Preuves d’amour : les objets des violences conjugales photographiés par Camille Gharbi

À travers sa série « Preuves d’amour », la photographe Camille Gharbi questionne la violence domestique et la réponse que nous lui faisons en évoquant sa forme la plus extrême : l’homicide conjugal.

En France, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint. Camille Gharbi recentre notre attention sur ces évènements classés dans la rubrique « Faits divers » des journaux. À travers les photographies d’objets du quotidien qui se transforment en armes du crime ; elle leur redonne leur dimension effective.

© Camille Gharbi
© Camille Gharbi

La photographe s’indigne de ces violences et des assassinats de centaines de femmes recensés chaque années en France ; qui restent dans les esprits une statistique, un évènement devenu habituel, presque banal.

Une casserole, un oreiller, un sac plastique, un câble électrique défilent sous nos yeux comme autant de « preuves » sordides, photographiées sur fond clair lumineux. Une approche esthétique qui permet de voir avec distance, sinon d’imaginer ce féminicide qui se déroule quotidiennement. En photographiant ces artefacts, que nous abordons de prime abord comme des objets familiers, la photographe nous pousse à aller plus loin dans notre réflexion et à nous questionner.

« La récurrence de ces crimes est trop forte pour être fortuite. Elle révèle au contraire un profond malaise sociétal dont il est grand temps de prendre toute la mesure. »

© Camille Gharbi
© Camille Gharbi

Camille Gharbi évoque des histoires qui ont plus attiré l’attention que d’autres comme l’histoire de Marcelle, retraitée, décédée le 2 mars 2017 à l’âge de 90 ans, tuée par son mari à coups de casserole. Ou celle de Thalie, consultante, décédée le 19 août 2017 à l’âge de 36 ans, battue à mort par son conjoint à coups de robinet neuf non monté. Pour mener à bien ce projet, la photographe a fait appel au recensement des victimes d’homicides conjugaux réalisé par le collectif « Féminicides par compagnons ou ex ».

Photographe et architecte de formation née en 1984, Camille Gharbi vit aujourd’hui à Paris.

La série « Preuves d’amour » sera exposée à Gare de l’Est, à Paris, du 20 avril au 30 juin 2019 en partenariat avec le Festival Circulation(s), et à Metz pour le Festival « Photographie mon amour » du 19 avril au 19 mai 2019 à la Basilique Saint-Vincent.

Pour voir la suite de la série, rendez-vous sur le site de Camille Gharbi.