle et en trois dimensions, puis photographie ses maquettes avant de les détruire. L’ensemble de ces clichés sont présentés au sein de l’exposition Le bégaiement de l’histoire jusqu’au 28 mai 2023.
Les murs du Jeu de Paume de Paris sont ainsi totalement recouverts des images de maquettes de Thomas Demand, permettant une immersion totale du spectateur dans l’œuvre de l’artiste allemand. Les photographies exposées mesurent parfois jusqu’à 4 mètres de longueur et 3 mètres de hauteur, afin de représenter au mieux les détails des maquettes réalisées par l’artistes.
Thomas Demand : conteur visuel et maquettiste
Les photographies de maquettes présentées impressionnent alors tant par leur taille que par leur précision, mais surtout par les références qu’elles portent. En effet, l’artiste s’attache à raconter des histoires à travers ses images, qu’elles soient quotidiennes ou historiques.
L’exposition est organisée en 4 sections, afin de représenter l’intégralité de la carrière de l’artiste. Dans « Histoire inquiétantes », l’artiste reproduit des scènes en apparence anodines, vides de toute présence humaine, mais chargées d’histoire .
On peut notamment y retrouver des reproductions de la passerelle traversée par le pape Jean-Paul II alors qu’il se rendait à Berlin pour la première fois après la réunification, ou encore la salle de contrôle de la centrale de Fukushima. »Nous n’observons pas une catastrophe, mais une image de catastrophe« , analyse l’artiste, qui joue sur la frontière (bien poreuse) entre le monde « réel » et la fiction – plus vraie que nature – qu’il recrée dans son atelier.
Les « Dailies » représentent des scènes de la vie quotidienne tandis que « Model Studies » reprend les maquettes d’architectes ou encore les patrons de grands couturiers. Sa vidéo Pacific Sun datant de 2012 ainsi que sa dernière série des dailies seront dévoilées au public pour la première fois.
À travers sa démarche artistique originale, l’artiste mélange réel, fiction, papier et photographie et raconte des histoires en mélangeant les supports. Une démarche qui n’est pas sans analogie avec celle de Paperboyo, un photographe qui détourne les monuments touristiques grâce à des petits bouts de papier.
Au-delà, Thomas Demand livre un questionnement autour du médium photographique. Une fois détruites, ses œuvres de papier n’existent plus qu’à travers ses clichés. Ces derniers deviennent ainsi le « spectre photographique » de ces fragments d’histoire que l’artiste reproduit avec une remarquable minutie. Par son travail de plasticien et de photographe, l’artiste crée une sorte d’écho à ces moments de la petite ou de la grande Histoire. Comme un « bégaiement » temporel, ainsi que le suggère le titre de l’exposition.
Vous pouvez découvrir le travail de l’artiste sur son site Internet. Il sera exposé jusqu’au 28 mai 2023 au Jeu de Paume de Paris.
Informations pratiques :
Le bégaiement de l’histoire – Thomas Demand
Jeu de Paume de Paris
Du 14 février au 28 mai 2023
1 place de la Concorde, 75001 Paris
Le mardi de 11h à 21h et du mercredi au dimanche de 11h à 20h.
Tarif plein (tarif réduit à 12 €)
