Nikon ferme 2 usines au Japon afin de réduire ses pertes financières

Nikon poursuit sa restructuration. Afin de réduire ses coûts de production, le constructeur d’appareils et d’objectifs photo s’apprête à fermer deux usines japonaises fabriquant les objectifs Nikkor.

L’importante restructuration de Nikon

Depuis plusieurs années, la division Imagerie de Nikon fait face à d’importantes difficultés financières – comme d’ailleurs la majorité des constructeurs dans le domaine de la photo. En cause, une contraction du marché global de la photographie, mais aussi une nette baisse des ventes de reflex en Asie – que ne parvenaient pas à compenser le succès des hybrides Nikon Z en Europe. Nikon cherche ainsi à limiter les pertes financières de sa division Imaging. Et, pour ce faire, l’entreprise souhaite réduire ses coûts de production, ce qui passe par une importante restructuration interne.

D’après un récent article du Nikkei Shimbun, Nikon devrait ainsi arrêter la production d’objectifs dans ses usines de Nagai (préfecture de Yamagata) et de Aizu (à Tadami, dans la préfecture de Fukushima) à la fin du mois de mars. Ces deux usines, appartenant à la filiale Tochigi Nikon Corporation, emploient respectivement 108 et 54 personnes. Dès lors, la production d’objectifs serait transférée vers la seule usine d’Otawara (que nous avions pu visiter en 2019). Selon le Nikkei Shimbun, Nikon a proposé à ses employés un transfert sur l’usine d’Otawara, ou à défaut un accompagnement pour trouver un nouvel emploi. Les deux usines devraient ainsi fermer leurs portes en août 2021 ; l’usine de Nagai serait vendue, tandis que celle d’Aizu reviendrait aux autorités locales.

Visite d’usine : sur la ligne d’assemblage du NIKKOR Z 24-70mm f/2.8 S à Nikon Tochigi au Japon

Cette nouvelle suit de près l’annonce de Nikon concernant la production de ses boîtiers photo. En décembre dernier, la marque avait en effet confirmé vouloir transférer la fabrication des appareils photo vers la Thaïlande, mettant fin à plus de 70 ans de boîtier Nikon « made in Japan ». À ce titre, rappelons que Nikon fabrique déjà depuis de nombreuses années des boîtiers et objectifs en Thaïlande, afin de rester compétitif sur un marché de la photo numérique en contraction. Cependant, dans le cadre de son plan de restructuration, la marque japonaise avait annoncé le 5 novembre dernier son intention de supprimer 2000 emplois hors du Japon, afin de limiter ses pertes financières.

Nikon transfère la fabrication de ses appareils photo du Japon à la Thaïlande

Une nette contraction du marché des compacts et des reflex, compensée par une hausse des ventes des hybrides

Dans son rapport financier du 3e trimestre 2020 (publié le 4 février 2021, et portant sur les résultats enregistrés jusqu’au 31 décembre 2020), Nikon indique avoir enregistré une baisse de son chiffre d’affaires global – toute division confondue – de 26 %entre le 1er et le 3e trimestre 2020, passant à 326 milliards de yens (environ 2,6 milliards d’euros). Sur cette même période, le résultat opérationnel est passé de 21,5 milliards de yens en 2020 à une perte de 36,7 milliards de yens (environ 290 millions d’euros).

Il est important de rappeler que Nikon, qui fabrique des appareils et objectifs photo, fabrique également des équipements industriels de précision, des instruments de diagnostic médical ainsi que d’autres éléments optiques à destination de l’industrie ou des professionnels. Dans le contexte de pandémie mondiale actuel, toutes les activités du groupe sont en baisse.

Si l’on regarde le 3e trimestre de l’exercice 2020-2021, la division Imagerie de Nikon enregistre un chiffre d’affaire inférieur à l’année précédente (-25%), mais une perte qui se réduit, passant de 0,8 à 0,6 milliards de yens. Le constructeur indique cependant que ce trimestre est positif si l’on en retire « des coûts ponctuels tels que les dépenses liées à la restructuration, grâce à une réduction avancée des coûts commerciaux en plus de l’augmentation des revenus. »

 

Toujours selon ce rapport financier, l’entreprise accroît ses efforts pour s’implanter durablement sur le marché des hybrides – avec le lancement des Nikon Z 5, mais aussi des Z 6II et Z 7II. La marque poursuit ainsi sa transition vers le milieu et haut de gamme, en ciblant le segment des amateurs éclairés et des professionnels. Grâce à une légère accélération des ventes mais aussi (et surtout) à des tarifs plus élevés, l’horizon semble s’éclaircir pour Nikon, le marché des appareils photo croissant plus rapidement en valeur qu’en volume.

Selon les chiffres prévisionnels de Nikon, la marque s’attend toutefois à une contraction de 57 % de ses ventes entre 2016 et 2022, avec une part des amateurs éclairés et professionnels passant de 60 à plus de 80 %. Aussi, la stratégie de Nikon est de diminuer de 59 % ses coûts opérationnels d’ici 2022.

Source : Nikon financial results for the 2nd quarter of the year ending March 31, 2021

Ceci contribue donc à expliquer les motivations ayant conduit l’entreprise à fermer 2 usines au Japon. Nikon cherchant à diminuer ses coûts fixes afin de revenir durablement dans le vert, dans un contexte de transition vers les boîtiers et optiques hybrides.