Crédit : Adam Ferguson

Sony World Photography Awards 2022 : voici les lauréats des concours Professional, Open, Student et Youth

Année après année, le concours Sony World Photography Awards (SWPA) est l’un des événements majeurs de la scène photographique internationale. Les images d’artistes émergeants ou confirmés s’y rencontrent, couvrant un large champ d’expressions visuelles, confirmant la vivacité de la création photo. Découvrez sans plus attendre les lauréats de cette 15e édition des SWPA, qui viennent tout juste d’être dévoilés.

L’Australien Adam Ferguson élu photographe de l’année

Le jury a choisi de récompenser le travail d’Adam Ferguson. Le photographe australien présentait cette année sa série Migrantes, réalisée à la frontière entre le Mexique et les États-Unis. Migrantes regroupe ainsi des autoportraits réalisés en étroite collaboration avec des migrants. Munis d’un déclencheur filaire, le photographe a permis aux individus de choisir le moment exact de la prise de vue. Une manière de les rendre acteurs de ce processus photographique. Chaque image est le fruit d’un travail humaniste auprès des personnes, explorant les thématiques ô combien actuelles de l’exil, de l’identité et de l’empathie.

© Adam Ferguson, Australia, Photographer of the Year, Professional, Portraiture, 2022 Sony World Photography Awards

La série prend place dans un contexte particulier. En février 2021, le président Joe Biden signe plusieurs décrets visant à supprimer les freins à l’immigration légale et à la naturalisation mise en place par son prédécesseur. De fait, un nombre considérable de migrants originaires d’Amérique centrale et du Sud se sont massés à la frontière américano-mexicaine. De nombreux photojournalistes sont présents pour couvrir les scènes déchirantes qui s’y produisent. Cependant, Adam Ferguson note l’absence quasi-totale de photographes du côté mexicain – et d’images donnant aux migrants la possibilité de s’exprimer par eux-mêmes.

Accompagné par les journalistes mexicains Ernesto Rodríguez, Silvia Cruz, Noe Gea Medina et Laura Monica Cruz Flores, le photographe s’est rendu aux côtés des migrants. En dialoguant avec eux, il a pu consigner leur récit, et travailler avec eux pour capturer l’image dans un espace où ils se sentiraient plus à l’aise. Le choix du monochrome, aux contrastes très doux, traduit la volonté de Ferugson de gommer les couleurs agressives de l’arrière-plan, et de réduire l’image à sa valeur émotionnelle. « La série qui en résulte présente un portrait poignant de personnes suspendues dans le temps à la recherche d’une vie plus prospère », conclut le communiqué des SWPA.  

Les lauréats de la catégorie Professional

Cette catégorie récompense le travail de 10 photographes pour une série composée de 5 à 10 images traitant de sujets très variés : crises politiques et climatiques, réflexions sur la famille ou le deuil, ou encore natures mortes et paysages. Pour découvrir les séries complètes des lauréats et des finalistes, n’hésitez pas à vous rendre sur le site des SWPA.

Architecture et design

Le photographe croate Domagoj Burilović reçoit le prix Architecture et design pour sa série Dorf, qui met en lumière la relation complexe entre l’Homme et la nature, dans la région de Slavonia, à l’Est de la Croatie, une région marquée par l’exploitation forestière par une population germanique – et dont les maisons sont aujourd’hui désertées et englouties par la végétation.

Les finalistes pour cette catégorie sont Javier Arcenillas (Espagne) etYun Chi Chen (Taïwan).

Créatif

Le jury a choisi de récompenser la série Mellow Apocalypse du photographe Alnis Stakle, originaire de Lettonie. Ce dernier a réalisé un ensemble de collages issus de tableaux et images célèbres de différents musées, qui visent à interroger les représentations et les symboles profondément ancrés dans l’esprit du spectateur.

Les finalistes sont Raphaël Neal (Royaume-Uni) et Sarah Grethe (Allemagne).

Projets documentaires

Cette 15e édition des SWPA honore le travail du photographe danois Jan Grarup. Sa série The Children of the Financial Collapse in Venezuela (les enfants de la crise financière au Venezuela) met en lumière la grande précarité des Vénézuéliens réfugiés en Colombie, qui fuient la guerre et la misère.

Les finalistes sont Fabian Ritter (Allemagne) et Win McNamee (États-Unis).

Environnement

Le photographe japonais Shunta Kimura reçoit le prix Environnement pour sa série Living in the Transition, qui documente l’impact très concret du dérèglement climatique au Sud-Ouest du Bengladesh. « L’objectif de cet essai photographique est de capturer et de communiquer la situation des personnes vivant tranquillement dans cette transition, impactées par le changement climatique« , indique le photographe.

Gideon Mendel (Afrique du Sud) et Giacomo d’Orlando (Italie) sont les deux finalistes de cette catégorie.

Paysage

L’Italien Lorenzo Poli reçoit le 1er prix de la catégorie Paysage pour sa série Life on Earth. Composée d’images quasi-abstraites, cette dernière célèbre la beauté et l’incroyable diversité des paysages terrestres, et l’interconnexion entre tous les éléments. Une série d’une grande force visuelle, qui vise à marier, selon son auteur, photographie et spritualité.

Les deux finalistes sont Andrius Repšys (Lituanie) et Gareth Iwan Jones (Royaume-Uni).

Portfolio

La catégorie Portfolio vient primer le travail éponyme du Britannique Hugh Fox. Capturées au cours de ces deux dernières années, elles évoquent au photographe « les moments calmes, isolés et propices à la réflexion que j’ai ressentis pendant la pandémie« .

Julian Anderson (Royaume-Uni) et Anna Neubauer (Autriche) ont également été primés pour cette catégorie.

Portrait

Le lauréat de la catégorie Portrait n’est autre qu’Adam Ferguson, pour sa série Migrantes.

© Adam Ferguson, Australia, Photographer of the Year, Professional, Portraiture, 2022 Sony World Photography Awards

Mike Trow, président du concours Professional, a déclaré :  » Cette série de portraits en dit long sur la manière dont l’intention morale et le respect peuvent contribuer à éviter ce sentiment de manipulation et d’invasion de la vie privée dont on accuse souvent la photographie. […] Ces photographies sont belles, riches de sens et d’une grande douceur. Il y avait d’autres histoires que nous, en tant que jury, admirions profondément, mais la série d’Adam s’est démarquée parce qu’elle parle avec tant d’éloquence et de chaleur de personnes en difficulté, mais qui s’accrochent à leur dignité et à leur amour, indépendamment du lieu et de ce qu’ils possèdent.

Les photographes George Tatakis (Grèce) et Brent Stirton (Afrique du Sud) sont les deux finalistes de cette catégorie.

Sport

Le jury a choisi de récompenser le photographe brésilien Ricardo Teles. Sa série Kuarup met en lumière le rituel éponyme des Xingu, une tribu amérindienne brésilienne, afin d’honorer les morts illustres de leur peuple.

« La célébration a lieu une fois par an dans différents villages et dure trois jours », explique le phtographe. « Le point culminant de cette célébration est une compétition d’un art martial appelé Huka-huka, similaire au combat de lutte gréco-romaine, qui a un symbolisme compétitif qui montre la force et la virilité des jeunes hommes. Ces photos ont été prises lors d’une célébration Kuarup dans le village Afukuri de l’ethnie Kuikuro. Le rituel de cette année rendait hommage aux personnes qui ont perdu la vie entre les années 2020 et 2021 : quatre sur cinq ont été victimes du Covid-19″.

Les finalistes de cette catégorie sont Adam Petty (Australie) et Roman Vondrouš (République tchèque).

Nature morte

Les artistes et plasticiens Haruna Ogata et Jean-Etienne Portail ont collaboré pour créer – puis photographier – un ensemble de sculptures abstraites colorées. La série donne vie à une série de compositions minimalistes et élégantes, à la fois graphiques et vivantes. Le duo reçoit donc le prix de la catégorie Nature morte.

Cletus Nelson Nwadike (Suède) et Alessandro Gandolfi (Italie) sont les deux finalistes de cette catégorie.

Vie sauvage et nature

Enfin, le photographe hongrois Milan Radisics reçoit le prix Vie sauvage et nature de SWPA 2022. Sa série The Fox’s Tale illustre les pérégrinations d’une jeune renarde dans la cour de sa maison. Grâce à un système complexe d’appareils et de flashs commandés à distance, le photographe a pu capturer les déambulations de l’animal au milieu de ce décor. Avec un grand sens de la mise en scène, Milan Radisics compose ses images comme des tableaux, où la renarde devient la principale protagoniste.

« [La renarde] me surprend toujours, montrant une nouvelle facette, et j’ai dû relever de nombreux défis techniques, théoriques et physiques en la photographiant », détaille le photographe. « Pendant le confinement, nous avons tous deux été obligés de nous adapter : l’homme à l’état sauvage de la forêt, les animaux à l’environnement humain ».

Les deux finalistes de cette catégorie sont Federico Borella (Italie) et Oana Baković (Roumanie).

Open Photographer of the Year

Parmi les 10 lauréats du concours Open, le jury a choisi de couronner le travail de Scott Wilson, pour son cliché Anger management (gestion de la colère). Capturé au Nord-Ouest du Colorado, aux États-Unis, ce cliché très spectaculaire met en scène un mustang sauvage au caractère tumultueux. L’utilisation du noir et blanc est très judicieuse, donnant un aspect dramatique à la scène, et ajoutant du relief aux différents éléments de l’image. Le nuage de poussière blanche en suspension, les flancs du cheval couverts de sueur, la crinière aplatie sur les côtés… autant de points qui traduisent l’effort et la colère de l’équidé.

© Scott Wilson, United Kingdom, Winner, Open, Natural World & Wildlife, 2022 Sony World Photography Awards

« Observer le comportement d’un mustang dans la nature sauvage est une expérience brute et animée d’un dynamisme unique », détaille Scott Wilson. « La tension de l’image est symbolique des défis de conservation auxquels sont confrontés les chevaux sauvages dans l’Ouest américain, où ces animaux précieux sont rassemblés en nombre record et retirés des terres publiques. D’ici la fin de 2022, il y aura plus de chevaux sauvages en captivité qu’en liberté ».

Student Photographer of the Year

Le concours Student Photographer of the Year vise à récompenser les travaux soumis par des étudiants en étude de photographie. Cette année, le jury a honoré le travail du photographe Ezra Böhm, pour sa série The identity of Holland. Cette dernière met en lumière différents communautés aux Pays-Bas, qui continuent d’entretenir un mode de vie traditionnel. Ses photos mettent en valeur les tenus extrêmement soignées et riches et détails, en lien avec l’histoire et la culture néerlandaise.

« Gagner ce prix me confirme l’importance de photographier l’inattendu, de raconter des histoires qui viennent de mon cœur et de mon âme », indique Ezra Böhm. « En suivant votre ambition, tout ce que vous faites devient plus significatif, et probablement aussi plus réussi ».

Youth Photographer of the Year

Le concours Youth Photographer of the Year vise à mettre en lumière les travaux de photographes âgés de 18 ans ou moins. Cette année, c’est le photographe vietnamien Tri Nguyen qui reçoit le prix pour son cliché Under the Moonlight. On y voit un jeune homme à la posture nonchalante sous un clair de lune artificiel, devant ce qui semble être un enchevêtrement complexe de lianes. Un miroir géant lui renvoie son propre reflet, symbolisant son désir d’accepter ses défauts.

© Tri Nguyen, Vietnam, Youth Photographer of the Year, Youth, 2022 Youth competition – Portraiture, 2022 Sony World Photography Awards

« En tant qu’artiste en herbe et motivé, je suis extrêmement enthousiaste et fier d’avoir été choisi comme Youth Photographer of the Year 2022. J’accepte humblement ce prix et j’utiliserai cet élan pour parfaire ma photographie », a déclaré le photographe primé.

Contribution exceptionnelle à la photographie

Ce prix prestigieux est remis cette année au photographe canadien Edward Burtynsky. Ce dernier vient succéder à Graciela Iturbide, et se range aux côtés d’artists tels Mary Ellen Mark, Martin Parr, Candida Hofer ou Gerhard Steidl.

Au cours de ces 40 dernières années, Edward Burtynsky s’est particulièrement distingué grâce à ses clichés aériens et ses panoramas industriels dénonçant la crise environnementale, telle que sa série Anthropocène réalisée en 2018. Avec sa série Africa, qui est toujours en cours de réalisation, il explore l’impact de l’Homme sur l’environnement, et illustre profonde transformation d’un territoire à la suite de l’exploitation de ces ressources. Pour en savoir plus, n’hésitez pas à consulter cet article.

Tous les photographes primés cette année seront exposés à la Somerset House de Londres, du 13 avril au 2 mai 2022. L’exposition mettra également en lumière les travaux de Pablo Albarenga et de Craig Easton, photographes de l’année 2020 et 2021 – et dont les photographies n’avaient pu être exposées en raison de la pandémie.

De nombreux contenus seront partagés par la World Photography Organization. Des vidéos exclusives autour des travaux des lauréats seront à retrouver sur la page On Screen pendant 6 semaines. De même, la page Spotlight proposera un ensemble de ressources et d’activités inspirantes pour les photographes.

Pour en savoir plus et retrouver tous les lauréats et finalistes, rendez-vous sur le site de la World Photography Organisation.